Dans les salles de réunion, certains hommes se levaient pour parler (car on était censé, plus ou moins, contribuer aux débats) et disaient n’importe quoi. D’abord, on s’exprimait toujours dans un jargon particulier. Certains savaient le manier à bon escient, les autres se contentaient de répéter les phrases à la mode. « Opportunisme droitier », « luxembourgisme », « aventurisme », « pensée utopique », « provocations matérialistes »… Chaque terme était une sorte d’abréviation : alignés ensemble, ils formaient une langue absurde, une terminologie à moitié intelligible, sortie tout droit de la revue théorique du parti, qui n’y comprenait sans doute rien non plus.