Citations de Christiane V. Felscherinow (141)
La drogue est, depuis toujours, l'un des plus horribles moyens utilisés pour empêcher les hommes de prendre conscience qu'ils sont victimes de l'évolution de la société.
J'ai perdu tout sens des réalités. Pour moi la réalité est irréelle. Ni hier ni demain ne m'intéressent. Je n'ai pas de projets, seulement des rêves.
Il ne nous parle plus, il ne nous voit pas. C'est pire que les coups.
Ce sont souvent les parents, au contraire, qui font porter aux enfants le fardeau de leurs propres conflits, soit en les y impliquant, soit même - le cas est fréquent - en les chargeant de les résoudre à leur place.
Je veux être quelqu’un. Exister.
Avec l'héroïne, c'est autre chose. Tu te piques parce que sinon la douleur physique est insoutenable. Les cokés veulent éprouver des sensations fortes et se sentir puissants, les héroïnomanes veulent avoir la paix.
J'ai besoin d'être tout le temps un peu partie, un peu dans les vapes. Et j'en ai envie, pour échapper à toute cette merde, merde à l'école et merde à la maison.
Je ne sais pas pourquoi je suis au monde ? Avant non plus je ne le savais pas bien. Mais un fixer, pourquoi ça vit ? Pour se démolir et démolir les autres ? Je me dis, cet après-midi-là, qu'il vaudrait mieux que je meure, rien que par amour pour ma mère. De toute manière, je ne sais plus si j'existe ou non.
On apprend pour ainsi dire automatiquement que tout ce qui est permis est affreusement ennuyeux, et que ce qui est interdit est amusant.
Quand tu commences à devoir te piquer, tu ne prends plus ton pied. Quand tu es obligée de nourrir le singe, alors arrive l'addiction, parce que tu ne ressens plus de flash, tu dois juste te piquer encore et encore, juste pour te sentir normale, et lutter contre le manque. Et là c'est la merde.
Pour moi, la qualité de vie, c'est la somme de la façon dont je me sens, de l'influence de mon entourage sur moi et de la situation de ma famille. Tout ce qui constitue quelqu'un. Mais je n'ai plus rien de tout ça. Tout a foutu le camp. Je n'ai plus d'amis, et « Christiane F. » me colle aux baskets.
En prison, tu te réveilles le matin et tu ne sais jamais exactement de quoi sera faite la journée. Contre la monotonie, il y a toujours quelqu'un qui se débrouille pour que quelque chose d'excitant se passe.
Une bagarre, une livraison de drogue ou un suicide. En tout cas, on ne s'ennuie jamais.
"Quand les hommes sont confrontés à la mort, ils se mettent souvent à être plus intensément attachés à la vie."
Nous avons toujours rêvé d'aller à Paris. Nous voulions louer une chambrette à Montmartre et nous y désintoxiquer. Nous n'avions jamais entendu parler de la drogue à Paris, et nous pensions que ça n'existait pas. A Paris il n'y a que des artistes, des mecs super, ils boivent du café, ou un verre de vin de temps en temps
« Ce livre nous parle d‘une détresse que notre société refoule de sa conscience. »
Je suis formidable quand il s'agit des problèmes de autres. Il n'y a que les miens dont je ne viens pas à bout.
Un jour, je pose une question idiote : pourquoi toujours ce besoin de planer un peu? Ils me répondent : c'est évident, il faut bien se déconnecter de toute la merde de la journée.
«À un certain point de vue, j'aurais bien aimé vivre à la période nazie. Au moins les jeunes savaient où ils en étaient, ils avaient des idéaux. Mieux vaut je crois, pour un jeune, se tromper d'idéal que de ne pas en avoir du tout.» Je ne parlais pas tout à fait sérieusement. Mais il y a un peu de ça.
Je n’ai aucune idée de pourquoi j'étais incapable de rester en place, de pourquoi je pensais qu'il fallait que je bouge tout le temps. Peut-être parce que je suis une enfant de divorcés et que l'expérience m'a montré que ça ne valait pas le coup de s'attacher.
Je venais de m'enfermer dans un w-c. pour me piquer, et tout à coup je vois un type sauter par-dessus la cloison, littéralement me tomber dessus. Manu-le-Filou. On m'avait bien raconté que c'était son truc : se planquer dans les toilettes pour dames, attendre qu'une fille vienne se piquer. Sachant qu'il n'hésite pas à frapper, je lui donne tout de suite ma dose et ma seringue. Il sort, se plante devant un miroir, et se pique. Dans le cou. Ce mec-là n'a plus peur de rien, et c'est le seul endroit de tout son corps où il peut encore enfoncer une aiguille. Il saigne comme un cochon. Je crois qu'il s'est envoyé le shoot dans l'artère. Il s'en fout. Il me dit : "Merci" et disparaît.