Ce petit livre entraîne son lecteur dans le torrent d'émotions, concentré pur jus de romantisme certifié label rouge qu'était Berlioz.
Chaque émotion que ressent Berlioz doit exploser en plein air, être vécue jusqu'à la dernière goutte d'hormone. Amoureux, il traverse l'Italie afin de comprendre pourquoi sa belle ne répond pas à ses lettres. Furieux, il s'emporte en rédigeant une critique assassine sur un compositeur « superficiel » comme Rossini. Dandy, fier, arrogant – probablement pas le genre de type dont j'aimerais me faire un ami - mais considéré par l'auteur
Christian Wasselin comme un génie absolu de la musique en cette première partie de XIXème siècle.
Audacieux, c'est le qualificatif qui revient le plus souvent. Qualificatif sans nul doute à double tranchant quand il s'agit de plaire aux « masses ignorantes ». A Paris, Berlioz subit des échecs retentissants (
Benvenuto Cellini, la Damnation de
Faust) et est taxé de faire de la musique beaucoup trop compliquée. Il en ressent une éternelle amertume envers ce microcosme parisien qui l'oblige à travailler toute sa vie pour un journal au lieu de se consacrer entièrement à son art. Son succès est tout autre en Europe, particulièrement en Russie où il fera école (cit. « de Glinka au Groupe des Cinq, de Tchaïkovski à Prokofiev et Stravinski, la musique russe a une dette immense envers l'originalité des conceptions berlioziennes »). Il rend donc à l'Europe ce qu'il lui a pris, car c'est chez
Shakespeare,
Walter Scott,
Goethe ou
Virgile qu'il va chercher les sujets de ses oeuvres.
Je n'ai pas les moyens de décider si Wasselin exagère ou non dans son éloge de Berlioz, pas encore. Les biographies de compositeurs et d'auteurs de la collection « Découvertes Gallimard » sont pour moi des portes d'entrée sur l'oeuvre du sujet, mais aussi sur les compositeurs de son temps. le superbe « Magnificat » de Paule du Bouchet m'avait fait découvrir non seulement
Jean-Sébastien Bach mais aussi Buxtehude et Telemann. « Les deux ailes de l'âme » va m'entrainer vers Berlioz mais aussi vers Gluck, Meyerbeer, Liszt.
Il est tellement dommage que cette collection soit moribonde aujourd'hui. Les nouveautés sont extrêmement rares.