Claire-Lise Gaillard

Avec cette histoire des petites annonces matrimoniales jusqu'aux années 1930, la chercheuse met au jour une économie sous-tendue par le patriarcat.


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Et si je vous disais que Tinder, Bumble, Meetic et tous les autres sites de rencontres n’avaient rien inventé… C’est ce que nous montre Claire-Lise Gaillard, en revenant sur l’histoire du marché de la rencontre, du XIXe au XXe siècles. Car ce qui relevait auparavant du cercle de l’intime est, à cette période, passé dans le domaine marchand.



La presse d’annonces matrimoniales, avec ses inventaires sommaires de désirs, de qualités et de niveaux financiers, existe depuis le XVIIIe siècle mais il faudra attendre encore deux siècles pour qu’elle connaisse l’essor et l’estime que lui a donné l’ère numérique. Pourtant, dès le début du XIXe siècle, se constitue un véritable marché de l’intermédiation matrimoniale. Aux travers d’affiches, de réclames, de prospectus et autres, les agences matrimoniales sont omniprésentes. À la fin du siècle, on estime que, sur vingt mariages parisiens, cinq se sont formés grâce à cet intermédiaire. Pour étudier ces mécanismes, Claire-Lise Gaillard s’interroge sur la construction du marché de la rencontre, du début du XIXe siècle jusqu’au site de rencontre, puis sur le fonctionnement de l’intermédiation et la mise en contact des futurs époux pour finalement s’intéresser aux candidats à ce marché matrimonial.



Plonger dans les rouages du marché de la rencontre, c’est faire une histoire sociale et voyager dans l’imaginaire de l’époque avec les coureurs de dots, les vieilles filles, les oies blanches et autres archétypes célibataires. Pourtant, sous ces fantasmes et ces vaudevilles, tout est mené sous le signe du secret et de la discrétion, car ce type de mariage reste mésestimé. Ce qui constitue un véritable défi pour l’historienne qui doit sans cesse s’appuyer sur des sources qui ont, sciemment, été dissimulées.



L’histoire de l’intime est un champ encore peu étudié par les historiens. Claire-Lise Gaillard est une des premières historiennes à s’intéresser au marché matrimoniale dans son ensemble et la première à y consacrer tout un ouvrage. Et elle le fait avec brio et un grand sens du détail.



À travers ce titre tapageur, qui nous rappelle bien des déboires, nous faisons un curieux voyage dans le passé aux accents si actuels. Je vous recommande ainsi de lire ce livre pour découvrir les ancêtres de nos si plébiscités sites de rencontres.

Les enjeux économiques et les dissymétries entre les genres y occupent une place centrale. Car, loin d’être superficiel, le sujet révèle la complexité de réseaux souterrains dont la principale vocation est de constituer des couples idéaux – et d’en tirer profit.
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Dans « Pas sérieux s'abstenir », l'historienne Claire-Lise Gaillard retrace les origines du marché de la rencontre, au XIXe et XXe siècle. Et nous en explique le vocabulaire.
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En étudiant les annonces matrimoniales de la Révolution française à l?entre-deux-guerres, cet essai stimulant en révèle les rapports de force.
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