De ses erreurs du passé, elle avait tiré des leçons. On ne l’y reprendrait plus. C’était ça la vie, il fallait faire de ses expériences la source d’un présent plus noble et d’un futur prometteur. Auprès de Fabrizio, elle avait expérimenté les vraies valeurs, ce qui fait la force d’une relation.
Il était peut-être séducteur et séduisant, mais elle ne flancherait pas. Elle n’était pas née de la dernière pluie, il ne suffisait pas qu’un homme partage un café avec elle pour qu’elle succombe aussi facilement à son charme. Elle en avait vu d’autres, à son âge, de l’eau avait coulé sous les ponts, et pas seulement sous les ponts de Venise.
La beauté seule n’est rien. La beauté a besoin de son acolyte, le charme.
Un bon mari. Voilà l’ambition que pouvaient avoir les géniteurs pour leur fille. Trouve-toi un homme ! Tout le travail était là. Ce n’était pas forcément dit comme ça, c’était parfois juste une intention sourde. C’était en tout cas ce que Clara avait cru entendre. Clara n’était pas de ces générations nouvelles qui ont compris qu’il leur fallait d’abord penser à elle avant de penser à lui. Qui ont étudié, même si les diplômes ne mènent plus nulle part et que de nos jours, pour dégotter un bon job, les relations n’ont jamais autant compté. Ces filles qui savent que les hommes passeront dans leur vie, mais ne s’y installeront pas parce que la vie est trop courte pour ne pas la vivre en épisodes, comme dans les séries
Elle avait connu cette douleur dans le passé, dans sa folle jeunesse, quand elle s’était amourachée d’un type impossible. Elle s’était juré de ne jamais plus retomber dans les affres d’un amour non partagé, dans les tourments d’une passion qui vous emporte l’esprit et la raison. Fabrizio avait apporté un équilibre à sa vie, son cœur s’était apaisé. Et puis, le temps avait passé. Elle ne croyait plus pouvoir attraper cette saloperie, cette maladie, cette fièvre qui vous harponne la tête et vous ficelle le corps. Jamais plus ça.
Il n’y avait que ça, un sourire, un certain sourire pour la charmer. Un sourire et c’était emballé. L’amour était-il à ce point bête ? Une dentition dévoilée et on se trouvait démuni.
Elle n’avait plus vingt ans et son cœur n’était plus à prendre depuis longtemps. Alors, cet homme qui s’intéressait à elle et même plus que ça, comment dire non. Dire non, dans un moment pareil, c’était comme dire non à la vie. C’était peut-être rater une chance.
Elle aurait pu refuser. Lui exprimer qu’elle n’était pas faite pour les amours à durée déterminée. Elle connaissait ses faiblesses, mais dans ces moments où la lucidité s’égare, rien ne valait tant que vivre l’instant. Prendre, avaler la vie, se gargariser de toute émotion, pourvu que la sensation soit à la hauteur du plaisir. On verrait bien après.