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EAN : 9782753803299
219 pages
Les Editions du Rocher (18/09/2008)
4/5   2 notes
Résumé :

Récit de voyage, parcours initiatique, découverte de la civilisation, des croyances, des cérémonies de guérison, mais aussi de l'existence quotidienne des Indiens Navajo d'Arizona, La Voie de la nuit est tout cela à la fois.

Après une rencontre fortuite avec les Navajo à Paris, Christophe Magny voyage à de nombreuses reprises en pays navajo, pour y retrouver les deux femmes remarquables qui l'ont adopté comme un fils. Loin de considérer ses hô... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le récit, dans sa narration de DINEHTAH(1), est sobre et il s'en dégage dans son essentialité une impression de fraîcheur à la lecture.
Témoignage émouvant d'un européen qui découvre l'art traditionnel du “mandala de sable” chez les Athabascans*, dans un pavillon du parc culturel parisien de la Villette, en février 1996.
Hé oui ! Il n'y a pas que les Tibétains qui excellent dans ce “savoir de l'esprit”, et d'ailleurs Christophe Magny ne leur exprime pas à ce sujet (page 11, voir “citations”), à proprement parler des compliments ! Et je dois dire, à “l'usage” de ladite tradition, que bien des représentants institutionnels en sont assez indignes, ce que d'ailleurs le plus connu d'entre eux, soit Le Dalaï-lama, reconnaît assez volontiers aujourd'hui dans ses dernières prises de positions publiques … mais c'est un autre sujet.
Le narrateur, dans ses premières visites en pays navajo, a été durablement impressionné par le complet décalage d'avec notre “civilisation moderne” du temporel de l'existence ne couvrant pas du tout la même notion.
Au détour d'une des descriptions toujours vivantes du livre, en particulier de la vie quotidienne, il égratigne les “écologistes intégristes”, qui en fin de compte ne font que leur compliquer sérieusement une vie qui est déjà très rustique et rude !
Il rappelle anecdotiquement le rôle stratégique vital des Code Talkers qui ont eu une influence décisive dans la guerre du Pacifique, et avec ironie, il souligne la gratitude en retour des États-Unis, un grand classique du genre !
Parfois l'auteur gronde, “thunderheart” qui résonne au fil de certaines pages ! L'humanité ne se fourvoie-t-elle pas depuis le « Néolithique final », soit le développement et la généralisation de la métallurgie du bronze(2), dans ses excès en tous genres ?
Christophe Magny nous introduit dans une autre dimension de l'Homme, avec un esprit neuf, ouvert et attentif. le rendu des cérémonies, de leurs sens, sont d'un grand intérêt dans les réflexions posées, comme la notion de « beauté harmonieuse » à expérimenter, vivre, et son contraire le chaos des laideurs. Parfois ce qui nous est conté est certes un peu déroutant si l'on ne se transporte pas dans une certaine forme de sens plus subtil que ceux qui nous habitent d'ordinaire dans nos vies d'occidental. D'ailleurs se pose pour lui le questionnement d'une compatibilité viable entre sa culture d'origine et ce qu'il vit en pays Navajos.
Quoi qu'il en soit, il nous livre en conclusion que lorsqu'une personne vit ce qu'il a vécu à "Dinehtah", non seulement son regard sur cette Vie se modifie, mais plus encore elle n'est plus tout à fait la même personne, il y a métamorphose.
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(1) — En langue Navajo*, le mot "Dinehtah" signifie "parmi le peuple" ou "parmi le Navajo" (Dine'é est le mot Navajo qui désigne le peuple Navajo ; il signifie également "peuple" au sens générique; -tah signifie " parmi, à travers, dans le domaine de...").
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* Athabascans, les Dineh (peuples). Ils furent dénommés péjorativement "navajo" par les colons espagnols au XVIIIe, ce terme signifiant "ceux qui ont des couteaux", en référence à ces tribus qui coupaient les liens qui attachaient les chevaux des envahisseurs, se les appropriant.
Navajos (ou « Dineh » dans la langue navajo, « Le Peuple » en français.)
Les Dineh arrivent en Alaska en provenance d'Asie. Les Dineh se divisent en quatre groupes majeurs : les Eyaks, les Haïdas, les Tlingits et les Athabaskans. Il y a une forte probabilité d'une relation avec les langues sino-tibétaines.
La famille est matrilinéaire, qui est un système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela signifie que la transmission, par héritage, de la propriété, des noms de famille et titres passe par le lignage féminin.
(2) —
https://www.babelio.com/livres/Lehorff-Par-les-armes/1043202/critiques/1663428
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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"La langue navajo compte quatre-vingts mots pour exprimer toutes les nuances de couleur et de texture du grès." (160)

Voilà qui va permettre de renouveler la fameuse répartie sur les inuits et leur cinquantaine de mots pour désigner la neige !

"En pays Navajo, les routes sont rectilignes sur des kilomètres, comme une invitation lancinante à la découverte. On pressent qu'elles n'ont de fin qu'au bout du monde. Peut-être leur seule fonction est-elle d'inciter le voyageur à avancer jusqu'à oublier qu'il a un but, s'il a un but. L'asphalte se fait parfois tortueux, il se perd en méandres qui escaladent montagnes et mesas pour mieux ramener le promeneur à la platitude du plateau désertique." (40)

Christophe Magny a un parcours touchant. En quête de sens, se demandant ce qu'il fait sur terre, il tente de s'inspirer de diverses traditions pour nourrir son voyage intérieur. Les voies de guérison navajos, découvertes à Paris lors d'une manifestation culturelle, vont représenter pour lui une expérience vivante et équilibrante, un tissus de liens amicaux et chaleureux – malheureusement momentanés car il a volontairement mis fin à ses jours quelques années plus tard. Savoir que son aspiration spirituelle ne s'est pas épanouie vers l'apaisement de ses abîmes intimes rend la lecture de son livre à la fois triste et intense.

Le but de la méditation et de la prière n'est pas l'expansion de la conscience mais la concentration sur le centre, le récepteur. C'est, me semble-t-il, ce qu'exprime hozhoo pour les Navajos : la nécessité de maintenir cette réceptivité, qui passe par une quête de l'harmonie avec les forces élémentaires. (70)

Immergé dans la beauté du crépuscule, je parviens sans y penser à formuler simplement l'idée de l'énergie et du récepteur : plus on capte la beauté, plus on s'emplit de beauté ; plus on s'emplit de beauté, mieux on capte la beauté. (123)

Avec lui, on pénètre et on s'assoit sous le hogan, au centre. Dans ce pays d'horizon, de lumière et de neige "où les paysages se modifient selon l'heure et le temps", les pistes sont incertaines, les chemins sans indications, les conduites nocturnes à faire frissonner. La collision avec une vache ou un cheval est toujours possible. L'égarement encore plus. Se fiant à ses liens fraternels et à ses soutiens, tentant l'immersion à l'aide de ses seules intuitions et capacités à sentir, évacuant la raison, l'auteur s'en sort plutôt bien. Il prend naturellement le pli de parler en termes d'est, de sud, d'ouest et de nord, comme dans les romans de Tony Hillerman. Trouve les lieux de cérémonie. Laisse la beauté l'emplir et accomplit les gestes de bénédiction. Il revient de ses voyages l'âme unie au corps, ayant retrouvé le sentiment de savoir où il se trouve.

"En lui confiant mon sentiment persistant de n'être pas parti, je m'interroge : cette évaporation des mois passés n'est-elle pas le signe de mon adhésion à la conception navajo du temps ? Ce qui compte, c'est de se retrouver, pas de mesurer le temps évanoui depuis la dernière rencontre. Puisque nous sommes réunis, nous n'avons jamais été séparés." (172)


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Je dors comme une masse, réveillé à l'aurore par une migraine fulgurante. Je somnole toute la journée, hanté par le visage qu'a dessiné Albert. Comment la prier sans savoir qui elle est ? Une déesse ou une femme ? Une influence positive ou négative ? Ma mort ? Plus je m'aventure dans ce monde, plus il se révèle indéchiffrable. Les bénédictions qui m'ont été accordées ne m'attachent-elles pas davantage encore à cette terre ?
Je ne m'extrais de la torpeur que pour déjeuner avec Geena.
« Tu as été un très bon patient, digne, respectueux, attentif. J'ai été sidérée par l'effort d'Alfred pour traduire cette prière. Il ne ferait pas ça pour n'importe qui.
— La vision d'Albert me perturbe.
— Tu devrais lui en parler. Malgré son jeune âge, c'est un « hand-trembler » (1) renommé. C'est lui – et Stanley, son père – que Roger avait consulté peu avant de mourir. »
p. 191
(1) « Hand Trembler » est l’émergence d’un homme à travers les rituels indigènes alors qu’il voyage à travers les mondes souterrains mythiques des Navajos. Les “Trembleurs de Mains Réels”, bien que peu existent encore aujourd’hui, vivent sur la réserve Navajo et ils accomplissent toujours leur art antique de la “divination” : trouver la cause de la maladie, les objets perdus et même les personnes disparues. Un « hand-trembler » peut développer l’art particulier qui implique le "shape-shifting"*. Cette habileté dangereuse peu laisser coincé entre les mondes “visités”, tout en étant également poursuivit par une hostilité extra-sensorielle brutale. (le transcripteur)
* (métamorphose)
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LA QUATRIÈME NUIT
« Quand les avions ont détruit le World Trade Center, j'ai aussitôt pensé à toi, je savais que tu devais venir. Mais tu es protégé, tu as bonne mine.
— Je n'ai pas souvenir de m'être senti aussi bien ces vingt dernières années. Je sais désormais où je me tiens. Auparavant, je disais à un Navajo que j'allais au Canyon de Chelly, en pointant la direction. Il riait, car je me trompais. Maintenant je pointe juste, sans même réfléchir. C'est sans doute parce que je prie les Vents des quatre directions. Je suis en train de devenir un être humain. »
Elle rit, les yeux pleins de tendresse. Rainbow me relate la venue des Yeyis à Black Rock, au détail près telle que l'avait dépeinte Roger.
p. 202
* Yei / Yei Be Chei (Peuple Saint)
http://versautrechose.fr/portofolio/wp-content/uploads/2015/12/100_1793.jpg
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« La voie de la nuit » - “Cérémonies de guérison des Indiens Navajo” - Éditions
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Depuis mon entrée dans la Réserve, la lenteur dans les gestes, les paroles, l'écoute, les réactions des Navajos ne cesse de me frapper. J'ai pu le constater dès l'adolescence lors de mes premières incursions hors d'Europe : le temps des Blancs ne règne pas partout, le tempo peut décroître jusqu'à la langueur extrême des climats accablants, le rythme passer du binaire simple des Européens - réflexion, action - au ternaire complexe - réflexion, pause, action éventuelle - des cultures lentes, qui savent depuis des millénaires que les choses ne se font ni mieux ni plus vite en courant qu'en marchant, qui ne sont même pas sûres que faire soit une fin en soi. (41)
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La nostalgie m'est étrangère, comme je me sens étranger au monde dit civilisé. Je ne crois pas à un paradis perdu. Je nous sais incapables de renouer les liens avec les forces élémentaires autrement que sous la contrainte croissante qu'elles exercent : la sélection naturelle abolie, survient la surpopulation et sa conséquence première, la destruction de l'environnement, accrue par le gaspillage effréné auquel nous nous livrons. Devant la surpopulation, les régulateurs démographiques traditionnels viennent s'ajouter au sinistre écologique : épidémies, guerres, famine, catastrophes plus ou moins naturelles. La planète se défend, elle peut d'autant moins nourrir six, douze, vingt milliards d'habitants qu'une minorité accapare les richesses. La surpopulation est telle que les mécanismes régulateurs s'amplifieront jusqu'à nous obliger à un changement de mode de vie, que nous sommes incapables de mettre en œuvre de notre propre chef. Non contents de négliger nos devoirs envers la Terre, nous en avons fait notre poubelle au nom de la plus grande stupidité idéologico-philosophique inventée par l'humanité, qui n'en a pas été avare : le contrôle de la nature par l'homme. Si la notion de crime contre la planète est un jour reconnue par le droit international, on se bousculera dans les tribunaux.
p. 73
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Mon grand-père professait que les non-Indiens ne doivent pas voir les peintures. Je ne peux pas m'opposer à sa volonté. J'ai entrepris mon apprentissage avec lui, quand j'étais dans la police. Je passais deux ou trois heures sous le hogan et j'allais travailler le lendemain. Il m'a fallu douze ans pour apprendre. Il en faudra encore dix à Albert pour le Chant de la Nuit. »
Dans la cuisine, il prépare une infusion. « Ça ne doit pas bouillir. Mon grand-père m'a enseigné les vertus de cette plante, je suis le seul à la connaître. Tu vois, on ne la coupe pas, on ne l'émiette pas, on doit l'utiliser entière. » Il en puise une tasse avant de verser dans un pot le reste du contenu de la casserole. « Tu le boiras avant ce soir, pas dans un récipient de métal. »
La tisane est amère, il en prend une gorgée. Nous réglons les affaires d'argent. « Je ne peux pas fixer de tarif, c'est toi qui décides selon l'importance que tu attaches à la cérémonie. »
p. 185
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