Deborah Curtis

"La salle de bains était au second. Une nuit, j'avais le fou-rire. J'ai attendu que Ian aille à la salle de bains et je me suis cachée dans la pièce rouge, en bas des escaliers. Lorsque Ian est passé devant la porte, j'ai bondi en poussant un cri. J'ai été stupéfaite de le voir détaler jusqu'à un coin de l'étage en montant les marches quatre à quatre, et à se recroqueviller là, tout larmoyant. Quelques secondes plus tard, il a descendu les escaliers comme s'il ne s'était rien passé et a continué à regarder la télévision. Je voulais le questionner sur l'incident, mais je sentais qu'il était complètement inconscient de ce qui venait d'arriver. Je me suis assise et je l'ai regardé un moment, et bientôt j'eus moi-même du mal à croire ce que j'avais vu."


Pages 74-75

Le groupe a joué son premier concert sous le nom de Joy Division le 15 janvier 1978 au Pips, une boîte de nuit de Manchester. Tony Wilson avait promis à Steve Morris de venir les voir, mais il n'a fait aucune apparition. Ils ont joué de qui m'a semblé être un bref concert devant un public qui au moins ne s'était pas fermé à l'aura particulière de Joy Division. J'étais assise en haut des escaliers au-dessus de la piste de danse et j'ai observé un fan qui s'est rué sur scène et s'est furtivement emparé de la liste des morceaux dressée par Ian de son écriture géante. Cela m'a amusée que quelqu'un veuille collectionner la liste d'un groupe qui n'était payé que 60 livres sterling.

Page 107

Ian avait déjà été hypnotisé quelques fois par Bernard Sumner, qui a également trouvé en lui un sujet docile. Bernard a eu de longues conversations avec Ian pendant qu'il était en état d'hypnose, et l'une d'elles fut enregistrée sur une cassette. Ian l'avait ramenée à la maison pour que je l'écoute sur un magnétophone d'emprunt. Bien que les mots fussent murmurés et calmes, Ian insistait sur le fait que chaque fois qu'il était hypnotisé, il régressait à un stade de vie antérieure et pendant ces quelques minutes, il croyait être un vieil homme sur son lit de mort.

Page 202

Je suis rentrée dans la maison de mes parents sans réveiller personne et je me suis endormie dans la seconde où ma tête a touché l'oreiller. La chose suivante que j'ai entendue a été : "C'est la fin, belle amie. C'est la fin, ma seule amie, la fin. Je ne te regarderai plus jamais dans les yeux...." Etonnée d'entendre "The End" des Doors, je me suis fait violence pour me lever. Même en dormant, je savais que c'était peu probable d'entendre cette chanson sur Radio One un dimanche matin. Mais il n'y avait pas de radio - tout cela était un rêve.

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"Fondamentalement, nous voulons jouer et prendre du plaisir avec ce que nous aimons jouer. Je crois que lorsque cela s'arrêtera, il sera temps de tout plaquer. Ce sera la fin."

Ian Curtis. Interview sur Radio Lancashire. 1979

A quel point faut-il être malheureux pour que vivre ensemble semble pire que mourir ?