Les feuilles attribuées à Claude dans le monde approchent le nombre de mille deux cent. La plupart représente des observations de la nature ou des paysages, dessinés à l'aide d'une grande variété de techniques: la plume, les pierres, les lavis de différentes couleurs, le tout savamment rehaussé de gouache blanche et, parfois, sur papier bleu.
Dans ce vaste corpus graphique, il est possible de distinguer précisément les feuilles dessinées avant et après 1645: on situe avant cette date la plupart des croquis rapides réalisés probablement en plein air, et après, les études plus poussées exécutées dans l'atelier, en rapport, quelque fois avec des tableaux.
Dessiner en plein air, pratique occasionnelle chez les artistes de la Renaissance, devient beaucoup plus courant dans les premières décennies du XVIIème siècle, notamment chez les artistes nordiques installés à Rome.
Sa rapidité d'exécution et son audace technique l'éloignait toutefois du style des autres paysagistes et lui permettaient d'atteindre des effets inédits, souvent d'une modernité inouïe.
Les figures devinrent l'élément central dans la construction même du paysage, d'une importance presque architecturale, alors qu'elles n'avaient eu jusque là qu'un rôle secondaire.
Afin de garder un souvenir de ses oeuvres, l'artiste commence dès 1635, à les recopier sous forme de dessins: ils composent les Liber veritatis.
pendant plus de quarante ans, Le Lorrain trouve une clientèle fidèle parmi les représentants du clergé et du pouvoir, locaux comme étrangers.
Si le paysage est un genre indépendant depuis près d'un siècle, c'est avec les feuilles de Claude que l'on assiste à son anoblissement.
Dès son retour à Rome et jusqu'en 1625, Claude continue son apprentissage auprès d'Agostino Tassi, fresquiste et peintre de paysage.
Plus tard sa conception de l'art changea encore; il parvient à intérioriser l'aspect épique et héroïque de la nature.