David Colon

TikTok représente donc une arme de subversion massive, qui affecte toutes les couches du cyberespace, aussi bien la couche cognitive (addiction, dépendance, toxicité, diversion), la couche des protocoles et des langages (captation des données, espionnage), que la couche matérielle (saturation des systèmes). À bien des égards, il s’agit de l’arme informationnelle la plus redoutable jamais conçue.

L'État hébreu recourt pour accompagner ses opérations militaires aux techniques désormais classiques de cyberguerre et de guerre psychologique.

La guerre de l'information est aujourd'hui une guerre totale, qui implique toutes les dimensions de notre société et de notre existence, que nous en soyons conscients ou non.

La production automatisée de fausses "preuves", de faux rapports, de fausses archives, risque bien de faire s'effondrer à court terme ce qui reste de notre régime de vérité scientifique.

En 2017, le président russe fait du passage à une "économie numérique" un axe majeur de son projet politique, et considère désormais l'intelligence artificielle comme un enjeu de sécurité nationale. "Celui qui deviendra le leader dans ce domaine, dit-il, sera le maître du monde".

En 2023, une nouvelle étude montre qu'il suffit de 40 minutes à un nouvel utilisateur qui ne fait que parcourir la page "Pour vous" de TikTok pour être exposé à de la désinformation sur la guerre en Ukraine, émanant notamment du Kremlin.

La défense informationnelle consiste autant à défendre l'information qu'à se défendre par l'information.

Depuis trop longtemps, les médias sociaux bénéficient d'une immunité totale, au nom de leur prétendue neutralité.

1914 Ivy Lee devient le "poison de l'opinion publique".
Le 20 avril 1914, à Ludlow, dans le Colorado, les gardes d'une société minière, la Fuel and Iron Company, tirent à la mitraillette sur le campement de mineurs grévistes et leurs familles, avant de l'incendier, causant la mort de treize ouvriers, que 11 femmes et deux enfants. La presse accuse aussitôt le propriétaire de la compagnie, John D. Rockefeller....

A l'ère de la démocratie, triomphante et de la consommation de masse, l'art de la persuasion ne se résume plus à celui de convaincre mais cible en priorité les conduites des individus, c'est-il -dire leur disposition d'esprit aussi bien que leur manière d'être et d'agir. [note de Pégase -Shiatsu : cela ne touche plus que la consommation, mais favorise des manipulations pour obtenir un emplois ou des votes en dénigrant des gens plus méritant, cela devient très grave! C'est un devoir de citoyen e s'y intéresser... car c'est ce qui a mis Hitler au pouvoir!]. Les nouveaux maîtres de la persuasion trahissent ainsi sans vergogne la conception de l'éthique qu'avait de 'l'art de persuader" le philosophe Pascal, qui distinguait parmi les "puissances qui nous poussent à consentir" la voie naturelle de l'entendement - " car, écrit-il, on ne devrait jamais consentir qu'aux vérités démontrées" et celle de la volonté, cette voie "basse, indigne et étrangère" qui porte à croire "non pas par preuve, mais par l'agrément".

Elle a également conduit à déplacer la "fenêtre d'Overton", cette gamme d'idée que le public est prêt à accepter et qui est susceptible d'évoluer si l'on propose une proposition à ce point extrême que des propositions moins extrêmes semblent, par effet de contraste, plus acceptable.

La propagande est la fille de la démocratie. L’expérience totalitaire d’une propagande poussée à son paroxysme, en conférant à ce mot une connotation péjorative, a longtemps masqué cette réalité : c’est dans la démocratie athénienne et la République romaine qu’est apparue la première forme de propagande - en tant qu’ « effort organisé pour propager une croyance ou une doctrine particulière » -, c’est la Révolution française qui a posé les jalons de la propagande politique moderne, et ce sont les démocraties en guerre entre 1914 et 1918 qui ont inventé la propagande de masse, reprise ensuite par les régimes autoritaires et totalitaires. La propagande n’est donc pas le propre des régimes autoritaires, et encore moins l’envers de la démocratie. Non seulement, la propagande est née dans les régimes démocratiques, mais elle y a longtemps été perçue de façon positive.

Depuis les débuts de la guerre froide, les gouvernements démocratiques tendent à intégrer l'idée que les comportements irrationnels des individus et des foules peuvent être utilement mis à profit pour la mise en œuvre de leurs politiques

En 2009, Israël se dote d'une "équipe de guerre sur Internet" pour répondre aux commentaires hostiles. La force de défense juive sur Internet (Jewish Internet Defense Force, JIDF), qui se présente comme une organisation privée et indépendante, organise sur les réseaux sociaux des campagnes contre la propagande terroriste islamique ou antisémite.

Les agences de presse n'échappent pas aux contraintes qui pèsent sur leurs clients, les médias, et se retrouvent elles-mêmes de plus en plus tributaires des dépêches d'autres agences et des communiqués de presse ; elles sont vouées à produire de l'information bon marché et prête à l'emploi.

L'évolution des conditions même de production de l'information, en empêchant de facto les journalistes de rechercher des informations ou de vérifier les faits, favorise l'action des agences de renseignement et des agences de relation publiques qui introduisent sans mal de la fiction et de la propagande dans les journaux.

Le concept militaire de "communication informationnelle" s'est progressivement étendu à tous les aspects de la puissance américaine, sur la base de la conviction que le contrôle des moyens de communication était le plus sûr moyen de faire prévaloir la suprématie américaine dans le monde.

Stilwell publie un article très remarqué dans lequel il montre qu'avec 10 likes, le modèle informatique prédit la personnalité d'un individu de façon plus fiable que l'un de ses collègues, avec 150 likes mieux qu'un membre de sa famille, et avec 300, le modèle connaît mieux la personne que son propre conjoint.

De fait, le conservatisme et l'anticommunisme de Disney transparaissent assez nettement dans ses œuvres. La plus controversée de toutes est sans contexte Song of the South ("mélodie du sud", 1946) , qui représente des personnages de couleur serviles, stupides et indolents, heureux de s'incliner devant des personnages blancs. A sa sortie, l'écrivain afro-américain Richard B. Dier qualifie ce film de "morceau de propagande pour la suprématie blanche le plus vicieux jamais produit par Hollywood". Boycottée par l'Association nationale pur la promotion des gens de couleurs (NAACP)le film est défendue par les organisations conservatrices qui accusent les manifestants afro- américains d'être infiltrés par les communistes.

[les précurseurs de la publicité : Lasker et Hopkins ventent le tabac Lucky Strike]
La campagne suivante "voix précieuse", qui cible les femmes américaines, recourt ainsi aux témoignages de chanteuses célèbres du Metropolitan Opéra. Lasker ajoute en 1928 le slogan " Prenez une cigarette Lucky plutôt qu'un bonbon" (" Reach for a Lucky instead of a sweat"), qui suggère que la cigarette est aussi bonne pour la ligne et le teint que pour la voix. Lorsque la Commission fédérale du commerce enjoint à la société de supprimer cette mention, le slogan devient "Prenez une Lucky à la place" ("Reach for a Lucky instead")