Christelle Prieux

Je venais de relâcher ma proie. Du sang dégoulinait en-core sur mon menton. Je l’essuyais avec la manche de mon pyjama à fleur, laissant une trainée rouge sur mon visage rosi par la chaleur, qui bouillonnait dans mon corps. Je m’étais accroupie et « miracle », je ne ressentais plus au-cune douleur nulle part. Je revivais ! Mes crocs s’étaient rentrés, laissant mes toutes petites canines reprendre leurs places. J’étais redevenue « humaine » !
Je me relevai en laissant la dépouille mortelle de cette pauvre femme. Je l’avais complètement desséché de son sang. Elle était devenue toute pâle et froide en à peine quelques minutes. Je me trouvai honteuse d’avoir cédé si vite à la tentation et pourtant heureuse d’avoir retrouvé cette forme, que j’avais depuis ma naissance. Je n’étais plus fatiguée, je ne ressentais plus aucun frisson, ni de douleur au crâne et au thorax et mes poumons avaient repris
leur travail.
Qui étais-je réellement ? Je me le demandais.
Puis sans me poser de questions et en oubliant que Liviu fut encore dans la pièce avec moi, je quittai la salle en cou-rant. J’ouvris toutes les portes que je croisais à la recherche d’une salle de bain, pour me prendre une bonne douche, parce que je devais me retirer tout ce sang qui me collait au visage et dans le cou. Quand enfin j’en trouvai une, je me regardai dans le miroir et terreur…, je ne pouvais pas croire que je venais de faire un tel acte de férocité. J’étais donc belle et bien devenue un monstre ! Et quel monstre ?!
Le reflet que je découvris de moi-même dans le miroir, paraissait dix fois plus beau que mon propre visage. Je ca-ressai ma peau avec mes mains et je constatai qu’elle était plus lisse, que les boutons blancs et noirs qui la tapissaient de part et d’autre, avaient disparu. De même que mes che-veux. Eux qui étaient habituellement gras et rêches, voilà qu’ils étaient devenus doux et soyeux. Si boire du sang me rendait aussi jolie, alors je voulais bien en boire tous les jours ! Non, je plaisantais bien sûr !
Je préparai le bain et me déshabillai. Au fur et à mesure que j’enlevai mes vêtements et que les parties de mon corps furent visibles, j’observai les changements qui s’étaient opérés sur moi. Ce fut fantastique.

- Bonjour, chère princesse !
- Bonjour, Majesté.
- Comment allez-vous ?
- Oh… à vrai dire, pas très bien. Mais et vous-même ?
- Je vais bien, très bien, merci. Que vous arrive-t-il, Kanya ?
- J’ai beaucoup réfléchi, par rapport à mon père et à mon peuple, je pense que j’ai vraiment été égoïste de ne pas avoir voulu me fiancer l’autre jour. En plus, je ne connais toujours pas le nom de mon futur époux !
- Je suis ravi de savoir que ma future reine à du caractère.
- Pardon ! Ai-je bien compris ?
- Oui, parfaitement, c’est avec ma famille que la vôtre à choisi de vous unir.
- Alors c’était vous ? Vous ne pouvez pas savoir comme je suis navrée, Andry…
- Vous n’avez pas à l’être Kanya. Vous, vous avez su vous faire respecter lors de cette soirée alors que moi, quand mon père m’a annoncé que j’allais me fiancer, je n’ai pas osé répondre que je ne voulais pas. Et quand sur la route, je me suis aperçu que nous rentrions sur votre royaume et que j’ai aperçu votre palais, j’étais heureux de savoir que c’était avec vous que j’allais m’unir.
- Andry, je suis vraiment désolé, si je vous ai déçu. Mais personne ne m’avait dit avec quel prince j’allais devoir me marier. Toutefois, je ne suis pas encore prête, c’est aussi pour cela que je suis partie avant la fin de la cérémonie.
- Je ne vous en veux absolument pas. Nous attendrons alors le bon moment !