L'homme est faible sans la loi, la loi est faible sans l'homme.
La vie sociale suppose des règles, ces règles font l’objet d’une éthique. De très nombreux fragments attribués à Démocrite nous sont parvenus sur le sujet, mais un certain nombre d’entre eux sont douteux. Ce que l’on peut en dire avec certitude, c’est que l’euthymie (tranquillité de l’âme) est le concept fondamental de l’éthique démocritéenne. Démocrite la définit ainsi :
« La sérénité et l’équilibre que connaît durablement l’âme qui n’est troublée par aucune peur, aucune superstition ni aucune autre passion. »
Diels-Kranz, Fragments des présocratiques, Démocrite A 1
Dans ce monde-ci, l’apparition de la vie et de la civilisation n’est jamais qu’un accident du mouvement des atomes dans le vide. Dans le tourbillon cosmique, un agencement s’est peu à peu mécaniquement organisé, où les éléments semblables se sont rejoints :
« Démocrite dit que les animaux se rassemblent avec des animaux de même espèce, comme les colombes avec les colombes, les grues avec les grues, et il en va de même des autres animaux dépourvus de raison. »
Diels-Kranz, Fragments des présocratiques, Démocrite B 164
Ce n’est pas directement sur le territoire de Grèce mais sur un rivage de l’Asie Mineure colonisée par les Grecs, l’Ionie, que les premiers « philosophes », les premiers initiateurs de la philosophie, donnent l’exemple. On les nomme « physiologues », du grec physis (la nature) et logos (la science, le discours sur…). L’école ionienne est notamment basée dans la ville de Milet. Elle compte en particulier Thalès, Anaximandre et Anaximène en son sein.
Le principe est ce qui vient en premier, la cause première. Le principe commande ainsi le développement de ce dont il est principe et que l’on nomme « conséquence ». Remonter au principe, c’est se donner le moyen d’expliquer, de rendre raison de ce qui découle de lui. Les Grecs le nomment archè, les Romains, principium.
Anaxagore est le premier philosophe à avoir pensé qu’il puisse y avoir une intelligence à l’oeuvre dans l’univers, une intelligence abstraite, supérieure ou plutôt distincte des dieux, dont les passions semblent très humaines. Quelle est cette intelligence ? Elle est infinie et, donc, présente à travers l’univers tout entier. Cependant, elle est également indépendante de l’univers, puisqu’elle en est le principe, et ne se mêle donc pas à la composition des choses. Elle met le monde en mouvement, elle l’ordonne et l’arrange. Tout esprit participe d’elle. Tout procède d’elle. On ne sait si elle se fixe un but, mais il faut croire qu’elle est ce qui meut le monde par un enchaînement d’effets mécaniques.
Voici ce que nous lisons dans l’obscur Héraclite : unis tout et non tout, ce qui se joint et ce qui se sépare, le consommant et le dissonant, fais de tout un et d’un, tout.