Citations de Christiane Legris-Desportes (21)
Les yeux, la vue, y voir clair, ... Cela peut faire penser à la vérité...
Une vérité qui émerge, une nouvelle façon de voir qui combat en vous....
Pour lisser ce passé antérieur à leur mort, j'ai préféré faire de moi une femme qui savait et qui choisissait de se taire face à deux êtres anormaux et dégoûtants, plutôt que de me découvrir en mère qui, si investie dans son travail, n'avait pas su voir et avait laissé sa fille devenir une victime. Oui, certains jours, de plus en plus fréquents, de plus en plus douloureux, je me dis que j'ai fait d'un savoir rétrospectif l'instrument de mn acquittement moral et que j'ai puisé dans mon dégoût de femme avisée, respectable, la force d'un semblant de dignité pour continuer à vivre avec la mort et [ses] souffrances sur la conscience.
L'écriture est une arme terrible dont je commence à entrapercevoir le pouvoir. L'écriture nous piège parce que, au-delà de l'apparente maîtrise qu'elle convoque [...], elle favorise le laisser-aller de la pensée, et par là même, l'introspection.
Je suis coupable, coupable de ne pas avoir su voir ce qui était, et d'avoir vu ce qui n'était pas
« Grâce a elle, j’ai découvert la résilience, vous savez, ce concept dont Boris Cyrulnik parlait dans « les vilains petits canards » et qui consiste, pour le dire vite, à réapprendre à vivre une autre vie pour soigner ses blessures »
Je croyais aimer Marie. La connaitre. Je suis passé à côté de sa souffrance, de son histoire. Je ne suis qu'un pauvre con.[...]Elle était belle la lorgnette de ma connerie: un idyllique amour, une affreuse sœur castratrice et une rancune jamais assouvie mais qui me permettait de beaux écrits. Je crois que je ne pourrais jamais plus écrire une seule ligne. Jamais plus...
Je suis coupable, coupable de ne pas avoir su voir ce qui était, et d'avoir vu ce qui n'était pas.
Vous vous en foutez, hein ? Vous avez bien raison. La misère des autres, qu'est-ce que c'est chiant ! Le pire c'est que ça vous englue, une fois que vous êtes dedans, vous ne pouvez plus vous en défaire, il vous faut nettoyer, nettoyer, sinon, c'est plus possible.
J'attends depuis des années le moment où enfin, ce sera fini, où tu cesseras de pouvoir me pourrir la vie.
Tu n'es pas encore morte, juste dans le coma et je me sens déjà mieux, alors j'imagine ce que je ressentirai quand tu seras enterrée.
Ce n'est pas seulement ton corps qui sera mis en terre, ce jour-là, mais moi qui enfouirai aussi tous les sales souvenirs que j'ai.
Que, recouverts, disparus, ils me permettent de passer à autre chose, qu'enfin je m'en crée de nouveaux, dont tu seras définitivement exclue.
Voyez-vous, docteur, quand je pense à l'homme que je suis vraiment, je préférerais être mort. Vous vous trompez quand vous dites que je m'enferme dans une culpabilité qui, une nouvelle fois, vient déformer mes perceptions.
Je suis coupable, coupable de ne pas avoir su voir ce qui était, et d'avoir vu ce qui n'était pas.
J'ai pensé que tous les hommes qui marchent aujourd'hui sans s'interroger sur cette capacité, étaient eux aussi inévitablement tombés, un jour ou l'autre.
Que beaucoup d'apprentissages se réalisent dans une forme de douleur, que celle-ci est inhérente à toute évolution, passage d'un état à un autre.
Tant que les histoires ne sont pas écrites, on peut fuir leur véracité ou le puits sans fond des interprétations auxquelles elles se prêtent ; tant que les choses ne sont pas dites, elles n'existent pas vraiment : c'est ce que je croyais en vous écrivant la première fois. Je sais maintenant qu'il n'en est rien.
Je suis coupable, coupable de ne pas avoir su voir ce qui était, et d'avoir vu ce qui n'était pas.
Je me suis rendu compte que certains écrivais savent accomplir ce miracle : mettre des mots là où d'autres comme moi n'ont que des sentiments. Ils transforment en strophes une intériorité, une intimité que l'on pensait à la fois unique et indicible.
Dans une ville de province comme la nôtre, il est doublement difficile de survivre à une tragédie : il faut apprendre à composer avec un présent sans futur et assumer le regard des autres, qu'il soit compatissant ou animer d'une curiosité malsaine.
Adulte, rétrospectivement, je me suis rendu compte que tu agissais ainsi, avec méchanceté et aigreur, dès que quelqu'un te paraissait différent.
Tout simplement.
Non, tu ne me détestais pas, c'était ta façon d'aimer, d'exister, la seule que tu connaisses.
Je me suis rendu compte que certains écrivains savent accomplir ce miracle : mettre des mots là où d'autres comme moi n'ont que des sentiments. Ils transforment en strophes une intériorité, une intimité que l'on pensait à la fois unique et indicible.
Tu as toujours eu le goût de la répétition. Normal, pour un ersatz à la saveur âcre.
Toi, tu as toujours voulu me dominer, m'assujettir, comme, jadis, ces petits seigneurs sans panache qui tentaient d'obtenir par la force ce que seul le respect aurait dû leur conférer.
Ta force est indéniablement celle des faibles.
(...) nous n'avons rien en commun, si ce n'est nos parents et du ressentiment.