En 952, plusieurs traités de paix furent signés entre les opposants et les généraux décidèrent de se partager les terres. Les soldats cessèrent de piller les villages, de tuer hommes, femmes et enfants… Mais les massacres continuèrent malgré tout, la mort frappant au hasard sur des villages en reconstruction. Les survivants rapportèrent aux généraux que des esprits démoniaques aux visages d’anges et aux dents de loups les massacraient. Rapides, insensibles aux flèches ou aux épées, personne ne pouvait se dresser contre eux sans finir dévoré.
En 953, les généraux devenus « Maitres » des contrées firent appel à des chasseurs et des sorciers, les implorant de tuer les Bêtes venues des Enfers. Ils s’unirent dans un but commun : stopper les créatures de Satan. Des armées furent…
- Kian ?
Je relevai mon regard sur Alice qui approcha et me tendit un verre de sang.
- Merci.
- De rien.
Je bus quelques gorgées, abaissai mon regard sur mon livre et repris ma lecture :
Ils s’unirent dans un but commun : stopper les créatures de Satan. Des armées furent levées et les Bêtes furent traquées à travers stout le royaume…
- Kian ! m’interpella Alice une deuxième fois.
Je la regardai et elle reprit mon précieux livre et le ferma :
- Nous allons sortir, Deven nous attend.
Je fronçai les sourcils et me levai.
- J’ai pas envie de sortir, et j’aimerai terminer ce chapitre.
- Celui-ci terminé, tu voudras lire le suivant et encore le suivant. Ca fait trois semaines que tu es enfermé dans cette pièce Kian. Il faut sortir, tu ne peux pas rester entre ces murs pendant des mois.
- C’est pas comme si je n’avais pas l’éternité devant moi, répondis-je avec évidence.
Le deuil est un processus complexe, une suite de réactions en chaîne mêlant les plus cruels des sentiments : Déni, colère, culpabilité, incertitude, désespoir, abandon. On refuse d'abord de perdre l'être aimé, on s'interdit d'envisager le pire, on divague, on craint la folie. Puis l'évidence frappe à nouveau, plus forte, plus violente : on se réveille un matin et naît la colère envers des innocents qui n'ont pu empêcher le pire. On finit par s'isoler du monde, on se sent incompris, responsable, on élabore une suite d'événements " si seulement j'étais arrivgé plus tôt."... et finalement, on se soumet à la vérité et on se noie dans des torrents de larmes. Mais on reste en vie et la souffrance est un énième rappel que l'autre est mort. La peine est si profonde que la mort elle-même ne saurait soulager les plus profonds de nos maux. Puis vient le moment où l'on se résigne, le moment où on accepter... Mais tout le monde n'accepte pas toujours.
Elles étaient ennemies, savaient pertinemment qu'elles ne pouvaient se faire confiance, mais les règles semblaient changer quand elles se retrouvaient l'une avec l'autre. Kayhlan examina le carreau qui perforait la peau parfumée et le vêtement de Kara. Sa proximité et ses effluves particuliers ravivaient déjà ses souvenirs et émotions perçues un an plus tôt dans le comté de Leitrim. Elle dut pourtant y faire abstraction. Dans un geste sec et précis, elle brisa la pointe métallique et tira d'un coup vif sur le fut de bois qu'elle jeta dans un coin de la pièce. Son regard bleu se posa à nouveau sur Kara qui n'avait pas émis le moindre son, puis sur ses mains recouvertes de son sang. Tant de senteurs en émanaient, qu'elle se retenait de ne pas le gouter. Kara avait serré les dents sans jamais quitter Kayhlan des yeux, comprenant combien les frontières entre douleur et plaisir étaient mince. Si l'aide de Kayhlan l'avait surprise, sa réaction et son regard en cet instant répondaient à ce qu'elle était venue chercher...
Lena pinça les lèvres en détournant son regard confus dans le vide. Sa bouche était pâteuse et sèche, son ventre gargouillait : elle avait faim ou soif, sentait surtout une terrible envie d'avaler quelque chose. Elle reporta ses yeux sur Deven. Elle savait qu'elle boirait du sang, mais ne parvenait pas à l'accepter. Son esprit encore empreint de son humanité ne semblait pas s'adapter à cette idée aussi rapidement que son corps. Deven se leva et lui tendit la main :
_ Viens avec moi, tu dois te nourrir.
Lena hésita quelques secondes, les yeux sur la main tendue de Deven. Malgré toutes ses connaissances sur les vampires et leurs coutumes, elle réalisait avoir encore beaucoup à apprendre. Tout à apprendre pour ainsi dire. A présent, elle se trouvait au sein du clan, parmi eux, comme eux, et tous ces bruits étranges qu'elle entendait le lui rappelaient. Ses sens étaient en éveil comme jamais ils n'auraient pu l'être de son vivant..."
Evan avait bien sûr levé les yeux sur CJ qui recommençait à se balader en "petite tenue".Il en sourit, à la fois agacé et charmé. Il s'efforça de ne pas regarder ce corps qui le faisait brûler de désir.
— Bien sûr, tu es chez toi…
CJ ne se fit pas prier, entra et referma la porte derrière lui. Sans attendre, il se glissa contre Evan et ramena la couverture sur ses jambes.
— Ça me déprime de rester seul, je préfère encore venir te tenir compagnie.
Evan lâcha un soupir silencieux sur cette remarque qui lui annonçait une nuit agitée.Comment pourrait-il avec CJ à ses côtés, se débarrasser de toute cette tension accumulée par des désirs inassouvis. Il lui serait impossible de trouver le sommeil aussi aisément.CJ dégageait des fragrances subtiles et sensuelles de son corps à peine couvert.