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Critiques de David Coulon (250)
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Trouble passager

Le trouble passager, c'est cet instant de bascule, cet instant de faiblesse qui vous fait prendre la mauvaise décision et vous plonge dans un cauchemar. Celui de Rémi, c'est de se retrouver séquestré par une adolescente de 15 ans qui l'accuse de terribles actes pédophiles et veut l'en châtier.



Mais ce que j'ai ressenti en tant que lectrice ne relève en rien du trouble passager. Même si j'ai eu du mal à comprendre comment le héros a pu se laisser aussi bêtement berné ( ça m'a un poil agacé, cette crétinerie ), je suis vite passée à autre chose pour être emportée dans un torrent d'angoisse.



Le postulat de départ autour de la dualité de chaque être, tour à tour victime et bourreau au gré des circonstances et des rencontres, cette porosité entre le bien et le mal, joue à plein ! J'aime quand les auteurs fouillent les tréfonds de l'âme humaine sans manichéisme.

J'ai adoré l'idée terriblement percutante d'un jeune fille bourreau pour sortir de sa prison de victime. David Coulon est aussi psychologue, et ça se sent dans sa façon très juste de s'intéresser à ces individus en phase de rupture mentale.



Si l'angoisse infuse toutes les pages, c'est aussi grâce à une écriture très singulière. Des répétitions qui enveloppent le lecteur dans une spirale infernale. Des phrases saccadés, parfois juste un mot sur une ligne, pour te faire palpiter. Des ellipses pile là où il faut pour te faire gamberger.



Un thriller dur autour de la pédophilie, parfaitement maitrisé, qui débouche sur une fin intelligemment déstabilisante.

Âmes sensibles s'abstenir.
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Je serai le dernier homme...

Se retrouver avec un cadavre sur les bras et continuer son chemin avec, par peur des conséquences...

Bonne idée ?



C'est ce que va vivre notre personnage principal.

N'étant pas totalement sobre lors du drame, le narrateur va s'embarquer dans un périple morbide complètement haletant.



Ce roman fut une agréable surprise. Je ne m'attendais pas à être autant happée par cette histoire.

La plume de David Coulon est acide, piquante. Ses phrases sont courtes et percutantes.

Le style est un peu particulier car parfois les phrases et les mots sont récurrents.

Mais l'auteur écrit comme son personnage pense. C'est comme une immersion dans sa torture mentale.



On suit le narrateur au fil des jours.

Faire semblant et ne rien laisser paraître à l'entourage.



« On ne connaît jamais vraiment les gens qu'on aime. »



Les circonstances s'aggravent et deviennent de plus en plus dangereuses.

Que faisait cette jeune femme au bord de cette route de campagne en pleine nuit ? Que cherchait-elle à fuir ? Et pourquoi paraissait-elle si effrayée ?

Son acharnement et sa curiosité vont le pousser dans des situations extrêmes.

Plusieurs passages font grimper la tension.

Je n'ai jamais adhéré aux choix du narrateur, mais l'auteur arrive tellement bien à ancrer le lecteur dans sa tête qu'on parvient presque à le comprendre.

Entre recel de cadavre et dissimulation de preuves, on saisit le choix de l'auteur de ne pas révéler le prénom du narrateur. Comme si celui-ci cherchait à rester anonyme de ses méfaits.



Certains détails sont macabres et dégoûtants.

Mais ce livre souligne avant tout certaines failles de notre société comme la précarité de l'emploi, les problèmes du système éducatif et les difficultés liées aux différences socio-culturelles.

J'ai aimé la fin qui reste ouverte en nous offrant deux possibilités.

Nous laissons alors libre cours à notre imagination lorsqu'on referme ce livre. Ce qui est assez plaisant.



Une lecture addictive qui plaira sûrement aux amateurs du genre.
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Demain disparue

Bonjour,

Voici “Demain disparue” de David Coulon. J’ai adoré ce thriller psychologique qui nous plonge dans un scénario suffocant et anxiogène. Nous suivons Lif et son mari invités à dîner chez des amis résidant dans un village isolé. À peine arrivée, Lif ressent une sourde angoisse relayée par le comportement étrange de ses amis et n’a plus qu’une envie: fuir. L’intrigue m’a tenue en haleine page après page, tout au long du livre. Attendez-vous à affronter une atmosphère glauque, angoissante et terrifiante. Le personnage principal est fort bien décrit, vous partagerez ses émotions, ses peurs, ses interrogations et ses souffrances. L’auteur aborde des thèmes forts et dramatiques avec justesse aidé par une plume percutante et incisive . Un excellent moment de lecture !

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Trouble passager

Confrontation entre un écrivain de quarante ans et une jeune fille qui l'accuse de crimes.



Lorsque l'auteur a présenté succinctement cet ouvrage au Festival de Mauves en Noir, l'idée générale m'a rappelé l'excellent film 'La jeune fille et la mort' (1994). Un film que j'aimerais revoir, mais dont j'ai blacklisté le réalisateur depuis quelques années. J'ai la solution : lire la pièce qui l'a inspiré, signée de l'auteur argentino-chilien Ariel Dorfman. Ça ne saurait tarder, le livre est en commande.



L'auteur de ce roman noir, David Coulon, est psychologue. Il développe ici l'idée que « la grande balance du monde tient en équilibre grâce au va-et-vient constant entre l'état de victime et celui de bourreau. »

Soit, mais de la même façon que Coluche a dit que « les hommes naissent libres et égaux, mais [que] certains sont plus égaux que d'autres », il me semble que certains sont plus souvent d'un côté que de l'autre. Dans l'absolu, en tout cas, avec le hasard de distribution des cartes à la naissance, notamment.

Dans cette intrigue, en revanche, le principe se vérifie, chacun passe de prédateur à proie.



J'ai aimé l'éclairage psy de l'auteur, notamment la métaphore sur la vie comme une pièce (pièce dans laquelle on vit, ou pièce de théâtre), dont un rideau rouge cache l'indicible, l'inmontrable, « le lieu des fantasmes, des interdits ».

J'ai moins apprécié le début, je n'y ai pas cru. Ce n'est pas ainsi que j'imagine le comportement d'une maman dont la fillette de neuf ans a disparu depuis cinq années. Lucie m'a semblé désinvolte, à vouloir tourner la page de cette façon...

Il reste également une question en suspens, ou alors j'ai lu la fin trop vite.

Malgré ces réserves, malgré l'atmosphère étouffante et la violence, j'ai été captivée par cette intrigue, lue en une journée.
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Trouble passager

Aucun temps mort, David Coulon ne laisse pas notre esprit vagabonder. Non dès l'instant où vous avez fait le choix d'ouvrir son roman il vous séquestre et pas moyen de s'échapper tant que vous n'aurez pas tourné la dernière page.

Bien qu'il s'agisse d'un enlèvement et donc d'un sujet amplement vu et revu il y a quelque chose d'originale et d'addictif assurément.

David Coulon m'était inconnu jusqu'à ce jour et je ne suis pas étonnée qu'il soit psychologue car son personnage Rémi est extrêmement bien traité, ses réflexions en off sont vraiment bien amenées. Ses réflexions sur la victime et le bourreau sont également brillamment traitées.

Ce roman est très bien ficelé mais je suis troublée par un point, d'autant plus que l'auteur est psychologue. Ne voulant rien dévoiler pour les futurs lecteurs je n'en dirai pas plus.

La seule chose que je rajouterai, c'est, lisez-le si vous aimez les thrillers psychologiques.

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Kintsugi

Le Kintsugi est l’art de réparer les objets cassés, en y insufflant de l’or, sublimant ses cicatrices. Pour les rendre à nouveau à la vie. Un processus similaire peut-il s’appliquer aux femmes et aux hommes brisés par un deuil ?



David Coulon pose la question sur la table avec ce roman noir qui plonge dans la psyché d’une mère, d’une conjointe, mis à terre par le pire traumatisme possible. Double peine.



Vu le genre du livre, on se doute bien que le processus de résilience ne se déroulera pas « normalement ». Marie, pleine de vide, va s’enfoncer très profond.



Et l’auteur de nous emmener dans les méandres de la folie, à coups de phrases chocs, d’une écriture syncopée, parfois hypnotique, pour un roman qui se lit d’une traite.



David Coulon est le genre d’auteur inclassable, qui jamais ne répète les mêmes gammes, écrit le même genre de livres. Parfois dans la violence physique et le sang, d’autres fois dans celle plus psychologique.



Ce roman coup de poing s’inscrit dans la seconde veine, au plus près de cette femme, cette mère, qui ne peut se résoudre à la perte. Et que certaines circonstances vont pousser dans le précipice ; descente aux enfers.



Car, histoire il y a, même si courte et condensée, tournée autour de ce personnage poussé au-delà de ses limites.



L’auteur a une écriture bien à lui, beaucoup de phrases courtes, au scalpel, usant de l’art de la répétition pour mieux remuer le couteau dans la plaie. Comme s’il prenait le lecteur par les épaules et le secouait vigoureusement, nerveusement.



Le livre se lit très vite, mais ce n’est pas une lecture facile, on ne parle pas du deuil sans remuer les tripes, surtout quand le choix est fait d’enfoncer le lecteur dans la fange avec le personnage de Marie.



Il vous reste à savoir jusqu’où ira l’auteur, par quel chemin il arrivera à son point. Final ? Et si une lumière peut poindre.



Kintsugi est le genre de roman qui agite, touche, choque. Affecte le lecteur, surtout s’il arrive à se placer dans le terrifiant contexte que vit le personnage principal.



David Coulon propose une expérience de lecture assez éprouvante, avec son style bien à lui. A tenter, si vous vous sentez armés.
Lien : https://gruznamur.com/2023/1..
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Demain disparue

Voici mon retour de lecture sur le thriller Demain Disparue de David Coulon.

Un soir de tempête, Lif et Romuald se rendent chez des amis pour dîner. Ils découvrent que ces derniers sont terrorisés par Joris et Ludmila, un couple d'adolescents.

Enceinte, Lif tente de s'enfuir mais elle est rattrapée par les deux jeunes gens qui la séquestrent dans un bunker jusqu'à la naissance de sa fille qu'ils lui enlèvent.

Lif se lance à la recherche de son enfant pour la sauver.

Demain Disparue est un thriller sur lequel mon avis est très mitigé.

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ma lecture, notamment à cause de passages en italique.

On a la voix de Lif, le problème c'est que ces petites phrases ne m'ont pas toujours intéressées. Notamment sur la façon de prononcer Roro : avec un ronronnement, sans ronronnement.. Bref, aucun intérêt pour moi ! Surtout qu'au début ces petites phrases sont identiques sur la façon de prononcer le prénom, cela coupe la lecture et ne m'a pas du tout donner envie de continuer.

Je me suis pourtant accrochée mais j'ai eu beaucoup de difficultés à apprécier totalement ma lecture.

L'histoire est plutôt bien ficelée, avec comme point de départ un diner chez des amis. Lif et Romuald est un couple qui se déchire, d'ailleurs Lif a envie de rompre malgré le fait qu'elle soit enceinte. Ils vont chez des amis dont le comportement est étrange. Le couple est accompagnée d'ados, mais leur fils n'est pas là. Ils ont l'air d'attendre quelque chose, on des paroles surprenantes.. Et c'est le début d'un sacré cauchemar pour Lif.

L'idée de départ est bonne mais je n'ai pas réussit à rentrer totalement dans ce roman.

Il y a de nombreux rebondissements toutefois je n'ai pas réussit à y croire réellement. Cela m'a parfois paru tiré par les cheveux.

Demain Disparue est un thriller qui a beaucoup de bons retours, c'est pour cela que je le recommande malgré tout.

Il est possible que je n'accroche pas plus que ça avec l'écriture de l'auteur, je ne le connaissait pas et cela peut arriver :)

Ma note : seulement trois étoiles.
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Biotope

Dès les premières pages, j’ai senti que j’entrais dans un livre hors normes. Le ton est donné rapidement et ça frappe fort. David Coulon utilise une écriture à l’os qui va à l’essentiel, sans fioriture. Celle-ci prend parfois une forme atypique. Comme dans la tête du narrateur, des phrases courtes mettent en avant les obsessions et les peurs du narrateur. Cette plume pleine de répétitions crée un effet envoutant qui alourdit l’atmosphère. Entraîné dans une spirale infernale aux côtés du héros, le lecteur est emporté vers le fond.



Le désir de vengeance pousse les protagonistes dans leurs plus bas instincts et les oblige à commettre des actes abominables. L’ambiance est glauque, la violence omniprésente. Certaines scènes sont insoutenables. Même si vous ne craignez pas le gore, il faut être préparé. Comme l’auteur veut accentuer l’esprit malade de son personnage, il le fait radoter sans cesse les détails graveleux et la cruauté ne nous laisse pas de répit.



Attention, ce livre n’est donc pas à mettre sur toutes les tables de chevet. Il faut avoir le cœur bien accroché. David Coulon pousse l’homme dans ses retranchements et nous dévoile sa face cachée. Il titille l’instinct primitif de chacun. Si vous espérez de la lumière, des bons sentiments ou même un minimum d’espoir, passez votre chemin au risque de saigner des yeux ! C’est poisseux, brutal, amoral, du vrai noir corsé !



Pour ma part, j’ai pris un véritable uppercut à la lecture de ce livre. L’outrance des propos sert un scénario torturé et social, qui nous réserve un tas de surprises, toutes aussi sordides les unes que les autres. « Biotope » fait partie de ces livres qui impriment une marque indélébile dans notre esprit.



Maintenant que j’ai sorti la tête de l’eau, je ne vous cache pas qu’un peu de légèreté serait le bienvenu !
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Demain disparue

En lisant quelques chroniques de ce livre, j’ai tout de suite été tentée mais une question se posait. Autant j’aime les romans policiers, les thrillers et je ne suis pas choquée par les meurtres, le sang et j’en passe mais quand il s’agit d’avoir peur, là c’est tout autre chose. Cependant, les lectrices semblaient s’en être sorties indemnes, je ne risquais donc pas grand-chose. En tout cas, c’est ce que je croyais. Tellement confiante que je débute ce livre juste avant d’aller me coucher. Quelle belle idée ! C’est ainsi qu’on se retrouve à avoir peur de sa propre ombre. Car le début de ce roman est parfaitement anxiogène.



Pourtant, tout débute de manière plutôt banale. Lif et Romuald, dont le couple est sur le déclin, sont invités chez des amis qu’ils n’ont pas vus depuis longtemps. Jusqu’ici tout va bien sauf quand on sait que leurs amis habitent dans un village isolé ne comptant qu’une trentaine d’habitants, qu’une grosse tempête est annoncée et qu’ils ont l’air d’avoir vraiment insisté pour que Lif et Romuald viennent à cette soirée. Et ces derniers sont surpris quand ils découvrent qu’un troisième couple va se joindre à eux, un couple voisin d’adolescents, Joris et Ludmila.



Pendant la lecture de ce roman, j’ai écrit quelques mots à l’auteur, car il est très rare qu’un livre fasse autant augmenter mon palpitant, comme si je vivais la situation. Il m’a alors dit que la suite pouvait diviser (à son grand plaisir d’ailleurs) et je dois avouer que je fais partie de ceux qui ont perdu un peu d’entrain quand l’histoire prend une autre tournure. La situation de départ crée tellement une ambiance sombre et inexplicable que j’essayais de deviner l’issue à tout prix, le problème étant que je m’attendais à autre chose.



Bien que ce revirement ne m’ait pas complètement embarquée, j’ai vécu un moment de lecture prenant, captivant, oscillant entre la stupéfaction et l’inquiétude. Ce roman est inquiétant, anxiogène et peut-être pas si éloigné de la réalité. Comment savoir ?

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Kintsugi



Aucun autre titre n'aurait pu être plus approprié pour ce petit bijou de noirceur.

Le kintsugi, c'est d'abord l'art japonais de réparer des porcelaines avec une laque saupoudrée d'or. Les objets brisés prennent alors une apparence unique, leurs cicatrices dorées sont mises en valeur. Ces objets chargés d'histoire sont prisés par les collectionneurs.

Par extension, le kintsugi est devenu l'art de soigner les âmes, d'être en paix avec soi-même.

"Elle ne peut pas comprendre que je suis en train de recoller les morceaux de ma blessure ouverte."

La poupée fracassée, puis réparée, en couverture, l'illustre superbement.

Le roman de David Coulon évoque le deuil brutal de Marie, héroïne torturée par l'inacceptable mort de son époux Marc et de leur fille Lilas dans un accident de la route.

La résilience devra passer par les cinq étapes que l'on connaît : Déni, Colère, Marchandage, Dépression, Acceptation.



Le lecteur vivra chaque moment au travers du prisme déformé par l'absolue souffrance du personnage principal, qui devra trouver des raisons de continuer à avancer.

Qui ne comprend pas.

Qui ne sais pas pourquoi.

Qui nie une réalité intolérable et ne voit plus que la réalité qui l'arrange.

Sombrant dans une réconfortante folie.



Quelques personnages secondaires vont accompagner son parcours, sans qu'on sache si leurs interactions sont vraiment celles qu'elle nous décrit ou seulement celles qu'elle imagine.

La femme médecin qui évoquera le possible don d'organes de Lilas avec l'empathie d'une porte de pénitencier.

L'inspecteur Paulic, curieusement prêt à tout pour l'aider à franchir ce cap difficile.

Un couple de cas sociaux, violent et alcoolique.

Une belle-mère très à cheval sur les règles.

Ses meilleures amies, le chauffard meurtrier, le petit bonhomme...

Ils n'ont que peu de relief, et c'est très bien comme ça. Nous ne connaissons d'eux que la perception déformée, tronquée, d'une femme qui a perdu tous ses repères du jour au lendemain et qui sera envahie par le deuil, sous toutes ses formes.

Marie vit avec ses morts, pas avec les vivants.

"Les fantômes n'existent pas et pourtant, cela ne les empêchent pas de hanter notre existence."



Ce qui m'a le plus épaté, c'est l'écriture du roman.

Elle est totalement au service des méandres de solitude et d'obsessions de Marie. de son étouffant chagrin. de son dérapage vers sa propre réalité parallèle. le lecteur plonge en apnée avec Marie.

Un livre peut se dévorer tout en ayant un style extrêmement travaillé.

Epuré, haché, hanté, lancinant, désespéré. Toujours dans l'urgence.

"Seul leur monde a de l'importance.

Là, dans ce monde qui n'est pas le mien."



Le propos est dur, mais le d'une rare intelligence. On sort des sentiers battus. C'est profond et marquant. Habilement construit.

La religion en prend pour son grade.

"Nous sommes les latrines de Dieu. Dieu tue nos maris et nos enfants."

Les vivants deviennent abstraits tant les disparus occupent toutes nos pensées.

L'anonymat du don d'organes revêt un aspect cruel qui ne laisse pas indifférent.

Le petit côté décalé de la trame permet en outre de retrouver sa respiration de temps en temps, voire de sourire parfois devant l'étrangeté ( ou même l'absurdité ) de la tournure des évènements.



Après le décès d'un proche, la route de l'acceptation est un chemin de croix, et David Coulon propose au lecteur de tenir la main de Marie et de l'accompagner tout au long de son parcours.

Et non, envers et contre tout, je n'ai jamais songé à la lâcher.



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Biotope

Je pensais savoir dans quoi je m’embarquais mais je me suis trompée !

« Biotope » n’est pas un thriller classique au sens littéral du terme. Il est bien plus que cela. Ou bien pire. Tout dépend de quel point de vue on se place. Cette lecture est inclassable. L’histoire que nous propose David Coulon révèle la face la plus sombre de l’âme humaine.

Tout commence par un accident. Notre personnage principal est au volant de sa voiture et s’en va vers une nouvelle vie. Il est perdu dans ses idées et ne voit pas le petit Baptiste surgir devant lui. Il le percute et le tue. Puis, paniqué, il emporte le corps, le démembre et l’enterre. Personne n’a rien vu, il en convaincu. Tout se passera bien, il en convaincu. Sauf qu’une caméra de surveillance a tout filmé et fait basculer l’existence de notre homme.

« Biotope » est l’histoire d’une soif de vengeance extrême. Une volonté de rendre la souffrance endurée par la violence. Coup pour coup. C’est l’instinct primitif de l’homme qui parle ici.

L’ambiance est noire, glauque, poisseuse, brutale, crue, animale. Pas une once d’espoir à l’horizon.

Le style narratif de l’auteur, reconnaissable entre tous, vient renforcer cette atmosphère oppressante. La succession de phrases courtes, renvois à la ligne forcenés, répétitions enragées, idées noires pilonnées … font de notre cerveau de pauvre lecteur une cocotte-minute sous pression ! Nous sommes dans la tête de cet homme torturé. Empêtré dans ses angoisses, sa violence, ses regrets, sa culpabilité, sa solitude.

Qui est la victime ? qui est le bourreau ?

L’auteur va vous titiller pendant presque 400 pages, sans répit. Cette plongée en enfer est aussi effrayante que captivante.

Vous êtes prévenus, que le spectacle commence !

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Demain disparue

Lif et Romuald, dont le coupe bat de l'aile, se rendent à une invitation pressante d'anciens amis qu'ils n'ont pas revus depuis trois ans, au fin fond de la campagne, alors qu'une terrible tempête s'annonce. Lif est enceinte mais n'a rien dit à son mari. Elle se rend vite compte que quelque chose cloche : ses amis semblent terrorisés, pas de trace de leur fils, le village est désert, les maisons semblent inhabitées avec un drapeau blanc devant chacune d'elles et un couple d'adolescents, invités également, semblent donner les ordres. Lif tente de s'échapper mais elle est faite prisonnière et tenue enfermée dans un bunker enterré jusqu'à ce qu'elle accouche et qu'on lui annonce que son bébé est mort-né. Est-ce la vérité? Parviendra-t-elle à fuir? Qu'est-ce qui l'attend dehors?

Ce roman est une dystopie post-apocalyptique, genre qui n'est pas du tout ma tasse de thé et je ne l'aurais probablement pas lu si la quatrième de couverture avait été plus explicite à ce sujet. Cependant, mis à part ce point, l'auteur installe, avec talent, une atmosphère angoissante, étouffante qui nous saisit très rapidement. J'ai d'ailleurs pensé, lorsque Lif essayait de fuir à travers le village, à une série qui a marqué mon enfance et est à l'origine de quelques cauchemars : "Le Prisonnier" . Un ex-agent secret britannique est enlevé par un mystérieux groupe et retenu prisonnier dans "le Village", un endroit d'où on ne peut sortir même s'il n'y a aucun obstacle physique. Nous ressentons les angoisses, les peurs, le désespoir, la haine de Lif, la narratrice; l'auteur sait rendre ses tentatives de fuite haletantes et anxiogènes.

Mais quelques scènes grand-guignolesques comme celle où l'héroïne déchiquète le cou d'un enfant-geôlier à coup de dents ont douché mon intérêt; l'arrière-plan survivaliste et fin du monde rend le message sur le devenir de notre planète et notre responsabilité en la matière assez inopérant, du moins sur moi.

Il n'en demeure pas moins que j'ai apprécié de découvrir un auteur que je ne connaissais pas du tout et qui ne m'a pas laissée indifférente.

#Demaindisparue #NetGalleyFrance
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Le village des ténèbres

Le village des ténèbres… Un titre qui ne paie pas de mine. Je me méfie toujours des trucs “des ténèbres”, “de la mort”, “des ombres” qui neuf fois sur dix relèvent du nanar livresque.

Coup de bol, celui-ci était le dixième. Pavé de 500 pages lu d'une traite, dur de lever le pif et de retrouver la lumière.

Le Coulon aura donc torpillé ce qui s'annonçait comme une grosse nuit de sommeil en l'amputant de moitié. Il m'achève en ne me rendant pas la chronique facile : pas évident de parler de ce roman sans en spoiler tout ou partie.



Alors le village des ténèbres, c'est l'histoire d'une communauté de femmes qui vit en autarcie dans un coin paumé où les gens ont une fâcheuse tendance à disparaître. Personne n'a l'air vraiment au courant de quoi que ce soit de précis, mais tout le bled fait dans son froc à la seule évocation de ce qui se passe au fin fond de la forêt.

Le récit se positionne quelque part entre le Triangle des Bermudes, la légende des Amazones (les guerrières de la mythologie grecque, pas des vendeuses en ligne) et le Village de M. Night Shyamalan, avec en arrière-plan du folklore médiéval à base de succube. Là-dessus, tu ajoutes une sauce omerta, une pincée de manoeuvre capitaliste et c'est parti ! de fil en aiguille viendront se greffer de l'Histoire, des machinations, des manipulations et une giga dose de folie.

Le village des ténèbres est le roman du pétage de plombs, un condensé de démence humaine. Chacun des éléments de ce thriller horrifique résonne dans la réalité, tant dans l'actualité immédiate que dans des événements historiques plus ou moins récents.

Les communautés isolées qui partent en vrille sont légion dans le cinéma d'horreur (La colline a des yeux, Détour mortel, La maison des mille morts…). On en dira autant des expériences de groupe menées IRL, comme celle de Milgram au début des années 60, celle de Stanford en 1971 ou encore la troisième vague en 1967. Dans la série jusqu'au-boutistes perdus entre ignorance et folie, les exemples abondent de soldats japonais qui ont continué la guerre dans leur coin après 1945. Les derniers à avoir “suivi les ordres” (et paumé la moitié de leur santé mentale) ont déposé les armes en 1974… Et si tu préfères les exemples plus proches de nous, pas mal de mouvements sectaires proposent des séjours à la campagne, pour un lavage de cerveau dans un cadre champêtre et bucolique.

L'être humain possède une faculté à déconner assez phénoménale, suffit de le placer dans la “bonne” situation. Or, chaque personnage du Village des ténèbres est humain. Je te laisse compléter le syllogisme…

Entre tortionnaires qui basculent dans la démence sadique et victimes qui se réfugient dans un monde d'hallucinations pour se protéger, personne n'a les yeux en face des trous. Note que la plupart ne sont pas aidés et que ce roman pose souvent au lecteur la question du choix, l'éternel “comment j'aurais réagi ?”. Très pertinent ici. Idem la question globale : jusqu'où peut-on aller pour la “bonne cause” ?



Le village des ténèbres, ce n'est pas que du psychologique, y a de l'action, comme dirait San Antonio, avec un côté survival très marqué. le roman est riche de péripéties, rebondissements, scènes marquantes et révélations. Dans un premier temps, on sent bien où l'auteur veut nous emmener : au sein (c'est le cas de le dire) de cette communauté de recluses. Prévisible ? Là oui, mais faut bien pour entrer dans le vif du sujet. Et après, t'inquiète, quand on s'enfonce dans l'horreur, on ne sait plus où on va. Attention, l'auteur ne se livre pas à du n'importe quoi confus et incohérent, il te balade dans un récit construit.

Bien écrit en plus, le récit, dans un style propre, efficace et précis. Très rythmé grâce à des chapitres courts et percutants. Peu de temps morts : même quand un personnage s'embarque dans une longue explication, on reste accroché au texte. Les longueurs sont rarissimes – je pense aux discours de Ma' qui ont tendance à se répéter et à ne pas dire grand-chose qui ne soit déjà expliqué par ailleurs. Ce petit point mis à part, la quasi-totalité des cinq cents pages scotchent et faut lutter pour poser le bouquin en route. Moi, j'ai perdu et tout lu sans m'arrêter. Coulon 1, bibi 0.



Roman noir et glauque, le village des ténèbres propose un voyage pas piqué des vers au pays des cinglés. Mais les pires là-dedans, ce sont encore les gens sains d'esprit.


Lien : https://unkapart.fr/le-villa..
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Biotope

David Coulon ne manque pas de nous rappeler dans ses romans qu’il suffit de gratter sous la surface et cette couche d’humanité pour découvrir toute la noirceur de l’âme humaine .

L’auteur traque sans relâche le côté sombre de l’homme , sans filtre , sans concession et sans parti pris .



Cet homme -là a commis lui aussi un acte effroyable . Une abomination dont le jeune Baptiste aura fait les frais , mort sous les roues de cet étudiant , pressé . Au mauvais moment , au mauvais endroit .Mais ce n’est pas l’accident qui l’a fait passer de coupable à bourreau , c’est le sort qu’il a réservé à Baptiste ...après .

Il a été condamné . Avec son statut de meurtrier d’enfant , son calvaire a duré presque huit ans derrière les barreaux avant qu’il soit pris sous la protection d’un certain Pierre . C’est ce dernier qui lui a trouvé ce boulot dans un garage . Celui de Monsieur Jean dénommé “Wrecks” et spécialisé dans la réparation d’épaves. La remise à flot d’automobiles et d’êtres humains quand ils ne sont pas trop abimés ...

Un espoir de réinsertion pour lui qui n’en n’avait plus . Une chance inouïe d’oublier le passé et de prendre un nouveau départ , d’oublier ces années à souffrir et à être humilié .

Monsieur Jean ,un homme qui a le cœur sur la main ,prêt à aider ces anciens taulards et à leur donner une seconde chance .

Le travail d’agent d’accueil de nuit dans le garage , un appartement mis à disposition par M. Jean ,la découverte de nouveaux collègues ,tout semble repartir sur de bons rails .

Mais la nuit est prétexte aux souvenirs et surtout aux mauvais . Et la routine du boulot va vite laisser place à la surprise , aux questionnements : que se passe-t-il vraiment dans les sous-sols du garage ? Pourquoi M.Jean lui a-t-il demandé de couper les caméras de surveillance dès qu’il voit s’afficher le mot “ Biotope” sur l’écran de son ordinateur ? A qui sont ses cris atroces qu’il perçoit ? Autant de questions sans réponses qui vont attiser la curiosité de notre homme et lui faire découvrir un épouvantable secret , secret qu’il n’aurait pas rêvé dans ses pires cauchemars .



Comme dans ses précédents livres , l’auteur nous offre une écriture explosive , hors norme . Des phrases courtes réduites par moment à de simples mots . Un agencement diabolique qui nous fait ressentir de manière intime toute l’horreur vécue avec intensité par cet homme qui va de stupeurs en frayeurs. Comme le personnage principal , vous serez secoué , désarçonné , parfois mal-à-l’aise devant cette vengeance qui ne connaît pas le pardon mais se reconnaît dans la Loi du talion .

L’auteur prend un nouveau malin plaisir à nous manipuler , sans nous laisser nous raccrocher à une quelconque vérité . Mitraillant nos certitudes sans aucune retenue , il nous interroge sur le statut de victimes et de bourreaux ( un thème que l’on retrouve dans “Trouble Passager” ) , les uns pouvant prendre l’apparence des autres quand la raison et une certaine capacité de jugement sont défaillantes. Qui sont donc les véritables monstres ?

Il distille le trouble et la tempête dans nos crânes comme celui de notre protagoniste , dont la lucidité semble vaciller , entraînant dans sa chute un lecteur aux abois .

Un roman de David Coulon s’est du matériau brut , de la noirceur incandescente , un style qui en repoussera certain mais ravira ceux d’entre-nous qui aime les auteurs qui vont jusqu’au bout d’eux-mêmes , qui n’ont pas peur de déranger l’ordre établi et de remuer la vase . Des auteurs qui veulent qu’une lecture puisse aussi marquer les esprits et quoi de mieux qu’un peu d’éclat dans cette morosité ambiante ?

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Le village des ténèbres

Un thriller horrifique, plus proche du survival que du policier. Il est porté par un rythme effréné le rendant très addictif. Les changements de point de vue ainsi que les chapitres très courts amènent à tourner les pages sans vouloir s'arrêter avant le fin mot de l'histoire. Mais ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est le style percutant et l'utilisation très pertinente des parenthèses. Quant au traitement de l'histoire, rien ne nous est épargné. Certains passages, très visuels, font froid dans le dos et pourraient étonner les lecteurs habitués aux thrillers moins sanglants. Zaroff a comparé David Coulon à Jack Ketchum, et effectivement, le style imagé, le rythme, la violence, les rassemblent. Les personnages sont suffisamment attachants, et humains, pour que leur sort nous importe, et que nous soyons embarqués.

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Dernière fenêtre sur l'aurore

C'est un roman sombre (noir, je crois qu'on peut vraiment le dire !), et vraiment oppressant. J'ai tardé à en écrire une critique, car il m'a vraiment laissé une drôle d'impression, et même maintenant je ne pense pas pouvoir mettre des mots sur mon ressenti. Je vais tout de même tenter de décortiquer un peu tout cela en abordant les deux points qui me semblent réellement en son coeur : l'ambiance et les personnages.

Ce n'est pas un polar dans le sens consensuel du terme, car même si meurtre et enquête sont là, ils ne sont pas centraux (selon mon ressenti je précise). C'est réellement l'histoire d'un/des homme(s) qui… pètent un voire plusieurs plombs, mais le terme n'étant pas très poétique, disons plutôt : qui perdent pied avec la réalité. J'ai aimé suivre cette évolution, même si je dois dire que j'ai parfois été mal à l'aise. L'ambiance est vraiment oppressante, et cela tient aussi grandement au travail du personnage principal : flic pour la Brigade de Protection des Mineurs. J'ai eu soudain une révélation : je n'avais jamais lu de polar où le personnage principal travaillait là-dedans, à chaque fois, ça avait été la Crim. Et on peut dire que ça fait son effet. Je n'aurais qu'un mot pour le décrire : sordide. Ah si, peut-être aussi : horrifiant.

La première partie du roman est plutôt lente au niveau du rythme, il n'y a pas vraiment d'action, mais c'est ce qui permet d'instaurer cette ambiance si particulière : ça stagne, comme une eau marécageuse, trouble et nauséabonde. Pour rester en ces termes : le personnage principal semble comme embourbé, dans ses pensées, ses cauchemars, ses peurs.

Dans la deuxième partie, le rythme s'accélère d'un coup et il n'est plus question de lâcher le livre avant la fin.

(spoiler)J'avais trouvé le coupable un peu avant la révélation (ça m'avait fait tilt, il manquait une seule petite pièce pour que le puzzle soit reconstitué). Mais ça ne m'a pas dérangé, parce qu'au final, le roman suit une ligne logique, qui fait un peu figure d'inéluctabilité, et les personnages sont tels qu'il ne pouvait en être autrement. L'identité de celui-ci renforce encore la cruauté ambiante, car finalement, personne n'est bon, ni gentil.(fin spoiler)

Ce qui est aussi assez étonnant dans ce roman, c'est que les femmes y sont toutes absentes (mortes ou parties), alors même qu'un personnage très central (Aurore) est finalement omniprésent. Même Virginie est souvent en arrière-plan. Des personnages absents donc, tout en étant très présents. Les hommes, eux, semblent tous habités par une certaine violence contenue (ou non, d'ailleurs). Je les ai trouvés assez fouillés, surtout pour un roman finalement assez court.

Bref, pour conclure, je dirais que c'est un roman qui ne laisse clairement pas indifférent et qui hante, tout autant que son personnage principal est hanté.



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Je serai le dernier homme...

Ah,pour être noir,c'est noir!! Il faut " s'accrocher"!!



Un homme ( nous ne connaîtrons jamais son nom) ,au retour d'une soirée bien arrosée chez sa maitresse rentre chez lui en empruntant la route dite : route des alcooliques ; ce sont de petits chemins de campagne qui évitent les contrôles de police souvent postés sur les grands axes.

Fenêtre ouverte roulant doucement il entend des déflagrations stoppant son véhicule, il sort de celui-ci ,soudain une jeune femme visiblement terrorisée, en état de choc ,à moitié dénudée, se précipite au volant de sa voiture et tente de démarrer ,réagissant violemment notre homme l'ejecte brutalement de sa voiture ,hélas en tombant sa tête heurte une pierre ; il l'a tuée ! Mais alors là s'ensuit un comportement très étrange de notre homme ,au lieu de prévenir la police il la met dans son coffre de voiture.Pourquoi? Lui-même ne comprend pas son geste.

Et la suite alors ,je ne vous dis que ça !!:entre enlèvements,meurtres,cadavres ayant ėtė suppliciés le tout bien sûr baignant dans des mares de sang,j'ai été servie!!

Le style est bon, enlevé, pas de temps morts ,malgré la mort partout !!

Quel message l'auteur at-il voulu faire passer ?

En bref : la société se décompose ( et là ,on connaît les différentes étapes de la décomposition : merci Sébastien alias : Stanislas Petrosky ) le monde est pourri ,désespoir de l'auteur au travers cette histoire d'une noirceur absolue. J'ai " ingurgité " ma dose et je vais pouvoir affronter de nouveau : Esteban Lehydeux sans aucune appréhension avec un petit verre de rosé ( tu vois Sébastien vous allez arriver à me convertir!! Doucement mais sûrement! ( voir ma critique du 9 février 2017 concernant :Je m'appelle requiem et je t.'........)

POUR LES AMATEURS DU : GORE ,TRASH ,NOIRCEUR .⭐⭐⭐



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Le village des ténèbres

David Coulon était un nom d'auteur qui m'était familier mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de le lire. le troc-livres de mon quartier m'en a donné l'occasion ; aussitôt trouvé, aussitôt lu.

Avant de commencer « le village des ténèbres » j'étais sceptique : le titre du bouquin (un peu racoleur), le thème (un peu rocambolesque) et le nombre de pages (un pavé de 520 pages !) me faisaient peur mais l'excitation de la nouveauté a pris le dessus et j'ai plongé !

Nous faisons la connaissance de trois personnages : Jean-Marie Lorey alias Saar, commercial à la dérive ; Luc, jeune gendarme amoureux et trop curieux et Julie, petite amie de Luc.

Luc est affecté dans un petit village de montagne appelé Ancelle. Au cours d'une conversation avec un villageois passablement éméché, il découvre qu'il y a depuis de nombreuses années des disparitions étranges. Après une rapide enquête, il se rend compte que tout le monde cache ses disparitions, y compris la gendarmerie. Il découvre alors la légende entourant ce lieu : des femmes (des succubes) enlèvent les visiteurs indésirables osant s'aventurer sur leur territoire. Malgré la tempête à venir, Luc, déterminé à découvrir la vérité, décide de se rendre au coeur du massif des Dix Mendiants.

Les paysages sont gris, neigeux, brumeux et rendent l'atmosphère sombre, angoissante. La plume de David Coulon est originale, fluide, captivante. Les chapitres sont courts, les descriptions réalistes et les dialogues percutants. L'atmosphère glaçante semble irréelle. Un vrai cauchemar ! Et pourtant, on ne peut s'empêcher de tourner les pages…

Est-ce que j'ai aimé ma lecture : sans détour je réponds oui. L'histoire en elle même change de ce que je lis d'habitude et elle est très bien écrite. Après, je note tout de même deux bémols : une grosse déception sur la fin donnée à cette histoire ; on ne sait pas ce que deviennent les protagonistes principaux. D'autre part, certains points paraissent un peu tirés par les cheveux et m'ont coupée dans le rythme de ma lecture.

Le mot de la fin : une expérience singulière ; un thriller avec lequel j'ai aimé avoir peur !

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Trouble passager

Tout le monde est innocent.

Crois-moi.

Tout le monde.

Pas de coupables.

Pas de gentils et de méchants.

Seulement des victimes et des bourreaux.

Des victimes et des bourreaux. Seulement cela.

Souviens-toi de n’importe quel moment de ta vie. Un moment gai. Un moment triste. Une situation de travail. Une rencontre amoureuse.

Tu as toujours été victime. Ou bourreau.

Rien d’autre. Tu as souffert, ou fait souffrir.

L’un ou l’autre.

Réfléchis bien.

Toi, être humain. Moi, être humain. Nous ne savons rien faire d’autre.

Les actes désintéressés ? Laisse-moi rire. Les chanteurs qui beuglent au profit de telle ou telle association caritative ne le font que parce qu’il y a des victimes. Grâce aux victimes. Tu veux qu’on s’occupe de toi ? Sois une victime. Tu veux obtenir quelque chose de quelqu’un ? Sois son bourreau.



Ainsi commence Trouble Passager, le ton est donné d’entrée de jeu sans que l’on sache vraiment de quoi il retourne. Dans la mesure du possible j’espère vous donner envie de découvrir ce roman tout en maintenant un relatif flou artistique autour de son intrigue.



Troublant le bouquin l’est par son style, à l’image de son ouverture. Des phrases courtes, faut aller à l’essentiel et faut que ça claque comme un coup de fouet. Beaucoup de répétitions, comme pour ancrer les idées au plus profond de l’esprit du lecteur.



Troublant par les thèmes abordés aussi. Il est en effet beaucoup question de pédophilie. Un thème difficile et glauque à souhait, traité ici sans fausse pudeur, mais sans voyeurisme non plus. Il sera aussi question de vengeance, dans sa forme la plus brute, façon Loi du Talion. Victimes qui deviennent bourreaux, bourreaux qui deviennent victimes…



Ami lecteur, amie lectrice, si d’aventure tu plonges en ces pages attends-toi à te faire malmener par un auteur d’une redoutable perversité. Au fil des pages, tu n’as pas fini de te poser des questions ; coupable ou innocent ? Victime ou bourreaux ? Les deux ? Quand tu penseras avoir la réponse, un nouvel élément fera vaciller tes certitudes… retour à la case départ.



Pervers, mais aussi redoutablement efficace. David Coulon saura vous prendre rapidement aux tripes et ne vous lâchera qu’après les avoir vrillées dans tous les sens, encore et encore. Angoissant, oppressant, mais aussi terriblement addictif. Une fois pris par la mécanique mise en place par l’auteur vous ne pourrez plus lâcher le bouquin. Pour finalement refermer ce roman KO debout, désorienté. Troublé… mais heureusement ce n’est que passager (à en croire le titre).

C’est volontairement que je n’aborde pas la question des acteurs de cette intrigue. À vous de les découvrir, de découvrir leur rôle et leur degré d’implication. À vous de vous triturer les neurones pour démêler la toile que tisse David Coulon.



Il m’a fallu un petit temps d’adaptation pour me faire au style de l’auteur, ensuite j’ai eu l’impression d’être enfermé dans le tambour d’une machine à laver, essorage à plein régime. Une lecture qui remue, au propre comme au figuré. Il me manque un petit je ne sais quoi pour le coup de cœur, mais incontestablement un coup de poing. Un putain d’uppercut qui fait mouche !



Une chronique volontairement courte, non qu’il n’y ait rien à dire (au contraire !), c’est une intrigue tellement intense qu’elle mérite d’être découverte l’esprit vierge de toute information parasite.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Je serai le dernier homme...

Je serai le dernier homme n'est pas la préquelle de Je suis une légende. Pas de post-apo ou pré-apéro en vue mais un cocktail Coulonov. Mélange de polar, de thriller psychologique, de roman social, le tout n'étant qu'un prétexte pour te parler du monde et des gens. le village des ténèbres était déjà noir bien comme il faut, Dernière fenêtre sur l'aurore encore plus, Je serai le dernier homme repousse les limites. Plus noir qu'une caisse de campagne électorale (et je ne parle pas de voiture).





Ce dernier homme est un narrateur anonyme. Je l'appellerai David, moitié pour éviter de répéter “narrateur” trente-douze fois da,s la chronique, moitié parce que pendant la lecture je l'imaginais avec la tête de Coulon, moitié parce que son histoire démarre comme un autre David, Vincent celui-là, par un raccourci vers les emmerdements. (Là, tu vas me dire que le compte n'y est pas. A quoi je rétorquerai que je suis aussi doué en maths que toi en second degré.)

Or donc, l'ami Dave roule dans la cambrousse. Coups de pétoire. Il s'arrête, descend de sa caisse (là, par contre, je parle de voiture). Une damoiselle en détresse surgit, quiproquo, accrochage, boum. La voilà viandée par terre, aussi morte que l'ISF. Moi, je l'aurais enterrée pas loin, ni vu ni connu. le narrateur, lui, panique et la fourre dans son coffre (fourrer, dans le sens ranger, hein, ne va pas imaginer un trip nécrophile…).

S'ensuit une histoire pas piquée des vers (à l'inverse du cadavre). Comment planquer un corps qui a une fâcheuse tendance à se barrer en morceaux et à puer la mort ? Pourquoi ne pas le retourner à l'envoyeur, puisque d'après les actualités, la donzelle avait été kidnappée par un taré ? Mais qui ? Comment vivre avec ça et le reste ?





Et tout ça, quelque part, on s'en balance. Certes, Coulon bâtit autour de son macchabée encombrant une histoire policière qui tient debout, mais l'intérêt du roman est ailleurs. La preuve, on connaît le coupable à la moitié du bouquin (le colonel Moutarde avec la bouteille de vin dans la chambre de Beaune). L'important ici réside dans le “mais pas que…” de la couv'.

Commençons par l'évidence, Je serai le dernier homme parle de culpabilité. Logique pour une histoire qui démarre sur une autoroute perdue très lynchienne dans l'âme (enfin, un chemin de terre, parce qu'en France, on a moins de budget). Tout involontaire qu'il soit, un homicide, faut vivre avec. Pas facile, dirait un diplômé en litote. Avec en prime la question aussi primordiale que tarte à la crème : qu'est-ce que tu aurais fait, toi, dans cette situation ? Dans mon cas la réponse est simple : rien, je n'ai pas le permis (lol, comme on dit).

Ce roman est aussi celui de la boule de neige. Pas la gentille des batailles hivernales pour de rire. Non, celle qui dévale, grossit, emporte tout sur son passage. Un choix foireux en entraîne un autre, qui amène une décision prise dans la panique ou l'urgence, et ainsi de fuite (en avant).





Je serai le dernier homme brosse surtout le portrait d'une humanité perdue. Qui ne sait plus où elle en est, encore moins où elle va, mais elle y court quand même à fond. le monde part en vrille dans une ambiance très fin de siècle… sauf que l'histoire est contemporaine, autant dire qu'on l'attaque tôt la fin du siècle, un peu comme les fins de mois qui démarrent le 8.

Fermetures d'entreprises, luttes syndicales dont le résultat est écrit d'avance, chômage, politique de reclassement à la traîne quand elle existe, voilà une région où il fait bon vivre… comme n'importe quelle autre. Avec par-dessus disparitions, viols, meurtres, ici ou ailleurs dans le pays… ou d'autres, pas mieux lotis avec leurs attentats pires que chez nous, leurs guerres civiles, leurs populations jetées sur les routes ou dans la Méditerranée.

Et au milieu, un type comme tant d'autres, très entouré pour un dernier homme. Très seul aussi, entre une femme qu'il n'aime plus, une maîtresse qu'il n'aime pas, une fille qu'il se sent incapable de protéger de la misère du monde, des amis avec lesquels il n'a rien en commun, des collègues qui n'en sont plus, la faute au chômage… Et la planète tout autour qui pète de partout.

Un dernier homme relié à tout le monde et personne. En témoigne une omniprésence de la représentation, à travers la photo, la radio, la télé. Tout est lointain, creux, fugace. Interconnexion permanente et artificielle.

Pour son roman de la solitude au milieu des gens, Coulon n'aurait pu trouver meilleur titre.
Lien : https://unkapart.fr/je-serai..
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