Rien, si ce n'est un nom idyllique, un nom qui évoquait à la fois les anges et les fleurs, le paradis et la terre en ce qu'elle produit de plus chatoyant : il s'appelait, tout simplement, Séraphin Pervenche, et exerçait avec une distinction parfaite et une maestria remarquable, la délicate profession de rentier.
Tous ceux qui ne connaissaient M. Séraphin Pervenche que
superficiellement se plaisaient à saluer en lui un philanthrope digne de
respect ; mais les malheureux qu'un sort néfaste contraignait à recourir à ses
bons offices le considéraient, dès la première expérience, comme un usurier
au cœur de pierre, plus avide qu'une sangsue et plus dangereux qu'un
requin, car ce prêteur à la petite semaine était doublé d'un escroc.
Physiquement, ce personnage espéré avec tant d’impatience par les Poulbots du quartier ne présentait aucune particularité digne d’être notée ; il n’était ni grand, ni petit, ni gros, ni maigre. Il avait au milieu du visage un nez désespérément normal au-dessus d’une bouche moyenne, et celle-ci surplombait un menton rigoureusement quelconque. Quant aux yeux, il eût été impossible d’en déterminer la couleur.
En un mot, cet homme, extraordinaire par son conformisme, eût posé à Bertillon un problème délicat, et mis en échec les professionnels les plus habiles du portrait parlé : il ne possédait pas un atome d’originalité, et rien ne le signalait à l’attention de ses contemporains.
En entendant le mot "gaz", cet homme consciencieux décida d'en référer au brigadier ; ce dernier, soucieux de couvrir sa responsabilité, s'adressa au secrétaire qui, à son tour, préféra alerter le commissaire de police en personne.
Les trains de luxe avaient toujours été le rêve de Meunier : mais seul, c'était impossible. Pour ce boulot-là, faut être deux, voyager en première, et présenter l'aspect d'un couple élégant. Alors, on a toutes les chances, tous les atouts.