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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1953
Mort(e) à : Saint-Louis du Sénégal , le 15/04/2013
Biographie :

Christophe Magny a débuté dans la musique comme guitariste dans les années 70 au sein du groupe Gwendal. Dans les années 80, embauché par CBS, il s'est consacré à la promotion d'artistes comme Franck Zappa ou les Clash. Il va ensuite prendre la direction du label indépendant Chrysalis jusqu'en 1991. Cette date marque son entrée en écriture : articles pour Mondomix, traductions de l'anglais. Il s'est suicidé le 15/04/2013.

Source : http://www.rewmi.com/christophe-magny-le-musicien-francais-qui-s-est-suicide-a-saint-louis_a77182.ht
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation

Depuis mon entrée dans la Réserve, la lenteur dans les gestes, les paroles, l'écoute, les réactions des Navajos ne cesse de me frapper. J'ai pu le constater dès l'adolescence lors de mes premières incursions hors d'Europe : le temps des Blancs ne règne pas partout, le tempo peut décroître jusqu'à la langueur extrême des climats accablants, le rythme passer du binaire simple des Européens - réflexion, action - au ternaire complexe - réflexion, pause, action éventuelle - des cultures lentes, qui savent depuis des millénaires que les choses ne se font ni mieux ni plus vite en courant qu'en marchant, qui ne sont même pas sûres que faire soit une fin en soi. (41)
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Je dors comme une masse, réveillé à l'aurore par une migraine fulgurante. Je somnole toute la journée, hanté par le visage qu'a dessiné Albert. Comment la prier sans savoir qui elle est ? Une déesse ou une femme ? Une influence positive ou négative ? Ma mort ? Plus je m'aventure dans ce monde, plus il se révèle indéchiffrable. Les bénédictions qui m'ont été accordées ne m'attachent-elles pas davantage encore à cette terre ?
Je ne m'extrais de la torpeur que pour déjeuner avec Geena.
« Tu as été un très bon patient, digne, respectueux, attentif. J'ai été sidérée par l'effort d'Alfred pour traduire cette prière. Il ne ferait pas ça pour n'importe qui.
— La vision d'Albert me perturbe.
— Tu devrais lui en parler. Malgré son jeune âge, c'est un « hand-trembler » (1) renommé. C'est lui – et Stanley, son père – que Roger avait consulté peu avant de mourir. »
p. 191
(1) « Hand Trembler » est l’émergence d’un homme à travers les rituels indigènes alors qu’il voyage à travers les mondes souterrains mythiques des Navajos. Les “Trembleurs de Mains Réels”, bien que peu existent encore aujourd’hui, vivent sur la réserve Navajo et ils accomplissent toujours leur art antique de la “divination” : trouver la cause de la maladie, les objets perdus et même les personnes disparues. Un « hand-trembler » peut développer l’art particulier qui implique le "shape-shifting"*. Cette habileté dangereuse peu laisser coincé entre les mondes “visités”, tout en étant également poursuivit par une hostilité extra-sensorielle brutale. (le transcripteur)
* (métamorphose)
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LA QUATRIÈME NUIT
« Quand les avions ont détruit le World Trade Center, j'ai aussitôt pensé à toi, je savais que tu devais venir. Mais tu es protégé, tu as bonne mine.
— Je n'ai pas souvenir de m'être senti aussi bien ces vingt dernières années. Je sais désormais où je me tiens. Auparavant, je disais à un Navajo que j'allais au Canyon de Chelly, en pointant la direction. Il riait, car je me trompais. Maintenant je pointe juste, sans même réfléchir. C'est sans doute parce que je prie les Vents des quatre directions. Je suis en train de devenir un être humain. »
Elle rit, les yeux pleins de tendresse. Rainbow me relate la venue des Yeyis à Black Rock, au détail près telle que l'avait dépeinte Roger.
p. 202
* Yei / Yei Be Chei (Peuple Saint)
http://versautrechose.fr/portofolio/wp-content/uploads/2015/12/100_1793.jpg
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« La voie de la nuit » - “Cérémonies de guérison des Indiens Navajo” - Éditions
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La nostalgie m'est étrangère, comme je me sens étranger au monde dit civilisé. Je ne crois pas à un paradis perdu. Je nous sais incapables de renouer les liens avec les forces élémentaires autrement que sous la contrainte croissante qu'elles exercent : la sélection naturelle abolie, survient la surpopulation et sa conséquence première, la destruction de l'environnement, accrue par le gaspillage effréné auquel nous nous livrons. Devant la surpopulation, les régulateurs démographiques traditionnels viennent s'ajouter au sinistre écologique : épidémies, guerres, famine, catastrophes plus ou moins naturelles. La planète se défend, elle peut d'autant moins nourrir six, douze, vingt milliards d'habitants qu'une minorité accapare les richesses. La surpopulation est telle que les mécanismes régulateurs s'amplifieront jusqu'à nous obliger à un changement de mode de vie, que nous sommes incapables de mettre en œuvre de notre propre chef. Non contents de négliger nos devoirs envers la Terre, nous en avons fait notre poubelle au nom de la plus grande stupidité idéologico-philosophique inventée par l'humanité, qui n'en a pas été avare : le contrôle de la nature par l'homme. Si la notion de crime contre la planète est un jour reconnue par le droit international, on se bousculera dans les tribunaux.
p. 73
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Mon grand-père professait que les non-Indiens ne doivent pas voir les peintures. Je ne peux pas m'opposer à sa volonté. J'ai entrepris mon apprentissage avec lui, quand j'étais dans la police. Je passais deux ou trois heures sous le hogan et j'allais travailler le lendemain. Il m'a fallu douze ans pour apprendre. Il en faudra encore dix à Albert pour le Chant de la Nuit. »
Dans la cuisine, il prépare une infusion. « Ça ne doit pas bouillir. Mon grand-père m'a enseigné les vertus de cette plante, je suis le seul à la connaître. Tu vois, on ne la coupe pas, on ne l'émiette pas, on doit l'utiliser entière. » Il en puise une tasse avant de verser dans un pot le reste du contenu de la casserole. « Tu le boiras avant ce soir, pas dans un récipient de métal. »
La tisane est amère, il en prend une gorgée. Nous réglons les affaires d'argent. « Je ne peux pas fixer de tarif, c'est toi qui décides selon l'importance que tu attaches à la cérémonie. »
p. 185
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L'HOMME
Les Navajos veillent leurs morts quatre jours et quatre nuits afin de les protéger des attaques des “loups-garous”. La famille, à cheval, pourchasse l'enfant sorcier, lance contre lui ses chiens qui le mordent à l'épaule. Il parvient à rallier la grotte grâce à ses mocassins. Les autres sorciers sont apeurés : si l'un d'eux est blessé, leur pouvoir collectif décroît. Ils pratiquent une cérémonie pour guérir le blessé et recouvrer leur pouvoir. Au matin l'enfant rentre chez lui et rapporte l'affaire à sa grand-mère. Elle lui interdit de revoir son grand-père. »
Roger Henderson était un brillant conteur, je ne rends guère justice à son talent en omettant de nombreux détails, et cet art qu'il avait de tourner autour de son sujet pour mieux y revenir.Encore une fois, je ne veux retranscrire que ce dont je me souviens avec certitude. Encore une fois, je ne veux retranscrire que ce dont je me souviens avec certitude.
p. 117
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Une dame d'une cinquantaine d'années est assise à côté de moi, vêtue selon la tradition, les cheveux gris courts. Elle connaît tous les chants. « Tu viens de Paris ? questionne-t-elle pendant une pause. — Oui. —Tu aimes le pays navajo. — Oui, j'étais là en octobre, pour Yeibichei, et en avril précédent. — Et tu passes l'hiver et l'été chez toi. »
Avant que j'aie le temps de répondre, la litanie reprend. Elle a dit “chez toi”. Où se tient ce chez-moi ? Paris est le siège de ma vie matérielle, mais mon âme, j'en ai la soudaine certitude, habite ici à demeure. Cette schizophrénie géographique ne risque-t-elle pas de mettre en péril la santé de mon corps, voire celle de mon âme ?
Perturbé par ces pensées autour desquelles je rôde depuis des mois et que cette conversation vient de cristalliser, je perds le fil de la cérémonie. Une bourse de pollen circule, il est cinq heures du matin.
p. 177
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LA VOIE DE LA BÉNÉDICTION
« Qu'ont pensé les Navajos des hippies ? — C'était une mode, répond Rainbow, les Blancs qui jouaient aux Indiens. Des Navajos sont même revenus de ...
Californie habillés en hippies... Des Indiens qui jouaient aux Blancs qui jouaient aux Indiens !
— Nous ne savions pas qui nous étions en ce temps-là, ajoute Alita. Moi, quand j'étais enfant, je regardais les westerns à la télévision, et j'étais pour les cow-boys... Francine, elle, supporte les Dallas Cowboys. »
Francine est la dame qui nous reçoit dans son mobile home pour déjeuner, Rainbow, Alita, Michelle et moi. Elle m'interroge : « Quelle est la principale religion en France ? — Le christianisme, surtout des catholiques. Il y a aussi des musulmans, des juifs, des bouddhistes, des hindouistes. Et un type, un seul, un peu fêlé, qui s'efforce de suivre la voie navajo. »
p. 180/81
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Il me tend une cigarette : "Tu vas souffler la fumée vers la Terre, qui est ta mère. Vers le Ciel, qui est ton père. Vers le Soleil et la Lune, qui sont ton oncle et ta tante. Vers l'est, d'où vient la lumière, pour t'assurer la protection du Peuple-serpent. Vers le sud, d'où vient la chaleur, pour t'assurer la protection du Peuple-éclair. Vers l'ouest, d'où vient l'obscurité, pour t'assurer la protection du Peuple-coyote. Vers le nord, d'où vient le froid, pour t'assurer la protection du Peuple-ours. Tu souffleras la fumée ici - il montre son attaché-case - pour t'assurer la protection de mes instruments. Tu souffleras la fumée sur toi, des pieds à la tête, pour que ces bénédictions t'accompagnent." (187)
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LA VOIE DE LA BÉNÉDICTION
Je m'éveille glacé de l'intérieur. Le ciel est le seul élément dégagé. Le vent d'ouest, impérieux, est venu à bout des nuages. J'écris la cérémonie en me demandant pourquoi j'écris. Cette nuit, plus d'une fois me sont revenues à l'esprit des phrases décrivant Yeibichei. Si la séparation dans l'espace de mon âme et de mon corps me met en danger, cette intrication entre ce que je vis et ce que j'écris ne peut qu'accroître la confusion. J'ai mal à la gorge depuis mon arrivée, cela ne fait qu'empirer au point que mes oreilles sont bouchées. Seule solution apparente : aller voir monsieur Yazzie comme un patient et, s'il accepte, lui ouvrir mon cœur.
p. 179
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