Personne n'a l'air de prendre conscience que de mon côté, je suis une victime, qui le restera toujours pour ce qu'elle a subi. C'est à dire que je ne serais jamais plus la même, que mon comportement, mon caractère, ont été transformés par ce qui m'est arrivé. Il y aura, toute ma vie durant, un avant et un après le viol. Je n'y pourrais jamais rien changer. C'est tout de même suffisamment énorme et incroyablement important pour qu'on y prête un minimum d'attention ! Cependant, en l'occurrence, seul le coupable semble avoir le droit à une deuxième chance.
Je me sens comme une fleur qu’une forte gelée a soudainement figée au plus profond d’elle-même, l’empêchant de s’ouvrir totalement, de s’épanouir. La gelée est un élément extérieur, indésirable et inattendu, qui peut briser la vie de la fleur en quelques instants.
On a tous des préjugés, des clichés, sur les gens abordables ou pas abordables, ceux qui font « louche » ou « négligé » et ceux qui présentent bien. Tout cela est faux, un leurre ridicule...
Ces quatre lettres vont changer ma vie à tout jamais. J’ai beau les retourner dans tous les sens dans ma tête, LIOV, LOIV, VOIL, rien n’y fait. Je finis toujours par retomber sur VIOL.
Lorsque je me sens heureuse, j’ai toujours peur que cela ne dure pas, je me dis que c’est trop beau pour être vrai et qu’il se passera forcément quelque chose de terrible ensuite.
Petit à petit, l’espoir de surmonter ce drame reprend le dessus et le cafard s’éloigne. Mais le quotidien reste toujours difficile, un combat sans trêve. Je ressens une fêlure que je ne saurais décrire, parfois presque cicatrisée par le bonheur qui s’appliquerait comme un baume, puis, à d’autres moments, déchirée par une déprime surgissant de nulle part. Je suis alors en proie à une douleur vive, telle une plaie ouverte, et je me sens agressée par tout le monde
La loi qualifie de viol tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise.
Un viol, on croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres, dans les rubriques faits divers des journaux ou à la télévision. Un mot hideux qui n’a pourtant pas de réalité tangible. Jusqu’à aujourd’hui, pour moi. Je n’ai rien fait pour ça. De ce que j’en sais vaguement, il paraît que toutes les filles à qui cela arrive mettent énormément de temps à s’en remettre, lorsqu’elles y parviennent...
Je me sens plus forte aujourd’hui. J’aime à nouveau rire, et faire rire m’amuse encore plus. C’est plus facile d’aller mieux en présentant une meilleure image de soi-même. J’adore pratiquer l’autodérision, il n’y a rien de plus ennuyeux dans la vie que ceux qui se prennent au sérieux. Qui se croient au-dessus de tout. Je ne les supporte pas. J’aime la simplicité, l’humilité.
- Souvenez-vous bien de ce que je vais vous dire maintenant, cela vous aidera toujours par la suite. C'est vrai, c'est injuste, mais n'oubliez jamais que vous êtes la victime. Vous n'avez pas voulu ce qui vous arrive aujourd'hui, vous n'avez rien fait en ce sens, et vous ne devez surtout pas culpabiliser. Vous êtes malheureusement tombée sur un malade. N'oubliez jamais ceci.