Nouvelle lauréate du Prix de la nouvelle ADAN 2023
Texte : Christian Wasselin / Voix : Thierry Moral
https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Wasselin
www.thierrymoral.fr
Berlioz jouait de la flûte et de la guitare mais n'apprit jamais le piano. Son apprentissage des rythmes et des sons se fit également par l'écoute des bruits de la nature, des chants de pâtres et de paysans, et l'appréhension du relief sonore dessiné par les grands espaces du Dauphiné et la proximité des Alpes.
Élégante et désespérée, lyrique et sauvage, alternant la douceur la plus mélancolique et les visions les plus sataniques, "la Symphonie fantastique" met en scène Berlioz lui-même, le rêve, les passions, l'amour, la nature, le monde et les enfers, et se fait la charte du romantisme musical.
"Ne regardez pas le paysage, il est tout entier dans ma symphonie", recommande Mahler à Bruno Walter venu lui rendre visite à Steinbach. Pour le compositeur, écrire une symphonie signifie: "Avec tous les moyens à ma disposition, créer un univers."
[Berlioz, amer et ruiné après l'échec de "la Damnation de Faust" à Paris]
"Il n'y a rien à faire dans cet atroce pays, et je ne puis que désirer de le quitter au plus vite. [...] Je suis comme les oiseaux de proie obligé d'aller chercher ma vie au loin; les oiseaux de basse-cour seuls vivent bien sur leur fumier."
Malade de la scarlatine au début de l'été, la petite Anna (fille de Mahler) guérit rapidement. Mais sa sœur ainée l'attrape à son tour, et contracte la diphtérie. Maria est au bord de l'étouffement. Elle subit une trachéotomie. Trop tard. "Ses boucles noires et ses grands yeux bleus! Il ne lui a pas été accordé de vivre longtemps, mais il devait en être ainsi; elle devait être pendant quelques années la joie de son père et cela a en soi valeur d'éternité", dira Alma (épouse de Mahler).
Nerveux, exigeant, irascible, Mahler l'est aussi au pupitre: à Olmütz, les choristes "déclarent qu'ils sont définitivement enroués et qu'ils ne veulent plus travailler avec lui"! Et lui, à son ami Fritz Löhr: "Quand on attelle à une charrette le plus noble cheval avec des bœufs, que peut-on attendre de lui, sinon qu'il tire et transpire avec eux!"
Mahler fut l'objet de caricatures qui laisseraient croire que sa musique n'est qu'un incessant vacarme. Au contraire, et à l'instar d'un Berlioz, il ne confondait pas orchestre "bruyant" et orchestre "puissant". La trame de sa musique, instable et douloureuse, est remplie d'alliages de timbres inédits et d'harmonies inattendues, et traversée de fortissimos fulgurants. Si Mahler ne laisse pas l'auditeur en paix, c'est par les accidents et les péripéties qu'il nous réserve au détour de ses partitions. Tout le contraire du confort, du ronronnement ou de l'emphase.
Si les guerres et les révolutions n'étaient pas devenues un tel lieu commun, je m'en mêlerais.
Alma Schindler éprouvait une passion pour la musique et s'adonnait à la composition de lieder. Elle obtempéra cependant au diktat de Mahler lorsque celui-ci, au moment de l'épouser, lui demanda de renoncer à composer.
Même s'il reconnaît que "le Barbier de Séville" est un authentique chef-d’œuvre, Berlioz reprochera toujours à Rossini, le "gros homme gai", d'avoir mis la musique au service des acrobaties vocales pratiquées par les divas.