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3.85/5 (sur 248 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1960
Biographie :

crédit photo pour la 3e photo : Gérald Bloncourt au salon de Chaumont d'île en île 2010

A la sortie de son DEA de littérature comparée italien-anglais, Claire Ubac tâtonne pour trouver sa voie. Elle est finalement recrutée pour être rédactrice d’un journal pour les tout-petits et devenant maman pour la première fois, elle se rapproche de l’univers des enfants. Ainsi commence un parcours d’écrivain jeunesse, au cours desquels Claire Ubac explore de nombreux genres (du conte moderne au livre pratique à destination des adolescentes), diverses tranches d’âge (des albums pour les 3 ans aux romans qui savent toucher l’enfant qui sommeille en chaque adulte) et met en histoire des notions parfois difficiles (parce que délicates ou abstraites) : le lien entre le langage et le vécu, la vision du monde de ceux qui n'osent parler, la reprise en main de son destin quand on naît dans le clan des dominé.es, le bienveillant sacré qui veille sur nous à travers l'art et la poésie...

En commençant avec l’école maternelle près de chez elle, elle découvre le plaisir de faire découvrir à des enfants dits défavorisés les ressources du langage et de la culture et elle anime depuis plusieurs ateliers d’écriture auprès de publics variés. Ses voyages nourrissent ses textes, notamment un voyage très marquant au Vietnam lui a inspiré Le Fruit du dragon, et deux séjours en Inde, le Chemin de Sarasvati. Elle lit énormément et visionne beaucoup de documentaires dont elle raffole.

Elle aime les nouveaux défis et les aventures, comme celle de jouer au théâtre une adaptation tirée de l'un de ses textes, ou répondre à une commande de série ( Lili trop stylée chez Play Bac)… Ses livres sont tellement riches et variés que c’est absolument impossible que vous n’en trouviez pas un qui vous séduise…
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Source : http://www.actusf.com
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Oskar mettait fin à la conversation avec une icône de doigt levé, l'autre une icône de tête de mort. Qui a dit qu'Internet favorisait les échanges ?
(p. 56)
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"C'est un des premiers jours de ma vie; je n'ai pas encore de nom. Ma mère me donne le sein dans la cour, à l'ombre du manguier. Ses bras se crispent autour de moi. Ma tante vient de sortir de la maison; elle fouille la cour des yeux, les paupières plissées sous le soleil cru du printemps.
Ma mère implore en pensée la déesse du Foyer: "Durga, ne la laisse pas s'approcher !"
Mais la grande femme sèche se dirige déjà vers nous. Sans se donner la peine de s'accroupir, elle crie à sa belle-sœur :
- Femme de Meyyan !
Ces mots sonnent avec dédain. Ma tante, exprès, n'appelle jamais ma mère "petite sœur", comme c'est l'usage.
- Femme de Meyyan, qu'est-ce que tu es en train de faire ?
Elle siffle entre ses dents :
- Tu sais pourtant qu'il faut la laisser mourir de faim, cette merde que tu as pondue !" (Médium/L'école des loisirs - p.11)
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- Elle voulait pas que je vienne au terrain parce qu'elle a peur des voitures, c'est pour ça ! [...]
- Ouais, c'est normal, là-bas en France ils ont des bolides, alors ils rentrent leurs enfants vite fait après l'école, sinon ils finissent tous zigouillés sous les roues !
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-Par ma verrue caca d’oie, hier, prince, tu t’es moqué de moi. Beau tu étais, corbeau tu deviendras. Pendant deux cent ans, à mon service tu seras, et tu m’enseigneras l’inélégance. Et crois-moi, tu as encore de la chance !
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Avant de connaître Saïd, Kamel et Sélim, Farid pensait que la solitude, c'est quand on n'a pas d'amis. Depuis qu'il est assailli par le Bouc, il s'aperçoit qu'il ne savait pas ce qu'est la solitude. La solitude, c'est avoir des amis tout en étant séparé d'eux. Leur parler avec l'impression que ta voix sonne faux ; bouger, jouer, rire tout en ayant l'impression de faire semblant. Te sentir honteux de les trahir parce que tu leur caches une chose importante. La solitude, c'est être malheureux sans être consolé [...]. La solitude, c'est n'avoir que des pensées menaçantes pour te tenir compagnie.
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Farid se tait et Sélim parle, envoûté à son tour par un souvenir :
- Moi, confie-t-il, c'est ma voisine du troisième. La mère Kahina, tu la verras quand tu viendras. Sa djellaba, elle l'a sortie direct de la poubelle et sa tête, on dirait une sorcière. Elle passe son temps dans l'escalier, à marmotter entre ses dents. Il lui en reste six dans la bouche... et encore, sur les six, il y en a au moins quatre noires. Elle était devenue mon cauchemar, je croyais qu'elle jetait des sorts, avec ces mots en kabyle que je ne comprenais pas...
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"Et soudain, chaque matin, je me retrouve dans le noir, plongée dans l'émerveillement! Certains films sont en tamoul, d'autres en hindi. Pour la première fois, j'entends d'autres femmes parler la langue de ma mère. Et quelles femmes! Toutes des beautés, en sari de soie aux couleurs exquises, subtilement maquillées, couvertes de bijoux étincelants. Elles chantent et dansent à ravir - de façon souvent provocante, il faut l'avouer - et séduisent des hommes taillés dans la même étoffe de lumière. J'en ai le souffle coupé! (Médium/L'école des loisirs - p.91)
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La « chose sans nom » que je suis survit ainsi pendant cinq semaines. C’est le père qui doit murmurer son nom à l’oreille de son enfant. Et Meyyan ne revient toujours pas de la ville, où il cherche du travail.

Ce matin-là, comme chaque matin, les jérémiades de mon cousin Selvin sortent ma mère du doux rêve où elle et mon père étaient réunis. Le fils de la maison a beau avoir cinq ans passés, il pleurniche toujours en se réveillant, au lieu de gazouiller. Il attend qu’on le nourrisse, comme ces oisillons devenus gros et gras qui ne se décident pas à voler de leurs propres ailes. Tante cobra l’élève ainsi. Elle ne le laisse pas faire un pas tout seul. Elle le bourre de gâteaux dès qu’il pousse un grognement.

Ma mère se lève malgré sa fatigue. Une fois debout, elle est prise de vertige. Elle doit rester immobile le temps que le sol cesse de tanguer sous ses pieds. Ses nuits sont courtes. Elle ne dort que d’un œil ; dès que je remue, elle me donne le sein. Ainsi je n’ai pas le temps de pleurer et d’attirer sur nous la colère de tante cobra.

Ma mère roule la natte qui lui sert de lit. Après une rapide toilette, elle prend une bouse pétrie et séchée sur la pile de celles que nous récupérons de nos buffles. Elle allume le feu, pose sur le fourneau la bouilloire de fer-blanc.

Elle tend un biberon rempli de lait à Selvin, qui l’attrape avidement. Assurée de quelques minutes de répit, Dayita se dirige vers le coin de la puja.

Là, dans une niche creusée dans le mur de terre, se tiennent les dieux de l’autel familial. Durga, la déesse du Foyer, Shiva, que ma tante invoque le plus volontiers, Ganapati, l’enfant dieu à tête d’éléphant…

La préférée de ma mère est Sarasvati, la déesse des Arts. Ma mère dépose à ses pieds la plus jolie des fleurs cueillies au jardin.

À l’école de chant, autrefois, elle la priait avec ses amies. Ces dernières lui ont offert sa statuette quand ma mère est partie vivre dans la famille de Meyyan.

– Ainsi, chaque fois que tu feras la puja, tu penseras à nous !

« Oh oui, je pense à vous, mes chères amies, songe ma mère en s’inclinant devant la déesse, les mains jointes sur le front. Mais aujourd’hui, vous me paraissez si loin ! Est-ce que je vous reverrai un jour ?… »

Les larmes lui montent aux yeux. Quelle mine feraient ses amies en la voyant, elle autrefois si gracieuse et coquette, le corps décharné dans ce sari défraîchi, la peau terne, les cheveux rêches!
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Je ne suis pas le premier bébé fille menacé de mort au village de Yamapuram. D’autres mères avant Dayita ont eu à subir des pressions de la famille pour faire disparaître leur enfant. Bien sûr, personne ne parle de meurtre, ici.

Non, il s’agit seulement de mères maladroites et d’accidents. C’est souvent la même histoire quand une fille naît, ici au village, surtout dans une famille sans garçons. D’abord des pleurs, des gémissements, toute une mise en scène du malheur. Ensuite, la grand-mère, la tante, la sœur, la voisine, ou les quatre à la fois, viennent chuchoter à l’oreille de la mère en larmes. Celle-ci a beau résister, on lui fait honte, on lui dit de se taire et d’obéir, elle, une bonne à rien qui déshonore la famille.

Quelques jours plus tard, c’est l’accident. La mère met du jus de tabac dans le biberon au lieu de lait, ou bien elle laisse le bébé au soleil. Toujours la mère. Quand c’est la mère la responsable, qui parle de meurtre ? Ce n’est même pas un péché, dit-on. Ainsi, plus de fille, plus de honte. La mère n’a qu’à espérer une prochaine grossesse, où un bébé mâle, enfin, lui rendra sa dignité.

Voilà pourquoi, tant que je n’ai pas encore de nom, aucune voisine ne parierait une poignée de lentilles sur mon avenir. Encore quelques jours avant que je m’étouffe dans mon châle de coton. À moins que je tombe du dos de Dayita par un malheureux hasard.

Mais ma mère ne laisse aucune place au hasard. Elle emporte son petit fardeau partout, pour couper du bois, pour se laver au bassin des femmes, et même pour faire ses besoins, tellement elle a peur qu’il m’arrive malheur si elle me quitte des yeux. Heureusement, elle a un allié dans la famille : mon grand-père, le père de Meyyan. Il est doux et bon. Il prend soin de moi, du moins dès que ma tante est hors de la maison. Quand elle est là, il n’ose pas. Il a peur d’elle. Il voudrait protester quand ma tante prive ma mère de nourriture afin de tarir son lait. Mais il sait trop bien ce qu’elle lui répondrait :

– Dites donc, père, vous êtes bien content qu’on vous nourrisse, vous aussi, alors mêlez-vous de vos affaires. Par Shiva ! Avec tout l’argent qu’on dépense pour vous autres, les bouches à nourrir, mon cher mari pourrait se payer une moto. Il n’aurait plus à marcher une heure avant d’atteindre l’arrêt de bus qui mène en ville. Nous pourrions offrir à Selvin le vélo dont il rêve.
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L'attitude de Nouredine ressemble parfois à celle de ces chevreaux de quelques semaines, mi-curieux,mi-farouches.Ils viennent vers toi qui leur tends la main, puis au dernier moment font plusieurs cabrioles de côté en s'effrayant tout seuls. Deux minutes après, tu tournes le dos et ils sont de nouveau là.
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