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3.45/5 (sur 172 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Alger, Algérie , le 02/02/1956
Biographie :

Daniel Fohr est un écrivain français, enseignant, rédacteur, directeur de création.

Après une enfance entre l’Algérie, le Vietnam, et la Corse, il passe un bac littéraire à Nantes, puis entreprend des études universitaires à Paris.

Titulaire d’un doctorat de lettres et civilisation hispano-américaines, il suit aussi les cours de Tzetan Todorov sur la question de "l’autre" à l’ENS de la rue d’Ulm.

En 1981, il part enseigner le français et l’espagnol au Venezuela à Maracaibo. De retour à Paris, en 1985, il devient concepteur-rédacteur pour l’agence TBWA. Il est à l'origine de nombreuses campagnes récompensées par des prix nationaux et internationaux.

En 2005, il est l'un des trois fondateurs et associés de l'agence M&C Saatchi GAD.

Écrivain, "Un mort par page" (Robert Laffont, 2007) est son premier roman. Daniel Fohr signe avec "La vague qui vient" (2023) son sixième roman.

Il vit à Paris.

son site : https://danielfohr.com/
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Revivez notre journée de présentation de la rentrée littéraire à La Scala et découvrez les romans français qui paraissent cet automne ! Daniel Fohr présente son nouveau roman, **La Vague qui vient**. --- #rentréelittéraire #editionsinculte


Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis pas d’accord. J’ai réfléchi à la question. Que la moitié de l’humanité ne lise plus de romans est une catastrophe, pour la simple raison que la littérature est le terrain sur lequel s’établissent et se jugent les relations entre les hommes et les femmes depuis des siècles. Roméo et Juliette n’est pas l’histoire de deux jeunes gens mais une vision de l’amour, L'Écume des jours, Lolita, Gatsby le magnifique, Justine, Les Liaisons dangereuses permettent de comprendre les ressorts du fonctionnement amoureux, sans avoir besoin de vivre la multiplicité de ces expériences, ce sont des guides et des modes d’emploi. p. 78
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Contrairement au rire dont sont capables le chimpanzé et même le rat dès lors qu'on les chatouille, le barbecue est le propre de l'homme. Aucun autre animal ne pratique ce rituel qui consiste à parler à quelqu'un en surveillant la cuisson de saucisse ou de côtelettes.
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Les îles sont le refuge de de réalités parallèles et, comme dans Shutter Island, la vérité y jouit d'un droit d'asile au sens psychiatrique du terme.
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C'est l'un des paradoxes des îles, la sensation d'indépendance y est plus forte qu'ailleurs quand la réalité de la dépendance y est souvent bien supérieure.

P.40
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J'ai pris la tête de celui à qui son ignorance faisait de la peine mais qui était là pour aider.
"Il y a trois auteurs à lire, j'ai dit, trois."
J'ai senti qu'il se raidissait au mot "auteurs".
Pourquoi j'ai dit trois ? Parce que c'est un chiffre magique. Pour quelqu'un qui ne lit pas, trois c'est beaucoup, mais pas inatteignable.
J'ai adopté un ton d'autorité.
"Faulkner, Tennessee Williams, John Kennedy Toole, tout est là.
Commence par ça, ça parle de la Nouvelle-Orléans, et j'ai sorti "la conjuration des imbéciles" de mon sac à dos. Je t'en passerai d'autres après ça, tu verras ".
J'avais choisi ce titre parce qu'il me parraissait contenir un défi amusant.....

..... je lui ai laissé le temps.
Lire n'est pas simple, lire exige un effort.
Il faut décider de s'abstraire du monde un moment et le monde va tellement vite qu'il pourrait bien disparaître pendant ce laps de temps, et comment le rattraper ensuite ?
On allume un écran et on se réinstalle dans la réalité pour assister au cyclone, à la bourse, au match, au débat et prendre connaissance de ce que ses amis ont choisi comme plat, comme dessert, comme vacances ou comme canapé.
Il faut du temps et de la volonté pour repousser ça.
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La plupart des gens croient qu'ils ne savent pas dessiner, alors qu'ils ne savent pas regarder. Les hanches sont toujours moins larges que le haut des cuisses, mais personne ne le remarque. Un regard non exercé ne voit pas la réalité, mais l'idée qu'il s'en fait. L'homme voit ce qu'il croit. Cette capacité à nier l'évidence permet d'expliquer aussi pas mal de faux pas depuis qu'il a appris à marcher.
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Le gant de laine et la théière chinoise en fonte sont le triomphe de l'inadéquation à leur environnement, deux pierres dans le jardin de Darwin.
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INCIPIT
Pas plus tard qu’hier.
J’ai pris Le vieil homme et la mer dans une édition de poche et je l’ai mis dans la poche intérieure de mon manteau. Je me suis regardé dans la glace et j’ai ajusté la perruque.
J’ai la chance d’avoir un système pileux modeste et des traits fins, ce qui m’évite le maquillage. Avec un jean et un grand manteau acheté dans une friperie, j’ai l’air, comme vous et moi, d’une femme.
Pour avoir vraiment l’air d’une femme, il faut une perruque de bonne qualité, fabriquée avec de vrais cheveux. Le problème d’une belle chevelure, c’est qu’elle attire les hommes.
Les cheveux, les seins, les fesses et une bouche rouge sont les quatre marqueurs sexuels du désir masculin. Pour la bouche, les seins et les fesses, je n’ai rien à offrir, mais apparemment les cheveux suffisent.
Je suis sorti.
Ça n’a pas raté. Je n’étais pas assis depuis deux minutes qu’une voix est venue du dessus.
— Vous lisez quoi ?
J’ai montré la couverture du livre.
— C’est bien ? il a demandé.
— Et vous, le dernier livre que vous avez lu, c’est quoi ?
Je tiens à préciser qu’il n’y avait dans ma voix aucune intonation agressive et que je souriais.
Le type m’a regardé comme si je lui posais une question étrange et il a roulé des yeux en haussant les épaules, pour s’excuser de ne pas s’en souvenir.
— C’était quand, alors ?
Là, il s’est raidi, il m’a fixé avec un regard qui n’était plus du tout amical et j’ai cru qu’il allait me gifler. Les hommes n’aiment pas qu’on les confronte à ce qu’ils sont. Il s’est retenu mais il a tout de même lancé « Pauvre tarée, va te faire soigner ». Il a craché par terre et il est reparti dans l’allée.
Je suis resté sur le banc et j’ai repris depuis le début, Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n’avait pas pris un poisson.
Je n’avais plus la tête à ça, à chaque mot j’avais l’impression qu’un autre type allait se pointer, Vous lisez quoi ?
Finalement, je me suis levé et j’ai remis Hemingway dans ma poche. Je suis allé dans les toilettes du Parc, j’ai enlevé la perruque, je l’ai mise dans l’autre poche, j’ai retiré mon manteau et je l’ai replié sur mon bras, pour qu’on ne voie pas que c’était un manteau de femme. Je suis ressorti. Il ne faisait pas froid, j’ai choisi de rentrer à pied.
Je n’habite pas loin du Parc. J’ai pris le trottoir côté soleil. Quatre hommes de mon âge étaient assis à la terrasse d’un café autour de quatre bières. Quand je suis arrivé à leur hauteur, j’ai senti leur regard sur moi et l’un des types a pris la position de la théière pour faire marrer les autres, un bras sur la hanche en forme d’anse et l’autre plié vers le haut, avec la paume en l’air comme un bec verseur. J’ai compris que le livre dépassait de la poche du manteau et j’ai changé sa position sur mon bras pour le recouvrir.
C’est une réaction qui n’est pas rare chez les hommes, c’est pourquoi j’en suis réduit à me déguiser en femme pour aller lire dans un parc. J’ai toujours aimé lire à l’extérieur, n’importe où, mais ça devient difficile. La dernière fois, au restaurant, un type a tendu son verre de vin vers moi avec un gros clin d’œil salace au moment où j’ai levé le nez du livre que j’étais en train de lire.
Déguisé en femme, je me retrouve avec des problèmes de femme, habillé en homme, avec des problèmes de théière.
On en est là.
J’imagine qu’un homme avec un livre donne une image des hommes qui ne plaît pas aux hommes. Je suis parfaitement conscient que l’immense majorité des hommes détesteraient que leur fils me ressemble.
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De même que l'arbre qui tombe ne fait de bruit que si quelqu'un est là pour l'entendre, un livre n'existe que si quelqu'un est là pour le lire.
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C’était une fin novembre habituelle dans l’hémisphère nord, si tant est qu’il existe encore des habitudes en la matière. Un grand vide occupait la place du ciel, une pluie horizontale rayait toutes choses. Les corps-morts dansaient sur l’eau noire et j’attendais par une nuit d’automne le traversier, en compagnie de cinq ombres, sous la lumière des deux réverbères de l’embarcadère. J’attendais, un gros sac de toile en bandoulière et une valise cabine à la main dont les roulettes usées se coinçaient à chaque tour de roues.
Un clapot nerveux agitait l’océan comme un genou sous la table et une poussière de mer blanche volait sur la crête des vagues étêtées par le vent. La silhouette de l’Île se découpait le temps d’un éclair, noire sur le ciel blanc, tel un fantôme rétinien. Le traversier sortit de la nuit dans un gros bouillon phosphorescent. C’était une puissante vedette hollandaise en aluminium, blanche, avec un bastingage peint en rouge et, dans la cabine, quatre rangées de banquettes en plastique moulé bleues, réparties de chaque côté d’une travée qui menait à la poupe où le pont pouvait accueillir des marchandises, des bagages et des vélos par la passerelle arrière. L’été, un navire supplémentaire de taille supérieure assurait la liaison pour répondre à l’affluence touristique.
La vedette se rangea à quai dans un demi-cercle répété plusieurs fois par jour. Derrière la vitre du poste de pilotage noyé d’ombre, la lumière orangée des cadrans éclairait le visage du passeur coiffé de sa casquette, comme un de ces portraits de marins qui fument la pipe à la lueur d’une bougie, le genre d’imitation de de La Tour qu’on trouve dans les brocantes, malheureusement. Les âmes sombres qui attendaient sous la pluie montèrent à bord. La passerelle fut ramenée sur le pont et la vedette quitta le quai, prête à franchir le Styx pour me déposer sur le rivage de ma mort sociale. Une plaque en plexiglas rivetée dans la cabine indiquait 24 passagers assis.
Le navire partit en crabe à cause du courant, avant de virer dans la nuit pour remonter au vent et naviguer à quarante-cinq degrés en amont du point où il espérait nous emmener. La traversée du chenal prit cinquante-cinq minutes quand par mer calme il en fallait deux fois moins. Nous accostâmes, enveloppés de cette froideur humide que les primo-retraités découvraient avec inquiétude à l’approche de l’hiver. Un homme sortit de la nuit pour amarrer la navette. Je débarquai avec mon bagage et traversai le quai. Les Îliens qui m’accompagnaient récupérèrent leur véhicule, voiture, camionnette, vélomoteur et me dépassèrent sans qu’aucun propose de me convoyer et je regardai leurs feux arrière disparaître dans la profondeur de la pluie. Le port était désert, le quai luisant, les cafés fermés, les terrasses bâchées et ligotées frappées par la pluie. Aucune des fenêtres de la capitainerie, un parallélépipède de ciment blanc, ni des maisons avoisinantes, n’était éclairée. Le vent faisait cliqueter les manilles, et les drisses tambourinaient sur les mâts. Les flots claquaient sous les pontons flottants et les voiliers alignés bord à bord frottaient leurs pare-battages dans des couinements de caoutchouc mouillé. Le sac de toile me sciait l’épaule. J’avais hésité avec un modèle à doublure étanche.
C’était une arrivée en fanfare.
Je longeai le port et les boutiques éteintes en direction du centre et la pluie s’adoucit. La boutique d’artisanat proposait de graver le prénom de n’importe qui sur n’importe quel objet en bois, en cuir ou en porcelaine, le fromager vendait aussi du miel, des fruits confits et des pâtes, dans des emballages portant la silhouette de l’île imprimée en rouge sur fond grège qui plaisaient tant à la clientèle, et puis plus loin La Galerie, Espace de créations contemporaines, exposait des peintures de régates empruntées à Dufy. Une veilleuse de sécurité laissait deviner à l’intérieur un présentoir avec des posters de l’Île en noir et blanc, des cendriers en céramique colorés et des dauphins en verre filé sur une longue étagère. Un Don Quichotte grandeur nature, fabriqué avec des déchets trouvés sur le continent, montait la garde derrière la porte d’entrée avec son assiette en plastique sur la tête, ses yeux en bouchons de bouteille d’eau minérale et sa barbichette en rebut de filet de pêche en nylon. La boutique de la presse qui jouxtait La Galerie faisait aussi papeterie et vendait en été des bouées, des serviettes de plage, des masques et des palmes dans un espace à peine plus grand que des toilettes de chantier.
Tout ce monde de promesses merveilleuses était pour l’heure en sommeil, inaccessible.
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