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3.44/5 (sur 24 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Sociologue (CNRS, CADIS), enseignante à l'École des Psychologues Praticiens, responsable d'un séminaire à l'EHESS, Christine Castelain Meunier est l'auteur de nombreux ouvrages sur le féminin et le masculin.

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
La condition de l'enfance revêt une dimension d'autant plus incertaine qu'elle reflète la complexité des conditions féminine et masculine, toutes deux en plein bouleversement. L'enfant tend à devenir le reflet du décalage entre les aspirations et les pratiques des hommes et des femmes, entre les valeurs modernes et traditionnelles; sur lui se projettent les angoisses et les attentes d'une société à la recherche de son avenir. L'enfant constitue ainsi la cible privilégiée des incertitudes contemporaines.
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7. « Les représentations féminines font référence à la violence masculine en même temps qu'à la force de l'homme, à son côté rassurant. Il s'agit donc d'une représentation ambivalente, qui témoigne de l'histoire sociale et de la réalité. Une telle ambivalence est intéressante à souligner, car on peut penser que cette attente certaine de la part des femmes en matière de sécurité chez l'homme contraste avec la réalité de l'homme contemporain, lequel ne se définit plus par référence à la force, cette dimension symbolisant la domination n'étant plus mise en avant.
De façon symétrique, les hommes évoquent la douceur, la beauté et la sensibilité de la femme, en même temps que sa perfidie, sa mesquinerie, son souci de soi-même et son besoin d'attention. Là encore, l'ambivalence témoigne de l'histoire sociale et de la réalité. Là encore, cette ambivalence est intéressante, quand on sait que la femme cherche à s'affirmer comme sujet, et en particulier qu'elle met en avant d'autres spécificités que la référence à la beauté et à la sensualité.
[…]
À travers les représentations de chacun par rapport à l'autre, on constate combien l'homme et la femme peuvent être enfermés dans des catégories dont ils essaient de s'affranchir avec d'autant plus de difficulté qu'il s'agit de références pouvant les distinguer positivement, mais qui sont à double tranchant parce qu'elles peuvent également les aliéner, là où chacun cherche sa singularité en s'affranchissant des modèles stéréotypés. » (pp. 176-177)
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Avant que la virilité ne soit monopolisée par le masculin guerrier, la racine latine "vis", qui entre dans la composition de l'adjectif "virilis", "viril", a donné aussi "vir", "la vertu". Laquelle ne renvoie pas à la masculinité, mais à la notion de courage et de loyauté. Ces qualités morales ont été incarnées par les grandes déesses fondatrices des cités grecques : Athéna, Artémis, Aphrodite, ou encore par les grandes prophétesses de la Bible : Deborah, Myriam, Esther. La virilité remonte ainsi à Vénus, personnification du verbe "venenor" qui, en latin, désigne le désir de vivre. Et avant que l'adjectif "viril" soit réservé au genre masculin, il s'écrivait avec un e - ce fut le cas jusqu'à la Renaissance.
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4. « Les vertus digitales et algorithmiques tendent entre autres à niveler les différences entre les garçons et les filles, les hommes et les femmes, au profit de tendances personnelles, existentielles. La force neuronale concerne les hommes et les femmes […] par-delà les spécificités biologiques. Et ces dernières prennent un sens nouveau, perdent leur dimension différentielle. La "matrice différentielle" qui a accompagné l'histoire de la société, comme l'a défini Françoise Héritier, se transforme. Le moteur de la société se déplace. Le père, cet éternel César de second rôle, a désormais une place qui fait sens dans la société du virtuel, en panne d'interactions, dans la société des robots, en déficit de liens humains, dans la société technique, instrumentalisée, en panne de respect de l'humain et en panne d'environnement respectueux de l'humain, trop préoccupée de machine, de prothèses, de rentabilité. » (pp. 181-182)
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Sécurité, respect, confiance, affection, autonomie, repères moraux et valeurs socialisatrices font partie des repères nécessaires à l'éducation de l'enfant. Ils constituent des éléments de base fondamentaux pour la construction de son équilibre. Les rôles et les responsabilités parentales en découlent.
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« [Au cours des entretiens menés auprès des classes moyennes...] Les hommes décrivaient la paternité comme un passage à la maturité accompagné de nouvelles responsabilités économiques, morales et relationnelles, prenant sens autour d'une nouvelle manière de se projeter eux-mêmes dans l'avenir. Mais ces pères évoquaient leur paternité en ayant le sentiment "d'innover" par rapport aux générations précédentes, notamment par rapport à leur propre père. Ils faisaient état de pratiques spécifiques reflétant la diversité de leurs interventions (activités ménagères, soins corporels aux enfants, échanges affectifs, jeux, activités cognitives...). Avoir choisi de faire un enfant était vécu comme un choix conjoint et constituait une argumentation qui corroborait leur sentiment d'engagement, de responsabilité.
Cette implication était aussi évoquée autour du suivi de la grossesse de la femme, de la participation à l'accouchement. […]
Ils s'interrogeaient sur ce qui relevait de leur pratique ou pas (par exemple, se lever la nuit pour aller chercher l'enfant afin que la femme l'allaite...). Les récits des pratiques s'inscrivaient autour d'un questionnement qui se situait au cœur de l'intimité et du quotidien domestique, mais aussi autour de la conception de leur mode de vie en général. […]
Jusqu'où pouvaient-ils envisager de partager les sensations et les émotions de leur femme, de soulager leurs angoisses ? Jusqu'où s'immiscer dans le duo mère-enfant ? […]
La fierté et la satisfaction de la responsabilité assumée dans l'autonomie par rapport à la femme au sein de l'espace domestique, en son absence, étaient fortement exprimées. […]
Cela constitue la deuxième face de la paternité : la paternité dans l'autonomie, la première étant la paternité dans la complémentarité, l'interaction directe autour de la négociation du partage des tâches, des rôles. La construction du lien affectif avec l'enfant dès son plus jeune âge apparaissait comme un enjeu significatif de la paternité contemporaine, une garantie à l'exercice de la paternité. » (pp. 81-82)
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3. [Des études psychologiques (Caroline Boiteau)... et neurobiologiques récentes démontrent que...] « […] Le père "est capable de se connecter à l'état émotionnel du nouveau-né. De réguler son attention pour lui permettre d'être un partenaire de conversation attentif et compétent. D'étayer la capacité du nouveau-né à travers des résonances internes. Parce que sa motivation à communiquer est suffisamment saillante pour être perçue par le nouveau-né". Il importe de reconnaître enfin que, quel que soit son sexe, le parent est capable d'entrer en interaction avec le nouveau-né, à condition qu'on lui laisse la place ou que sa conception du rôle l'incite à la rendre.
[…]
La reconnaissance de cette réalité, qui a pu être appréhendée de manière biaisée dans le passé, permet aussi d'appréhender les interférences profondes entre l'instinct et la culture.
[…]
Aujourd'hui, on découvre avec une certaine surprise et un grand intérêt que, pendant la grossesse de la femme, des transformations seraient à l’œuvre aussi chez l'homme. […] On constaterait ainsi une augmentation du taux de cortisol et de prolactine chez des pères après l'accouchement, hormones qui seraient impliquées dans l'investissement parental. Le taux de vasopressine […] augmenterait lui aussi juste avant l'accouchement, modifiant ainsi certaines zones du cerveau qui favoriseraient la création du lien père-bébé. Au cours des derniers mois de grossesse, il pourrait y avoir aussi chez l'homme une diminution du taux de testostérone […] et d’œstradiol [...]. Ce qui diminuerait l'activité sexuelle et favoriserait le développement de l'attention en direction du bébé. » (pp. 94-96)
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« Dans la société rurale, traditionnelle, l'enfant était le garant de la continuité et du maintien de la tradition. Dans la société industrielle, il prolongeait le développement économique de celle-ci, du savoir et des techniques. Dans la société postindustrielle, c'est-à-dire aujourd'hui, l'enfant prolonge l'affirmation identitaire de l'adulte et symbolise le changement. Il prend place en tant qu'extension de l'adulte et non de la communauté ; il est sollicité dans une dynamique qui assure la pérennité de l'adulte, son déploiement. On le sollicite comme étayage identitaire.
D'où la nécessité de rétablir l'équilibre en permanence, en faveur de l'enfant, au nom de son intégrité physique, psychique, c'est-à-dire de son unicité et de son unité, en tant que personne et sujet. Il n'est pas étonnant que l'on ait sans arrêt besoin de faire référence à la notion d'intérêt de l'enfant. C'est un nouveau leitmotiv, une référence fourre-tout qui donne bonne conscience, mais surtout qui en dit long sur l'absence de prise en compte, à l'échelle collective, de la place de l'enfant. C'est aussi l'expression du malaise qui entoure la place de l'homme et de la femme en tant que père et mère autour de l'enfant, qu'il s'agisse de parentalité biologique et/ou sociale ou encore du partage de l'éducation, quel que soit le lien de parenté. C'est aussi le témoignage des interrogations qui entourent l'exercice des fonctions parentales et l'expression de l'angoisse face au contenu de la transmission et à l'inflation des modèles. » (p. 22)
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« Les modèles culturels qui accompagnaient les contours de la paternité, qu'elle soit traditionnelle ou industrielle, perdent leur légitimité. L'incidence n'est pas négligeable et nécessite, comme de nombreux ouvrages en témoignent, d'orienter la réflexion vers la place, la part, la fonction et le rôle du père. […] Au vu de la nouvelle donne des rôles entre l'homme et la femme, ce qui régit la paternité aujourd'hui, c'est le contrat de loyauté qui relie l'enfant à son père, c'est la conscience paternelle, là où la paternité relationnelle prend le pas sur la paternité institutionnelle.
Mais le bien-fondé d'une paternité relationnelle fait défaut, dans la mesure où les valeurs, l'éthique, susceptibles de la légitimer manquent. Elles sont à créer ou, plutôt, elles surgissent des cendres de modèles qui ont fait leur temps, dans une société qui n'en demeure pas moins toujours à domination masculine. Le lien à l'enfant demeure symbole maternel, alors même qu'il devient moyen et manière d'être père. Ce lien est loin d'être encouragé dans sa nouvelle dimension. Rares sont les endroits qui reconnaissent la place du père dans ce sens. » (pp. 33-34)
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4. « La différence entre le bourgeois du XIXe siècle et l'homme moderne s'est précisée et renforcée. Le premier refusait de "paraître" : les "caprices de la mode" étaient "bons pour les femmes qui ne se définissaient pas par le travail. L'homme du XIXe siècle était attaché aux valeurs dominantes qu'étaient le travail, l'épargne, la production, la sobriété." [Paul Yonnet, 1985]
[…]
Au-delà donc de l'affirmation traditionnelle par le travail et des valeurs associées à la montée du capitalisme, les nouveaux hédonistes se centrent sur eux-mêmes. Les modèles culturels qu'ils proposent intègrent la recherche d'affirmation de soi par les loisirs, le plaisir, le jeu, l'humour, le risque, la culture de l'éphémère (avec la satisfaction du plaisir immédiat). Qu'ils se détachent des modèles classiques de la masculinité n'empêche pas que la recherche d'affirmation de la virilité soit constamment présente dans les rapports au corps, au look, à soi, aux modes de vie. Mais, pour les nouveaux hédonistes, l'affirmation positive passe d'abord et en règle générale par la satisfaction de désirs dans le registre de la consommation. » (p. 73)
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