Cindy Costes

J’entends ces deux femmes ricaner derrière la porte. Cette attaque a percé mon brouillard, la douleur me transperce. Comment ose-t-elle ? Gaby, mon amie depuis toujours. Gaby que j’ai passé des années à rassurer sur son physique. La colère monte, sourde, et se fraye un chemin au milieu du vide et de la douleur.

Être mère, c'est faire au mieux... Prendre les décisions que vous pensez les meilleures au moment où vous les prenez avec les éléments que vous connaissez. Souvent, il suffit d'écouter son instinct plutôt que l'avis des autres.

Les deux garçons sont en train de goûter en regardant une vidéo sur le téléphone d’Alexandre. Ils rigolent en chœur. La mère a été retenue au travail, elle ne va toutefois pas tarder à rentrer. C’est le moment idéal. Je passe chez les voisins pour atteindre le devant de la maison et d’un bond léger et gracieux, me hisse sur le rebord de la fenêtre de la cuisine.
— Miaou, miaou, miaou.
Rien, aucune réaction. J’ai pourtant pris ma voix la plus attendrissante. Celle à laquelle personne ne résiste. En des centaines d’années de carrière, c’est bien la première fois que ça m’arrive. Bien, je vais un tantinet monter le son.
— Miaou ! Miaou ! Miaou !

Encore une fois, papa n’est pas rentré à temps pour le dîner… Maman a essayé de nous faire manger à table, tous les trois. Un semblant de famille normale. Je ne sais pas pourquoi elle s’obstine ainsi tous les soirs. Comme à chaque fois, Léo a fait une crise parce que je lui ai soi-disant coupé la parole. Il ne parle quasiment jamais, mais bien sûr, selon son cinéma habituel, il allait “s’exprimer” et je l’en ai empêché. Un jour, il me reprochera de respirer.

On ne tombe pas amoureux mais on décide d’aimer quelqu’un après avoir étudié la situation sous tous les angles. Eh bien pas moi ! Même si je regrette de faire souffrir mes enfants, j’ai passé deux années merveilleuses – certes avec quelques bas – que je suis heureuse d’avoir partagées avec lui.

Chaque fête est pour moi une sorte de purgatoire de l’amitié. Je dois donner le change malgré mon mutisme absolu. À chaque invitation que je tente de refuser, mes amis balayent mes excuses bidons d’un « Ça te fera du bien de voir du monde. » accompagné de leur plus vif désir de ma présence.

Chaque histoire d’amour a de grandes chances de se finir dans la douleur, je ne suis pas naïve. De là à dire que je connaissais le dénouement de ma relation à son début, il y a un pas de géant.

Les liens que nous choisissons sont aussi puissants, voire plus, que ceux du sang.