Interview de Cathryn Constable
En resserrant délicatement les doigts autour de la petite boîte qu’elle avait dans la poche de sa veste, Livy tendit le cou pour voir à travers la masse des gens qui montaient dans le bus en se bousculant. Elle commença à paniquer quand la mèche noire du garçon disparut en haut de l’escalier qui menait à l’étage. Il fallait absolument qu’elle trouve une place dans ce bus.
Indifférent au sort de la jeune fille, le chauffeur regardait droit devant lui. Il appuya sur le bouton de fermeture des portes. Livy joua des coudes pour avancer.
Ouf ! Elle était montée.
Les portes se fermèrent derrière elle et le bus démarra brusquement.
Et il jeta la valise de Marianne dans la neige. Ensuite, il ferma une petite main blanche autour du bras de Marianne comme s'il voulait la jeter du train, elle aussi.
Perdues,terrifiées, mais ne sachant pas ce qu'elles pouvaient faire d'autre,les deux filles sautèrent dans l'obscurité et la fureur de la tempête, et atterrirent sur un quai étroit, couvert d'une épaisse couche de neige.
J'ai aimé l'histoire même si on s'attendait un peu à la fin. On met du temps à comprendre la vérité.
Livy éprouva un vif désir d'être sur le toit, loin des appréhensions de la journée. Là-haut, pensa t-elle, elle pourrait poser sa tête sur un nuage, s'étendre comme si elle était encore au lit, et d'une façon ou d'une autre, si elle se concentrait suffisamment fort pour se raccrocher à sa voix, parler avec Mahalia...
Avait-elle des hallucinations? La lumière avait une qualité particulière, elle était frémissante et bourdonnante. Les silhouettes n'avaient guère de consistance; elle dut plisser les yeux pour que l'image reste nette...
Elle avait l'impression de se dissoudre. D'être plus légère qu'une plume et en même temps, de faire partie de l'atmosphère. Cette sensation fit palpiter le sang dans ses veines...
Le bon livre au bon moment, c'est un vrai médicament pour l'âme...