Citations de Cat Clarke (351)
J'essayais de ne pas penser à l'idée que Kai ne grandirait plus.
Le garçon qui ne vieillira jamais.
Mon anniversaire n'est guère mieux. Maman, papa et Noah ont fait un vrai effort pour rendre ce jour spécial, et ils ont essayé de pas avoir l'air trop déçu alors que j'arrivais à peine à esquisser un sourire. Maman et Noah avaient même cuisiné un gâteau ensemble. Et le visage rempli de fierté de Noah m'a presque fait craquer. J'ai essayé d'oublier que cela serait mon dernier anniversaire.
La fille qui ne vieillira jamais.
A un moment, vous avez un petit ami, vous êtes plus heureuse que jamais, le monde est un endroit merveilleux, et l'instant d'après plus rien. C'est comme un tour de magie très cruel: là tu le vois... là tu le vois plus... là tu le vois... là tu le vois plus. Là tu es heureuse, et là c'est la merde! Il pourrait quand même y avoir des signes pour vous avertir dans ces cas-là, non?
Je voudrais te prendre dans mes bras encore une fois. Même si c'était vraiment super la dernière fois qu'on l'a fait. Sauf que c'était triché, parce que tu ne savais pas que c'était la dernière fois. Tu ne pouvais pas t'en douter. Si tu l'avais su, tu ne m'aurais sans doute pas laissé partir - jamais. Et je n'aurais peut-être pas voulu que tu le fasses.
Je pense que quelque chose ne va pas dans mes yeux. Ils me renvoient un regard sans vie. Gris terne et chargé à ras bord de secrets.
Coupe. Coupe-les. Plus profond. C’est la seule façon.
Le poison était plus fort que moi. Je n’ai pas pu résister. Coupe.
« Je n'ai appelé personne, et personne ne m'a appelé. J'étouffais de solitude. Ma douleur était presque physique. J'avais envie de me déchirer en mille morceaux. J'aurais voulu sortir de ma peau. »
Est-ce que je dois partir ?... Comment pourrais-je avoir envie de retrouver cet espèce de colossal tas de merde qu’étais ma vie ? Rien n’aura changé. Je me demande comment ils se sentent, en ce moment. J’imagine qu’ils doivent être contents que je sois partie. Ça leur facilite sûrement beaucoup les choses. Ils seront sans doute (ou feront mine d’être) bouleversés un temps, mais je pense que ça leur passera vite.
"J'aime rêver. c'est mon moment préféré de la journée. Est-ce que tu as déjà remarqué que les rêves peuvent changer la façon dont on se sent ?" ... " Parce que tu vois, on peut très bien avoir un point de vue sur quelqu'un ou sur une situation, et ensuite, en rêver. Et alors, ça n'a en général absolument plus rien à voir avec ce qu'on s'était imaginé. Tu te réveilles, et tout a changé."
Kai est là. Son corps se trouve dans une boîte sous terre. Sous des couches et des couches de terre humide, froide, pleine de vers, qui le séparent de la lumière du soleil. Cette seule pensée me rend malade, me donne le vertige. Comment mon Kai peut-il demeurer dans cet endroit rempli de morts ? Ce n’est pas juste. Il devrait reposer dans une forêt ou un océan, dans un lieu magnifique, en tout cas. Ou encore mieux,: près de moi, et bien vivant.
(p.327)
Quand on est malheureux, le chagrin des autres nous procure un certain réconfort.
La vraie raison pour laquelle j'ai cessé d'aller nager est bien simple.
Mon corps se transformait. Et ça me semblait très très anormal.
J'ai appuyé le tranchant contre mon pouce ; une simple petite pression - pas assez fort pour me faire saigner. [Oh. Pas très efficace.]
J'ai glissé la lame le long de mon avant-bras - fort, ce coup-ci. Durant un millième de seconde, j'ai eu l'impression de n'avoir strictement rien fait, hormis une légère trace sur ma peau. Jusqu'à ce que du sang se mette à couler très, très vite. Il était tellement rouge. Et il y en avait tellement. [Mieux. Beaucoup mieux.]
J'essaie de me mettre à la place de ma sœur. Retrouver sa famille après si longtemps... On doit sûrement espérer que rien n'ait changé, non? Or beaucoup de choses se modifient, en treize ans. Une mère peut devenir l'ombre d'elle-même, un père s'installer avec un charmant français, et une petite sœur arrêter de construire des châteaux de sable pour élever un mur en béton armé autour d'elle.
Faith. p.36
J’ai eut l’impression que les yeux de Mme McAllister me perçaient deux trous dans le cerveau au mot « distraire ». Il n’y avait aucun doute possible. Le sous-entendu était très clair. Je me demandais juste si elle allait le dire franchement. Allait-elle vraiment me demander de me tenir loin de sa fille ? Je n’ai rien répondu, luttant contre le besoin de m’excuser, de la rassurer, de dire ce qu’elle voulait entendre.
– Tu sembles être un garçon intelligent Alex.
J’ai haussé les épaules. Elle n’avait pas tout à fait raison.
– Je suis sûre que tu veux ce qu’il y a de mieux pour Kate.
J’ai opiné. Bien sûr que je voulais ce qu’il y avait de mieux pour Kate. Mais je préférais ne pas trop y penser, au cas où ce qu’il y avait de mieux pour Kate m’exclurait du tableau. Je pensais la rendre heureuse – c’était ce que Kate répétait, en tout cas. Mais si sa mère avait raison ? Et si passer du temps avec moi compromettait son avenir ?
On peut tout dire, tout faire, quand on sait que la fin est proche.
Oublie-moi. Si ce n'est pas possible, mets le souvenir de moi dans un morceau de soie, et planque-le quelque part dans ton cœur. Tu pourras le ressortir de temps en temps, quand tu en auras besoin. Je serai toujours là.
C'est comme ça que les amitiés prennent fin, en réalité : pas dans un brouhaha de disputes, mais dans une lente agonie.
C'est trop bizarre, cette façon dont la mort peut réécrire les règles : des gens qui ne se sont jamais parlé de leur vie peuvent soudain se retrouver à pleurer ensemble, et d'autres autrefois proches ne plus supporter d'être dans la même pièce. A moins que le décès de Tara soit différent ? Difficile à affirmer.
[Remerciements]
"[...] on peut être terrifiée le jour où son rêve se réalise !"
La seule chose qu’il me reste : moi, et seulement moi. Alors que c’est justement ce dont j’ai le plus peur. Moi. Et les idées noires que je tente d’évacuer en me coupant. Les souvenirs qui paraissent un peu plus bruyants et lumineux à mesure que j’essaie de les oublier. Les pourquoi et les si. Et, tapie quelque part au fond, attendant de me mettre à terre chaque fois que tout semble enfin bien aller, la pensée – la certitude – qui me brise le cœur : mon père aurait honte de la personne que je suis devenue.