Deuxième partie de notre rencontre avec Christian Carisey pour la sortie de "La confusion du monde" (Cherche Midi Editeur).
Rappelle toi, dit il. J'ai toujours affirmé que je serais champion du monde."
Bobby tire au hasard et commence avec les "blancs". Il joue contre lui-même sans mesurer l'effort que cela représente. A chaque coup, il se dédouble et oublie que l'instant auparavant il jouait pour le camp adverse. Il a mal à la tête, mais il refuse de s'arrêter. Ses migraines ne le surprennent pas. Elles n'ont rien à voir avec les échecs. C'est une réaction aux ondes dont le FBI bombarde sa maison. On veut l'obliger à sortir pour le kidnapper.
Il pourrait faire carrière à la cour de Versailles si une charge se libérait. Rien n'est impossible en ce siècle où tout s'achète et se corrompt.
(...) le président de la fédération d'échecs rêve à voix haute d'une finle entre Boris Spassky et Tigran Petrossian. Un championnat du monde entre soviétiques. "Ce serait une belle affiche dit-il à Brejnev.
- Sans doute répond le secrétaire général du parti communiste qui n'en est pas à un mensonge près.
En vérité, son plan est différent. Un combat Fischer-Spassky serait une réplique idéale au stratagème chinois visant à utiliser le jeu de ping-pong comme arme de diplomatie.
Aux échecs, les "prix de beauté" sont décernés par les jurés pour saluer une parte mémorable et récompenser un joueur particulièrement inventif ce jour-là. La pratique est aujourd'hui tombée en désuétude, mais elle était encore en vogue dans les années d'après-guerre et permettait de souligner l'originalité d'une attaque ou la nouveauté d'une défense.
C'est Louvois qui a conseillé au roi de consulter Félix. Louis XIV le connait et a confiance en lui. C'est le premier chirurgien de Versailles et il a déjà fait des miracles en d'autres occasions. C'est lui, en particulier, qui est intervenu quand le roi s'est fait extraire plusieurs dents au cours de l'année précédente. L'opération s'est mal passée. En arrachant les dents, les barbiers ont perforé le palais et emporté une partie de la mâchoire. La douleur a dépassé tout ce que le roi avait connu jusque là, mais ce n'était pas ça le plus grave. Le trou creusé dans le palais a crée un désagrément inattendu. L'eau et le vin que le roi avalait coulaient aussitôt par le nez.
Mais voilà, Dieu n'est pas un adversaire comme les autres et Steinitz craint de le battre avec toutes les conséquences que cela risquerait d'avoir. (...) Alors, Steinitz donne un pion d'avance à Dieu quand il entame une partie contre lui (...)
Ses râles se sont atténués comme si l'homme n'avait même plus la force de souffrir
Mais voilà, Francine est morte et le rêve s’est brisé. […] À quoi sert-il de dominer le monde si nous ne sommes pas heureux ? Penser n’est pas une consolation et devant le malheur les philosophes sont aussi démunis que les autres hommes.
La philosophie ne donne pas de réponse à tout et mon système est comme un magnifique palais auquel le toit manquerait. […] Ma méthode a ses limites et je comprends pourquoi il est si difficile de se gouverner dans l’existence. La morale n’est pas la science. Elle ne relève pas de la même rigueur.