- Regarde cette pancarte, il y a écrit "palacinke" !
- Ca veut dire quoi ?
-C'est un des seuls mots que je connaisse en croate ! Ce sont des espèces de crêpes ! Maman m'en préparait souvent quand j'étais petite !
Fiume puis Riejka, en Croatie. Après la seconde guerre mondiale la ville devient yougoslave. La famille de la narratrice est originaire de cette ville et a immigré en Italie au lendemain de la guerre. Pour vivre dans des baraquements, en laissant tout derrière soi. La narratrice Catarina décide de remonter le fil de l'histoire de sa mère jusqu'à Riejka, aujourd'hui en Croatie. La voilà avec son petit ami se rendant de ville en ville, en s'appuyant sur les souvenirs enregistrés par sa mère ainsi que sur les quelques documents conservés, quelques photographies et des papiers administratifs. Le couple fait la route à l'envers pour arriver en dernière destination à la ville de l'exil.
Ce roman graphique est un bel objet qui allie bande-dessinée et photographies d'époque ou contemporaines. Les deux auteurs ont vraiment fait ce périple qu'ils racontent avec humour et émotion. Une histoire qu'on ne connaît pas vraiment ou qu'on a oublié. La misère, l'exil, l'adaptation à une nouvelle culture. Le récit est animé par le manque de courage du petit-ami, qui ne cesse de se plaindre de la marche, de la chaleur, de tout. Leur périple est aussi parfois source de déceptions, lorsqu'ils ne parviennent pas à retrouver tous les sites, ou que ce qu'ils trouvent ne correspondait pas aux attentes de la narratrice. C'est un récit qui oscille entre comique et nostalgie pour s'achever sur un souvenir heureux et cher, celui des palacinches, ces petites crèpes que la petite italienne dévorait enfant avec sa famille. Et elle nous offre même la recette!
Pendant la visite médicale, on diagnostiqua une maladie aux poumons à ma mère qui ne pouvait donc pas partir. Si tu n'étais pas en bonne santé, tu n'avais pas le droit d'aller en Amérique !
Bizarrement, cette maladie n'apparut dans aucun examen médical par la suite.
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