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Citation de enkidu_


Ma grande religion est de croire que le sang, la chair, ont plus de sagesse que l’intelligence. Notre esprit peut se tromper, mais ce que notre sang éprouve, croit et dit, est toujours juste. L’intelligence n’est qu’un mors et une bride. Que me fait la science ? Tout ce que je veux est de répondre à mon sang directement, sans frivole intervention de raison, de morale et de je ne sais quoi !

Je conçois le corps d’un homme comme une sorte de flamme, la flamme d’une bougie, toujours droite et cependant souple. L’intelligence n’est que la lumière qui rayonne sur les choses alentour. Et je ne suis pas tant préoccupé des choses d’alentour (ce qui est proprement l’intelligence) que par le mystère de la flamme toujours vivante, sortant Dieu sait comment de nulle part, et étant elle-même, quoi qu’il y ait autour d’elle et que la flamme éclaire. Nous sommes devenus si ridiculement intellectuels que nous ne savons plus que nous sommes nous-mêmes quelque chose. Nous croyons qu’il n’y a que les objets sur lesquels nous rayonnons. Et la pauvre flamme continue de brûler, ignorée, pour produire cette lumière. Et au lieu de poursuivre le mystère dans les choses fugitives, mal éclairées, qui sont en dehors de nous, nous devrions nous contempler nous-même et dire : « Mon Dieu, je suis moi-même ! » Voilà pourquoi j’aime vivre en Italie. Les gens sont si peu conscients. Ils ne font que sentir et désirer, ils ne savent pas. Nous savons trop. Non, nous croyons seulement savoir tant de choses. Une flamme n’est pas une flamme parce qu’elle éclaire deux ou vingt objets sur une table. Elle est une flamme parce qu’elle est elle-même. Et nous nous sommes oubliés. Nous sommes Hamlet sans le prince de Danemark. Nous ne pouvons être. (1913, pp. 92-93)
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