J'aperçus les yeux des premières tables briller. Je réalisai que ce que nous venions tout deux d'accomplir. La salle entière crut à une mise en scène superbement exécutée, nous valant une ovation. Matthias prit ma main et la serra. Il fut le seul à connaître la vérité. Il me vit comme personne ne me vit encore, il me vit comme j'étais réellement.
Je n'avais pas d'ailes, mais je savais voler.
Alors que je m’apprête à me laisser bercer au pays des rêves, je la vois se mouvoir. Stupéfaite, j’ouvre grand les yeux. Mon coeur bat à tout rompre. Une vague de chaleur désagréable envahit mon corps. La sueur perle sur mon front. Dans un élan de précipitation, j’allume d’une main tremblante la lampe de chevet sans perdre la silhouette de vue.
Je scrute son dos, sa démarche fière et assurée, tandis que ses cheveux flottent sur ses épaules d’une façon insolente. Chaque pas qu’elle fait résonne dans mon crâne. Une silhouette, elle n’est plus qu’une silhouette… Une ombre, un mirage, un rêve, un souvenir…
Il y aura toujours des personnes qui basculeront du mauvais côté, ou au contraire ceux qui auront choisi la voie de la raison. Pour ma part, j’ai encore du mal à savoir de quel côté de la balance je penche. J’ai bien souvent eu une vision trop pessimiste de ma personne. Je me suis haie plus d’une fois, voyant la plus horrible des choses dans un miroir. Et d’un autre côté, je suis la petite fille trop gentille, incapable de se défendre face à la méchanceté des enfants de mon âge, murée dans mon éternel silence.
Ce n'était qu'un incident, celui qui vient ponctuer l'existence et nous rappeler à quel point on tient aux personnes qui nous sont chères, qu'il est important de le leur dire, de leur témoigner qu'on les aime.
Le désespoir nous pousse parfois à consoler notre peine auprès d'autres personnes, pour colmater le gouffre que la séparation a provoqué.
La vérité, c'est qu'on n'a jamais toute sa raison quand on est dingue de quelqu'un.