Dana Roccia

Peu importe à quel point je tente de me voiler la face, elle est encore présente dans mes veines.

Je positionne mon membre contre son intimité et entre en elle en soupirant d'aise. Je reste quelques instants sans bouger afin de lui laisser le temps de s'habituer à mon intrusion mais également afin de m'éviter la honte d'éjaculer tout de suite. Je suis dans un état second, plus rien d'autre n'a d’intérêt, la terre pourrait s'ouvrir en deux que je n'en aurais rien à faire.

Ses ongles s'enfoncent dans mes omoplates et sa langue investie désormais ma bouche. Je suis tellement stupéfié que je peine à savourer pleinement ce qui est en train de se dérouler. Je me presse néanmoins un peu plus contre elle et tente de glisser une main sous son t-shirt.

Je dois prendre mes désirs pour des réalités. Je réajuste mon jean en me raclant la gorge. Il faut que je songe sérieusement à me masturber avant de partir, le sperme doit brouiller le peu de neurones qu'il me reste.

Je cesse immédiatement de penser avec ce qui se trouve entre mes jambes, il y a un problème et il est bien plus grave que prévu si je me réfère à sa physionomie.

Je sens mon rythme cardiaque s’intensifier à la simple idée qu'une personne ait pu lui faire du mal émotionnellement ou bien physiquement.La première personne qui me vient en tête est son petit ami, Hugo. Il est bien trop parfait pour être honnête, je ne l'ai jamais aimé. Je dois bien avouer qu'une part de jalousie m'empêche d'être très objectif le concernant.

— Si vous continuez de m’ignorer ou de parler de moi à la troisième personne, je saute de cette voiture et je jure que jamais je ne vous laisserai mener à bien votre mission.
Ce n’est pas franchement crédible, mais c’est la seule menace qui m’est venue à l’esprit sur le moment. Si je suis aussi importante qu’ils le prétendent, ils seront bien embêtés si je termine étalée sur le goudron. Nous roulons si vite que je n’aurais pas le temps de sentir la douleur.

Il a gagné. Le trajet va lui sembler long, car pas un seul mot ne franchira ma bouche tant qu’il s’obstinera à feindre que rien d’étrange ne s’est produit. Pour lui faire comprendre ma colère, je tente de me tourner côté fenêtre en étirant un peu la ceinture. J’aurais mieux fait d’aller sur la banquette arrière…

Cette fois-ci, le poids qui écrase mes épaules et bien trop lourd pour une seule personne. Je n’entrevois aucun bonheur dans mon avenir. Suis-je vouée à souffrir jusqu’à mon dernier souffle ?

Il m’a détruite, mais il est aussi le seul qui puisse me réparer.

Il était présent dans chacun de mes plans futurs. Plus rien n’a de sens. Il était mon pilier, mon bouclier ainsi que ma force, je puisais en lui pour avancer. Il était là pour panser chacune de mes blessures, il m’a toujours soutenue… Malheureusement, je lui ai aussi offert une chance de me détruire. Je n’aurais jamais dû lui donner mon cœur ni ma confiance.

-Tu aurais dû être là dès la première fois, tu es à l’origine de cet état! Craché-je. J’aimais la vie, putain. J’avais tout pour être heureuse! Je n’aurais jamais dû te croiser! Thomas a pété un câble par ta faute! Tu es la cause de tous mes maux!

-Je veux juste retrouver la lumière qu’on m’a arrachée…
Ma voix résonne de façon étrange, je ne suis même pas certaine d’avoir prononcé ces mots.
-Je te la rendrai, Aria.

Je ne crains pas de mourir. Aussi longtemps que mon cœur continuera de battre, je vivrai pour lui, pour eux tous. Je vouerai chaque minute de mon existence à préserver ces territoires.

« Comment puis-je autant le craindre et désirer sa présence à mes côtés ? »

« Si vous ne craignez pas la violence de ce nouveau monde, je vous invite à venir découvrir la suite de cette histoire... »

L’être humain ayant la fâcheuse manie de se moquer de la différence, cette particularité lui avait mérité le surnom d’« Ours Mal Léché » à l’école. Il y en avait eu plusieurs autres, la plupart d’entre eux considérablement plus avilissants.

Certaines personnes semblent venir au monde avec une cible dans le dos. Quoi qu’elles fassent et disent, qu’elles se défendent ou se soumettent, on les retrouve invariablement avec une flopée de flèches entre les omoplates.

Aurélie était morte, soit, mais elle avait eu le temps d’infliger deux décennies de cruauté mentale débilitante à son mari. Elle s’était appliquée à le réduire à néant, telle une gamine sadique qui capture des insectes pour leur arracher les pattes et les ailes, une par une, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un tronc remuant sur place.

David était incapable de blesser la plus idiote des mouches et éprouvait une terreur presque irrationnelle à l’idée d’être victime d’une balle perdue, ce qui réduisait à zéro son engouement pour la chasse. Aurélie avait bien tenté de l’intéresser à ce loisir, se faisant au passage un devoir de ridiculiser ses craintes, avant de se lasser de la peur carabinée – désolé pour le jeu de mots facile – qu’inspiraient les armes à son mari.