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Citation de enkidu_


Fillon, si tant est qu'il survive à l'affaire Pénélope, ne peut plus jouer le libéralisme et la modernité contre l'administrativisme archaïque de l'adversaire historique de la droite. La ligne qui lui permettrait de l'emporter était celle de la civilisation. Être le candidat qui affirme et défend la civilisation judéo-chrétienne contre les assauts de l'islam politique, de l'Amérique hégémonique, et de la Russie impérialiste. Cela impliquait une laïcité « à deux vitesses », prenant en compte la prévalence millénaire de la chrétienté dans l'identité de la France, ce que le candidat des Républicains n'avait pas tellement hésité à mettre en avant durant la primaire. Mais cela impliquait aussi d'être pro-européen et d'être plus fort sur la scène internationale. Or Fillon ne manifestait guère de goût pour l'Union européenne et avait dérouté les observateurs avec des prises de position froides comme la steppe sur le dossier syrien : à l'entendre, il aurait fallu excuser tous les auteurs d'exactions sur place au nom d'une résolution pragmatique de cette guerre. Les droits de l'homme repasseraient, et d'ailleurs il avait aussi proposé de se délier de la Cour européenne les protégeant, parce qu'elle avait eu l'imprudence d'ordonner la retranscription à l'état civil français de la filiation des enfants nés par GPA à l'étranger – il ne fallait pas fâcher La Manif pour tous !

Si l'on laisse de côté ces errements, il était certain que tant que les socialistes continueraient de fermer les yeux sur la progression du salafisme partout dans le pays, de demander qu'on fasse entrer la Turquie dans l'Europe, qu'on indemnise les arrière-arrière-petits-enfants des victimes de la guerre d'Algérie, qu'on interdise les crèches à Noël, qu'on débaptise les jours fériés, qu'on en crée d'autres pour les fêtes musulmanes, François Fillon, qui était peut-être le plus à droite de tous les Républicains, avait de beaux jours de campagne devant lui et pouvait déborder sérieusement Marine Le Pen sur le terrain identitaire, c'est-à-dire sur le terrain reptilien, sur l'angoisse de fond, sur l'inconscient des électeurs.

Ce plan, pour être payant dans les urnes, n'en est pas moins excluant : le candidat ne s'adressait pas aux musulmans ni aux jeunes, ni aux homos ni aux pauvres, pas vraiment aux femmes. Il pourra objecter que, cherchant à relever la France tout entière, son programme concerne en réalité tous ses citoyens ; mais son attitude personnelle, cette distance qu'il mettait entre le monde et lui, donnait le sentiment d'un homme indifférent au sort de ceux qui n'étaient pas exactement ses semblables.
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