Le 12 août 2022, Salman Rushdie est grièvement blessé lors d'un attentat à son encontre. de cette fatwa contre lui lancée en 1989, l'écrivain libre reste debout et représente la figure du combat contre "le fanatisme de la pensée", selon l'auteur Olivier Weber.
À la suite de cet événement, des intellectuels de renom rendent hommage et prolongent sa pensée dans un ouvrage "Penser Salman Rushdie", collectif coordonné par Daniel Salvatore Schiffer et publié aux éditions de l'Aube. Olivier Weber, qui a contribué à l'ouvrage, insiste sur la puissance de son acte romanesque, laissant libre cours à l'imaginaire, forme ultime de liberté que ses ennemis tentent par tous les moyens de compromettre.
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Olivier Weber
Il arrive aussi que les livres se révoltent pour tenter de sauver les hommes. Et c'est là toute la magie de la fiction à la Rushdie, hors de la caverne, contre les ténèbres. L'imaginaire, cette autre liberté.
Pascal Bruckner
Cet immense écrivain, doté d'une ironie cinglante, incarne aux yeux des fondamentalistes du Coran l'apostat par excellence. Le musulman qui oublie l'islam, se moque des dogmes et se définit avant tout comme une personne indépendante soumise à la seule juridiction du talent.
Ce qui naît avec l'affaire Rushdie, c'est le concept farcesque d'islamophobie, un terme colonial remis au goût du jour et transformé en arme de censure massive : critiquer la religion du Prophète, ce serait insulter des milliards de croyants et faire preuve de racisme. Piétinez Jésus, Moïse, le pape si vous voulez, mais pas un mot sur Mahomet. Sinon, c'est la mort par égorgement, décapitation, explosion, démembrement, lapidation, au choix.
Véronique Bergen
Le romancier nous rappelle le souffle inconditionnel qui anime ce que Milan Kundera nomme "l'art du roman" : ce souffle est celui de la liberté d'écrire, de penser, d'imaginer, de questionner le monde au travers de la fiction, du récit...
A la menace de mort, au poignard, au couteau, depuis plus de trois décennies Salman Rushdie oppose avec courage et sans fléchir la danse de la plume. Lui qui, dans son road-movie picaresque Quichotte, met en abyme la question du don-quichottisme, du rapport entre littérature et réalité...
Ce qui est reproché à la littérature, ce qui la rend passible d'un décret de mort, c'est de sonder la condition humaine et la condition divine, angélique, non humaine, animale ou végétale.
L'adversaire à abattre a pour nom pensée, une pensée ouverte qui brise les préjugés et les enfermements, qui fait de son exercice une aventure émancipatrice, un voyage dans des concepts, des graphèmes qui décadenassent le vivre.
Olivier Weber
L'imaginaire de Rushdie, c'est la revendication du métissage culturel, de l'impureté et de l'exil, afin de lutter contre le fanatisme mais aussi de mieux entrevoir la part d'ombre et la part de lumière qui est en nous.
Isabelle de Mecquenem
C'est pourtant à cette assomption de l'universel par un humain et à la liberté insolente qui se trouve au principe de la littérature authentique qu'il faut revenir.
Il s'agit donc d'une fatwa de mort contre la lecture, assimilée en l'occurrence à un acte impie. Avons-nous bien pris conscience de ce qui a été ainsi posé alors que Les Versets sataniques sont en vente en supermarché? C'est toute l'universalité des lecteurs qui est visée. Plusieurs des traducteurs de Salman Rushdie ont déjà été assassinés dans le monde.
L'incrimination est donc transmissible par simple contact avec Les Versets sataniques. Elle s'opère à travers tous les usages et pratiques liés aux métiers du livre; elle s'accomplit par le canal de la lecture, qui, à l'aune des juges iraniens, doit recéler des pouvoirs insoupçonnés. Les imams chiites Iraniens ont-ils pensé à condamner le " capitalisme d'imprimerie" dont parlent Bénédict Andersen et Condorcet avant lui, et une fatwa rétroactive contre Gutenberg pour complicité avérée et facilitation de crime d'impiété a-t-elle été envisagée, tant que nous y sommes?
Pierre Mertens
Alors, réfléchissons-y un instant. N'arrive-t-il pas que le plus profond engagement se révèle en fait involontaire...
Salman Rushdie : celui-ci n'aura-t-il pas été bien malgré lui, un des hommes les plus " engagés" du XXe siècle?
On n'est pas engagé parce qu'on décide de l'être. On est engagé parce que la force de l'Histoire vous y pousse, parce que vous ne pouvez pas faire autrement ...
Christiane Rancé
Je ne les oublie pas, non.
Et je pense à l'inoubliable Salman Rushdie.
Je pense à Haroun, son Petit Prince, dont la fantaisie, la fraîcheur et le coeur pur viennent à bout des ennemis de toute création, de toute imagination, qui se dressent sur son chemin quand il part raviver la source d'où jaillissent les romans, la source où se désaltèrent ceux qui les écrivent.
Je n'oublie pas comment Haroun triomphe d'eux.
Je n'oublie pas Salman Rushdie, ni son panache, ni son rire.
Olivier Weber
Ce qui avait surtout frappé les deux écrivains, c'était cette capacité des Aborigènes à s'approprier symboliquement l'espace par le chant- d'où le titre du livre- en revendiquant une colline, une vallée pour une possession ephémère. Et là, précisément se conçoit toute la beauté du roman en général et de l'oeuvre de Rushdie en particulier : s'approprier ou se réapproprier le réel par la narration, aussi romanesque ou romancée soit-elle.
Olivier Weber
" Le plus intolérable serait un Dieu tel qu'on le souhaite" écrivait Elias Canetti dans le territoire de l'homme. Car c'est de cela que Salman parlait aussi dans son livre, une volonté d'interpréter, dans tous les sens du terme, et de transcender le dogme. Péché suprême pour les obscurantistes. Il fallait réduire au silence le libre penseur.
Bowie ne se baptisa pas lui-même , entre les années 80 et 90, avec des albums tels que "Tonight", "never let me down" ou "black tie white noise" de l'aristocratique titre de "thin white duke", raison pour laquelle on le surnomma "le Duc", comme on appela jadis Elvis Presley "The King" ou Michael Jackson "The Prince"?