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Critiques de Christian Viguié (21)
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Cheminements, passages

Avec la fin de janvier, vient le temps des perce-neige. Chaque année, la force vive de ces petites fleurs graciles me bouleverse. Humbles de forme et de couleur, elles atteignent à la beauté par leur éclatante simplicité. "Cheminements, passages" est un recueil semé de fleurs et sa lecture a fait surgir en mon esprit l'image de ces petites messagères du renouveau. 

Contemplatif, le poète aiguise son regard et choisit minutieusement ses mots. Ici, les poèmes sont dépouillés pour mieux faire surgir l'essentiel, le vol noir d'un merle, la silhouette d'un arbre ou le contraste d'un toit de tuiles rouges sur un ciel tellement bleu.

C'est une poésie claire comme l'eau d'une source et riche comme une terre lourde. A se pencher sur elle, à lire et relire ces poèmes, une force nous vient, celle de la résurgence du printemps et de la vie. 



"T'émeuvent les choses 

lorsqu'elles ne demandent rien

de n'être pas plus qu'une porte

qu'un chemin..."



Tout au long du recueil, la simplicité des mots fait comme un écrin délicat à la profondeur du propos. Pourtant, la spiritualité qui irrigue ces poèmes ne s'impose jamais, laissant le lecteur suivre son propre chemin. Ainsi, celui-ci pourra musarder entre les oiseaux et les fleurs des champs quand celui-là se nourrira d'une minuscule myosotis, dépositaire de l'infiniment grand. Christian Viguié, lui, semble assis au milieu de ce paysage depuis très longtemps. Et chaque poème, chaque mouvement écrit est comme un fragment d'un immense tableau champêtre. On le sent, le poète a tout son temps. Alors le nôtre se ralentit et se suspend, comme une respiration qui s'apaiserait enfin. Il ne s'agit plus maintenant que d'ouvrir vraiment les yeux.



"Tu as dit

avoir beaucoup voyagé

en ouvrant une fenêtre

en interrogeant la mer

et le ciel

au-dessus du coquillage froissé

d'un étang."



À celui qui sait rêver, la beauté du monde est dans une goutte d'eau et le voyage dans un poème. 
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Damages

De la poésie, Christian Viguié nous dit que « si elle passe par les mots, elle ne se réduit pas à la magnificence des mots. Elle est d’abord le produit d’une expérience sensible. Elle relève de l’ordinaire affirmant que le réel a encore besoin d’accoucher du réel. »

Ce réel poétique, on le retrouve dans chaque strophe de chaque page de Damages.

« J’ajoute un ciel

A chaque chose

Un ciel à chaque pas… »

La mort de la mère, celle du père, sont là, palpables à travers les paysages, les choses de la vie. « Le monde se renverse/ à cause d’une mort » Les morts habitent toujours ce monde, d’une façon différente, Ainsi s’adresse-t-il au père en l’invitant à revenir, « à surgir pareil à un parfum/ ou s’accorder à la forme d’un nuage ». Et il y a la mère disparue qu’il cherche « au milieu des choses qui n’ont plus de nom »

Cette mort est toujours là, très proche jusque dans l’air qu’il respire et « dans toutes les choses qui s’inversent comme l’enfance ». La mort permet ce retournement, elle est tout le contraire d’un grand silence, d’un néant et en cela, les paroles de deuil du poète sont apaisement.



Christian Viguié parle «la langue de l’arbre », il réinvente le nom de la colline et c’est en marchant « lentement avec les mots » qu’il écrit le monde.

Dans l’évocation simple de la nature, on a l’envie soudaine de joindre notre chant à celui du poète, ce chant « qui annulerait la sentence lente de naître ou de mourir »

Cette poésie de l’ordinaire, on l’effleure du bout des doigts et du regard dans ce recueil pudique « chant de deuil, un presque murmure » qui nous pénètre et nous émeut



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Le livre des transparences et des petites i..

Ce minuscule fascicule d'une soixantaine de pages m'a littéralement transporté sur une onde dont la puissance, l'aura poétique, (insoupçonnablement accessible pour moi) fut génératrice d'une jouissance incantatoire inversement proportionnelle à l'épaisseur de cet ouvrage.

Tellurique !...



Quel bonheur de lecture.
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Damages

C'est une belle invitation à la poésie que celle que nous offre Christian Viguié dans son recueil "Damages". Publié en 2021, cet ouvrage a reçu le Prix Mallarmé la même année. Décomposée en deux parties, le recueil est dédié à chacun de ses deux parents disparus.



« Damages* est ici avant tout un chant de deuil, un presque murmure, la ligne brisée d'un horizon. […] Un chant qui porte en lui une sévère et rêche contradiction : tenter de trouver un point d'équilibre entre ce qui a toujours été de l'ordre du prévisible et celui qui relève à tout jamais de l'inconcevable. »

Cette recherche du point d'équilibre que décrit Christian Viguié est sensible dans chacun de ses textes.

La mort venue, la disparition d'un être cher, c'est hériter du lien entre le prévisible et l'inconcevable part des choses, éprouver le silence démesuré qui va entre la vie et les mots, ressentir la pleine mesure de l'absence, du vide en nous dont la seule présence d'une mère, d'un père savait encore nous protéger.



Dans ses poèmes, Christian Viguié tente, avec une belle sensibilité, de retrouver les mots, les nuances pour décrire le sens de ce qui n'en a pas, ou si peu (la mort, la disparition d'un être cher) et tout ce qui demeure pourtant.

Emprunter au vol d'un oiseau, au mouvement des nuages, à l'ombre des arbres, à la couleur d'une pomme, à l'intervalle d'une fenêtre,… pour restituer au temps présent, (le seul qui nous échoit, celui qu'il nous reste à vivre), toute sa réalité, son rythme mais aussi sa précarité.



« Des moitiés de pommes

des moitiés de branches

des moitiés de phrases

restent invisibles

comme si le réel

avait besoin de détruire ses preuves



de maintenir un équilibre lent

entre une vie et une mort

entre la présence et l'absence



[…] »



La mort survient, la vie s'emplit de silence et de mémoire, les mots semblent se retirer des choses, être vidés de leur substance, de leur influence. C'est pourtant là que la parole peu à peu se retrouve, que la nécessité de dire, de mettre en mots se révèle. Une recherche de sens, d'un point d'équilibre qui fait naître le poème.

Dans Damages, Christian Viguié créé un rythme particulier, ou s'entrecroisent les mots et une sensibilité touchante, et au milieu desquelles vont des images pleines de justesse et de mesure.





(*) le damage est une technique utilisée pour aplanir la terre pour en effacer les aspérités, l'âpreté.

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La naissance des anges

Une balade picaresque, audacieuse et culottée.

En effet les deux héros, Danny sorti se balader hors du roman Tortilla Flat de Steinbeck, et Danov de celui de Tchevengour écrit par Platanov, vont d'aventures en aventures, sans être extraordinaires elles sont toutes pittoresques. Ils flânent, déambulent comme des poètes, des philosophes, vivent avec légèreté comme s'ils étaient des fantômes, sans laisser d'empreintes.

Pourtant ils impriment de jolis mots, de belles pensées qui flottent longtemps dans la mémoire. Des anges un peu démons, un peu épouvantails, complètement marginaux, qui offrent une belle histoire onirique, étrange et originale.



Je remercie Babelio et les Éditions Les Monédières pour ce roman.
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La naissance des anges

Que feraient deux protagonistes s'ils se rencontraient ? Christian Viguié imagine la rencontre fortuite entre Danny, personnage principal de Tortilla Flat de Steinbeck et Dvanov, héros de Tchevengour de Platanov.

Comme dans en attendant Godot de Samuel Beckett, les deux protagonistes errent à la recherche d'une vérité. Danny est plus pragmatique, terre à terre, il aime les choses de la vie, le vin et les femmes ! Dvanov est philosophe, il cherche à être émerveiller par le monde.



A la fois loufoque, picaresque, décapant et déroutant, ce court roman se lit très facilement et d'une traite. Il suspend le temps et vous entraîne dans un univers parallèle, avec des anges. Et cette fin, superbe ! En même temps, il ne pouvait pas en être autrement.



Plutôt déroutée au début par ce roman, c'est une belle surprise que je vous recommande de découvrir pour changer d'air et de style ! Un grand merci aux éditions Les Monedieres et à Babelio pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la #massecritique.
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La naissance des anges

Pétillant, un feu d'artifice, réjouissant, « La naissance des anges » est un pur délice. Ce roman fragmenté qui pourrait prétendre à des nouvelles est une réussite hors pair. D'emblée le ton est donné. Ici, règne la fraternité, la solidarité et le charme des constances.

Haut les coeurs ! Dany et Dvanov sont le liant de l'histoire plausible. La rencontre de la littérature contemporaine et certifiée. Dany est le double de l'héros de « Tortilla Flat» (Steinbeck) et Dvanov celui du roman « Tchevengour » de Platovov.

L'ambiance est digne et raffinée. A l'instar d'une table des rois. Pas de faux-plis, l'invitation est grandiose. Trinquons à la santé d'une narration époustouflante à plusieurs degrés de lecture. Christian Viguié est digne d'un génie évident.

Danny est d'un âge certain, épicurien, intuitif, le clochard céleste, l'ami concorde. Dvanov à la tête dans les étoiles, hédoniste, le philosophe réfléchi, parfois cartésien et rationnel. Les heures s'écoulent. Les échanges sont d'une portée inouïe, travaillés à l'or fin.

On remonte la couverture jusqu'au cou, bercé par l'essence de ce roman dont l'Ère des Petits Riens est le modèle à l'instar d'Amélie Poulain. Les évènements cruciaux rident leur front. L'Histoire qui a forgé l'éclat de leurs regards qui percent la nuit et attisent le feu des rappels. Ce roman est une chapelle. L'épiphanie des gloires de l'instant présent.

« -T'en fais un boucan quand tu dors ! T'as pas arrêté de baragouiner toute la nuit !

-J'ai fait des rêves plus qu'il n'en fallait faire.

-C'était quoi ton rêve ?

-Des cargaisons d'étoiles. »

L'heure change page après page, laisse le sablier s'écouler. Ces hommes aux destinées assumées s'épanchent sur leurs existences.

« -Moi, j'avais sept ans. Avant même d'ouvrir complètement la porte, je nourrissais déjà une haine féroce à l'encontre des soldats et des oiseaux. »

Roseaux courbés dans les marécages de l'Histoire du monde écorchée vive. C'est là, la beauté de ce grand livre. La lumière qui s'élève sur les émancipations qui se renouvellent subrepticement dans l'art des mots, dans les certitudes d'apprécier ce qui est vrai.

« De l'or encore pour les yeux qui croient à la durée du provisoire… malgré tout ce qui bouge, on regarde un pays qui va s'éteindre. »

« Une fois dehors, ils commencèrent à compter les bogues de châtaignes que sont les étoiles en cette saison. »

« La naissance des anges » est l'as de coeur. Mature, abouti, criant d'exaltation pure dans les formidables alliances d'une authenticité rebelle et rare. Ce livre est une noria d'oiseaux en plein vol. Un lâcher de crayons de couleur, une émouvante rencontre avec Danny et Dvanov. La gravité est un sous-bois. On peut y dormir tranquille. Ils sont là, ils veillent.

« Tu es un homme et un enfant, répliqua-t-elle, et c'est bien. Pour que l'enfant s'amuse, il convient que l'homme se salisse un peu, sinon je ne vois pas l'intérêt. »

Magistral. En lice pour le prix Hors Concours 2021 des Éditions indépendantes. Publié par les majeures Éditions Les Monédières.

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La naissance des anges

Un livre étrange, déroutant, qui alterne entre lumière solaire et noirceur extrême dans un style à la fois lyrique et loufoque.



Si les premiers chapitres ont été très flous pour moi, j'ai fini par réussir à capter l'essence du roman et ainsi à le lire. Il n'en reste pas moins que j'ai eu l'impression tout au long de la lecture de passer à côté de quelque chose, de manquer des sens cachés et des réflexions de l'auteur par manque de culture et de connaissances.



En effet tout est là, dans les critiques et les commentaires plus ou moins directs, plus ou moins métaphoriques de notre société. Certains passages m'ont poussé à de longues analyses, d'autre m'ont semblé trop abstraits et oniriques pour que je cherche même...



Une lecture intéressante donc, et très originale, mais qui me laisse un gout d'inachevé par ma faute.
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La naissance des anges

Deux hommes aux caractères opposés : Danny le beau parleur, profiteur, toujours à l'affût d'un bon plan pour boire, manger, dormir et plus si affinité ; Dvanoc le rêveur, le naïf, qui s'émerveille du moindre détail du monde qui l'entoure. Ce qui les rapproche : leur naissance. Ils sont apparus sur terre un beau jour sans vraiment savoir d'où ils viennent.

Ce roman raconte l'amitié, l'amour, la contestation, la dureté du monde... Danny et Dvanov vivent chacun à leur façon un parcours intiatique et si leurs routes vont s'éloigner, leur destin est lié.

Si j'ai été un peu déroutée au début par le style de Christian VIGUIE et la structure de son roman, j'ai finalement trouvé l'extrêmité du fil de l'histoire qui s'est ensuite déroulé comme une pelote me faisant voyager à travers un monde à la fois brut et poétique.
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René Rougerie, une résistance souveraine (1DVD)

Une rencontre magnifique. Rencontre avec la voix de René Rougerie, homme de passion et d’engagement. On ressent une grande émotion à découvrir ou redécouvrir cette famille d'éditeur de poésie où l'amour des mots, des textes et des poètes prévaut avant tout.
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Le coureur de serpents

Un vieux se suicide dans sa cabane isolée de l'Aveyron et sa décision semble évidente. Les quelques personnes qui l'ont un peu connu ne sont pas de cet avis et se mettent en quête de la vérité.

De la guerre d'Algérie aux environs de Decazeville en mai 2012, l'intrigue de ce roman se déroule au cours de différentes périodes.

Le style est franc du collier et beau, si bien qu'on a l'impression que l'écrivain est à nos côtés et nous raconte cette histoire. Je me suis même payé le luxe de visualiser les lieux, les personnages et les situations.

Enfin, je n'en finis pas d'en apprendre de belles à propos de la guerre d'Algérie et de ses suites durant la Cinquième République. Avec ce livre j'ai découvert l'existence des commandos Delta, et je vais de ce pas à la bibli pour en savoir plus.



Je suis ravie d'avoir reçu ce roman de la part des éditions Les Monédières, merci beaucoup!





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La naissance des anges

C'est l'histoire d'une rencontre de 2 hommes qui vont partager un bout de chemin, deux hommes que tout semble opposé, Danny vit et profite, Dvanov essaie de comprendre le monde qui l'entoure.



On ne sait pas grand chose de ces hommes ils apparaissent comme ça, comme une illusion et traverse la vie, on ne sait trop à quelle époque, ils traversent la ville, al campagne, font des rencontres et des expériences improbables.



C'est un livre étonnant qui ne raconte pas vraiment d'histoires, comme un rêve. L'écriture est très imagée, poétique et c'est ce qui fait la grâce de ce roman, un abord un peu compliqué car déstabilisant.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Damages

Une belle plume, un recueil soigné, il me manque cependant cette violence, cette liberté, ce petit plus que je recherche en poésie (contemporaine) mais j'ai été touchée par cet hommage aux êtres aimés. Une belle découverte. Je me suis amusée à découper les pages, un éditeur comme on en trouve plus beaucoup et qui travaille encore de manière artisanale.
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La naissance des anges

Ce court roman issu du Masse Critique de Babelio est une véritable plongée dans l'inconnu. Avec une couverture aux couleurs extravagantes, le lecteur ne sait pas trop dans quoi il va plonger. Mais il est fort probable que l'ensemble ne soit rien moins qu'onirique. Génial !



Apparus un beau jour, deux êtres très différents vont traverser les le temps au fil des histoires de Christian Viguié. Ces deux héros aux personnalités totalement opposées vont guider le lecteur à travers le temps et l'Histoire. Chaque chapitre est le contexte d'un nouveau récit. Le lecteur, au début est un peu perdu et se demande où tout cela va le conduire, où l'auteur veut en venir. Mais il est bien obligé de se laisser aller, au fil des pages, jusqu'à enfin comprendre le pourquoi du comment.



Les deux héros, Danny et Dvanov sont différents sur beaucoup de points. Et le lecteur a un faible certain pour ce dernier. Plus contemplatif, plus lumineux également. Il s'émerveille de tout, et s'interroge beaucoup. Danny, quant à lui, voit son intérêt et le profit qu'il pourra tirer de toutes choses. Tous deux sont un peu le ying et le yang de ce récit si particulier.



Ce court roman, très particulier, entraîne le lecteur au gré du vent, au travers du temps. S'il veut comprendre quelque chose à tout ceci, il va devoir un peu lâcher prise, sur sa logique personnelle d'abord et sur la réalité des choses ensuite. Car beaucoup des événements qui se déroulent dans ces pages peuvent cacher différentes significations et différentes réalités. Mais sont-ils réels d'ailleurs?
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Le coureur de serpents

La guerre d'Algérie, un commando qui sème la terreur et qui n'hésite pas à faire le ménage dans ses troupes quand ça ne veut pas suivre. 



Mais ces crimes ne peuvent pas rester impunis et cela prendra le temps qu'il faudra mais tout le monde paiera.



C'est un thriller efficace et qui se lit rapidement, certains crimes sont décrits avec force de détails et ça fait froid dans le dos.



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Le coureur de serpents

Bon, je ne suis pas convaincu.



Pourtant, y a de l’idée. Les règles du « noir à la française » sont respectées : méchants fachos très méchants, gentils paumés qui aiment picoler et n’ont plus beaucoup d’illusions. Pas de happy end, ce monde est merdique. On y revient toujours. Un style original, certains diront poétique. Parfois ça fonctionne avec quelques très belles images. Souvent ça tourne au chichiteux.



C’est pas là que ça déconne le plus. Plutôt que l’intrigue est mal équilibrée. On comprend tout au premier tiers du roman, l’enquête commence au second. L’inverse eut été plus avantageux pour nous tenir en haleine. Nombreux chapitres où il ne se passe pas grand chose, tentation naturaliste (Ils vont faire des courses, ils boivent un café, il fume une clope, elle sort le chien, etc.), mais avec une écriture toute en images et métaphores, ça sonne bizarre. Tous les personnages parlent pareil (dans le même style ampoulé que les passages narratifs), de l’officier en retraite au clodo dans sa cabane, du flic à la demandeuse d’emploi. Bref, ça sent l’artifice. Pour la psychologie, on repassera. Le pompon au fils du gros méchant, lui aussi très méchant, sans état d’âme comme papa. Les gênes sans doute.



Pourtant, il y avait matière. Un bouquin sur les commandos Delta (bras armé de l’O.A.S.) : oui ! Un pan de l’Histoire française dont on aime pas trop se rappeler. C’est bien comme sujet. Raconter comment ces salopards se sont recyclés après la guerre d’Algérie, comment ils ont continué à œuvrer plus ou moins jusqu’au début des années 80 (l’attentat de Toulon est évoqué dans le roman), comment ils ont été amnistiés sous Mitterrand, c’est encore mieux. Mais cette matière est assez vite expédiée pour consacrer beaucoup de temps aux protagonistes principaux qui ne nous intéressent pourtant que bien peu. Jamais on ne tremble pour eux, l’attirance entre Marc et Hélène ne nous émeut pas plus que ça, quand Georges finit à l’hôpital on s’en fout (la narration de l’agression est expédiée, il s’en sort avec quelques côtes cassées). Ils ne font preuve d’aucune pugnacité, d’aucune astuce, d’aucun courage. Tout se dénoue en un chapitre autour d’un ordinateur qui, joie d’internet, permet de tout éclaircir d’un clic de souris magique.



Bref, je ne suis pas convaincu.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Le coureur de serpents

Au départ l'impression est forte, à l'image de cette scène de guerre brutale où même les mots blessent. Nous sommes en Algérie en mai 61, mais les chapitres suivants, brefs, se déroulent dans les années 2013. On pense à un récit militaire, avec des atrocités courantes, où les belles âmes n'ont pas de place. Le clairon sonne la charge, mais on risque de se fatiguer du rythme de la fanfare.

Le temps d'une pause, on voit que chaque chapitre nous fait voyager, un bandeau sur les yeux, de l'Aveyron au Niger. L'auteur voudrait-il nous faire battre la campagne ? Les milieux sont différents, guère sympathiques, marqués par la crasse et le vin rouge.

C'est alors qu'on regarde le style : parfois administratif, parfois vulgaire (on ne dit pas s' 'asseoir mais « poser ses fesses »), avec des phrases alambiquées voulant être profondes ;

« Une heure après, il regardait les chiffres de la pompe à essence s'affoler et leur neutralité arithmétique rappelait à ce petit monde matinal et ensommeillé qui s'ébrouait autour de lui qu'il fallait payer pour aller au boulot. »

« Une pierre jetée dans l'eau était préférable au sommeil d'une eau immuable. Même les mots les plus pauvres promettent un sens plus grand qu'ils n'ont, à la manière d'une ombre qui danse sur la paroi d'un mur, ample et terrifiante, alors qu'elle n'est produite que par les geste banals et et insouciants d'un enfant »

L'intrigue mériterait d'être resserrée, et l'écriture, plus concise.

Toutefois un lecteur indulgent et amateur de sensations fortes, trouvera, je le souhaite, du plaisir à fréquenter des milieux différents. Merci aux éditions des Monédières qui m'ont fait parvenir ce livre, avec un mot gentil, via Babelio.
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Le coureur de serpents

Les horreurs de la guerre, l’inhumanité de ceux qui les perpètrent, la détresse de ceux qui les refusent et choisissent la mort plutôt que la barbarie. Enfin, les errances de ceux qui en réchappent et cherchent dans l’alcool, la drogue, la poursuite inlassable d’une vengeance, l’accumulation des forfaits…, à oublier ce passé si lourd à porter.

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La naissance des anges

Une promenade avec deux hommes qui semblent naitre d'un coup, venus de nulle part, Danny, le personnage de Tortilla Flat de Steinbeck, terre-à-terre, et Dvanov, le personnage de Tchevengour de Platonov, plus rêveur et philosophe. L'histoire de deux hommes qui semblent être des clochards, qui orbitent toujours autour d'une bouteille de vin, se promènent en ville puis à la campagne, avec ou sans amis, avec ou sans femmes. Des petits récits individuels pour une histoire un peu déroutante, difficile à suivre au départ, mais qui raconte l'amitié, l'amour, les liens entre les êtres humains. Et, une fin qui est très jolie, évanescente. Je me suis sentie un peu perdue parfois le long des pages, mais l'écriture est belle et tendre, comme une caresse d'ange. Merci aux éditions Les Monédières et à Babelio pour ce roman.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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La naissance des anges

Il faut parfois sortir de son confort de lecture. Lire "la naissance des anges" relève de cette expérience.

La structuration du livre en courts chapitres permet d'avancer peu à peu dans une histoire quelque peu improbable qui navigue entre la trivialité la plus banale (les personnages du livre boivent et pissent beaucoup et un peu n'importe où) et une préciosité du langage qui rend poétiques des situations qui pourraient ne pas l'être spontanément.

Nous suivons donc nos deux héros, pauvres au sens économique du terme mais immensément riches par leurs rêves, leurs pensées ou leurs souvenirs (réels ou imaginaires) de bouge en bar, de banc en squatt.

En chemin, ils rencontrent des hommes et des femmes qui vont bouleverser leur vie et avec lesquels ils feront un bout de chemin.

La femme est l'avenir de l'homme, elle est aussi son eldorado. Marthe et Rose n'ont pas d'apriori et c'est tant mieux.

Au milieu du livre, le rythme s'accélère et la fin réserve une surprise en deux temps. A quoi sert la liberté si l'on ne s'en sert pas ? La vie n'est elle pas finalement qu'un bref instant qui s'évapore avec le vent dans la nuit ?

Une histoire inattendue à la fois subtile et prosaïque.

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