Citations de Cathy Ribeiro (16)
T'entends ça aux infos : une nana se fait agresser dans la rue, ou violer dans un train ; personne ne bouge. Et toi, tu brailles devant la télé que ce n'est pas possible. Que les mecs n'ont rien dans la culotte. Que si tu avais été à leur place...
Que dalle ! A ta place ; t'y restes. Collé comme un insecte à du papier tue-mouches. La honte. Trop dégueulasse !
Avant, chagrin, c'était un mot léger. Un mot de poésie. Un peu un mot de fille. Maintenant, c'est un poids lourd de mot. Un mot écrase-coeur, un mot qui n'en finit jamais.
Le beau-père, il est resté au pays avec pour compagnie sa silicose et une gonzesse qu'il avait ramassée à l'hosto. On chope de drôles de saloperies à l'hosto.
Papiers ! Tu existes. Tu es quelqu'un. Pas papiers ! Tu n'existes pas. Tu n'es rien. Personne. Nemo. Nobody.
Dans le bus, au début, rien de particulier. La routine. Le balancement de la route au rythme des freinages, des arrêts, des reprises de vitesse. Ouverture et fermeture des portes. Un ballon qui se dégonfle: Pchiiiw! Conversations débiles. Tant pis pour moi, fallait pas oublier mon MP3 sur la table de nuit. Faut croire que c'était pas mon jour!
Barrière Saint-Genès. C'est là qu'il monte.
Pépé, il ne voulait pas que les choses soient tristes. Il ne serait pas content de moi aujourd'hui. Parce que ce soir je crois que je n'ai jamais été aussi triste.
Son chapeau, il l'appelait son galu et ses chaussures ses croquenaux.
Il disait : les miches de la boulangère, et mémé n'aimait pas ça. Ses lunettes, c'étaient ses bézicles et sa voiture , son tape-cul. Mon grand-père il metttait des images dans tous les mots. J'aimerais bien pouvoir parler comme lui, mais c'est interdit.
Les rêves, ça se défait dès qu'on met le doigt dessus, comme les billes de mercure d'un thermomètre éclaté. ça vous échappe à tous les coups. (p.64)
Il n'y avait aucune raison. Seulement des circonstances. (p.8)
Papa aidait Mémé à porter des pots de chrysanthèmes et Pépé disait toujours : " quand ce sera mon tour, pas de chrysanthèmes ou surtout pas de jaunes. c'est la couleur des cocus ! " Il rigolait et mémé se fâchait : René, on est au cimetière !" Alors il se calmait.
...Parce que la mort, on ne fait qu'en parler. Et on en rit parfois. Mais quand elle vous tombe dessus... Comme ça, sans prévenir... Parce qu'elle n'est pas toujours sournoise et insidieuse.
Elle peut être franche. Abrupte. Incisive comme la foudre. Pour Marcelle, elle a pas prévenu. Pas un signe, rien. Comme un orage sec. Avec son unique décharge. Ce n'est pourtant pas qu'elle vous prenne en traître : on sait depuis le premier jour qu'elle sera au rendez-vous. Mais qui voudrait y croire ? Qui ? (p.70)
Le calendrier, c'est fait pour les gens qui travaillent. Ceux qui se lèvent pour aller au boulot, qui ont un train à prendre ou un rendez-vous. (p.57)
Pour les uns, il y aura le pauvre homme qui n'en peut plus de supporter l'outrage, et le voleur puni : bien fait pour lui !
Pour d'autres, il y aura le drôle dans le besoin, victime d'un vieil avaricieux revanchard : tant pis pour lui !
Pas si simple de départager le bien du mal. Tout dépend de quel côté des choses on se place. (p.47)
Les dates. Tout est affaire de date. De date et de temps...
D'avant et d'après, avec cette impression terrible que le "pendant" n'existe pas. Ou si peu. Qu'il a filé si vite, trop vite, sans qu'on s'en aperçoive... La vie, c'est une sorte d'attente. Une parenthèse entre deux néants. (p.37-38)
On a débarqué en décembre. Du nord. Comme la tempête de l'hiver d'avant. On était les premiers. Autant dire des bêtes curieuses. Les cas sociaux comme y disent : cas sos, c'est plus simple. Plus rapide aussi. On ne s'attarde pas sur des gens comme nous. Nous, on n'avait rien demandé. Sauf que là-haut, c'était la fermeture d'usine, licenciement, chômage. Accessoirement drogue, vol, avec un "i" parfois, dans le noir de la cave... (p.15)
Il avait relancé le balancier de cuivre. (...)
A la mort de Marcelle, il l'avait enlevé. C'était trop que d'entendre le grignotis d'un temps qui ne s'écoulait plus. (p.9)