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Critiques de Chris Roberson (52)
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Cendrillon : Bons Baisers de Fableville

J'avais repéré depuis quelque temps ce comics grâce aux offres reconditionnées d'Amazon mais à l'époque, il était encore cher. Tout récemment, il est passé en-dessous des 18€ (frais de port compris). J'ai donc sauté sur l'occasion et il n'a pas fait long feu dans ma PAL tant la couverture et l'univers décrit m'intriguaient. Ce comics est une intégrale et comprend les 2 tomes scénarisés par Chris Robinson sur une idée de base de Bill Willingham pour l'univers.



Le premier tome est très sympa à suivre dans un univers extravagant mais très bien construit où les héros des contes et légendes sont des fables avec une résistance et une durée de vie plus ou moins importantes suivant la popularité de leur conte. Ils habitent pour la plupart Fableville où ils se mêlent aux communs sans dévoiler leur identité. Notre personnage principal est Cendrillon et elle est agent secret. Son chef l'envoie dans ce tome à la recherche du vendeur d'objets magiques aux humains. Il faut que cela soit endigué à la source !! L'histoire alterne entre passé et présent de Cendrillon.



Le tome 2 est plus compliqué à suivre. Cendrillon est à la recherche d'un Fableville de l'Ombre. Nous avons encore l'alternance entre passé et présent de Cendrillon mais ces passages sont quelque fois mal indiqués... C'est seulement les différences de teinte des dessins qui signale le changement d'époque. Elle retrouvera surtout son ennemie jurée. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce comics m'aura fait découvrir des fables que je ne connaissais pas, encore différent de ceux rencontrés dans « Once upon a time ». Par ailleurs, je ne connaissais pas du tout cet univers, ce comics ni même Bill Willingham. Du coup, à la dernière masse critique, j'ai vite repéré un comics de ce scénariste mais je n'ai pas été sélectionné pour le recevoir. Mais pour une fois, je n'ai pas tergiversé longtemps avant de l'acquérir, la couverture me faisait trop envie !!



Comme vous l'aurez compris, ce comics a été une sacrée découverte et je m'étonne que si peu de lecteurs le connaissent. L'univers est fantastique à souhait grâce à toutes ces fables, leur passé, la façon dont ils interagissent et également grâce au talent créateur de ce scénariste. Je connais depuis peu la série TV mais je ne savais pas que quelqu'un s'était amusé avec les contes dans une série de comics. Cela m'a donné encore plus envie de découvrir l'histoire d'origine de ce comics, à savoir la série « Fables ». Mais au vu du prix des premiers tomes et de la longueur de la série, je vais attendre d'avoir déménagé pour l'acquérir... Si vous êtes amateurs de contes et légendes et de leur dérivés possibles, je vous conseille très fortement de découvrir ce comics hors norme. Pour ma part, je compte bien agrandir sous peu ma collection de comics !!



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Hellboy & BPRD - 1956

D'une certaine manière, ce tome fait suite à Hellboy and the B.P.R.D.: 1955 (2017/2018), mais dans les faits, il n'est pas indispensable de l'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie 1956, ainsi que le numéro spécial Hellboy vs. Lobster Johnson, initialement parus en 2018/2019, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson. La couverture du recueil a été réalisée par Adam Hughes.



1956 (dessiné par Mike Norton pour le fil narratif suivant Trevor Bruttenholm, par Yishan Li pour le fil narratif suivant Susan Xiang, et par Michael Avon Oeming pour le fil narratif suivant Varvara) - Dans une note envoyée à l'ensemble du personnel, Trevor Bruttenholm indique qu'il a engagé Myron Linneberg en tant que consultant au sein du BPRD, et que Margaret Laine est dorénavant la directrice adjointe chargée des opérations. Au quartier général du BPRD à Fairfield dans le Connecticut, en 1956, Margaret Laine est en train de briefer les agents Hendricks et Murphy, ainsi que Hellboy sur la mission qu'elle leur assigne. De nombreux cas de possessions démoniaques, vampires, morts-vivants, sacrifices humains ont été signalés à l'intérieur du Mexique. Il y a de nombreux morts parmi les civils. Les 3 acceptent la mission, mais Hellboy reste dans la pièce souhaitant parler de Mac avec Margaret Laine. Celle-ci lui répond qu'elle n'en a pas le temps. En juillet 1956, à Washington DC, Trevor Bruttenholm pénètre dans le bureau de Dulles, l'un des directeurs de la CIA. Il est venu lui parler de l'enkeladite, et du fait qu'elle n'a pas été détruite comme il avait été convenu en 1948. En 1956, dans la base du BPRD, Myron Linneberg teste les capacités parapsychiques de Susan Xiang, en lui demandant de toucher une photographie et de lui décrire ses visions. Elle perçoit le traître russe en question, se tenant devant une silhouette démoniaque qui lui inspire de la peur. À Moscou au quartier général du Service des Sciences Spéciales (Special Science Service, SSS), Varvara s'entretient avec l'agent secret russe en question, puis donne ses ordres à Ivan Antonovitch Skuratov et à Raissa.



Alors que la série Hellboy s'est achevée en 2016, et que la série BPRD s'est achevée en 2019, Mike Mignola continue d'explorer cet univers par le biais de miniséries consacrées à des personnages emblématiques, et à combler les années entre l'apparition de Hellboy sur Terre et le début de sa série. S'il a déjà lu des épisodes de cette série Hellboy & BPRD, le lecteur sait que sa qualité est variable en fonction de l'intrigue, et en fonction des artistes retenus pour le projet. Il sait aussi qu'assez curieusement Mike Mignola conçoit cette série comme une série de miniséries (chacune consacrée à une année) et qu'en conséquence il ne se sent pas tenu de raconter une histoire complète pour chaque année. En découvrant la couverture, le lecteur subodore qu'il va enfin découvrir comment est né le lien affectif qu'entretient Hellboy avec le Mexique et peut-être avec les lutteurs de Lucha Libre, des histoires postérieures ayant été regroupées dans Hellboy in Mexico. Sans surprise, il se rend vite compte que la construction de cette histoire repose sur une connaissance préalable des personnages impliqués : Susan Xiang, Margaret Laine, mais aussi Varvara. Du coup pour pouvoir l'apprécier, il vaut mieux que le lecteur soit déjà familier de cet univers partagé, sinon il risque d'avoir du mal à comprendre les enjeux pour les personnages et à s'intéresser à la problématique de l'enkeladite.



Mike Mignola a construit son histoire sur une structure originale : 3 fils narratifs différents, s'attachant à 3 personnages différents, qui ont des points de jonction entre eux, mais pas forcément des répercussions en termes de déroulement de l'intrigue. Cette structure justifie le recours à 3 artistes différents, un par fil narratif. Effectivement, le lecteur découvre la raison pour laquelle Hellboy a développé un fort attachement affectif pour le Mexique. C'est certainement le fil narratif le plus déconcertant. La mission en elle-même n'est pas montrée et Hellboy apparaît surtout dans le cinquième épisode. Pour cette dernière partie, Mike Norton réalise des dessins descriptifs, avec des contours discrètement arrondis à quelques endroits, des aplats de noir un peu marqué, et un niveau de détails satisfaisant, en particulier pour l'intégration des éléments de la fête des morts. Le lecteur suit donc une narration visuelle en apparence décontractée, un peu touristique, parfois un peu amusée, amoindrissant pour partie le drame que vit Hellboy. Dans le même temps, son comportement à risque ne laisse pas de doute sur son état émotionnel et son incapacité à gérer le deuil. Au final, le lecteur partage plus la peine de Hellboy, qu'il ne sourit devant ses pitreries. Il se dit qu'une partie de la mélancolie inhérente au personnage découle de ce moment de sa vie.



Mike Norton dessine également les pages suivant chacun de leur côté Margaret Laine et Trevor Bruttenholm. Les dessins de Mike Norton pour eux sont tout aussi agréables : un bon degré descriptif (les 2 bureaux de Bruttenholm, les couloirs de la base du BPRD, une forêt dans le Colorado, un restaurant) et les personnages sont immédiatement identifiables, avec un jeu d'acteur naturaliste et réaliste. Le lecteur suit donc Margaret Laine dans ses fonctions, se heurtant à des réticences chez certains agents, s'énervant de devoir faire avec les cachotteries de Bruttenholm, et sa façon de passer par-dessus elle pour envoyer quelques agents où bon lui semble. Il découvre la vie de ce service, croisant des agents qu'il a déjà rencontrés précédemment (comme Archie Muraro), observant comment le BPRD prend de l'ampleur très progressivement. D'un point de vue intrigue, suspense et action, le fil narratif suivant Bruttenholm s'avère plus riche. En tant que directeur du BPRD, il s'implique dans des situations plus épineuses, à commencer par la réapparition d'enkeladite, matériau ayant pourtant été détruit. Cela le mène aussi bien dans les bureaux de la CIA à Washington DC, que dans une marche en pleine forêt au Colorado. Le lecteur voit apparaître avec surprise un endroit occupant une place majeure dans la série du BPRD au présent, et un autre agent croisé précédemment Jacob Stegner. L'intrigue secondaire relative à l'enkedalite ne trouve pas sa résolution (certainement remise à une minisérie ultérieure), mais l'intrigue principale trouve son aboutissement ici.



Le fil narratif suivant Susan Xiang est d'une nature encore différente. Elle a intégré le BPRD et Trevor Bruttenholm lui confie des missions officieuses. Le lecteur se rend compte que Mike Mignola s'amuse à entremêler les actions d'agents doubles pour un récit d'espionnage traditionnel, tout en utilisant les visions de Susan Xiang pour montrer au lecteur comment les événements et les personnages se connectent avec ce qu'il sait déjà s'il a lu la série BPRD. Pour un nouveau lecteur découvrant l'univers partagé d'Hellboy avec cette série de miniséries dans l'ordre chronologique, il éprouve la sensation d'un futur catastrophique, noir et inéluctable. Yishan Li effectue là son premier travail pour Mike Mignola. Elle utilise un trait de contour plus fin et plus sec que celui de Mike Norton avec une impression de dessins plus légers, contenant moins d'informations, mais aussi plus adaptés pour retranscrire l'impression funeste donnée par les visions du futur. Enfin, le lecteur retrouve Varvara faisant tourner en bourrique les responsables du SSS. Là encore son ressenti devant ces séquences dépend de son niveau de connaissance du personnage. S'il a lu la fin de la série BPRD, il apprécie mieux le jeu sadique auquel se livre Varvara, en ayant conscience de son véritable niveau de pouvoir. S'il la découvre avec cette minisérie, il se lance dans des conjectures quant à sa véritable nature, quant à l'abomination qu'elle est vraiment. C'est un vrai plaisir de retrouver les dessins si particuliers de Michael Avon Oeming : des traits de contour assez gras et anguleux, une simplification des formes faisant parfois penser à un dessin animé pour la jeunesse, une forme d'efficacité brute qui joue à la fois sur l'ambiance et sur une description sans filtre ni fard. Le lecteur de longue date est aux anges de découvrir comment Varvara a fini sous un tube.



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Hellboy vs. Lobster Johnson: Down Mexico Way (dessins et encrage de Mike Norton pour 18 pages, dessins et encrage de Paul Grist pour 4 pages) - En 1968, à la base de Fairfield dans le Connecticut, Hellboy et Vic sont installés devant le poste de télévision pour regarder un film. Ils tombent sur film intitulé Lobster Johnson and the ring of Death. Hellboy sait très bien de quoi il s'agit et le regrette par avance : un film dans lequel il tient le rôle du diable, tourné en 1956 lors de son premier séjour au Mexique.



Les auteurs se sont fait plaisir à raconter un film avec lutteur de Lucha Libre, une parodie de nanar, racontée au premier degré sans moquerie, avec une narration visuelle efficace, détaillée et le sourire aux lèvres. Les 4 pages dessinées par Paul Grist reviennent sur le tournage d'une séquence. Cet épisode se lit très vite et divertit pour ce qu'il est : un hommage sans prétention, un moment de détente.



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L'année 1956 se révèle être un bon cru pour les lecteurs familiers de l'univers partagé Hellboy. Mike Norton réalise des planches agréables et solides, Michael Avon Oeming est en bonne forme, et la nouvelle venue peut encore progresser. Il s'avère que cette année est une année décisive pour le BPRD, que ce soit pour des enquêtes internes mettant en cause la CIA, ou pour un séjour au Mexique, ou encore pour Varvara au sein du Service des Sciences Spéciales. Cette minisérie s'avère indissolublement liée aux précédentes, et elle s'apprécie surtout pour un lecteur fréquentant Hellboy de longue date. Sous cette réserve elle contient des séquences essentielles dans l'histoire du BPRD.
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iZombie, Vol. 2 : uVampire

Ce tome fait suite à Dead to the World (épisodes 1 à 5) ; il contient une histoire courte de 7 pages (parue dans l'annual d'Halloween de "House of mystery") et les épisodes 6 à 12. Tous les scénarios sont de Chris Roberson et les illustrations de Mike Allred, sauf le numéro 12 illustré par Gilbert Hernandez.



Le tome commence avec l'histoire de 7 pages dans laquelle Tricia, Gwen et un copain traversent un lac en canoë de nuit suite à un défi. Le copain commence à raconter une vieille légende indienne sur ce qui se trouve sous les eaux calmes. L'histoire est forcément très rapide, elle s'avère également très convenue et peu séduisante.



Épisode 6 - Scot (le terrier garou) raconte son histoire comme s'il se trouvait en train d'effectuer un numéro de stand-up : la mort de ses parents alors qu'il était encore enfant, son adoption par son grand-père, sa jeunesse solitaire en amoureux des dessins animés, la fac, ses soirées passées à jouer à des jeux de rôles avec 2 potes genre adulescents, sa rencontre au café du coin avec Gwen et Ellie (c'est Gwen qui a dû prendre l'initiative), et la mort de son grand père.



Épisodes 7 à 11 - Ellie (en tant que fantôme) a du mal à accepter qu'elle ne peut se rendre que dans des endroits qu'elle a déjà fréquentés étant vivante ; elle va donc discuter avec Amon pour apprendre comment s'affranchir de cette contrainte, contre l'avis de Gwen. Cette dernière a du mal à trouver de quoi se sustenter, son apparence se dégrade, or son rendez-vous avec Horatio approche. Elle finit par consommer le cerveau de la mère d'une de ses copines du temps où elle était à la fac. Horatio et Diogenes finissent par débusquer les vampires qui sévissent au paintball. Amon croise par hasard Galatea, une très ancienne de ses connaissances qui recommence à souhaiter l'avènement de Xitalu.



Épisode 12 - Ellie passe sa journée au cimetière à écouter les histoires des autres fantômes (une histoire de mythologie indienne, une histoire de gangsters), et à se remémorer sa propre vie et sa première rencontre avec Gwen Dylan.



Chris Roberson commence en douceur avec l'histoire de Scot, un jeune adulte sympa, et vivant un quotidien sans éclat. Il a un boulot qui lui permet de payer son loyer, 2 copains (Ashok et Vincent) avec qui il perpétue l'habitude de jouer 1 ou 2 soirs par semaine à un jeu de rôles. Gwen constate qu'elle perd peu à peu la mémoire de sa vie précédente pour rentrer dans un quotidien à la saveur fade. Ellie constate qu'elle est prisonnière des mêmes endroits à jamais. Le futur des héros semble fermé et condamné à la banalité du quotidien, malgré leur nature de monstres. Par opposition la vie d'Amon semble faite d'opulence et de contentement, celles d'Horatio et Diogenes semblent pleine de dangers.



Roberson laisse sa narration reposer sur les concepts de sur-âme et sous-âme développés dans le premier tome, pour s'intéresser plus aux intrigues telles que la confrontation entre les vampires et les chasseurs, les manipulations d'Amon, la nouvelle menace constituée par Galatea et la mission de Gwen qui la contraint à faire face à une ancienne camarade de fac, et à un jeune homme occupant une place particulière dans son passé. Il adopte un ton qui désamorce l'angoisse et la gravité potentielles des situations, pour installer une étrange forme de douceur de vivre, presque de langueur. Le quotidien regorge d'éléments étranges et pourtant la vie s'écoule presque monotone, incapable d'exacerber les sensations ou les sentiments, surtout pour Gwen anesthésiée par sa condition. Du coup, les moments vraiment horrifiques ressortent par contraste. En particulier la consommation de matière cervicale reste une affaire sérieuse, éloignée de toute banalité.



Mike Allred utilise un style en phase avec la narration. D'apparence, les personnages sont dépourvus de tout aspect angoissant (à commencer par le terrier garou). Les jeunes femmes (Gwen, Ellie, et même les vampires) sont normalement proportionnées avec silhouettes élancées, des toilettes gaies et de jolis visages. Ce qui est impressionnant dans les illustrations d'Allred, c'est qu'il amalgame des éléments assez disparates et peu crédibles, pour un résultat qui semble couler de source et qui permet au lecteur d'accepter facilement le plus invraisemblables sans que l'histoire en devienne stupide. Un terrier garou, pourquoi pas ? Il semble bien inoffensif, parfaitement intégré à Eugene, cette petite ville d'Oregon. Un laboratoire secret sous la fac, le lecteur saisit bien le clin d'oeil aux films et comics avec un savant fou ; c'est une référence sympathique à ces formes de série B ou Z. Une improbable partie de minigolf dans un décor gothique et toc ? Le lecteur y voit surtout l'exagération du mauvais goût assumé des américains pour des décors artificiels empilant des éléments disparates. Allred propose une vision orientée d'une petite ville dont les paysages évoquent les années 1950, une forme d'âge d'or de la croissance, avec des bizarreries excentriques, mais presque plausibles. Le connaisseur de culture proto-consumériste se promène avec délice dans ces compositions légèrement en décalage avec la réalité. À nouveau le choix des couleurs de Laura Allred adoucit la narration participant là aussi à la dédramatisation des horreurs. Gilbert Hernandez semble avoir passé peu de temps pour réaliser les illustrations de l'épisode 12. Le lecteur reconnaît aisément son style inimitable, mais peine à trouver un visuel aussi marquant que dans les épisodes de "Love and rockets".



Chris Roberson et Mike Allred continuent de concevoir leur tapisserie entremêlant la vie de ces jeunes adultes pas comme les autres, et pourtant tellement quotidienne, comme une métaphore du début de la vie d'adulte. Ils dévoilent lentement ce qui semble une menace de grande envergure, mais encore très imprécise. Et ils brouillent la frontière entre le bien et le mal pour faire sortir leurs personnages de cette dichotomie simpliste. Le résultat reste parfois un peu plat, mais l'inventivité des situations et la proximité des personnages commencent à provoquer une forte sympathie pour Gwen, Scot et Ellie. Ils continuent de se laisser flotter au gré de leur quotidien extraordinaire dans Six Feet Under & Rising.
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B.P.R.D. : Un mal bien connu, tome 1

Ce tome fait suite à B.P.R.D.: The Devil You Know Volume 1 - Messiah (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2018, écrits par Mike Mignola & Scott Allie, dessinés et encrés par Sebastián Fiumara pour les épisodes 6 à 8, et par Laurence Campbell pour les épisodes 9 et 10, avec une mise en couleurs réalisées par Dave Stewart. Mike Mignola a dessiné les 3 premières pages de l'épisode 6. Le tome se termine par 18 pages d'études graphiques, dont 3 consacrées aux crayonnés de Mike Mignola.



Quelque part en Enfer, dans une maison non loin de la grève d'un petit port de pêche, Heboy reçoit la visite d'Ed. Il accompagné par Roger, l'homuncule. Ed indique à Hellboy qu'il reste 2 choses à faire, et qu'il a tenté de faire la première à sa place pour l'aider. Sur Terre, à bord de l'aéronef du BPRD, quelque part au-dessus du Nebraska, Hellboy est assis sur un fauteuil à roulette, en train de regarder ses amis discuter, sans se concentrer sur ce qu'ils disent : Liz Sherman, Ashley Strode, Andrew Devon, Carla Giarocco, Fenix Espejo. Liz Sherman finit par s'approcher de Hellboy et lui demander si ça va ; il répond avec un oui laconique. Andrew Devon décide d'envoyer un petit groupe interroger des membres d'un culte campant sur une autoroute, entendant une voix de fillette dans leur esprit. Pendant ce temps-là, dans le comté de Jasper en Caroline du Sud, Abe Sapien et Ted Howards observent un campement d'individus vivant dans le dénuement. Maggie fait signe à Abe de la suivre ; il obtempère.



À bord du vaisseau du BPRD qui se trouve maintenant au-dessus du Dakota du Sud, Liz raconte à Hellboy ce qui s'est passé depuis sa mort. En réponse à une de ses questions, elle indique que Kate Corrigan est morte. Elle lui demande ce qui lui est arrivé à lui ; il répond qu'il n'en est pas sûr. À New York, Sam, son épouse et sa fille arrivent pour se joindre au culte animé par la petite fille. Ils ne sont guère rassurés par la présence d'individus à la peau marquée. Au centre du bâtiment, Varvara discute de sa stratégie avec Herman von Klempt et Karl Ruprecht Kroenen. Hellboy a décliné la demande d'Andrew Devon d'accompagner les agents qui vont établir le contact avec le campement des membres du culte. Il entend son nom appelé par le système de communication. Il se rend sur le pont où la communication a été établie avec Tom Manning, l'ancien directeur du BRPD. Hellboy salue son vieil ami allongé dans son lit d'hôpital. Maggie a amené Abe Sapien devant l'entrée d'une caverne pour qu'il sache où elle se trouve. Le groupe du BPRD a touché terre et découvre un spectacle qui n'est pas du tout celui auquel ils s'étaient préparés.



Le précédent tome s'achevait sur un coup de théâtre à peine croyable ramenant une forme d'espoir inattendu. En effet, il avait auparavant montré un monde dans un état de destruction bien plus effroyable que ce que la fin de la phase Hell on Earth pouvait laisser supposer, avec une humanité prête à se raccrocher à des croyances pour pouvoir espérer en un avenir meilleur. Au fil des pages le lecteur continue de relever les signes inquiétants et sinistres. Pour commencer, le titre de cette deuxième partie de The devil you know est Pandemonium, c’est-à-dire le nom de la cité faisant office de capitale aux enfers, celle où Hellboy a tué son père. Or le récit se déroule sur Terre, ce qui incite le lecteur à s'interroger sur l'éventualité d'une résurgence de Pandemonium sur Terre, ou de l'instauration d'une nouvelle capitale des enfers. Tout aussi angoissant est la persistance de la présence de monstres apparus pendant la phase Enfer sur Terre, l'apparition de nouvelles maladies inconnues propageant la pestilence, ou encore l'arrivée de créatures démoniaques présageant d'une nouvelle vague de catastrophes. Mike Mignola et Scott Allie ont construit leur récit de manière à ce que le lecteur se heurte régulièrement à de nouvelles manifestations létales, remettant en cause l'espoir apparu à la fin du tome précédent. Il mine également cet espoir par l'attitude de Hellboy qui ne fait aucun effort de communication avec les autres, qui semble replié sur lui-même, attendant le moment qu'il juge opportun pour passer à l'action, comme si toute autre forme d'intervention n'a aucune importance.



Les dessins de Sebastián Fiumara et Laurence Campbell participent également à instaurer cette ambiance sombre et désespérée. À de rares exceptions près, les visages dessinés par Fiumara sont marqués de traces noires, de petites hachures, comme s'ils portaient les stigmates de leur souffrance intérieure, comme si le temps avait déposé des marques d'usure. Ces visages expriment souvent le regret, l'inquiétude, l'agressivité, presqu'à aucun moment une émotion positive, au mieux de la neutralité indéchiffrable. Campbell utilise des traits un peu plus durs et un peu plus épais pour les visages qui apparaissent alors creusés et fatigués, marqués par des expressions dures et résolues. Durant les 3 premiers épisodes, les personnages sont souvent représentés debout, les bras le long du corps, dans une forme d'attente ou d'inaction, comme s'ils n'avaient pas de possibilité de se mettre à l'œuvre, d'agir pour améliorer la situation, pour construire quelque chose. Dans les 2 derniers épisodes, l'action occupe la majeure partie des pages, les membres du BPRD se jetant à corps perdu dans la bataille, avec l'énergie du désespoir. À bien y regarder, Fiumara et Campbell utilisent une direction d'acteur exhalant un parfum de résignation ou de désespoir sous-jacent, inexorable.



De la même manière la mise en couleurs de Dave Stewart utilise des couleurs sombres et ternes pour renforcer l'ambiance de fin du monde, pour ajouter à la fibre sinistre, et participer à la sensation de destin funeste. S'il y fait attention, le lecteur se rend compte qu'à certains moments, Stewart ajoute une touche de couleur très inattendue : une touche de violet lilas pour la manifestation des démons, un vert pale pour le bocal de von Klempt. Les 3 pages réalisées par Mike Mignola sont parcourues par des feuilles mortes en train de tomber, comme la fin d'une époque. Les cases sont à la fois dépouillées avec des formes mangées par le noir, et à la fois très évocatrices. Durant les épisodes 6 à 8, Sebastián Fiumara réussit de très belles mises en scène : la vision de l'aéronef massif du BPRD, le corps au repos de Hellboy résigné, la forme saugrenue d'une vierge de fer au milieu de nulle part, le minois toujours aussi mignon de Varvara, et une magnifique case avec une légère contreplongée, montrant le trio réuni de Liz Sherman, Abe Sapien et Hellboy, baignant dans la nostalgie d'une autre époque. Dans les 2 épisodes suivants, Laurence Campbell réalise plusieurs visions apocalyptiques : une nuée de petits démons ailés, les gratte-ciels en ruine de New York se découpant sur un ciel enflammé, une horde de créatures immondes se ruant sur les agents du BPRD. Les 2 dessinateurs ont tendance à s'affranchir de représenter les arrière-plans le temps de 2 à 4 planches par épisode, parfois compensé par la mise en couleurs, parfois donnant une impression de vide.



Ainsi mis en condition par la narration visuelle des 2 artistes, le lecteur intègre le fait que l'histoire est placée sous le signe d'une forme d'inéluctabilité, les personnages ne sachant pas toujours quelle action entreprendre, où se rendre, contre qui se battre, et une fois sur le terrain assaillis par des créatures monstrueuses semblant sans cesse renouvelées. Qui plus est, Hellboy semble résigné, comme s'il ne servait à rien de se battre pour le moment. Le lecteur éprouve une sorte de sentiment contradictoire : entre désintérêt de ces scènes ne lui en apprenant pas beaucoup, et prise de conscience de ce qui est en train de se jouer. En surface, Mignola & Allie ne semblent pas en dire beaucoup avec leur histoire : Varvara continue de mettre en œuvre ses manigances, Abe Sapien s'apprête à rejoindre le BPRD, Andrew Devon n'a pas d'assurance quant à l'utilité des actions qu'il décide. Mais il se produit un effet cumulatif des différentes scènes qui accable toujours plus le lecteur. En outre, Mike Mignola a indiqué qu'il s'agit de la dernière histoire du BPRD, et qu'elle doit se terminer avec l'épisode 15. En assemblant progressivement les pièces du puzzle contenues dans ce tome, le lecteur sent sa tension augmenter.



Pour pouvoir apprécier ce tome, le lecteur doit disposer d'une connaissance étendue de l'univers partagé Hellboy, avec une bonne compréhension de l'historique de l'évolution des créatures monstrueuses sur la Terre. Il plonge alors dans un récit qui fait sens, avec une narration graphique sinistre du fait de l'ambiance qu'elle installe, des personnages accablés par des années de lutte, et des monstres évoluant dans une civilisation en ruine. Il regarde le récit s'acheminer inéluctablement vers un conflit final qui s'annonce terrible pour les survivants du BPRD. À l'évidence s'il a commencé son immersion dans cet univers partagé avec le premier épisode de Hellboy, ou par celui du BPRD, le lecteur sait qu'il ira jusqu'au bout, et quel que soit son niveau d'appréhension pour la fin de la série, il regrette déjà qu'elle se termine.
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Witchfinder, tome 5 : The Gates of Heaven

Ce tome fait suite à Witchfinder Volume 4: City of the Dead (2016) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par D'Israeli (Matt Brooker), et mis en couleurs par Michelle Madsen. Les couvertures des épisodes ont été réalisées par D'Israeli, la couverture du recueil par Julian Totino Tedesco. Le tome se termine par 18 pages de conception graphique, commentées par D'Israeli.



En octobre 1884, dans la Tour de Londres, 2 gardes devant une porte fermée entendent du bruit dans la salle qu'ils gardent. Ils pénètrent à l'intérieur et voient une forme spectrale disparaître en tenant un objet. Ils sont persuadés qu'il s'agit d'un fantôme. Le lendemain, Sir Edward Grey est sur place. Il recueille le témoignage des 2 gardes et leur demande ce qui a disparu. Un garde consulte le registre et indique qu'il s'agit d'un disque en or avec un motif de pentacle, inscrit en 1879 à l'inventaire, à l'occasion de l'affaire Amalfi. Grey se souvient bien de cette affaire et de l'objet. Après une semaine passée à réfléchir à l'affaire Edward Grey n'a pas avancé d'un pouce. Son majordome lui apporte le journal du jour : il y est fait mention d'une apparition de fantôme au British Museum. Il se rend sur place et commence à interroger le curateur tout en se dirigeant vers la salle où l'apparition a eu lieu. Sur place se trouvent déjà 3 chercheurs spécialisés dans le surnaturel : le professeur Llewellyn Pritchard, Simon Bruttenholm et Honora Grant.



Du coup, monsieur Chalmers répète devant les 4 enquêteurs ce qu'il a vu : il travaillait avec son collègue Godwin pour établir le catalogue de pièces dans les réserves en vue d'une exposition à venir. Ils s'étaient éloignés l'un de l'autre pour travailler sur des parties différentes de la réserve. Chalmers a entendu le bruit d'une lutte. Quand il est arrivé sur les lieux, il a vu une forme spectrale en train de disparaître et le corps de son collègue allongé par terre. Sir Edward Grey lui fait observer qu'il y a un emplacement vide sur une étagère. Pendant que Chalmers cherche de quelle pièce il s'agit dans un registre, le professeur Llewellyn Prichard offre ses services à Sir Grey, ainsi que ceux de ses 2 collègues. Chalmers a identifié l'objet manquant : un artefact trouvé dans une tombe assyrienne par l'expédition Arbuthnot. Puis Sir Grey se rend à l'institut médico-légal pour examiner le corps de Godwin dont les 2 avant-bras ont été tranché net. Les policiers n'ont pas retrouvé les mains manquantes. Sur place, il reçoit une convocation venant du plus haut de l'état.



La série Witchfinder connaît les hauts et des bas, et le lecteur se demande s'il a vraiment envie de découvrir une nouvelle enquête du traqueur de sorcières de la Reine. Néanmoins, ce tome est écrit par Mike Mignola, le créateur du personnage principal de cette série de miniséries dérivées de l'univers Hellboy. En outre, D'Israeli est un artiste ayant souvent collaboré avec Ian Edginton, sur des séries comme Scarlet Traces, Stickleback. Pour cette nouvelle histoire, les coscénaristes ont conçu une intrigue substantielle, à la fois en ce qui concerne les rebondissements de l'enquête, à la fois pour son enracinement dans l'univers partagé d'Hellboy. Le fil directeur du récit repose sur l'enquête pour savoir qui est ce mystérieux fantôme qui dérobe des artefacts ésotériques. En fait son identité est dévoilée à la fin du premier épisode, mais il reste à découvrir son objectif réel, ainsi que la manière dont il a acquis son savoir ésotérique. Sir Edward Grey conserve son approche rationnelle et pragmatique, avec une personnalité un peu sèche. Il procède par étape pour son enquête, avec des succès et des échecs. Il va consulter des experts comme August Swain de la Confrérie Héliopique de Ra. Il bénéficie d'une ou deux coïncidences pratiques comme la présence du trio d'enquêteurs surnaturels au même moment que lui au British Museum. Ces derniers ne font pas preuve non plus d'une grande personnalité, sauf sur le plan visuel. Chris Roberson sait insuffler un peu de particularités dans les dialogues, que ce soit l'enthousiasme du professeur Pritchard, ou les remarques nécessaires d'Honora Grant pour rappeler ses compétences.



Les protagonistes doivent également beaucoup de leur personnalité à la narration visuelle. Edward Grey arbore un visage souvent fermé et sévère, avec ce qui semble être des cicatrices. Le lecteur voit un personnage sérieux et impliqué, dédié à son travail. Aldous Middengard Sinclair (le criminel) arbore un visage tout aussi fermé, avec un air plus obsessionnel, indiquant le degré d'implication d'un individu pour qui la fin justifie les moyens. Par comparaison, le major Karam Singh semble plus posé, avec un visage plus détendu, et une forme de confiance en lui. Le professeur Lelwellyn Pritchard est plus enthousiaste, indépendamment de son âge avancé. Simon Bruttenholm et Honora Grant sont plus jeunes, et leurs visages expriment des émotions plus franches. Le lecteur peut également voir le caractère plus emporté d'August Swain, le responsable de la confrérie héliopique de Ra. Il constate aussi que sous l'apparence de dessins simples et tout public, D'Israeli s'investit pour la reconstitution historique, à commencer par les tenues des personnages. Dans les pages de fin, l'artiste explique qu'en termes de costumes, il a dû s'entraîner pour comprendre comment fonctionnait les pagnes des égyptiens en 1338 avant JC.



Alors qu'il peut avoir une impression de dessins un peu frustes ou un peu naïfs, le lecteur se rend vite compte de la qualité descriptive des pages. Au fil des séquences, il peut prendre le temps de détailler les rayonnages dans la Tour de Londres, ceux du British Museum, l'impressionnante pièce dans laquelle Grey est reçu à Buckingham Palace, les ateliers de la Fonderie, le magnifique hall monumental du temple universel de la Confrérie Héliopique de Ra, la très belle pièce réservée à l'hôte de Michael Glaren, les quais de la Tamise. D'Israeli fait montre d'une solide compétence de metteur en scène. En effet le genre Enquête en bande dessinée peut vite dégénérer en une succession de dialogues, exercice assez difficile pour un dessinateur qui doit y apporter une dimension visuelle. En scénaristes aguerris, Mignola & Roberson font en sorte de donner des occupations aux interlocuteurs et de varier les lieux. D'Israeli construit des plans de prises de vue élaborés, évitant l'enfilement de têtes en train de parler, pour montrer les décors, les activités des personnages, avec des changements d'angle de vue. Progressivement, Dave Stewart laisse la place à Michelle Madsen pour la mise en couleurs des productions Mignola. Elle utilise une palette de couleurs similaire à celle de Stewart, en particulier les marrons et les bruns. Elle privilégie les aplats de couleurs aux discrets dégradés, ce qui est en phase avec l'aspect un peu naïf et simple des dessins. Au fil des séquences, le lecteur peut voir que Michelle Madsen prend soin de rendre compte de l'ambiance lumineuse, avec les pièces sombres des réserves, ou le hall très éclairé du temple universel de la Confrérie Héliopique de Ra. Alors que les pages donnent l'impression de baigner dans une seule teinte, elle sait faire ressortir les objets les uns par rapport aux autres. Du coup, elle peut jouer sur le contraste entre ces teintes sombres et les couleurs plus vives lors de la manifestation d'énergies surnaturelles dans le dernier épisode.



Le lecteur se laisse donc emmener dans cette enquête surnaturelle qui fait référence à des éléments de l'univers partagé Hellboy, et qui en introduit beaucoup d'autres. Il retrouve donc la Confrérie Héliopique de Ra, avec August Swain qui était déjà apparu précédemment dans la série. Le lecteur est pris par surprise par la présence d'une vieille dame qui était un personnage récurrent de la série BPRD. C'est l'occasion pour les scénaristes d'effectuer un passage par l'Égypte antique, puis d'évoquer la scission qui s'est opérée au sein de la Confrérie Héliopique de Ra. Bien sûr, ces passages parlent plus aux lecteurs ayant suivi le développement de l'univers partagé d'Hellboy au travers des différentes séries et miniséries. Mignola & Roberson introduisent également plusieurs nouveaux personnages dont un membre de la famille Bruttenholm. Là encore, le lecteur de passage n'en pas forcément très impressionné, alors que le lecteur de longue date espère bien qu'il aura l'occasion de revoir ce personnage dans d'autres histoires. Les coscénaristes intègrent donc des éléments divers et variés dont certains qui laissent le lecteur décontenancé. Il a du mal à comprendre pourquoi ils ont tenu à évoquer les ouvriers étrangers des docks, ou encore plus surprenant le combat contre un triton géant.



Cette cinquième enquête de Sir Edward Grey fait partie des meilleures, avec un scénario riche en rebondissement, en personnages anciens et nouveaux, et en lieux variés. D'Israeli réalise des dessins en apparence naïfs, mais en fait il réalise une narration visuelle consistante, avec de nombreux détails et des prises de vue élaborées. Michelle Madsen s'affirme comme la digne successeure de Dave Stewart, avec une approche un peu différente de la mise en couleurs. L'enquête s'avère vivante et surprenante, avec des personnages peu développés. Le lecteur de longue date note les références à l'univers partagé, ce qui augmente son plaisir de lecture, mais qui ne parle pas aux lecteurs novices. Mignola & Roberson écrivent une enquête qui est intéressante pour elle-même (4 étoiles), avec des éléments de continuité qui viennent augmenter son intérêt (5 étoiles).
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Elric, Tome 1 : L'équilibre perdu

L'équilibre du multivers est rompu. Elric de Melniboné et les autres incarnations du champion éternel, Corum, Dorian Hawkmoon et Eric Beck, doivent intervenir. Chris Roberson signe ce comics en impliquant les différents héros créés par Michael Moorcock. Dans ce premier volume, on suit en parallèle les quatre destins. La lecture est plaisante mais les dessins Francesco Biagini manquent d'expressions et de vie.
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Hellboy & BPRD - 1956

D'une certaine manière, ce tome fait suite à Hellboy & BPRD 04. 1955 (2017/2018), mais dans les faits, il n'est pas indispensable de l'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie 1956, ainsi que le numéro spécial Hellboy vs. Lobster Johnson, initialement parus en 2018/2019, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson. La couverture du recueil a été réalisée par Adam Hughes.



1956 (dessiné par Mike Norton pour le fil narratif suivant Trevor Bruttenholm, par Yishan Li pour le fil narratif suivant Susan Xiang, et par Michael Avon Oeming pour le fil narratif suivant Varvara) - Dans une note envoyée à l'ensemble du personnel, Trevor Bruttenholm indique qu'il a engagé Myron Linneberg en tant que consultant au sein du BPRD, et que Margaret Laine est dorénavant la directrice adjointe chargée des opérations. Au quartier général du BPRD à Fairfield dans le Connecticut, en 1956, Margaret Laine est en train de briefer les agents Hendricks et Murphy, ainsi que Hellboy sur la mission qu'elle leur assigne. De nombreux cas de possessions démoniaques, vampires, morts-vivants, sacrifices humains ont été signalés à l'intérieur du Mexique. Il y a de nombreux morts parmi les civils. Les 3 acceptent la mission, mais Hellboy reste dans la pièce souhaitant parler de Mac avec Margaret Laine. Celle-ci lui répond qu'elle n'en a pas le temps. En juillet 1956, à Washington DC, Trevor Bruttenholm pénètre dans le bureau de Dulles, l'un des directeurs de la CIA. Il est venu lui parler de l'enkeladite, et du fait qu'elle n'a pas été détruite comme il avait été convenu en 1948. En 1956, dans la base du BPRD, Myron Linneberg teste les capacités parapsychiques de Susan Xiang, en lui demandant de toucher une photographie et de lui décrire ses visions. Elle perçoit le traître russe en question, se tenant devant une silhouette démoniaque qui lui inspire de la peur. À Moscou au quartier général du Service des Sciences Spéciales (Special Science Service, SSS), Varvara s'entretient avec l'agent secret russe en question, puis donne ses ordres à Ivan Antonovitch Skuratov et à Raissa.



Alors que la série Hellboy s'est achevée en 2016, et que la série BPRD s'est achevée en 2019, Mike Mignola continue d'explorer cet univers par le biais de miniséries consacrées à des personnages emblématiques, et à combler les années entre l'apparition de Hellboy sur Terre et le début de sa série. S'il a déjà lu des épisodes de cette série Hellboy & BPRD, le lecteur sait que sa qualité est variable en fonction de l'intrigue, et en fonction des artistes retenus pour le projet. Il sait aussi qu'assez curieusement Mike Mignola conçoit cette série comme une série de miniséries (chacune consacrée à une année) et qu'en conséquence il ne se sent pas tenu de raconter une histoire complète pour chaque année. En découvrant la couverture, le lecteur subodore qu'il va enfin découvrir comment est né le lien affectif qu'entretient Hellboy avec le Mexique et peut-être avec les lutteurs de Lucha Libre, des histoires postérieures ayant été regroupées dans Hellboy, tome 15 : Hellboy au Mexique. Sans surprise, il se rend vite compte que la construction de cette histoire repose sur une connaissance préalable des personnages impliqués : Susan Xiang, Margaret Laine, mais aussi Varvara. Du coup pour pouvoir l'apprécier, il vaut mieux que le lecteur soit déjà familier de cet univers partagé, sinon il risque d'avoir du mal à comprendre les enjeux pour les personnages et à s'intéresser à la problématique de l'enkeladite.



Mike Mignola a construit son histoire sur une structure originale : 3 fils narratifs différents, s'attachant à 3 personnages différents, qui ont des points de jonction entre eux, mais pas forcément des répercussions en termes de déroulement de l'intrigue. Cette structure justifie le recours à 3 artistes différents, un par fil narratif. Effectivement, le lecteur découvre la raison pour laquelle Hellboy a développé un fort attachement affectif pour le Mexique. C'est certainement le fil narratif le plus déconcertant. La mission en elle-même n'est pas montrée et Hellboy apparaît surtout dans le cinquième épisode. Pour cette dernière partie, Mike Norton réalise des dessins descriptifs, avec des contours discrètement arrondis à quelques endroits, des aplats de noir un peu marqué, et un niveau de détails satisfaisant, en particulier pour l'intégration des éléments de la fête des morts. Le lecteur suit donc une narration visuelle en apparence décontractée, un peu touristique, parfois un peu amusée, amoindrissant pour partie le drame que vit Hellboy. Dans le même temps, son comportement à risque ne laisse pas de doute sur son état émotionnel et son incapacité à gérer le deuil. Au final, le lecteur partage plus la peine de Hellboy, qu'il ne sourit devant ses pitreries. Il se dit qu'une partie de la mélancolie inhérente au personnage découle de ce moment de sa vie.



Mike Norton dessine également les pages suivant chacun de leur côté Margaret Laine et Trevor Bruttenholm. Les dessins de Mike Norton pour eux sont tout aussi agréables : un bon degré descriptif (les 2 bureaux de Bruttenholm, les couloirs de la base du BPRD, une forêt dans le Colorado, un restaurant) et les personnages sont immédiatement identifiables, avec un jeu d'acteur naturaliste et réaliste. Le lecteur suit donc Margaret Laine dans ses fonctions, se heurtant à des réticences chez certains agents, s'énervant de devoir faire avec les cachotteries de Bruttenholm, et sa façon de passer par-dessus elle pour envoyer quelques agents où bon lui semble. Il découvre la vie de ce service, croisant des agents qu'il a déjà rencontrés précédemment (comme Archie Muraro), observant comment le BPRD prend de l'ampleur très progressivement. D'un point de vue intrigue, suspense et action, le fil narratif suivant Bruttenholm s'avère plus riche. En tant que directeur du BPRD, il s'implique dans des situations plus épineuses, à commencer par la réapparition d'enkeladite, matériau ayant pourtant été détruit. Cela le mène aussi bien dans les bureaux de la CIA à Washington DC, que dans une marche en pleine forêt au Colorado. Le lecteur voit apparaître avec surprise un endroit occupant une place majeure dans la série du BPRD au présent, et un autre agent croisé précédemment Jacob Stegner. L'intrigue secondaire relative à l'enkedalite ne trouve pas sa résolution (certainement remise à une minisérie ultérieure), mais l'intrigue principale trouve son aboutissement ici.



Le fil narratif suivant Susan Xiang est d'une nature encore différente. Elle a intégré le BPRD et Trevor Bruttenholm lui confie des missions officieuses. Le lecteur se rend compte que Mike Mignola s'amuse à entremêler les actions d'agents doubles pour un récit d'espionnage traditionnel, tout en utilisant les visions de Susan Xiang pour montrer au lecteur comment les événements et les personnages se connectent avec ce qu'il sait déjà s'il a lu la série BPRD. Pour un nouveau lecteur découvrant l'univers partagé d'Hellboy avec cette série de miniséries dans l'ordre chronologique, il éprouve la sensation d'un futur catastrophique, noir et inéluctable. Yishan Li effectue là son premier travail pour Mike Mignola. Elle utilise un trait de contour plus fin et plus sec que celui de Mike Norton avec une impression de dessins plus légers, contenant moins d'informations, mais aussi plus adaptés pour retranscrire l'impression funeste donnée par les visions du futur. Enfin, le lecteur retrouve Varvara faisant tourner en bourrique les responsables du SSS. Là encore son ressenti devant ces séquences dépend de son niveau de connaissance du personnage. S'il a lu la fin de la série BPRD, il apprécie mieux le jeu sadique auquel se livre Varvara, en ayant conscience de son véritable niveau de pouvoir. S'il la découvre avec cette minisérie, il se lance dans des conjectures quant à sa véritable nature, quant à l'abomination qu'elle est vraiment. C'est un vrai plaisir de retrouver les dessins si particuliers de Michael Avon Oeming : des traits de contour assez gras et anguleux, une simplification des formes faisant parfois penser à un dessin animé pour la jeunesse, une forme d'efficacité brute qui joue à la fois sur l'ambiance et sur une description sans filtre ni fard. Le lecteur de longue date est aux anges de découvrir comment Varvara a fini sous un tube.



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Hellboy vs. Lobster Johnson: Down Mexico Way (dessins et encrage de Mike Norton pour 18 pages, dessins et encrage de Paul Grist pour 4 pages) - En 1968, à la base de Fairfield dans le Connecticut, Hellboy et Vic sont installés devant le poste de télévision pour regarder un film. Ils tombent sur film intitulé Lobster Johnson and the ring of Death. Hellboy sait très bien de quoi il s'agit et le regrette par avance : un film dans lequel il tient le rôle du diable, tourné en 1956 lors de son premier séjour au Mexique.



Les auteurs se sont fait plaisir à raconter un film avec lutteur de Lucha Libre, une parodie de nanar, racontée au premier degré sans moquerie, avec une narration visuelle efficace, détaillée et le sourire aux lèvres. Les 4 pages dessinées par Paul Grist reviennent sur le tournage d'une séquence. Cet épisode se lit très vite et divertit pour ce qu'il est : un hommage sans prétention, un moment de détente.



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L'année 1956 se révèle être un bon cru pour les lecteurs familiers de l'univers partagé Hellboy. Mike Norton réalise des planches agréables et solides, Michael Avon Oeming est en bonne forme, et la nouvelle venue peut encore progresser. Il s'avère que cette année est une année décisive pour le BPRD, que ce soit pour des enquêtes internes mettant en cause la CIA, ou pour un séjour au Mexique, ou encore pour Varvara au sein du Service des Sciences Spéciales. Cette minisérie s'avère indissolublement liée aux précédentes, et elle s'apprécie surtout pour un lecteur fréquentant Hellboy de longue date. Sous cette réserve elle contient des séquences essentielles dans l'histoire du BPRD.
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Rasputin : The Voice of the Dragon

Ce tome peut se lire indépendamment de tout autre, mais il s'apprécie mieux avec une connaissance générale de l'univers partagé d'Hellboy. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017/2018, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par Christopher Mitten, avec une mise en couleurs réalisées par Dave Stewart. Les couvertures ont été réalisées par Mike Huddleston. La couverture du recueil est de Mike Mignola. Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Greg Manchess, Francesco Francavilla, Vanes adel Ray et Mike Kaluta.



À Postiglione en Italie, en 1937, un homme encapuchonné est en train de se recueillir devant un autel recouvert de bougie, devant un grand dais portant la silhouette d'un dragon sur un pentagramme. Sa méditation est interrompue par un officier allemand qui vient lui proposer de s'associer aux nazis pour construire un règne devant durer mille ans. Grigor Rasputin se déclare intéressé par la proposition. En 1941, à Bletchley Park dans le comté de Buckinghamshire, Trevor Bruttenholm (23 ans) fait partie d'une équipe chargée de pré-trier les messages allemands interceptés, séparant ceux insignifiants, de ceux qui recèlent peut-être des informations importantes. Sa collègue Samantha soupire en ne sachant que faire d'un message mentionnant des Geist (fantômes), car ce n'est pas le premier du genre, mais il est bien difficile de savoir si c'est signifiant. Bruttenholm le reprend dans la bannette des messages sans intérêt, et va rechercher les précédents mentionnant aussi des Geist. Il en réfère à son coordinateur, en indiquant que le message précédant du même type comportait des coordonnées, celles du village de Harpenden dans le comté d'Hertfordshire. Ayant regroupé plusieurs messages du même type dans les jours qui suivent, il en effectue un rapport devant ses supérieurs le lieutenant commandant Saunders, et le professeur Lucas. Ils n'y voient rien de significatif, mais l'autorise à aller jeter un coup d'œil sur son temps libre.



Trevor Bruttenholm prend quelques jours de congés et se rend à Harpenden. Il y rencontre un paysan qui lui parle de l'étrange trio qui s'est rendu dans le cimetière quelques jours auparavant. Bruttenholm se rend devant la pierre tombale de la tombe où le trio se tenait, celle d'Albert Mayhew (1850-1905), avec un œil d'Horus gravé sur la stèle. Il se rend ensuite chez son oncle Simon Bruttenholm qui habite à proximité, pour parler de cet œil d'Horus et de la confrérie héliotropique de Ra dont Albert Mayhew faisait partie, ainsi que de Sir Edaward qui avait combattu cette confrérie à plusieurs reprises. Le lendemain, Trevor Bruttenholm reçoit un appel de son ami Harry Middleton et ils conviennent de se rencontrer dans un pub à mi-chemin de leur destination respective. Avant Bruttenholm repasse au cimetière pour découvrir que la tombe d'Albert Mayhew a été profané, et le cercueil enlevé. Il ne se rend pas compte que le cadavre du paysan gît non loin de là. Il se rend alors à son rendez-vous au pub.



En 2016 sort le dernier numéro de la série Hellboy in Hell, ainsi que le dernier numéro de la série BPRD Hell on Earth. Par la suite, Mike Mignola se consacre à la peinture tout en continuant à superviser de près la réalisation de séries dérivées diverses et variées, et même une nouvelle série consacrée au BPRD (appelé The Devil you know) publiées de manière sporadique. Le lecteur éprouvant des difficultés à se sevrer de ce riche univers continue à guetter toutes les séries dérivées, et voit en apparaître certaines revenant sur des fait inexpliqués (par exemple The Visitor: How and Why He Stayed dessiné par Paul Grist) ou sur l'origine de certains personnages (comme Rise of the Black Flame). Cette dernière était également réalisée par le quatuor Mignola/Roberson/Mitten/Stewart, avec une narration manquant d'entrain. Du coup, le même lecteur n'attend pas forcément grand-chose de la présente série consacrée à Grigor Rasputin. Il sait qu'il s'agit d'une figure historique déclaré mort en 1916, présent lors de l'arrivée d'Hellboy. Il n'est pas bien certain qu'une histoire consacrée à ses origines soit indispensable. Au fil des séquences, il se rend compte que cette histoire n'est pas tant celle de Grigor Rasputin que plutôt celle de Trevor Bruttenholm. Le lecteur de longue date des séries de l'univers Hellboy voit un jeune Bruttenholm être affecté à sa première mission d'enquête surnaturelle pour le compte du gouvernement britannique. Il n'y a pas à s'y tromper, c'est bel et bien le début de la carrière de Bruttenholm, avant l'arrivée d'Hellboy, avant la constitution du BPRD.



Au fil des séquences, le lecteur familier de cet univers relève un nombre élevé de références à sa mythologie interne. Il y a bien sûr les 2 personnages principaux que sont Trevor Bruttenholm et Grigori Rapsutin. L'oncle Simon Bruttenholm est déjà apparu dans une nouvelle. Trevor Bruttenholm a déjà fait allusion à plusieurs reprises à son ami Harry Middleton. Sir Edward Grey a eu droit à plusieurs miniséries, à commencer par Witchfinder: In the Service of Angels (par Mike Mignola & Ben Stenbeck). Enfin, le lecteur retrouve Lady Cynthia Eden-Jones, le temps d'une séance de spiritisme, déjà apparue dans Rise of the Black Flame. Côté nazi, il retrouve Karl Ruprecht Kroenen & Ilsa Haupstein. Mignola & Roberson ont fait en sorte que le récit soit intelligible pour un lecteur profane, mais il offre beaucoup plus de saveur pour un lecteur aguerri. Le premier type de lecteur découvre une enquête dans le monde de l'occultisme avec des références à une mythologie qui semble étoffée, mais qui n'est que partiellement présentée, avec des nazis qui servent surtout d'ennemis génériques, avec Raspoutine qui est relégué à un second rôle alors qu'il donne son nom au titre du récit. Le lecteur de la seconde catégorie voit s'assembler des pièces d'un puzzle auquel il n'avait pas eu la curiosité de réfléchir, la vie de Trevor Bruttenholm avant l'arrivée d'Hellboy sur Terre. Il plonge un peu plus profond dans l'histoire de la confrérie héliotropique de Ra. Il retrouve l'étonnante Lady Eden-Jones et ajoute d'autres individus à la mythologie comme Eugene Remy (le fondateur de ladite confrérie), Albert Mayhew ou encore A.N. Sandhu, un individu servant de mentor à Trevor Bruttenholm. Il peut même ajouter un livre maudit appelé Flamma Reconditus aux objets structurant le mythe.



Ainsi le lecteur plonge dans une aventure aux relents pulp (avec un petit soupçon d'Indiana Jones vers l'épisode 4), avec un culte voué à des créatures plus anciennes que l'humanité, des nazis, et une enquête pleine de suspense. Chris Roberson et Christopher Mitten ont fort à faire pour donner corps à cette histoire. Le premier doit caser une bonne densité d'information sans trop alourdir la lecture, ce qu'il fait avec adresse. Le second doit effectuer une reconstitution historique, avec un parfum d'aventures crédibles et des monstres consistants. Le lecteur retrouve les caractéristiques des dessins de Mitten : détourage un peu rugueux et irrégulier des formes, avec des traits fins, aplats de noir aux formes torturés, avec des contours déchiquetés. Ces caractéristiques donnent une apparence un peu usée aux différentes formes, par des contraintes qui déchirent plutôt qu'elles ne rabotent. Comme pour Rise of the Black Flame, le lecteur observe une reconstitution historique très consistante dans les 2 premiers épisodes, avec des décors détaillés, et un soin apporté aux costumes et uniformes. La fréquence des décors diminue fortement d'épisode en épisode à partir du numéro suivant, mais Dave Stewart semble plus en forme pour habiller les fonds, soit pour rappeler l'ambiance globale d'une séquence, soit pour insérer des effets spéciaux quand l'histoire le justifie.



En outre, l'artiste donne une solide identité visuelle à chaque personnage, tout en conservant leur normalité d'être humain, à l'exception de Grigor Rasputin et Karl Kroenen qui ont déjà commencé à s'éloigner de l'humanité. Il adapte ses constructions de planche et ses plans de prise de vue à chaque scène, avec une narration très fluide, privilégiant l'action de raconter plutôt que d'en mettre plein la vue. Les 4 pages de développement graphique en fin de tome montrent comment Mitten a pensé le décor du temple souterrain caché. Le lecteur reçoit ainsi la confirmation de l'investissement effectué pour disposer d'une vision construite et logique de ce lieu, comme vraisemblablement des autres. Alors qu'il pouvait ressentir une forme de diminution de la qualité de l'immersion dans le précédent tome illustré par cet artiste, ici l'immersion conserve une bonne conviction du début à la fin. En outre, Christopher Mitten sait placer sur le même plan les éléments banals et civils, les créatures surnaturelles, ou encore les moments plus horrifiques. Le lecteur se sent confortablement installé dans un fauteuil du salon d'oncle Simon, inquiet en observant le cimetière désolé, vaguement incrédule pendant la séance de spiritisme, menacé par le regard froid d'Ilsa Haupstein, emporté par l'action lors des affrontements physique.



Contre toute attente, ce tome s'avère une excellente lecture. Il ne raconte pas la genèse de Rasputin ou des moments clés de son histoire personnelle dans sa version Mignola, mais les débuts de Trevor Bruttenholm sont autrement plus intéressants. Les coscénaristes racontent une enquête ésotérique et surnaturelle tout en donnant de la personnalité à leur protagoniste et en enrichissant la mythologie par petites touches succulentes. Chrisopher Mitten a mieux réparti ses efforts pour une narration plus conséquente et plus convaincante. 5 étoiles pour un lecteur sus le charme de la mythologie d'Hellboy et du BPRD.
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God of war, tome 1

J'ai découvert la saga God of War sur le tard en 2018 avec l'arc Mythologie Nordique et je continue ma découverte de cet univers tranquillement au niveau livresque. J'ai donc emprunté à la médiathèque un comics lié au jeu vidéo God of War de 2018.



Pour situer l'intrigue, les événements du comics se passent avant ceux du premier jeu. L'épouse de Kratos et mère d'Atreus est encore en vie, bien qu'on ne l'aperçoit pas vraiment ou très peu ; Kratos a peu de contact avec son fils, part tous les jours de son côté pour s'éprouver. On suit vraiment tout le cheminement de ce dernier, toujours torturé par son passé, par son identité, à tenter de contrôler sa rage et ses démons. Il se challenge, tente de ne pas riposter face aux ennemis naturels et surnaturels, que tout ne finisse pas dans un bain de sang et son chemin va croiser celui des derniers berserkers, des guerriers-fauves capables de se changer en ours. Son fils sera bien présent au cœur de la partie mais comme prévu, ils n'ont pas de réels liens, ne se connaissent pas, et Atreus n'est pas encore capable de se battre et de se défendre.



Graphiquement, c'est bien dessiné, c'est plaisant à regarder même si il n'y a pas tant de texte que cela hormis les pensées et leitmotiv de Kratos et les nombreuses scènes d'action prennent le pas sur le reste. Kratos est bien représenté, surtout au niveau du visage et des yeux. J'ai aimé les couleurs, le contraste des couleurs chaudes mises en valeur par un fond souvent très froid, bleuâtre. Mais ce n'est pas non plus un graphique transcendant, qui se démarque.



En bref, ce comics est sympathique mais clairement pas indispensable. Le comics n'apporte rien de plus à l'histoire du jeu, c'est juste une intrigue bonus pour les fans de la licence comme moi.
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BPRD - Hell on earth, tome 14 : The Exorcist

Ce tome fait à End of days (épisodes 135 à 139) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les 2 épisodes de la minisérie Exorcism, ainsi que les épisodes 140 à 142 qui forment l'histoire The Exorcist. La mise en couleurs de tous ces épisodes a été réalisé par Dave Stewart.



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- Exorcism (scénario de Mike Mignola & Cameron Stewart, dessins et encrage de Cameron Stewart, couvertures de Viktor Kalvachev) - En 1890, en Afrique de l'Est, un prêtre noir (Ota Benga) est appelé dans une maison de maître de blancs pour réaliser un exorcisme sur Edwina, la maîtresse de maison. De nos jours, dans l'Indiana, une jeune agente blanche du BPRD (Ashley Strode) doit réaliser un exorcisme sur un jeune garçon. Le résultat n'est pas entièrement concluant, mais elle est ensuite envoyée en mission au Mexique par Kate Corrigan pour se rendre chez Ota Benga suite aux déclarations du démon qui possède le jeune garçon.



Dans les pages de fin de volume, Scott Allie (le responsable éditorial) explique que l'idée du personnage d'Ashley Strode est venue de Cameron Stewart. Ils avaient proposé à ce dernier d'écrire une histoire pour le monde élargi du BPRD et il a souhaité écrire un personnage féminin. Ils lui ont proposé Ashley Strode, déjà apparue une fois pendant la Guerre contre les Grenouilles, voir War on Frogs. Ils l'ont aidé à peaufiner les détails pour que le concept s'amalgame bien avec les principes régissant le monde du BPRD. Le lecteur (re)découvre une jeune agente peu expérimentée, avec une affinité pour sentir les possessions par des démons. L'enjeu du récit est donc double : (1) développer le personnage d'Ashley Strode, (2) montrer les mécanismes de l'exorcisme.



Au cours de ces 2 épisodes, le lecteur voit Ashley Strode agir, prendre des décisions et faire part de ses réflexions. Il découvre une femme assez jeune, vraisemblablement pas encore 30 ans, qui dispose de compétences assez particulières. Elle travaille pour le BPRD sans trop se poser de questions, acceptant les ordres et les missions. Elle semble éprouver de l'empathie pour la souffrance du jeune garçon possédé par un démon. Elle ne laisse pas Ota Benga la mener par le bout du nez. Les auteurs montrent qu'elle sait très bien réfléchir par elle-même et relever les incohérences entres les dires et les comportements. Elle n'est pas facilement décontenancée, malgré les premières expériences qu'elle fait du monde astral, et elle est très courageuse, risquant sa vie pour sauver celle des autres, sans agir comme une tête brulée pour autant. Le lecteur la prend donc facilement au sérieux et la considère comme une adulte.



Cameron Stewart réalise une solide mise en images, en respectant les spécificités visuelles de la série. Les morphologies des personnages sont normales, sans musculatures exagérée. Il sait poser un décor en une case : la belle demeure en Afrique, le village où domine le clocher de l'église au Mexique, le marché découvert du village, la pièce avec un cercle d'invocation tracé sur le sol. Lorsque le récit passe dans le monde des esprits, il peut s'économiser sur les décors et utiliser des fonds noirs, ou des parois rocheuses génériques. Ses monstres sont très convaincants et ses gazelles aussi. Il met en œuvre quelques éléments de l'imagerie associée à la religion catholique comme une croix, des bures, ou encore une épée enflammée.



Le lecteur a bien compris que l'enjeu de ce tome est d'introduire une agente avec une nouvelle capacité dans l'équipe du BPRD. Hellboy et d'autres ont déjà procédé à des exorcismes, mais là il s'agit de renter dans le détail. Les auteurs ont choisi de donner à Ashley Strode la capacité de rentrer dans une forme de dimension astrale, dans laquelle elle perçoit les démons sous leur forme corporelle et où elle peut interagir avec, sans avoir besoin de les contraindre à se manifester dans le monde réel. Cette façon de procéder n'est pas plus grotesque que tous les autres comics à base de démons, et elle s'intègre bien avec le reste du folklore de la série. Cela permet aussi de donner une forme relevant du combat physique à l'affrontement entre les démons et Ashley Strode.



Cette première partie se lit avec plaisir. Cameron Stewart sait donner de la consistance aux différents lieux, ainsi qu'aux personnages (l'inoubliable première apparition d'Ota Benga au temps présent, avec sa canne). Ashley Strode est une sympathique jeune femme, sans être une pin-up, avec un visage jeune sur lequel se lit le courage et un caractère bien décidé. Le lecteur sait qu'il s'agit d'étoffer Ashley Strode, et qu'il s'agit d'une sorte de récit des origines pour expliquer comment elle a acquis ses compétences d'exorciste. Le mode de fonctionnement n'a rien d'extraordinaire, mais il est assez cohérent, et il évite d'en rajouter avec les tenants de la foi catholique, pour rester dans le domaine du divertissement. 4 étoiles pour un lecteur déjà investi dans les histoires du BPRD.



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- The Exorcist (scenario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins et encrage de Mike Norton, couvertures de Duncan Fegredo) - 15 mois plus tard, Ashley Strode intervient à Eugene dans l'Oregon. Elle effectue une mission en solo pour exorciser un suspect. Une fois cette mission achevée, elle va se reposer pendant une nuit dans un motel, avec une femme appelée Hannah. Cette dernière regarde les différents documents que Strode a punaisé au mur. Elle demande à quoi correspond le mot Yamsay. Il s'agit d'un nom évoqué par un indicateur. En fait c'est une petite ville non loin de là, dans laquelle beaucoup d'enfants ont disparu au fils des années.



Ces 3 épisodes de la série du BPRD confirment que ce nouveau personnage a été pensé avec son intégration dans l'équipe. Après les origines d'Ashley Strode, le lecteur s'attend à un récit plus consistant pour l'une de ses enquêtes. Il retrouve toute la saveur des épisodes du BPRD, période Enfer sur Terre, avec des agents de terrain accomplissant des missions seuls ou en groupe, des villes à moitié dévastées et abandonnées, mais une technologie encore en partie opérationnelle. La pagination plus importante que celle de la précédente histoire permet aux auteurs de développer une histoire plus étoffée, avec un prologue en bonne et due forme. Le lecteur constate qu'Ashley se rapproche du moule habituel des héros : autonome et solitaire, débrouillarde, apte physiquement, et courageuse jusqu'à en être téméraire. Elle devient un modèle féminin pour les lectrices. Mignola & Roberson mettent en scène sa relation avec Hannah de manière discrète, mais sans erreur possible d'interprétation pour un adulte sur sa nature homosexuelle.



L'intrigue repose donc sur un nouvel exorcisme, c'est indiqué dans le titre. Le lecteur retrouve le même dispositif avec cette possibilité d'alterner entre la réalité concrète et une vision psychique permettant une relation différente avec les créatures démoniaques. La bure et l'épée enflammée sont de retour, selon le mode opératoire défini dans l'histoire précédente. Néanmoins, cette histoire ne donne pas une impression de narration mécanique, parce qu'Ashley Strode prend le temps d'interagir avec d'autres personnes, avec l'environnement très cohérent de Hell on Earth. En outre cet exorcisme est directement lié à la situation en Enfer, voir Hellboy in Hell, mais reste compréhensible sans l'avoir lu.



C'est au tour de Mike Norton, le dessinateur de la très bonne série d'horreur Revival (avec un scénario de Tim Seeley), de mettre en images les aventures d'Ashley Strode. Le lecteur est étonné de proximité graphique entre Norton et Stewart. Il dessine de manière réaliste, avec le même léger degré de simplification (peut-être un peu plus accentué sur les visages). Il a tendance à mettre un plus de détails dans les dessins, avec des lieux qui gardent la trace de leur usage par les humains qui y sont passés. Il y a la pièce couverte de signes cabalistiques tracés par Trent avec des déchets au sol, le mur punaisé avec les fiches des différents cas que Strode estime reliés entre eux, le bar routier Yamsay Tap prêt à accueillir beaucoup plus de monde qu'il ne s'en présente, la maison isolée avec cette pièce remplie de paires de chaussures d'enfants, etc.



Mike Norton rend plausible aussi bien les environnements maintenant surdimensionnés, que les personnages normaux et leurs actions. Comme tous les autres dessinateurs de la série, il s'adapte au niveau d'exigence relatif à l'apparence des créatures surnaturelles. Cette deuxième histoire d'Ashley Strode s'avère tout aussi agréable pour la première, la qualité de l'intrigue de la seconde palliant le plaisir de la découverte de la première. Le dispositif des exorcismes reste un peu tiré par les cheveux, mais plus cohérent que le tout venant des comics d'horreur. On en peut que souhaiter une longue carrière à cette jeune femme au caractère bien trempé.
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iZombie, Vol. 1 : Dead to the World

Ce tome est le premier d'une nouvelle série débutée en 2010 et publiée par Vertigo (la branche adulte de DC Comics). Il commence par une histoire courte de 7 pages parues dans le numéro annuel 1 de la série "House of mystery", puis il regroupe les épisodes 1 à 5 de la série mensuelle.



Dans l'histoire courte, un individu avec de surprenants tatouages sur le visage s'apprête à tuer un homme dans son salon, sous les yeux de son lynx des neiges. Cette scène se déroule le soir d'Halloween et 3 individus étranges sonnent à sa porte : Gwen Dylan, une sorte de loup-garou et un personnage revêtu d'un drap blanc avec 2 trous pour les yeux.



Après cette introduction déconcertante, le lecteur passe aux 5 épisodes. À Eugene, une petite ville de l'Oregon, 4 fossoyeurs (dont Gwen Dylan) assistent à la cérémonie qui se déroule lors de la mise en terre du cadavre de l'homme assassiné dans le préambule. Après sa journée de travail, Gwen se sépare de ses collègues pour rejoindre Ellie (une fantôme) dans un caveau qu'elle a aménagé en logement. Les 2 femmes rejoignent Scott dans la cafétéria du coin pour manger. Scott est celui qui était déguisé en une sorte de loup-garou et il s'avère qu'effectivement il se transforme en un animal-garou dont je vous laisse découvrir la nature. Comme l'indique la couverture, Gwen est une zombie d'un genre un peu particulier (elle a en particulier conservé toute son intelligence et sa conscience). Comme tout zombie qui se respecte, il faut qu'elle mange régulièrement de la cervelle fraîche. Et il y a également ces vampires qui s'invitent à des parties de paintball dans les bois voisins.



Chris Robertson (scénario) et Mike Allred (illustrations, mises en couleurs par Laura sa femme) ont choisi de construire une histoire autour de créatures surnaturelles (il y a même un individu enveloppé dans des bandelettes comme une momie) avec une zombie comme personnage principal. Il n'est toutefois pas possible de les accuser de récupérer le succès de The Walking Dead tellement leur approche est différente. Ici il n'y a pas de fin de la civilisation, toutes ces créatures vivent juste à coté de nous. Elles semblent en nombre limité et elles font tout pour ne pas se faire remarquer. Passé le plaisir de voir les monstres, le lecteur se rend compte qu'il se trouve dans une histoire mettant en scène de jeunes adultes tentant d'exister dans un monde qui n'est prévu pour les accueillir. Il s'agit donc d'une métaphore pour l'entrée dans la société de jeunes adultes ayant des particularités les mettant à part d'individus adaptés et plus aptes à s'intégrer. Heureusement l'histoire racontée ne se limite pas à ça. Gwen enquête pour savoir s'il y a vraiment eu meurtre le soir d'Halloween. 2 individus tueurs de monstres font irruption à Eugene. Le lecteur découvre petit à petit comment les vampires se procurent du sang, sans attirer l'attention sur leurs agissements et Gwen rencontre un personnage qui va lui expliquer ce qu'elle est en réalité et quels phénomènes président à l'apparition de ces monstres.



Mike Allred est un illustrateur atypique dans le monde des comics connu essentiellement pour le personnage de Madman (Madman Gargantua & Madman Atomica) et pour avoir illustré une itération peu conformiste de X-Force avec Peter Milligan. Au premier regard, le style de Mike Allred peut apparaître un peu simpliste : peu de lignes, des contours simplifiés et des visages souvent lisses. Au fil des pages, le lecteur se rend compte que la simplicité des formes s'allie avec un sens très sûr du coup de crayon de juste. Par exemple, aussi simple que soit un visage, il est impossible de l'oublier ou de le confondre avec un autre. Mike et Laura Allred associent des formes épurées avec des compositions de couleurs qui rendent unique chaque personnage. Ce travail formel place chaque protagoniste à mi-chemin entre un personnage de dessins animés pour enfants et une image iconique. Ce style épuré cache une sophistication visuelle très efficace. Ce degré d'élaboration se remarque aussi dans les décors qui évoquent à la fois des archétypes (le cimetière calme, la mystérieuse demeure au sommet de la colline, la cafétéria avec le décor rétro des années 1950, la ruelle peu fréquentée avec des murs en briques, etc.) et à la fois des lieux uniques au monde avec une petite pincée d'onirisme. Le choix des couleurs de Laura Allred accentue encore cette double sensation par le biais de couleurs pastels, avec quelques éléments (tels les sweaters) de couleurs vives et soutenues.



5 épisodes, c'est peu pour se faire une idée d'une série. Il apparaît déjà que ces auteurs ont un ton qui leur est propre et que leur histoire de zombies n'a rien d'une simple copie d'une série en vogue. D'un coté, les personnages sont intrigants (même si l'explication de l'existence des créatures surnaturelles ne m'a pas emballé) et ils disposent d'un fort capital sympathie. De l'autre, l'histoire principale s'avère anecdotique, alors que les intrigues annexes sont plus séduisantes. Donc il s'agit d'un tome divertissant, mais qui manque de substance pour savoir si le scénariste sera capable de dépasser la métaphore d'individus non-conformistes vivant en marge de la société normale.
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Hellboy - Dossiers secrets : Raspoutine

Ce tome peut se lire indépendamment de tout autre, mais il s'apprécie mieux avec une connaissance générale de l'univers partagé d'Hellboy. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2017/2018, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par Christopher Mitten, avec une mise en couleurs réalisées par Dave Stewart. Les couvertures ont été réalisées par Mike Huddleston. La couverture du recueil est de Mike Mignola. Ce tome comprend également les couvertures variantes réalisées par Greg Manchess, Francesco Francavilla, Vanes adel Ray et Mike Kaluta.



À Postiglione en Italie, en 1937, un homme encapuchonné est en train de se recueillir devant un autel recouvert de bougie, devant un grand dais portant la silhouette d'un dragon sur un pentagramme. Sa méditation est interrompue par un officier allemand qui vient lui proposer de s'associer aux nazis pour construire un règne devant durer mille ans. Grigor Rasputin se déclare intéressé par la proposition. En 1941, à Bletchley Park dans le comté de Buckinghamshire, Trevor Bruttenholm (23 ans) fait partie d'une équipe chargée de pré-trier les messages allemands interceptés, séparant ceux insignifiants, de ceux qui recèlent peut-être des informations importantes. Sa collègue Samantha soupire en ne sachant que faire d'un message mentionnant des Geist (fantômes), car ce n'est pas le premier du genre, mais il est bien difficile de savoir si c'est signifiant. Bruttenholm le reprend dans la bannette des messages sans intérêt, et va rechercher les précédents mentionnant aussi des Geist. Il en réfère à son coordinateur, en indiquant que le message précédant du même type comportait des coordonnées, celles du village de Harpenden dans le comté d'Hertfordshire. Ayant regroupé plusieurs messages du même type dans les jours qui suivent, il en effectue un rapport devant ses supérieurs le lieutenant commandant Saunders, et le professeur Lucas. Ils n'y voient rien de significatif, mais l'autorise à aller jeter un coup d'œil sur son temps libre.



Trevor Bruttenholm prend quelques jours de congés et se rend à Harpenden. Il y rencontre un paysan qui lui parle de l'étrange trio qui s'est rendu dans le cimetière quelques jours auparavant. Bruttenholm se rend devant la pierre tombale de la tombe où le trio se tenait, celle d'Albert Mayhew (1850-1905), avec un œil d'Horus gravé sur la stèle. Il se rend ensuite chez son oncle Simon Bruttenholm qui habite à proximité, pour parler de cet œil d'Horus et de la confrérie héliotropique de Ra dont Albert Mayhew faisait partie, ainsi que de Sir Edaward qui avait combattu cette confrérie à plusieurs reprises. Le lendemain, Trevor Bruttenholm reçoit un appel de son ami Harry Middleton et ils conviennent de se rencontrer dans un pub à mi-chemin de leur destination respective. Avant Bruttenholm repasse au cimetière pour découvrir que la tombe d'Albert Mayhew a été profané, et le cercueil enlevé. Il ne se rend pas compte que le cadavre du paysan gît non loin de là. Il se rend alors à son rendez-vous au pub.



En 2016 sort le dernier numéro de la série Hellboy in Hell, ainsi que le dernier numéro de la série BPRD Hell on Earth. Par la suite, Mike Mignola se consacre à la peinture tout en continuant à superviser de près la réalisation de séries dérivées diverses et variées, et même une nouvelle série consacrée au BPRD (appelé The Devil you know) publiées de manière sporadique. Le lecteur éprouvant des difficultés à se sevrer de ce riche univers continue à guetter toutes les séries dérivées, et voit en apparaître certaines revenant sur des fait inexpliqués (par exemple The Visitor: How and Why He Stayed dessiné par Paul Grist) ou sur l'origine de certains personnages (comme Rise of the Black Flame). Cette dernière était également réalisée par le quatuor Mignola/Roberson/Mitten/Stewart, avec une narration manquant d'entrain. Du coup, le même lecteur n'attend pas forcément grand-chose de la présente série consacrée à Grigor Rasputin. Il sait qu'il s'agit d'une figure historique déclaré mort en 1916, présent lors de l'arrivée d'Hellboy. Il n'est pas bien certain qu'une histoire consacrée à ses origines soit indispensable. Au fil des séquences, il se rend compte que cette histoire n'est pas tant celle de Grigor Rasputin que plutôt celle de Trevor Bruttenholm. Le lecteur de longue date des séries de l'univers Hellboy voit un jeune Bruttenholm être affecté à sa première mission d'enquête surnaturelle pour le compte du gouvernement britannique. Il n'y a pas à s'y tromper, c'est bel et bien le début de la carrière de Bruttenholm, avant l'arrivée d'Hellboy, avant la constitution du BPRD.



Au fil des séquences, le lecteur familier de cet univers relève un nombre élevé de références à sa mythologie interne. Il y a bien sûr les 2 personnages principaux que sont Trevor Bruttenholm et Grigori Rapsutin. L'oncle Simon Bruttenholm est déjà apparu dans une nouvelle. Trevor Bruttenholm a déjà fait allusion à plusieurs reprises à son ami Harry Middleton. Sir Edward Grey a eu droit à plusieurs miniséries, à commencer par Witchfinder: In the Service of Angels (par Mike Mignola & Ben Stenbeck). Enfin, le lecteur retrouve Lady Cynthia Eden-Jones, le temps d'une séance de spiritisme, déjà apparue dans Rise of the Black Flame. Côté nazi, il retrouve Karl Ruprecht Kroenen & Ilsa Haupstein. Mignola & Roberson ont fait en sorte que le récit soit intelligible pour un lecteur profane, mais il offre beaucoup plus de saveur pour un lecteur aguerri. Le premier type de lecteur découvre une enquête dans le monde de l'occultisme avec des références à une mythologie qui semble étoffée, mais qui n'est que partiellement présentée, avec des nazis qui servent surtout d'ennemis génériques, avec Raspoutine qui est relégué à un second rôle alors qu'il donne son nom au titre du récit. Le lecteur de la seconde catégorie voit s'assembler des pièces d'un puzzle auquel il n'avait pas eu la curiosité de réfléchir, la vie de Trevor Bruttenholm avant l'arrivée d'Hellboy sur Terre. Il plonge un peu plus profond dans l'histoire de la confrérie héliotropique de Ra. Il retrouve l'étonnante Lady Eden-Jones et ajoute d'autres individus à la mythologie comme Eugene Remy (le fondateur de ladite confrérie), Albert Mayhew ou encore A.N. Sandhu, un individu servant de mentor à Trevor Bruttenholm. Il peut même ajouter un livre maudit appelé Flamma Reconditus aux objets structurant le mythe.



Ainsi le lecteur plonge dans une aventure aux relents pulp (avec un petit soupçon d'Indiana Jones vers l'épisode 4), avec un culte voué à des créatures plus anciennes que l'humanité, des nazis, et une enquête pleine de suspense. Chris Roberson et Christopher Mitten ont fort à faire pour donner corps à cette histoire. Le premier doit caser une bonne densité d'information sans trop alourdir la lecture, ce qu'il fait avec adresse. Le second doit effectuer une reconstitution historique, avec un parfum d'aventures crédibles et des monstres consistants. Le lecteur retrouve les caractéristiques des dessins de Mitten : détourage un peu rugueux et irrégulier des formes, avec des traits fins, aplats de noir aux formes torturés, avec des contours déchiquetés. Ces caractéristiques donnent une apparence un peu usée aux différentes formes, par des contraintes qui déchirent plutôt qu'elles ne rabotent. Comme pour Rise of the Black Flame, le lecteur observe une reconstitution historique très consistante dans les 2 premiers épisodes, avec des décors détaillés, et un soin apporté aux costumes et uniformes. La fréquence des décors diminue fortement d'épisode en épisode à partir du numéro suivant, mais Dave Stewart semble plus en forme pour habiller les fonds, soit pour rappeler l'ambiance globale d'une séquence, soit pour insérer des effets spéciaux quand l'histoire le justifie.



En outre, l'artiste donne une solide identité visuelle à chaque personnage, tout en conservant leur normalité d'être humain, à l'exception de Grigor Rasputin et Karl Kroenen qui ont déjà commencé à s'éloigner de l'humanité. Il adapte ses constructions de planche et ses plans de prise de vue à chaque scène, avec une narration très fluide, privilégiant l'action de raconter plutôt que d'en mettre plein la vue. Les 4 pages de développement graphique en fin de tome montrent comment Mitten a pensé le décor du temple souterrain caché. Le lecteur reçoit ainsi la confirmation de l'investissement effectué pour disposer d'une vision construite et logique de ce lieu, comme vraisemblablement des autres. Alors qu'il pouvait ressentir une forme de diminution de la qualité de l'immersion dans le précédent tome illustré par cet artiste, ici l'immersion conserve une bonne conviction du début à la fin. En outre, Christopher Mitten sait placer sur le même plan les éléments banals et civils, les créatures surnaturelles, ou encore les moments plus horrifiques. Le lecteur se sent confortablement installé dans un fauteuil du salon d'oncle Simon, inquiet en observant le cimetière désolé, vaguement incrédule pendant la séance de spiritisme, menacé par le regard froid d'Ilsa Haupstein, emporté par l'action lors des affrontements physique.



Contre toute attente, ce tome s'avère une excellente lecture. Il ne raconte pas la genèse de Rasputin ou des moments clés de son histoire personnelle dans sa version Mignola, mais les débuts de Trevor Bruttenholm sont autrement plus intéressants. Les coscénaristes racontent une enquête ésotérique et surnaturelle tout en donnant de la personnalité à leur protagoniste et en enrichissant la mythologie par petites touches succulentes. Chrisopher Mitten a mieux réparti ses efforts pour une narration plus conséquente et plus convaincante. 5 étoiles pour un lecteur sus le charme de la mythologie d'Hellboy et du BPRD.
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Hellboy & BPRD - 1954

Ce tome fait suite à Hellboy and the B.P.R.D. - 1953 qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend 4 histoires indépendantes initialement parues en 2016/2017 : (1) Black Sun, (2) Unreasoning Beast, (3) Ghost Moon, (4) The Mirror. Dave Stewart a réalisé la mise en couleurs de toutes les histoires.



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(1) Black Sun (44 pages, scénario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins et encrage de Stephen Green) - En février 1954, Hellboy se retrouve en mission sur une petite île de l'océan arctique, à accompagner le professeur Woodrow Farrier, spécialisé en cryptozoologie. Ils rejoignent le camp d'une demi-douzaine de soldats qui ont été attaqués par un ours, ou par une créature fantastique. Le soir même, Hellboy et Woodrow suivent l'un des soldats sur les terres gelées de l'île, sont confrontés au monstre et découvre une navette spatiale.



Ce recueil comprend donc 4 histoires de longueur inégales, réalisées à la fois pour mettre en scène les jeunes années d'Hellboy, mais aussi pour que Mike Mignola puisse collaborer avec d'autres artistes. Après des années de bons et loyaux services (de 2005 à 2015), John Arcudi a décidé de laisser sa place de coscénariste aux cotés de Mike Mignola, et le choix de ce dernier a fini par se porter sur Chris Roberson. Ce dernier n'écrit pas les dialogues avec la même finesse que son prédécesseur, mais il en a conservé la fluidité. Mike Mignola s'amuse à concentrer en un seul récit une terre désolée, un monstre et des nazis, avec un projet secret mené par la Société Sonnenrad. Hellboy est égal à lui-même, déjà railleur avec une fibre d'autodérision dans ses propos. Le scénario fait la part belle à une forme d'aventure décomplexée, avec une forme de science-fiction rétrofuturiste, à laquelle se mêle la mythologie interne de la série puisque sont évoqués le projet de Rasputin, l'énergie Vrill et l'énergie Shatkti. Le lecteur sent bien qu'il n'a qu'à profiter de cette série B avec tout ce qu'elle a d'improbable et de dérision.



Stephen Green est un élève de Sean Murphy qui dans un premier temps profite de l'environnement désolé de l'île pour se concentrer sur les personnages et sur les mouvements, en laissant Dave Stewart remplir les arrière-plans. Il sait se montrer convaincant pour l'ambiance froide de l'île, pour l'exigüité de la tente. Il retranscrit bien la violence de l'affrontement physique contre le monstre. Ses dessins prennent toute leur saveur à partir du moment où Helbboy se retrouve aux mains des nazis, avec un base souterraine impressionnante, jouant sur la dérision référentielle avec les soucoupes volantes, ou sur les appareillages pseudo-scientifiques. Le lecteur alors apprécie alors la narration visuelle à la fois premier degré, mais qui ne se prend pas au sérieux, l'artiste étant conscient de la nature dérivative du récit.



Ce premier récit ne se prend pas au sérieux, mais propose une vraie intrigue, avec une bonne utilisation de la mythologie interne de la série, et des dessins qui révèlent les qualités de chef décorateur de l'artiste dans la deuxième partie. 4 étoiles.



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(2) Unreasoning Beast (20 pages, scénario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins et encrage de Patric Reynolds) - En juin 1954, Hellboy vient enquêter, avec Susan Xiang, dans le pavillon de banlieue de la famille Koestler, auprès du père Thomas, de la femme Margaret, et de leur fils Victor. Thomas Koestler a fait appel au BPRD parce que leur pavillon est hanté par le spectre du singe de son défunt frère Robert.



À nouveau Mike Mignola propose une intrigue reposant sur des apparitions d'un animal fantôme ou fantastique, avec à la fois un premier degré horrifique et un second degré conscient de la nature quelque peu risible d'un tel spectre. Chris Roberson se montre plus à l'aise avec les dialogues dans ce registre de drame familial et le lecteur perçoit que les enjeux ne se limitent pas aux simples apparitions d'un esprit de l'au-delà. Patric Reynolds réalise des dessins avec un encrage plus acéré et plus marqué. Les contours sont plus tranchants et les aplats de noir plus importants, avec des contours très irréguliers. Les acteurs pour la famille Koestler sont des humains normaux, avec un jeu d'acteur naturaliste. Le lecteur ressent la tension qui les habite uniquement en les regardant. Il peut voir les gestes brusques du père, son agacement qu'il n'arrive pas à contenir, ses nerfs à fleur de peau. Il voit la gêne de la mère, même si les dialogues ne la font pas apparaître. Il perçoit le malaise du jeune garçon même s'il n'en a pas lui-même conscience.



Patric Reynolds décri un environnement très prosaïque dans ce huis clos qui se déroule à l'intérieur du pavillon des Koestler. Il ne dessine pas de manière photoréaliste, et il s'affranchit de dessiner les arrière-plans régulièrement. Mais lorsqu'ils sont représentés, il reflète le mobilier et les accessoires de l'époque. L'artiste réussi à faire en sorte qu'Hellboy n'ait pas l'air déplacé dans cet environnement, malgré son gros avant-bras droit et sa peau rouge. Le lecteur se laisse prendre à cette atmosphère domestique recelant un secret dont le spectre correspond à une forme de manifestation. L'horreur ne naît pas de dessins gore ou d'une violence animale inattendue. Elle s'installe petit à petit, au fur et à mesure que le lecteur comprend que le poids du secret indicible entraîne inconsciemment les protagonistes vers un drame inéluctable.



Dans un premier temps, le lecteur se dit que cette histoire en 20 pages sera un interlude léger sans conséquence, mais il se rend compte que Chris Roberson et Patric Reynolds se sont investi dans leur narration et ont apporté de la substance au récit de Mike Mignola pour en faire une nouvelle prenante et oppressante. 5 étoiles.



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(3) Ghost Moon (44 pages, scénario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins et encrage de Brian Churilla) - En août 1954, Trevor bruttenholm reçoit un appel dans son bureau de Fairfield dans le Connecticut. Il s'agit de Cynthia Eden-Jones qui lui indique qu'elle a besoin d'aide pour une affaire à Hong Kong. Quelques jours plus tard, Hellboy descend d'avion à l'aéroport de Kai Tak, accompagné par Susan Xiang et l'agent Charlie Muraro. Ils découvrent les préparatifs pour les fêtes de la Lune fantôme. Ils se rendent au rendez-vous avec leur contact : Roland Childe. Ce dernier leur explique qu'il est sur la piste d'un nationaliste chinois ayant récupéré une urne funéraire de type Hunping. Ensemble, ils se rendent dans un quartier où se sont produites de nombreuses disparitions.



Mike Mignola pioche dans sa connaissance encyclopédique des contes et légendes pour une histoire de fantômes chinois. Dans la première partie, il explique ce qu'est un Hunping et prépare les manifestations, dans la seconde partie les héros font face au voleur. Dans les pages bonus, Scott Allie, le responsable éditorial, explique que l'équipe était très satisfaite de pouvoir travailler avec Brian Churilla. Le trait de ce dernier évoque un peu celui de Conrad, avec des formes plus réalistes, moins influencées par l'école de Marceline. Le lecteur se plonge dans une reconstitution de Hong Kong, un peu légère, un peu carton-pâte, où l'artiste colle des éléments d'époque et locaux, en fonction des besoins de sa prise de vue du moment, sans grand souci de vision globale. La narration visuelle est sympathique dans sa dimension exotique, mais l'artiste a bien du mal à transformer les scènes d'explication en des séquences vivantes. Le scénario de Mignola exige de nombreuses explications de la part des personnages, et Churilla ne dispose pas d'assez de compétences en tant que metteur en scène, pour imaginer des prises de vue assez vivantes, qui pourraient donner assez d'attrait visuel à ces passages. L'intrigue en elle-même repose beaucoup sur la nature du Hunping et sur l'affrontement qui occupe la deuxième moitié du récit. Or Churilla ne dispose pas de la verve visuelle de Conrad pour insuffler un rythme à ces affrontements, préférant se reposer sur des constructions de case élaborées, mais un peu statiques.



Cette troisième histoire repose sur une intrigue plus développée et plus consistante que la précédente, mais les coscénaristes ont plombé leur narration avec de longues explications, et le dessinateur se concentre sur des visuels originaux, plus que sur le rythme de la narration visuelle. 2 étoiles.



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(4) The Mirror (8 pages, scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Richard Corben) - En mission en France, Hellboy décide de fausser compagnie à son équipe le temps d'une soirée, pour se rendre au village de Saint Boguet afin d'aller y contempler le miroir dont lui parlait souvent Trevor Bruttenholm dans un conte. Il le trouve et y contemple son reflet.



Impossible de résister à l'envie de découvrir une histoire d'Hellboy illustrée par Richard Corben, fusse-t-elle courte. Elle vient donc en complément de celle déjà réalisées et rassemblées dans Hellboy Volume 7: The Troll Witch and Other Stories,Hellboy in Mexico. L'histoire est aussi linéaire que le résumé le laisse le supposer. C'est l'occasion pour Corben de s'amuser en donnant un appendice nasal démesuré au guide d'Hellboy, et de jouer avec les textures des monstres qui tentent de le happer. La chute du récit n'a rien de très original, mais le lecteur ne fait pas la fine bouche grâce à la découverte de ces planches à l'ambiance très tactile.
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Cendrillon : Bons Baisers de Fableville

L’ensemble nous donne une histoire bien menée et au ton léger, une friandise agréable que l’on ne gardera pas en mémoire forcément très longtemps ou à laquelle on ne songera pas avec nostalgie, mais qui devrait ravir les fans. Sans compter des dessins agréables, même si, comme souvent avec la série principale, un ou deux crans au-dessous des sublimes illustrations des couvertures de chaque chapitres.
Lien : http://www.elbakin.net/fanta..
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Witchfinder, tome 6 : The Reign of Darkness

Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance particulière du personnage. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2019/2020, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par Christopher Mitten, et mis en couleurs par Michelle Madsen. Les couvertures originales ont été réalisées par Mitten et les couvertures variantes par Julián Totino Tedesco.



En février 1889, Edward Grey se retrouve à rendre compte de sa dernière enquête à un interlocuteur dont l'identité n'est pas révélée. Il explique qu'il a tout suite été convaincu qu'il se trouvait face à des sacrifices rituels. Tout a commencé dans le quartier de Spitafields en novembre 1888, avec la découverte d'un cadavre de femme atrocement mutilé dans la chambre de son petit appartement. Sur place, le policier responsable explique la situation à Edward Grey, accompagné par Miss Goad, une agente de liaison à l'estomac bien accroché. Lui et elle observe le corps presque déchiqueté, pendant que les deux médecins légistes rendent le contenu de leur estomac dans la pièce d'à côté. En sortant, Miss Goad demande ce qu'en pense sir Grey : il lui répond qu'il a la conviction qu'il s'agit d'un rite pour convoquer un démon, et qu'il a la ferme intention de trouver et de confondre le coupable. En décembre 1888, Edward Grey est dans son étude chez lui en train de regarder les documents à sa disposition, enrageant de ne pas trouver la pièce qui le mettrait sur la piste du meurtrier. Il est interrompu par Bailey, son domestique qui lui annonce l'arrivée de deux visiteurs : Trevor Bruttenholm et Josephine Grant. Ils discutent ensemble de l'affaire, et ses visiteurs estiment qu'il devrait essayer de trouver Gordon Asquith. Ils lui donnent son adresse, tout en lui indiquant qu'eux-mêmes vont se rendre à Oxford pour des affaires personnelles.



Ayant dit au revoir à ses amis, sir Edward Grey e précipite à l'adresse qu'ils lui ont indiqué, après avoir prévenu la police et miss Goad. Il s'agit d'un quartier populaire où le linge sèche sur les balustrades. Ils se retrouvent à l'étage devant la porte de l'appartement : personne ne répond. En jetant un coup d'œil autour de lui, Grey aperçoit Gordon Asquith sortir de chez lui, dans l'immeuble d'en face. Il se lance à sa poursuite en courant. Après une course haletante, Grey finit par plaquer Asquith au sol, qui est ensuite emmené par les policiers. Grey décide d'accompagner les autres policiers pour aller fouiller l'appartement du fuyard. Il y trouve des carnets de note dans une langue qui lui est inconnue, mais où il repère le nom d'Hécate. Sous le lit, miss Goad récupère un coffret contenant des dagues sacrificielles utilisées dans des rites de sorcellerie. De leur côté, les policiers ont trouvé un linge tâché de sang, qui ne laisse pas de doute sur l'implication d'Asquith dans les meurtres du quartier de Whitechapel. Grey prend les carnets de note du suspect et les emmène avec lui, accompagné par miss Goad : ils se rendent au commissariat pour aller interroger Asquith.



Les enquêtes du dénicheur de sorcières se suivent et ne se ressemblent pas, chaque tome contenant une enquête complète. Le lecteur retrouve bien sûr Mike Mignola en tant que coscénariste, même s'il avait fait une exception en laissant d'autres que lui écrire le tome 4 : Kim Newman et Maura McHugh. Comme il en a pris l'habitude, il écrit l'histoire avec un autre scénariste : Chris Roberson avec il a déjà travaillé sur des histoires d'Hellboy, du BPRD et des récits satellites comme The Visitor: How and Why He Stayed (avec Paul Grist), Rise of the Black Flame et Rasputin: The Voice of the Dragon , ces deux derniers également illustrés par Mitten. La quatrième de couverture n'annonce rien de moins que la traque de jack l'Éventreur lui-même. En fonction de ses attentes, le lecteur sera déçu parce qu'à part l'année (1888) et le quartier de Londres, il n'est pas fait référence des particularités des crimes atroces ou de l'identité potentiellement scandaleuse dudit éventreur. Ou au contraire, il sera soulagé qu'il ne s'agisse que d'un vague lien, et que les auteurs se tiennent à l'écart de la mythologie dudit éventreur, celle de sir Edward Grey étant déjà assez fournie comme ça. Grey fait référence à plusieurs de ses enquêtes passées, à son embauche au service de la reine. Il est à nouveau questions des agissements de la confrérie héliopique de Ra, avec la visite d'un de ses temples universels. Le lecteur a la surprise de voir passer Panya, mystérieux personnages de la série BPRD, et déjà vieille en cette fin de dix-neuvième siècle. Il est également question de la terrifiante Hécate, évoquée à plusieurs reprises dans la série Hellboy. Effectivement l'histoire n'a pas besoin que les auteurs rajoutent une couche d'Éventreur en plus.



Le point de départ de l'intrigue est simple et rapide : des crimes atroces de femmes dans des quartiers défavorisés, dont le mode opératoire laisse supposer qu'il s'agit d'une mise à mort perpétrée dans le cadre d'un rituel de sorcellerie. Pas de chance : la police pense que Grey s'est encore lancé dans une de ses pistes fumeuses, avec des suspects qui ne le sont qu'à ses yeux. En plus les victimes appartiennent à la couche la miséreuse de la société ce qui obère d'autant l'ardeur de la police à découvrir le coupable. Enfin, Grey se rend vite compte qu'il est convaincu de connaître l'identité du coupable mais qu'il dispose d'alibis inattaquables, et en plus il est totalement inadapté pour enquêter dans les quartiers pauvres de Londres. Comme si ça ne suffisait pas, dans un bar de Whitechapel où il s'est rendu pour interroger des prostituées ayant connu une victime, il fait la rencontre d'une jeune américaine Sarah Jewell qui le remet vite à sa place. Il s’agit d'un personnage déjà croisé dans Rise of the Black Flame qui se déroule en 1908, soit 10 ans après la présente aventure. Mine de rien, l'histoire s'avère bien fournie, plus substantielle qu'une simple enquête linéaire, et le lecteur se demande comment toutes les pièces s'assemblent, si Hécate va vraiment pointer le bout de son nez, et avec qui travaille Grodon Aquith, si vraiment la confrérie héliopique de Ra porte une part de responsabilité dans ces meurtres, même de manière incidente.



C'est donc au moins la troisième fois que le lecteur retrouve Christopher Mitten sur un projet complet de l'univers partagé d'Hellboy, et il a l'impression qu'il progresse à chaque fois. Michelle Madsen est elle aussi de plus en plus à l'aise complétant les dessins avec des textures (de pierre par exemple), appliquant d'élégants camaïeux en fond de case si nécessaire, jouant discrètement sur l'ambiance lumineuse, aidant à faire ressortir les différents plans dans une même case, et apportant des touches de relief sans le faire de manière systématique. Les contours de forme de Mitten restent tracés avec un trait fin et un peu cassant, pour un rendu alternant entre fragilité, rugosité, précision, spontanéité, en fonction de la séquence, en fonction des cases, avec une habileté et une pertinence très étonnante. Il donne une apparence spécifique à chaque personnage, sans les caricaturer, permettant de les identifier facilement, avec une attention suffisante portée aux tenues vestimentaires pour donner l'impression qu'elles sont cohérentes avec l'époque, sans être trop détaillées non plus, pour ne pas lui occasionner trop de recherches préparatoires. Les visages peuvent paraître parfois un peu frustes, mais l'état d'esprit de chaque personnage se voit bien sur son visage. Leurs postures montrent qu'ils sont souvent dans l'action, ce qui est en phase avec la nature du récit, mais sans bondir de tous les côtés, sans faire montre d'une force surhumaine, ou d'une agilité surnaturelle.



Le récit repose donc pour beaucoup sur une sensation d'aventure, en se déplaçant régulièrement, et avec des scènes d'affrontement ou de sorcellerie. L'artiste maîtrise sa narration, sachant la rendre intéressante visuellement, tout en restant clair, et sans en faire des tonnes. Le lecteur ne s'arrête pas en pamoison devant certaines pages mais il apprécie le spectacle qui lui est donné : les traces de sang sur le mur dans l'appartement de la victime, la course-poursuite dans les rues bondées, les mines exaspérées de Sarah Jewell face à la naïveté de classe de Grey, l'allure de momie de Panya, le confort douillet de la demeure Prosperine, les masques égyptiens des membres de la confrérie, le déchainement d'énergie crépitante alors qu'une entité surnaturelle commence à se manifester sur Terre. Christopher Mitten et Michelle Madsen ne sont plus juste compétents : ils réalisent une narration visuelle avec une vraie personnalité, et une saveur marquée. Le lecteur suit donc la progression, ou au contraire la stagnation, de l'enquête d'Edward Grey, avec les affrontements physiques, les événements inattendus et surprenants. Il se rend compte que Mignola & Roberson ont également progressé avec l'intégration d'une dimension sociale, limitée, mais bien réelle. Sir Edward Grey prend conscience de ses préjugés de classe, et de l'existence d'êtres humains moins bien nés, mais tout aussi humain que lui.



Cette nouvelle enquête d'Edward Grey s'annonce sous les auspices d'un Jack de sinistre réputation, et fort heureusement s'en tient à distance respectueuse, plutôt que d'essayer d'inclure cette mythologie très précise à celle de l'univers partagé d'Hellboy. Le lecteur a tôt fait de constater que cette mythologie associée à Hellboy est suffisamment consistante pour ne pas avoir à être étoffée avec une autre. Les coscénaristes font avancer l'enquête avec doigté, évitant les clichés, donnant suffisamment de personnalités aux principaux personnages, et évoquant une facette de la réalité sociale de l’époque. L'artiste et la coloriste se complémentent harmonieusement pour une narration visuelle avec une saveur particulière, et une qualité plus qu'honnête. Une bonne histoire du traqueur de sorcières.
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Hellboy & BPRD - 1955

D'une certaine manière, ce tome fait suite à Hellboy and the B.P.R.D.: 1954 (2016/2017), mais dans les faits, il n'est pas indispensable de l'avoir lu avant. Il comprend 3 histoires successives, toutes coécrites par Mike Mignola & Chris Roberson. La mise en couleurs de tous les épisodes a été réalisée par Dave Stewart.



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Secret Nature (2017, 22 pages, dessins et encrage de Shawn Martinbrough) - En mars 1955 dans une région fermière de l'Oregon, Hellboy intervient avec Woddrow Farrier (cryptozoologiste), suite au signalement d'un fermier (dont le racisme s'exprime clairement à l'encontre de Farrier) qui a signalé qu'il avait retrouvé plusieurs bêtes de son troupeau complètement dépecées. Hellboy et Farrier s'enfoncent dans la forêt alentour et découvrent une cabane avec 2 cadavres à l'intérieur, et un exemplaire du livre de Gustav Strobl, intitulé Sorcellerie et Démonologie, un guide pratique pour les sorcières, les démonistes et les covens.



Le lecteur retrouve avec plaisir cette série de minisérie consacrée aux aventures d'Hellboy avec le BPRD, débutée en 1952, sans oublier qu'il avait pu aussi lire les aventures d'Hellboy après la seconde guerre mondiale, en commençant à partir de 1946. Avec cette première histoire, il retrouve un déroulement classique : une enquête d'Hellboy sur un phénomène peut-être paranormal. Il apprécie de revoir Woddrow Farrier et son assurance qui lui permet d'affronter une forme de racisme ordinaire à l'époque. L'histoire suit le schéma habituel : des témoignages plus ou moins dignes de foi sur des apparitions d'un monstre, la découverte de la source des massacres, et un combat physique en bonne et due forme entre Hellboy et le responsable. Comme à son habitude, Mike Mignola fait l'effort de localiser le récit à un endroit et une date précise, et l'artiste fait le nécessaire pour montrer le lieu avec une dimension touristique permettant au lecteur de s'y projeter.



Shawn Martinbrough privilégie les cases de la largeur de la page, représentant les feuillages avec une bonne conviction. Ses dessins sont de nature descriptive et réaliste, avec un minimum d'efforts effectués pour donner une forme un peu marquante au monstre du récit, mais sans réussir à se montrer gore ou à l'opposé vaguement second degré. Du coup, le lecteur découvre une histoire dont la plus grande originalité est d'introduire un livre écrit par Gustav Strobl, l'un des personnages récurrents de la série consacrée à Abe Sapien. L'artiste ne prenant pas vraiment parti pour le premier degré ou le second degré, le combat physique tombe un peu à plat et son importance est réduite à néant par la résolution. 3 étoiles pour un récit sympathique, mais oublié aussi vite qu'il a été lu.



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Occult Intelligence (2017, 66 pages, dessins et encrage de Brian Churilla) - En septembre 1955, Hellboy atterrit dans la base militaire de Reynolds, dans les Îles Marshall, dans le Pacifique Sud. Il fait escale sur le chemin du retour d'une mission en Australie, accompagné par plusieurs membres du BPRD : Wooddrow Farrier, Jacob Stegner, Archie Muraro. Ce dernier a le plaisir de reconnaître Hampton Taylor, un pilote militaire stationné sur la base. Ils vont boire un coup au mess, et évoquent ce qu'ils ont fait depuis la dernière fois qu'ils se sont vu, de la présence de prestataires privés sur la base, et de l'apparition de quelques créatures monstrueuses. Pendant ce temps-là, le professeur Trevor Bruttenholm s'est rendu à Londres, en compagnie de Susan Xiang. Ils sont accueillis par Harry H. Middleton et Xiang va rendre visite à la docteure N.K. Sandhu pour saluer Victor Koesler, pendant que Bruttenholm va saluer Lady Cynthia Eden-Jones chez elle.



Le lecteur plonge dans l'histoire principale de ce recueil, puisque comprenant 3 épisodes. Contrairement à Shawn Martinbrough, Brian Churilla choisit son camp, et c'est celui d'une touche de dérision. Le lecteur peut s'amuser à voir les expressions des visages juste assez appuyées pour devenir amusantes, le langage corporel également un peu surjoué à quelques occasions (en particulier celui de Lady Cynthia Eden-Jones) indiquant sa mauvaise foi de manière patente. Les combats physiques acquièrent donc une discrète saveur parodique. Dans le même temps, le lecteur observe que l'artiste ne s'intéresse aux décors que le strict minimum syndical, et que le langage corporel des personnages ne suffit pas toujours à masquer cet obstacle à l'immersion dans les différents environnements. En outre l'approche amusée des dessins ne colle pas vraiment avec la nature du récit.



Dans un premier temps, le lecteur retrouve le schéma classique d'un signalement parvenu au BPRD, ce qui va déclencher une enquête d'Hellboy, ici accompagné de 3 agents du BPRD Wooddrow Farrier, Jacob Stegner et Archie Muraro. Rapidement ces compagnons d'enquête se mettent à faire des références à des enquêtes passées (dans les tomes précédents), et Susan Xiang est elle-même une référence à une autre enquête passée, ainsi que Victor Koesler. Le lecteur plonge dans un récit qui dispose de profondes racines dans la mythologie de la série du BPRD. S'il en doutait encore, la présence d'enkeladite parachève sa prise de conscience. De manière inattendue, Mike Mignola a décidé de revenir à la méta-intrigue présente de manière sporadique dans cette série, y compris dans le fil narratif qui suit Trevor Bruttenholm à Londres. Le lecteur relève plusieurs éléments qui constituent des pierres de fondation pour une intrigue d'envergure à venir. Il n'en regrette que plus que Brian Churilla ne se soit pas cantonné à une narration visuelle au premier degré.



Alors que le récit commence comme une enquête de plus d'Hellboy sans conséquence et avec des dessins enjoués (mais parfois un peu vides), le récit continue en développant une intrigue comme le lecteur n'en attendait plus, aux multiples ramifications dans la riche mythologie de la série. 4 étoiles pour le lecteur fortement impliqué dans cette mythologie, 3 étoiles pour les autres.



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Burning Season (2018, 22 pages, dessins de Paolo Rivera, encrage de Joe Rivera) - À Port Orange en octobre 1955, il se produit un cas d'immolation ressemblant fortement à une combustion spontanée d'être humain. Hellboy, Trevor Bruttenholm et Susan Xiang (avec son Trishul) viennent enquêter sur place, dans une zone naturelle décorée par des statues de dinosaures, implantées là dans l'espoir de créer un parc d'attraction qui n'a jamais vu le jour, devant également comprendre la reconstitution d'un village séminole.



La dernière histoire revient à un format en 1 seul épisode, avec à nouveau une localisation différente. Le lecteur prend connaissance d'un nouveau signalement, relatif non à un monstre mais à un cas de combustion spontanée. Contre toute attente, Paolo Rivera et son père Joe ont décidé de rester dans un registre descriptif premier degré, alors que cet artiste maîtrise également très bien une forme de narration très consciente d'elle-même et des clichés qu'elle utilise. Il réussit à donner vie au monstre de feu sans tomber dans les clichés ou les images toutes faites et insipides, ainsi qu'à intégrer les éléments culturels, sans tomber dans la description ou la reconstitution de pacotille, ce qui incite le lecteur à s'impliquer plus dans l'intrigue.



Comme pour les autres récits, Mignola & Roberson jouent avec le lecteur, sous-entendant une fois sur deux qu'il s'agit d'une supercherie, et une fois sur deux qu'il s'agit des agissements d'une créature surnaturelle. Hellboy, Trevor Bruttenholm et Susan Xiang font preuve de plus qu'un minimum de personnalité. L'effet cumulatif de dessins descriptifs, d'une intrigue un peu plus étoffée que la première et de personnages avec plus d'épaisseur aboutit à un récit plein de suspense, car la situation est plus ambigüe et les protagonistes sont vraiment à la recherche d'indices et de faits. Comme dans la première histoire, le combat physique ne résout pas le conflit mais il y participe, sans se résumer à une mesure dilatoire, jusqu'à ce qu'un autre personnage trouve la solution.



Cette troisième histoire constitue la bonne surprise de ce recueil, avec une intrigue dense et rondement menée, servie par des dessins premier degré et agréables, avec un bon niveau de détails. 5 étoiles.
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Hellboy & BPRD - 1953

Ce tome regroupe 5 histoires indépendantes parues dans différentes revues, ayant pour point commun de mettre en scène Hellboy et le professeur Trevor Bruttenholm, au cours de l'année 1953. Tous les récits ont bénéficié de la mise en couleurs de Dave Stewart.



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- The Phantom Hand (2015, 17 pages, scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Ben Stenbeck) - En février 1953, Trevor Bruttenholm et Hellboy arrivent dans le manoir de Saint Albans, où ils sont accueillis par Harry H. Middleton (un détective de l'occulte). Ce dernier leur explique ce manoir est hanté par une main tranchée qui semble ne faire de mal à personne, mais dont la fréquence des apparitions va en augmentant. Elle aurait appartenu à un sinistre individu ayant assassiné plusieurs enfants, dont la main fut tranchée lors de sa capture.



Le lecteur familier des aventures d'Hellboy a l'impression de revenir dans le passé quand Mike Mignola lui mitonnait des histoires de longueur variable, sur la base de contes et légendes anglais ou plus exotiques. Ben Stenbeck s'applique pour coller au plus près des codes graphiques de Mignola, avec de larges aplats de noir, des traits de visages simplifiés, et une importance donnée aux textures, en particulier celle de la pierre. Il ne fait pas aussi fort et esthétique dans l'épure que le fait Mignola (on ne peut pas s'y tromper), mais il recrée une fragrance proche de celle du maître.



Le scénariste ne se cache pas de sa source d'inspiration, le détective de l'occulte citant le livre dans lequel est référencé cet étrange cas de manoir hanté, ainsi que le nom de son auteur. Hellboy fait déjà preuve d'un pragmatisme bien ancré, cognant sur la main spectrale dès qu'elle se présente, et poursuivant son enquête dans les bois avoisinants sans se soucier de son bien-être physique. En fin d'épisode, le lecteur regarde Bruttenholm expliquer à nouveau dans quelles conditions il a recueilli Hellboy et le fait qu'il veut à tout prix lui offrir la possibilité d'échapper à sa destinée, c’est-à-dire éviter de devenir le roi des enfers.



Cette histoire se lit toute seule, avec un grand plaisir de retrouver un récit plus simple d'Hellboy, une bonne vieille histoire de fantôme bizarre sur lequel il cogne jusqu'à ce que la situation se résolve. 4 étoiles.



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- Rawhead & Bloody Bones (2015, 6 pages, scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Ben Stenbeck) - En mars 1953, dans le Yorkshire, Trevor Bruttenholm et Hellboy séjournent dans une auberge (répondant à l'invitation de leurs propriétaires) pour élucider des apparitions de fantômes de pilleurs de tombe.



À nouveau, Mike Mignola ne cache pas la source de son inspiration et se moque de lui-même en soulignant que cette histoire de Rawhead & Bloody Bones a été inventée de toute pièce. Ben Stenbeck réalise à nouveau une prestation impeccable pour reproduire l'esprit des dessins de Mignola (à son niveau). L'histoire se finit de manière abrupte et ironique. Une intervention très sympathique et pince-sans-rire d'Hellboy. 4 étoiles.



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- The witch tree (2015, 18 pages, scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Ben Stenbeck) - En avril 1953, dans le Shropshire, Trevor Bruttenholm & Hellboy se rendent dans la demeure du docteur Dixon, à sa demande. Ils le trouvent alité et gravement malade. Il leur explique qu'il a besoin de leur aide avec la hag de Boudicca. Sir Edward Grey avait mis un terme à sa malédiction, mais des événements récents lui ont permis de recouvrer une forme de liberté et Boadicée la reine des celtes semble bien déterminée à refaire parler d'elle, au travers d'une armée de squelettes animés



En fonction des cases, Ben Stenbeck dose plus ou moins fortement les aplats de noir et de fait les dessins hésitent entre une approche plus descriptive, ou une apparence plus abstraite. La narration est claire, mais cette fluctuation rend certaines manifestations surnaturelles plus artificielles, comme s'il s'agissait d'effets spéciaux de pacotille. De son côté, Mike Mignola invoque la reine des Celtes pour évoquer la tendance des créatures surnaturelles à vouloir imposer leur existence aux yeux des êtres humains, à retrouver leur place d'antan. Il s'agit d'un thème qui faisait partie intégrante de la série Hellboy. La résolution du récit repose sur une idée amenée avec des grosses ficelles et l'évocation de cette légende n'a pas la saveur originale des précédentes. 3 étoiles.



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- The Kelpie (2015, 5 pages, scénario de Mike Mignola, dessins et encrage de Ben Stenbeck) - En mai 1953, Trevor Bruttenholm et Hellboy piqueniquent en compagnie d'Harry H. Middleton au pied d'un cercle de monolithes dans le Wiltshire. Ils honorent la mémoire de Bill Connolly, un ami d'enfance des 2 hommes, décédé dans cet endroit.



Cette histoire très courte a pour objet d'évoquer une autre créature légendaire, le caractère arbitraire d'une rencontre entre un Kelpie et un humain, et le prix à payer en côtoyant le surnaturel. Ben Stenbeck est à nouveau en mode fluctuant entre concret et abstraction, et Mignola donne l'impression d'avoir profité de 5 pages à combler dans un numéro pour évoquer cette créature de légende, sans avoir grand-chose à dire dessus. 3 étoiles pour une ironie douce-amère.



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- Wandering souls (2016, 12 pages, scénario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins et encrage de Michael Walsh) - En novembre 1953, dans le Wyoming, Hellboy et l'agent Susan Xiang aide le shérif du coin à enquêter sur des apparitions fantomatiques horrifiantes. Grâce à ses pouvoirs psychiques, l'agent Xiang se rend compte que ces apparitions s'expriment en cantonnais.



Cet histoire courte marque un tournant dans l'histoire de la franchise Hellboy, puisqu'elle correspond à l'arrivée de Chris Roberson en tant qu'aide scénariste de Mike Mignola, pour prendre en charge une partie du travail jusqu'alors assuré par John Arcudi. Il doit faire ses preuves avec des dialogues capables de porter le pragmatisme ironique d'Hellboy, et les éléments d'information nécessaires à l'intrigue. Mike Mignola lui a proposé une histoire de fantômes qui trouve ses racines dans l'Histoire des États-Unis, avec la main d'œuvre bon marché des asiatiques.



Michael Walsh s'adapte bien au cahier des charges graphique de la série. Il réalise des traits de contour un peu moins lâches qu'à son habitude, en insistant sur les aplats de noir. L'étrangeté des apparitions fantomatiques sont superbement mise en valeur par la mise en couleurs de Dave Stewart.



Cette histoire atteint ses objectifs : une histoire originale de fantômes, des images dans la lignée graphique de l'univers d'Hellboy, et la mise en selle d'un nouveau coscénariste. 4 étoiles.



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- Beyond the fences (2016, 3 épisodes, soit 68 pages, scénario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins de Paolo Rivera, encrage de Joe Rivera) - Alors que le docteur N.K. Sandhu est en train de tester les capacités psychiques de Susan Xian, cette dernière est appelée à partir en mission avec Hellboy et Jacob Stegner (un agent affecté au BPRD en 1947), pour aller enquêter sur le meurtre de 7 personnes à Rosemead en Californie. Les habitants évoquent l'apparition d'une créature apparentée au Diable de Jersey (Jersey Devil). Sur place, le docteur Boucq a réussi à s'approprier un morceau d'Enkéladite. Il y a également 2 nouvelles personnes qui séjournent en ville : Rahel Fox et Valentin Moravec. Le petit Julien a perdu son chien Buddy.



Après le baptême du feu de l'histoire précédente, Chris Roberson est confirmé en tant que nouveau coscénariste de l'univers d'Hellboy et de ses séries dérivées par cette histoire. Il a fort à faire car Mike Mignola a conçu une histoire plus consistante, avec un nouveau monstre, et le retour de plusieurs éléments récurrents de l'univers d'Hellboy, et en particulier en provenance des tomes relatifs aux années précédentes, à commencer par ce matériau fictif qu'est l'Enkéladite. La personnalité cynique de l'agent Stegner est rendue à la perfection par ses réparties sèches et moqueuses. Elles permettent de mieux apprécier les particularités des réparties d'Hellboy et donc par voie de conséquence d'affiner sa personnalité. De même, le caractère de Susan Xiang n'est pas générique et passe-partout. Roberson prouve qu'il s'investit dans l'écriture des dialogues pour qu'ils transmettent la personnalité de ceux qui les prononcent.



L'intrigue propose un nouveau monstre original, avec des individus impliqués dans son apparition. C'est l'occasion pour Mike Mignola d'introduire 2 nouveaux personnages dans l'univers déjà bien fourni d'Hellboy : Rahel Fox et Valentin Moravec. Le lecteur se doute qu'ils seront amenés à revenir pour les tomes consacrés aux années suivantes. Il s'agit donc d'un récit fortement enraciné dans la continuité de la série avec la création d'un monstre original dont l'origine n'est pas entièrement expliquée dans ce récit qui appelle donc une suite.



Cette histoire est également l'occasion pour Paolo Rivera (aidé par son père Joe) de s'essayer à Hellboy, mission pas si facile que ça car ce personnage est fortement marqué par la patte graphique inimitable de son créateur. Les 3 couvertures sont magnifiques, s'inscrivant dans une forme de pastiche respectueux de l'Amérique sublimée par Norman Rockwell. Les scènes de la vie courantes dégagent un irrésistible parfum de nostalgie années 1950, avec une forme de pureté des traits de contour dont Rivera s'est fait la spécialité. Il réussit à donner une allure menaçante et répugnante au monstre, alors même qu'il apparaît sous un soleil qui ne laisse rien dans l'ombre, aucune part de mystère. Dave Stewart ajoute à la répugnance de son apparence par une teinte rose vif de chair de nouveau-né, absolument écœurante. Rivera se raccorde aux particularités graphiques de la série, en particulier la présence d'aplats de noir consistants, dès qu'il s'agit d'une scène nocturne, ou dans un endroit plongé dans la pénombre.



Ce récit parle plus aux habitués de la série qui retrouve le ton enjoué et doucement ironique des aventures d'Hellboy, avec des dessins à la personnalité affirmée, mais raccords avec cet univers particulier. 5 étoiles. Pour un lecteur moins investi dans la continuité du titre, il se lassera des remarques faisant référence à des faits dont il n'a pas connaissance, 4 étoiles.
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God of war, tome 1



La sortie du roman n’est pas la seule chose que réserve Sony pour les 1 an du God of War nouveau. Un comics aussi voit le jour. Un préquel à ce dernier jeu !



Alors que Kratos a une femme Faye, et un enfant, Atreus, il essaye de contrôler sa rage. Jusqu’à ce qu’une bande de type adoration d’un dieu Ours vienne mettre en danger sa famille…



C’est donc bel et bien une nuvelle fois la famille qui est au coeur de ce God of War dessiné. Fan de Comics depuis tout jeune, Cory Barlog est heureux d’apporter sa contribution à ce projet et on sent qu’il y a de l’ambition. Les dessins sont trés travaillé et la personalité du bonhomme, la nouvelle, est bien là. Il essaie de se contrôler, mais n’y parvient encore que rarement. Ce n’est pas tout à fait le Kratos du dernier jeu mais ça y ressemble. Atreus est un peu en retrait mais bien présent lors de bonnes séquences. Globalement, c’est un bon livre, qu’on lit d’ailleurs malheureusement trop vite. En effet, il y a asse peu de texte, collant au côté taiseux du bonhomme. Reste qu’il apporte cette fois un petit plus non négligeable !



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B.P.R.D. : Un mal bien connu, tome 1

L’Enfer sur Terre



Amorcer la découverte de l’œuvre de l’auteur par cet opus s’avère impensable tant de nombreux éléments tirés des précédents s’y retrouvent. Mais pour les amateurs des ouvrages du maître de l’étrange et du fantastique, c’est un pur délice…



Dans une ambiance délicieusement post-apocalyptique superbement retranscrite par une Laurence Campbell très inspiré, Mike Mignola et Scott Allie nous entraînent dans un scénario riche et foisonnant qui marque le retour d’Hellboy sur Terre… Mais pour affronter la tempête qui s’annonce, révélée par un final ébouriffant, le B.P.R.D. n’est plus que l’ombre de lui-même… L’avenir de l’humanité s’annonce décidemment plus sombre que jamais…




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Hellboy & BPRD - 1955

Manœuvres occultes

[Résumé] En attendant la sortie du film de Neil Marshall (le 8 mai 2019), ce quatrième opus d’Hellboy & le B.P.R.D. ravira les fans du démon créé par Mike Mignola à l’aube des années 1990…



A travers trois récits dynamiques et captivants aux ambiances très différentes, Mike Mignola et Chris Roberson esquissent les contours d’une guerre froide occulte que se livre les puissances mondiales et qui pourrait faire basculer le monde vers l’apocalypse… L’album est complété par un superbe sketchbook où chaque dessinateur revient sur son travail sur l’album à grand renforts de magnifiques crobars qui nous en mettent plein les mirettes…



Si les inconditionnels d’Hellboy apprécieront sans nuls doute Hellboy & B.P.R.D. 1955, cette série est indéniablement une porte d’entrée pertinente pour découvrir l’univers riche et foisonnant de Mike Mignola qui plonge ses racines tentaculaires dans l’œuvre de Poe ou de Lovecraft…
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Adieu Paul, maudit mardi 30 avril 2024

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