Christophe Chabouté

Chabouté est un auteur que je suis depuis mes débuts de lecture en matière de bande dessinée. C'est un auteur qui a su gagner en profondeur et en maturité au fil de ses œuvres que j'ai régulièrement acquises.



Le point d'orgue aura sans doute été son œuvre « tout seul » en 2008 qui m'avait énormément marqué pour son côté mutique mais tellement lourd de sens. Pour autant, j'ai un peu laissé tomber ces dernières années sans doute happer par d'autres auteurs d'une résolution plus moderne. Par la suite, l'auteur avait poursuivi dans diverses productions sentant un peu le réchauffé mais sans connaître le génie de tout seul.



Et puis, il y a eu la sortie de « Musée » en mars 2023 avec le succès qu'on lui connaît. Je n'ai pas réussi à emprunter cette BD à ma médiathèque tant il y avait des réservations dessus. Une fois n'est pas coutume, j'ai directement acquis celle-ci en me basant sur mon expérience passée ainsi que sur vos avis pour la plupart dithyrambiques.



On peut dire que « Musée » renoue avec « Tout seul » dans l'esprit avec cependant des dialogues qui vont apparaître assez tardivement. Il est encore question d'images contemplatives ayant pour cadre le musée d'Orsay dont j'avais gardé un très bon souvenir de mes 20 ans. J'ai adoré la réplique sur la Joconde qui se trouve au Musée du Louvre, celui dont tout le monde se focalise. Cette ancienne gare transformée en musée vaut le coup d’œil.



Là encore, il y a beaucoup d'images parfois répétitives mais les dialogues souvent anodins cachent en réalité une certaine réflexion sur le comportement des uns et des autres et surtout le regard que les visiteurs peuvent avoir sur l'art en général. C'est assez juste dans le ton.



Je regrette juste l'emprunt d'une idée que Jean Dytar avait abondamment exploité dans « les tableaux de l'ombre » quelques années plus tôt en 2019 à savoir l'animation des personnages de ces œuvres du Louvre qui sortent la nuit à l'abri des regards tel des fantômes. Bref, l'idée n'est pas originale car reprise. Mais bon, passons car le charme opère quand même !



A noter que la couverture nous montre un célèbre tableau mais il n'en sera point question car on se consacrera sur d'autres œuvres artistiques sans doute moins emblématiques à l'exception de l'auto-portrait de Rembrandt. Pour autant, les véritables acteurs seront des personnages plutôt secondaires.



Bref, je ne regrette pas mon achat qui m'a permis de retrouver un auteur de talent non seulement part le dessin mais par la mise en scène véritablement sublime qui rend la lecture assez agréable. En conclusion, on a droit à un véritable hommage rendu au musée d'Orsay mais sans le côté pédagogique de rigueur ou l'approche culturelle assez rébarbative. Un exploit en somme !

Un dernier tome décevant avec une fin relativement classique et trop gentille pour moi.

Même si la dernière case me questionne.

Ça se lit toujours aussi rapidement. Par contre c'est bien moins glauque que le premier tome.

Dommage justement que l'histoire ne soit pas restée sur le même ton.

Un tome deux qui se lit toujours aussi rapidement et facilement.

Je trouve l'histoire surprenante et bien menée.

Maintenant que va-t-il se passer pour ce bougre de Benjamin qui n'est quand même pas un ange ? Va-t-il prendre l'ascenseur vers le bas ou celui vers le haut ?

C'est une histoire vraiment glauque. Le personnage s'enfonce petit à petit dans la misère la plus totale. Rien ne lui est épargné et je trouve que c'est un peu trop justement.

Je me demande comment vont se passer les deux prochains tomes vu la fin du premier.

Avril 1913, la goélette "la Marie-Jeanne" et ses 28 hommes d'équipage arrivent enfin au large de Terre-Neuve, sur les lieux de pêche. Louis Mannot, le novice, va goûter à la dure vie de matelot.



Dans un brouillard inquiétant, pas de morue, les chaloupes reviennent à vide. Dans ce milieu bouffé par les légendes de mers, le machisme, les sales ambitions individuelles, la religion où l'exploitation des marins pêcheurs atteint des sommets de la "guerre de classe", les questions se posent : Est-ce le petit novice qui porte la poisse ? 



Quand des meurtres déciment peu à peu l'équipage, la tension monte encore.



Avec un trait rugueux, grave, un noir et blanc expressif, Chabouté dessine remarquablement le milieu de la pêche en haute mer de cette époque sur les Terre neuvas, la dureté des conditions de vie et de travail épouvantables, ses dangers, ses traditions, la morgue des patrons...



On vit le froid, la faim, la peur, l'humiliation des anciens, et aussi la révolte, la fin d'un monde qui navigue encore à la voile... 



C'est donc un très beau roman graphique qui nous remet en mémoire la vie de ces forçats de la mer !

Le tome 2 est aussi bon que le tome 1. Toujours ce noir et blanc qui nous plonge dans la folie du capitaine Achab pour Moby Dick.

Et toujours ces planches sans bulle qui nous imergent encore plus sur ce qu'il se passe devant nos yeux.

Un petit reproche par rapport aux visages des personnages qui ont tendance à tous se ressembler.

Je n'ai jamais lu le roman "Moby Dick" donc je ne saurais dire si ce roman graphique est fidèle au livre.

En tout cas le récit est prenant et les dessins en noir et blanc rendent vraiment bien.

J'ai apprécié ces planches sans bulle qui donnent une force au récit.

Un superbe premier tome qui donne envie de lire le roman.

Chabouté nous amène au musée d'Orsay pour une visite particulière et pleine d'humour. Pendant la journée, nous suivons les visiteurs et observons comment chacun appréhende l'art et les réactions face aux oeuvres d'art. Et la nuit, le musée s'ouvre aux oeuvres elles-mêmes, elles deviennent vivantes ! Et là elles se questionnent sur notre mode de vie, nos habitudes ... C'est drôle, émouvant parfois. Une belle réflexion sur l'art et une façon différente de voir certaines oeuvres. Seul bémol : il manque en fin de volume la liste des œuvres.

Cette bande dessinée est constituée de quinze saynètes du genre fantastique, un des thèmes préférés de l’auteur. Le titre donné à son ouvrage n’est pas usurpé puisque la sorcellerie sera déclinée sous toutes ses formes, au fil des pages, et il y en aura pour tous les goûts : malédictions, sortilèges démoniaques, rites vaudous ou sataniques, envoûtements, poisons, et bien d’autres encore... de quoi rester pantois devant les incroyables capacités de nuisance et le machiavélisme de l’âme humaine dans ses plus sombres desseins.



Christophe Chabouté possède un talent incomparable pour créer ses personnages, au point de leur donner vie, à la faveur d’un superbe graphisme. Peu de texte dans son ouvrage puisque l’essentiel des messages qu’il souhaite faire passer se retrouve dans les dessins. Maître incontesté dans l’art de l’illustration, il réussit à reproduire, le plus fidèlement possible et avec force détails, l’intensité des émotions que l’on peut lire sur le faciès de chacune de ses caricatures. Les planches de l’album dessinées en noir et blanc rajoutent encore plus de mystères autour de cet univers maléfique qui nous entraîne, comme au Moyen-Age, dans une véritable chasse aux sorcières.

Lu en 2020. Un album au graphisme vraiment impressionnant. Des planches saisissantes de réalisme et de beauté !

L'on ne quitte pas d'une semelle le personnage, luttant et espérant inexorablement avec lui, à bout de forces, au coeur d'une nature aussi majestueuse qu'hostile...

Nous, banlieusards et parisiens, amoureux de l’art, connaissons le Musée d’Orsay. Inauguré en 1987, ce Musée consacré aux œuvres du 19ème siècle a rencontré son public au-delà des espérances de ses concepteurs. Alors, au moment où l’on fête les 150 ans de l’impressionnisme, orchestré justement par le Musée d’Orsay sur toute la France, il semblait important de présenter ce magnifique roman graphique, Musée, de Christophe Chabouté.



Les millions de visiteurs annuels admirent les œuvres chacun à sa manière. Christophe Chabouté les dessine avec beaucoup de justesse. On s’y reconnaîtra à certains moments.

Seulement, le dessinateur imagine qu’à la nuit tombée, ce sont les personnages des tableaux et les statues qui se mettent à nous regarder. Olympia a quitté sa couche. Berthe Morisot séduit le visiteur du soir. Une statue grecque se découvre des problèmes d’identité. Du haut de l’horloge gigantesque, les différentes statues découvrent notre monde.



La confrontation regardeurs regardés est complètement savoureuse, jusqu’à ne plus savoir qui est qui. L’humour et la poésie sont omniprésents. De plus dans ce roman graphique, il y a très peu de textes mais le dessin en noir et blanc, délicat, est si explicite que la lecture est très agréable.



Gratifié du prix Alph Art d’Angoulême en 1999, Christophe Chabouté n’a cessé de se faire remarquer dans le monde de la bande dessinée. Ici, avec Musée, il confronte les visiteurs et les œuvres. Un beau livre à découvrir sans modération et à garder pour réviser ses classiques !
Lien : https://vagabondageautourdes..

Chabouté va définitivement devenir un de mes auteurs favoris tant ses œuvres sont si juste à chaque fois. Ce jeune homme incompris, reclus, qui s'ouvre peu à peu au monde parce qu'un marin a décidé de s'intéresser à lui, c'est bouleversant. Emotions pures et brutes, innocence de cet homme qui découvre le monde inconnu, un monde au delà de son phare. Absolument incroyable.

Quand un petit fonctionnaire raciste et pas très sympathique sort une nuit de pleine lune pour aller porter une lettre, il ne se doute pas qu'il va connaître une longue chute dans un enfer bien terrestre.

Road Movie rythmé, haletant, nous suivons avec un plaisir mauvais les déboires de cet anti-héros absolument détestable et parfaitement rendu par un Chabouté qui utilise tout son savoir-faire.

Le dessin est très caractéristique de son style et tient parfaitement la route.

Il est décidément très fort ce Chabouté!

Une histoire dont je n'avais pas vu venir la fin, surprenante et appréciable. C'est cru, c'est parfois violent et bourru mais c'est complètement immersif et addictif. Les dessins se prêtent parfaitement à l'histoire et l'on s'attache à ce mystérieux nouveau marin ainsi qu'au plus âgé, rêvant de percer les mystères qui se dévoilent petit à petit sur le bateau. Très belle lecture !

Des petites anecdotes qui se suivent et ne se ressemblent pas … un cirque ambulant qui traînent ces personnages hors du commun … une drôle de vache … un hôtel perdu au bout de rien avec son chat … un huissier transformé en Lucifer … une poupée qui tombe … un breuvage qui n’était pas un philtre d’amour … le café ou la soupe … à vous de choisir au milieu de ces quinze histoires à l’humour noir qui déclinent le thème de la sorcellerie dans la campagne profonde.

On y croise beaucoup de haine, de bêtise, de violence, de frustration, de souhait de vengeance, toujours avec un pied de nez final.

Le trait épais, noir et profond accompagne chaque caricature avec talent donnant à chacun des personnages une vraie profondeur et fait ressortir les caractères de chacun, les visages sont durs, chahutés par une vie difficile.

Le texte est minimum, point besoin de bavardages quand Chabouté fait tout passer par le regard et les silences.

Reste à chercher la morale de chacune de ces scènettes … par exemple … méfions nous du peigne … comment redonner le moral à quelqu’un avec un jeu de cartes …

Cette BD contient peu de bulles et pas de couleurs. Curieux, peut-être, pour parler de la vie au musée d'Orsay.

Et pourtant, à aucun moment ce n'est gênant. Cette BD est un régal d'humour, de délicatesse, de sensibilité. Il y a des pages émouvantes, d' autres sont plus grinçantes, toutes font preuve d'une très belle sensibilité.

A lire et relire !

Ça commence avec un ciel déchiré… les oiseaux occupent le ciel … nous sommes au cimetière … « chère Mathilde, que ton âme repose en paix ».

Puis nous rencontrons Zoé qui après dix ans passés derrière des murs se retrouve dehors … enfin … le désir d’aller loin de la ville … alors ce sera « La Goule » … village paumé loin de tout et au milieu de rien.

Nous accompagnons Zoé dans ce n’importe où, on ne se situe pas dans le temps, tout est figé, englué dans qui pourrait être le passé mais aussi l’avenir avec des personnages sortis de l’imagination de Chabouté et toutefois bien réels, on pourrait les croiser demain dans un de ces lieux perdus.

Zoé, tout comme nous lecteurs, sommes étrangers à leur monde et nous représentons le danger.

Les croquis tout en noir et blanc créent une ambiance qui devient vite de plus en plus effrayante et qui petit à petit nous enferme dans un silence complice.

Du grand art en peu de pages.

Bienvenue au musée d'Orsay.

Vous y verrez des statues, des tableaux mais aussi et surtout des gens, des gens de toutes sortes : des enfants en visite avec leur classe, des touristes du monde entier, des retraités, des flâneurs, des curieux, des étudiants en art, des spécialistes de ci ou de ça...et au bout d'un moment, on ne sait plus qui contemplent qui, est-ce que ce sont les gens qui admirent les œuvres d'art ou les œuvres qui regardent le monde défiler devant elles ?

Cette bande dessinée avec presque pas de texte est reposante et nous interroge sur l'art, sur le beau, sur le sens à donner à ces œuvres connues ou inconnues, qui nous plaisent ou non, mais qui bien souvent, nous donnent à réfléchir et créent de l'émotion.

Un roman graphique de haute facture de Christophe Chabouté, des noirs et blancs pleins, des plans cinématographiques, un scénario qu'on lit comme on regarde un court-métrage :

Il vit seul dans son phare, en haute mer, ravitaillé par un bateau toutes les deux semaines, pas de distraction, à part son poisson et son dictionnaire.

Personne ne s'est jamais occupé de ses oignons, comme on dit...

Et si, on lui demandait ? D'ailleurs, faut-il le faire ?

Qu'est ce qui se passerait ?

Le propos est simple mais dit beaucoup, en peu de phrase : la vie, ce n'est pas que des mots ! Pas plus que de simples images.

Alors, doit on s'occuper des autres ? Que déclenche la relation au monde, la solitude est elle irrémédiable ?

C'est beau, épuré, pudique, juste et très finement dessiné. bravo Chabouté !

Yellow cab

= jaune, le taxi ♪♫ ... new-yorkais. 🚖

Mais de la couleur, il n'y en a que sur la couverture, le reste de l'album est en noir & blanc.

Du Chabouté, quoi.

.

Benoit Cohen vit depuis quelques mois dans la Grande Pomme, et a envie de goûter à autre chose que la réalisation, ou plutôt de vivre une expérience 'intense' qui l'inspirerait pour un prochain scénario. Il a déjà quelques films à son actif, assez confidentiels.

Il choisit de devenir chauffeur de taxi. Il n'a pas mesuré toutes les épreuves qui l'attendent : examens, paperasses, argent à avancer...

.

Ce parcours du combattant de "l'avant" et cette expérience professionnelle

ont fait l'objet d'un récit publié chez Flammarion en 2017, lui-même adapté en BD par Chabouté en 2021.

On retrouve bien l'artiste de 'Musée' : peu de paroles, beaucoup de visages, d'expressions, de regards.

Le 'taxi driver' doit se faire discret, c'est le client qui donne le ton. Il garde ici un air neutre, limite victime, pour passer inaperçu et humble comme un "étranger" pas tout à fait bienvenu, mais bien pratique pour le sale boulot :

« En arrivant ici, j'ai senti le besoin d'autre chose.

Je me suis retrouvé dans une nouvelle position. Celle de l'immigrant.

Un immigrant aisé, certes, mais j'ai expérimenté la situation d'un immigrant quand même.

Ce que traverse un chauffeur de taxi étranger lorsqu'il est plongé dans la fourmilière d'une mégapole comme New York touche à l'universel.

J'ai vécu pendant ces quelques mois l'envers du décor, l'envers du rêve américain. La lutte des classes, l'immigration, le déracinement, l'endurance, l'humilité, la tolérance, l'injustice, l'exil, la peur, la violence, la solidarité, la folie, la diversité, l'abondance, la pauvreté, la beauté, l'ivresse, l'ennui, le partage, l'époustouflante vitalité de cette ville. »

.

Une telle immersion est admirable, mais ça reste différent lorsque, comme lui, on peut dire 'Stop, pouce, je ne joue plus', pour s'extraire à tout moment, parce qu'on a encore de la famille et un point de chute confortable dans son pays d'origine.

.

Pour en revenir à Chabouté, je n'ai hélas jamais retrouvé la grâce et la puissance de 'Tout seul'.