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Critiques de Deborah Heissler (14)
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Sorrowful Songs

Publié dans la remarquable édition AEcranges & Co, le recueil Sorrowful Songs (Les chants plaintifs) est une nouvelle occasion pour moi d'apprécier encore un peu plus la très belle écriture de Deborah Heissler.

Le titre du recueil est directement inspiré de la Symphonie n°3 Opus 36 du compositeur polonais Henryk Gorecki. Cette oeuvre symphonique marquante, grave, aux motifs lents et répétitifs a été composée en 1976, en hommage aux victimes disparues de la Shoah.

C'est le même thème de la séparation et du deuil qui est au coeur des Sorrowful Songs de Deborah Heissler. Une femme prénommée Blanche s'est éteinte hier soir, c'est le regard de celui qui l'accompagnait dans ses derniers jours qui écrit. Poids de la disparition, de la solitude qui se répand. C'est aussi l'évocation de tout ce qui reste, de tout ce qui demeure dans le secret de l'instant, dans le matin d'hiver. Au dehors, le paysage recouvert de neige, c'est la nature qui continue de vivre à son rythme.



" Ce bleu. D'un seul trait égal et sans nuance.

Tendant à l'absolu. Énigme de l'herbe dans ta main.

Tu as gorgé mon oeil de basalte, soufflé la neige

sur mes pas. "*



Comme des mouvements musicaux, le recueil se décompose en trois parties, en trois chants : " Jardin – Elle endormie ", " Rien que le ciel ouvert ", " Chambre ou Te perdre ". Trois mouvements traversés par une silencieuse gravité et une délicate retenue. Une autre oeuvre musicale vient s'intégrer à l'écriture. Nommée, c'est une pièce pour piano, « Les pas sur la neige » de Claude Debussy. Comme le silence entre les notes, les mots résonnent dans les espaces, dans le vide des blancs.



" Tu – qui bat entre deux rythmes, juste amnésie

à la langue de nos désirs. Corps inclinés,

paupières closes.



Spasme lumineux du bleu sur la page contre le

soleil avant le jour. Creusement. Torsion de la

voix et tournant ainsi étreinte ; dans le milieu du

monde, rien que le ciel ouvert. "*



Dans l'écriture de Deborah Heissler, il y a toujours une douceur étrange, feutrée, une mélodie lente qui effleure l'imaginaire, la sensibilité et les souvenirs du lecteur. Chaque texte en prose fait naître une image, puis une autre, comme dans un rêve dont on ne revient jamais tout à fait, dont on n'a pas saisi la pleine signification. Cette part d'incertitude, presque d'égarement, est comme la condition de l'écriture chez Deborah Heissler. C'est ce qui me rend son oeuvre particulièrement attachante.





(*) extraits de « Rien que le ciel ouvert »
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Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe

Écrit lors d'un séjour en Chine Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe, est pour moi une belle retrouvaille avec la poésie de Deborah Heissler.

Dans quatre chapitres désignés en japonais Kaimamiru (entrevoir), Seijaku (Silence), Seishiga (Image fixe) et Yakei (Scène de nuit), c'est tout un jeu de couleurs, de formes, de sonorités, de sensations qui se forment, apparaissent sous une écriture qui se fait légère, contemplative. Elle recueille une à une toutes les nuances particulières d'une trame de paysages, de saisons et d'instants à part, et en rapporte minutieusement toute la secrète et singulière beauté.



C'est une poésie très attachante, méditative, détachée, qui va comme au rythme d'une lente respiration, qui à sa lecture agit comme une dilatation, une ouverture au temps et à l'espace mais qui resserre aussi le regard du lecteur sur la part la plus essentielle de notre présence au monde. C'est dans l'infime, dans l'éloignement que Deborah Heissler va chercher cette part cachée du monde qui est la plus capable de nous rappeler à nous, de cette vie de passage que nous ne faisons qu'emprunter.



Je me souviens

le bleu des nues d'orage et celui

de la source, le bleu de la sauge

fait pour être froissé dans la main.

L'abandon, le don, cela seul.

Les derniers arbres fleuris dans les jardins.

La pluie de juin qui tombe

comme un chuchotement, universel,

sur un chemin d'herbe et de violettes

mêlées – et la fraîcheur du soir

qui vous saisit.



(extrait de Seijaku - Silence)



Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe de Deborah Heissler est d'une écriture qui obsède par sa profonde justesse et sa douceur.
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Sorrowful Songs

La poésie, la musique, l'art pour dire la disparition de l'Etre aimé. De l'intelligence et de l'émotion.
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Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe

En jardin japonais minutieusement agencé, un art intense du silence méditatif qui suggère bien des pistes poétiques inattendues.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/12/12/note-de-lecture-comme-un-morceau-de-nuit-decoupe-dans-son-etoffe-deborah-heissler/



Publié en 2010 chez Cheyne Éditeur, « Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe » est le deuxième recueil de Deborah Heissler. Récompensées par le Prix international de poésie francophone et par le Prix du poème en prose, ces cinquante pages somptueuses se répartissent en quatre mouvements, Kaimamiru (« Entrevoir »), Seijaku (« Silence »), Seishiga (« Image fixe ») et Yakei (« Scène de nuit »). Même si le recueil a été en partie écrit lors d’un séjour en Chine, à l’Université Xiangtan du Hunan, il se situe, comme les titres des quatre composantes – mais plus encore la tonalité thématique méticuleusement agencée – l’indiquent, au confluent d’un art dense de la forme courte japonaise (celui qui s’étend bien au-delà du seul haiku, comme le rappelait Roland Barthes dans sa « Préparation du roman »), ancré toujours, en essence ou en apparence, dans le fait naturel, matériel s’il en est, et d’un maniement judicieux et songeur du silence – faussement ou authentiquement contemplatif – qui prolonge ceux travaillés par Yves Bonnefoy, André Du Bouchet ou Philippe Jaccottet (l’autrice ayant consacré en 2005 sa thèse de littérature à ce dernier : « Psyché ou l’évidence de l’invisible dans l’œuvre de Philippe Jaccottet. Une poétique de l’impossible comme mise à l’épreuve du signe »).



On sera nécessairement frappé par la beauté de ces agencements qui jouent avec un jardin japonais plus psychologique et métaphorique qu’il n’y paraît d’abord (on songera peut-être, depuis un angle poétique fort différent pourtant, au magnifique « Photogénie des ombres peintes » de Sandra Moussempès), mais qui laissent sourdre beaucoup d’inattendu dans la méditation apparente. Jeux de souvenirs, résonances intimes, certainement et bien sûr, mais aussi menées plus souterraines, plus intrigantes encore, presque subversives par instants (dans certains éclairs de silence significatif, les « Géographies de steppes et de lisières » d’Anna Milani ne sont peut-être pas si loin). : il y a ici à l’œuvre un art surprenant d’instiller le doute et l’hésitation salvatrice au cœur même de l’innocence et de la certitude.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Près d'eux, la nuit sous la neige

« SUBVERSION D'ENCRE » Une note de lecture d'Angèle Paoli sur son site terre de femmes.
Lien : http://terresdefemmes.blogs...
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Chiaroscuro

Note de lecture de Philippe Aigrain dans "l'Atelier de bricolage littéraire".


Lien : http://www.atelierdebricolag..
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Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe

Note de lecture de Pierrick de Chermont dans "Recours au poème, Poésie et Mondes poétiques"
Lien : http://www.recoursaupoeme.fr..
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Près d'eux, la nuit sous la neige

Note de lecture de Richard Blin dans Le Matricule des anges
Lien : http://www.lmda.net/din/tit_..
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Sorrowful Songs

Sorrowful Songs de Deborah Heissler par Tristan Hordé sur Sitaudis.
Lien : http://www.sitaudis.fr/Parut..
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Chiaroscuro

Note de lecture de Matthieu Gosztola sur Poezibao
Lien : http://poezibao.typepad.com/..
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Sorrowful Songs

Note de lecture de Angèle Paoli sur le site Terres de Femmes
Lien : http://terresdefemmes.blogs...
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Les nuits et les jours

Une déambulation onirique entre la Pologne de 1947 et le Paris de nos jours, le souvenir de Blanche et de Semprun, de Karol, Kundera, Beethoven...
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Sorrowful Songs

Dans son article paru dans la Nouvelle Quinzaine Littéraire, (numéro 1146, mars 2016) Sabine Huynh se souvient que, déjà, dans ses précédents recueils, Déborah Heissler amenait par touches impressionnistes (« les cendres en pincées, lyriques ») ce qui allait devenir les motifs essentiels de son œuvre poétique : [le] jardin intime, désirable [...]. Sorrowful Songs [...] s’ouvre sur un tel « Jardin – elle endormie » et sur ce « triomphe » que cet apaisement représente, à l’encontre de la nuit, de la perte, de l’absence et du chagrin, que l’on ressent à la lecture de ces « chants de douleur » qui puisent leurs larmes au puits de la Shoah. Car c’est la "Symphony of Sorrowful Songs" – la "Symfonia pieśni żałosnych" ou "Symphonie no 3", dite des « chants plaintifs » – du compositeur polonais Henryk Górecki, hanté par les morts d’Auschwitz, qui donne [au] recueil son titre, sa tonalité triste, son tempo lento, sa forme ternaire (malgré elle, nécessairement) et ses mouvements : ceux, narratifs, de « Jardin – elle endormie » et « Chambre où te perdre », en ouverture et clôture, et celui, poétique, central, de « Rien que le ciel ouvert ».
Lien : https://www.nouvelle-quinzai..
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Comme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe

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