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Citations de Catherine Voyer-Léger (28)


La télé, la radio, les journaux, ils exultent sous le conseil. On nous parle
partout de vie pratique. Ça ne me repose pas d’entendre parler de vie
pratique, ça m’ennuie. Au coton. Et comme je l’ai déjà dit, les gens trouvent
peut-être ça inutile les analyses, la philosophie, les discussions intellectuelles,
mais, pour ma part, faire venir trois spécialistes pour parler pendant vingt
minutes de bûches écologiques, c’est quand même assez élevé dans l’échelle
de l’inutilité.
On nous dira qu’il y a un public pour ça. Certes, certes. Il y a un public
pour tout. Mais il y a aussi un public qui ne veut pas de ça. Alors il fait quoi ?
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Ce qu'on nie en rejetant le travail critique, c'est l'idée qu'il puisse se développer un autre discours autour de la culture, un discours qui déploie des critères d'analyses, de comparaisons et de jugements. En refusant que, sur le plan esthétique, ce discours puisse être pertinent, on nie à ceux qui la pratiquent toute légitimité de le faire. Et l'on en conclut qu'ils sont des frustrés.
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Je sens qu'il faudrait que je vous en donne plus. Je sens que, pour vous permettre de comprendre, je dois expliquer, mais je ne sais pas par où prendre ça.
Ce qui nous a menés là? Il me semble que ce n'est pas à moi de faire le récit, même incomplet, des problèmes de mes parents. Il me semble que tout ce que j'aurais à raconter à ce propos serait blessant, inutilement blessant. Je ne suis même pas en mesure de savoir si mes souvenirs sont vrais et, même ceux qui m'ont été rapportés, je doute toujours de leur véracité.
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CUIR CHEVELU
Je détestais ce moment particulier où, entre le savon qui pique les yeux et la friction du cuir chevelu, ma mère tentait de me laver les cheveux. On disait laver la tête et c’était de ça qu’il était question, comme s’il restait au sommet de mon crâne une zone molle où on aurait pu nuire à mes pensées à force de la presser. Ça se terminait en larmes chaque fois.
Et elle n’avait pas tenté de peigner le tout encore.
La coupe au bol chez moi n’avait rien à voir avec René Simard. Juste avec son ras à elle. Son bol.
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Pourquoi "moi(s)" ne peut pas s'écrire au pluriel? La langue est parfois limitée.
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Pendant les années 1980 et 1990, le discours public à propos du suicide s'organisait autour de l'opposition entre les appels à l'aide et ce qu'il nous faudrait bien qualifier de vraies tentatives de suicide. Les gens qui faisaient des appels à l'aide n'avaient pas vraiment eu l'intention de mourir. Le geste était donc parfois un peu insignifiant ou alors automatiquement saboté. Entre adolescents, nous en parlions avec mépris. C'était juste un appel à l'aide.
En y repensant, je suis fascinée par tout ce que nous mettions de laideur dans cette notion. Un manque d'honnêteté, du narcissisme, une volonté d'accaparer l'attention sur de fausses bases, etc. Les gens qui appelaient à l'aide étaient un peu les fraudeurs de l'univers du mal vivre. On ne disait pas santé mentale. La maladie mentale était associée à la folie la plus caricaturale, ces individus ayant un rapport au monde qui, de l'extérieur, nous apparaissait loufoque. On disait c'est un malade mental quand les gens faisaient des gestes anormalement dangereux ou en rigolant pour qualifier, avec un peu de tendresse, ceux de notre entourage qui distillaient une douce folie autour d'eux. Être mal dans sa peau, penser à mourir, avoir besoin d'aide, appeler (ou non) à l'aide, ce n'était pas lié à la santé mentale. C'était autre chose, plus près du spleen, une posture insatisfaite face au monde.
Nous avions donc un vague mépris pour ceux qui appelaient à l'aide. Cette forteresse qui se bâtissait par je ne sais quelle série d'amalgames nous faisait complètement perdre de vue que cette personne n'était pas morte (ce qui devait se ranger dans les bonnes nouvelles) et qu'elle venait d'appeler à l'aide (ce qui méritait peut-être un minimum d'écoute). Nous perdions de vue qu'un appel à l'aide, c'est une forme de prise de parole.
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Ils exigent souvent une critique de "bonne foi". En grattant un peu, on se rend compte que la "bonne foi" veut surtout dire une critique qui ne fera pas trop mal. En ce sens, il ne me semble pas que la "bonne foi" du critique soit un concept intéressant pour juger de son travail puisque "la question de la critique de bonne foi ou mauvaise foi mène directement à la paranoïa car c'est bien d'interprétation qu'il s'agit".
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On peut s'étonner , par exemple, qu'on ne trouve pas pas le mot "capitalisme" dans cet ouvrage puisque c'est finalement de ça qu'il est question: la critique d'un modèle capitaliste de l'information qui laisse une place résiduelle à des contenus qui ne recrutent pas une large part de clients ou qui n'ont pas de répercussions sur la consommation de ses derniers. On n'a même pas besoin de s'étonner que même les médias publics, pour qui le profit n'est pas la priorité, adhèrent souvent à ce modèle. Il s'agit surtout de reconnaître un paradigme de la performance qui, lorsqu'il ne se traduit pas en profits, se traduit tout de même en moyens de production ou en notoriété.
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Ainsi, même dans mes réseaux rapprochés, certains n'ont pas hésité à commenter une critique sans l'avoir lue, portés uniquement par la cote brutale: une étoile.
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C'est un essai qui a été reçu avec générosité: presque tous les grands médias en ont parlé (rarement pour en faire la critique, cela dit) et ce livre m'a permis de me promener pour donner des conférences un peu partout.
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Une soudaine pulsion : estimer le temps d'une vie passé à gérer la pilosité. Confronter ce chiffre avec la notion de liberté.
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TRANSPARENCE
Sans filtre, comme si c’était une évidence. Ne pas mesurer le poids des mots qui se disent ni leur effet sur la foule dans l’ombre.
J’ai choisi l’écriture parce que c’est la forme d’art qui permet le mieux de cacher le corps.
Être à ce point solide dans la lumière pour rappeler le désir de ne pas être vue.
Et si, à force d’en parler, on cessait de le regarder?
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SEINS
La chaleur insupportable de cette chambre m’a réveillée. Bouche sèche. J’ai traîné ma nudité vers la fenêtre du jour qui se levait pour laisser l’hiver entrer. Réalisant, dans un sursaut de lucidité, qu’un voisin pourrait me voir, je n’ai eu pour moi-même qu’une étrange pensée : la beauté de mes seins.
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HONTE
Réaliser récemment : je ne me demande plus si les autres regardent mon corps au moment de me dévêtir au vestiaire. Trente-sept ans.
S’émanciper miette par miette.
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EMPATHIE
Toute description du corps souffrant me fait souffrir. Lisant Le corps lesbien de Monique Wittig, je me tordais de douleur devant l’évocation fantaisiste des organes humains. Écoutant Catherine Robbe-Grillet sur France Culture raconter quelques cérémonies sadomasochistes, je pressais le pas comme si en marchant plus vite j’éloignerais le supplice déversé dans mes écouteurs. Et c’est vraiment au bout de quelques minutes de tortures de Theon Greyjoy que j’ai abandonné Game of Thrones comme si ma propre intégrité physique en dépendait. N’importe qui me racontant un accident ou une opération produit chez moi le même effet, même quand sont mis en scène des organes que je n’ai pas.
On pourrait en conclure que je suis une gamine un peu trop fragile. Mais il s’agit surtout d’une absence de bouclier, d’une étrange et dévorante empathie, d’une forme d’hypersensibilité. D’un si grand besoin de douceur. Le corps de l’autre est un peu le mien aussi.
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OS
Il a main cassée. Une cicatrice digne d’un guerrier. Une plaque de métal sous les tissus. Je lui ai demandé à trois ou quatre reprises de raconter son accident. Chaque fois je souffre au fond de mon bassin sans comprendre pourquoi une main qui craque vient gratter aussi profond dans mon tronc.
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SERREMENT
Depuis toujours, on me dit que la peine que je ressens n’existe pas. Simulacre, caprice, hypocrisie, théâtre, paranoïa, stratégie, politique. Quand un insecte grimpe et me serre l’aorte, on me jure que je fais semblant. Depuis toujours, on me dit que la peine que je ressens est un leurre. Je ne crois pas assez à la vérité pour me battre contre de telles prétentions. Mais je ne sais pas non plus faire cesser cette lente marche qui serre toujours de la même façon. Je ne sais pas comment la baptiser autrement.
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TRACES
Les vêtements laissent parfois des traces sur la peau. Coutures et plis, comme des pochoirs mouillés sur l’automne des trottoirs. Une poésie qui me permet de confondre vergetures et dentelles.
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COUPURE
Trace rouge d’un
Accident de papier blanc
Un matin brûlant
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LARMES
L’hiver, ce sont d’épais foulards. L’été, des verres fumés.
Par expérience, je sais qu’il suffit de cacher la moitié du visage pour que personne ne remarque que vous pleurez.
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