Le récit, dans sa narration de DINEHTAH(1), est sobre et il s'en dégage dans son essentialité une impression de fraîcheur à la lecture.
Témoignage émouvant d'un européen qui découvre l'art traditionnel du “mandala de sable” chez les Athabascans*, dans un pavillon du parc culturel parisien de la Villette, en février 1996.
Hé oui ! Il n'y a pas que les Tibétains qui excellent dans ce “savoir de l'esprit”, et d'ailleurs Christophe Magny ne leur exprime pas à ce sujet (page 11, voir “citations”), à proprement parler des compliments ! Et je dois dire, à “l'usage” de ladite tradition, que bien des représentants institutionnels en sont assez indignes, ce que d'ailleurs le plus connu d'entre eux, soit Le Dalaï-lama, reconnaît assez volontiers aujourd'hui dans ses dernières prises de positions publiques … mais c'est un autre sujet.
Le narrateur, dans ses premières visites en pays navajo, a été durablement impressionné par le complet décalage d'avec notre “civilisation moderne” du temporel de l'existence ne couvrant pas du tout la même notion.
Au détour d'une des descriptions toujours vivantes du livre, en particulier de la vie quotidienne, il égratigne les “écologistes intégristes”, qui en fin de compte ne font que leur compliquer sérieusement une vie qui est déjà très rustique et rude !
Il rappelle anecdotiquement le rôle stratégique vital des Code Talkers qui ont eu une influence décisive dans la guerre du Pacifique, et avec ironie, il souligne la gratitude en retour des États-Unis, un grand classique du genre !
Parfois l'auteur gronde, “thunderheart” qui résonne au fil de certaines pages ! L'humanité ne se fourvoie-t-elle pas depuis le « Néolithique final », soit le développement et la généralisation de la métallurgie du bronze(2), dans ses excès en tous genres ?
Christophe Magny nous introduit dans une autre dimension de l'Homme, avec un esprit neuf, ouvert et attentif. le rendu des cérémonies, de leurs sens, sont d'un grand intérêt dans les réflexions posées, comme la notion de « beauté harmonieuse » à expérimenter, vivre, et son contraire le chaos des laideurs. Parfois ce qui nous est conté est certes un peu déroutant si l'on ne se transporte pas dans une certaine forme de sens plus subtil que ceux qui nous habitent d'ordinaire dans nos vies d'occidental. D'ailleurs se pose pour lui le questionnement d'une compatibilité viable entre sa culture d'origine et ce qu'il vit en pays Navajos.
Quoi qu'il en soit, il nous livre en conclusion que lorsqu'une personne vit ce qu'il a vécu à "Dinehtah", non seulement son regard sur cette Vie se modifie, mais plus encore elle n'est plus tout à fait la même personne, il y a métamorphose.
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(1) — En langue Navajo*, le mot "Dinehtah" signifie "parmi le peuple" ou "parmi le Navajo" (Dine'é est le mot Navajo qui désigne le peuple Navajo ; il signifie également "peuple" au sens générique; -tah signifie " parmi, à travers, dans le domaine de...").
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* Athabascans, les Dineh (peuples). Ils furent dénommés péjorativement "navajo" par les colons espagnols au XVIIIe, ce terme signifiant "ceux qui ont des couteaux", en référence à ces tribus qui coupaient les liens qui attachaient les chevaux des envahisseurs, se les appropriant.
Navajos (ou « Dineh » dans la langue navajo, « Le Peuple » en français.)
Les Dineh arrivent en Alaska en provenance d'Asie. Les Dineh se divisent en quatre groupes majeurs : les Eyaks, les Haïdas, les Tlingits et les Athabaskans. Il y a une forte probabilité d'une relation avec les langues sino-tibétaines.
La famille est matrilinéaire, qui est un système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela signifie que la transmission, par héritage, de la propriété, des noms de famille et titres passe par le lignage féminin.
(2) —
https://www.babelio.com/livres/Lehorff-Par-les-armes/1043202/critiques/1663428
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