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Critiques de Declan Shalvey (52)
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Brian Wood poursuit son profonde immersion dans l’histoire des « Northlanders », des « gens venus du Nord » parfois appelés Normands ou Vikings selon les lieux et les époques ; il s’entoure toujours d’une flopée d’artistes talentueux pour chacun de ses récits qui nous immergent ici dans le mystère des expéditions islandaises entre le VIIIe et le XIIIe siècle.



Nous débutons cette plongée guerrière et conquérante avec deux courts récits. Dans « Préludes – Au large de l’Islande » (à partir de 760 apr. J.-C.), nous suivons d’abord Dag, vieux capitaine d’une coque de noix branlante, dans sa folle quête d’un « ailleurs ». Cette réflexion sur l’esprit d’initiative et d’exploration, ainsi que sur le grain de folie qu’il convient d’avoir dans ce genre d’entreprise, se tient à la première personne. Tout en associant les représentations nordiques du monde à la dynamique d’exploration de ces « gens du nord » (Thor en dieu du Tonnerre qui vient se rappeler à l’esprit des navigateurs ; la découverte d’une terre mystérieuse faisant penser au domaine des dieux eux-mêmes), cette histoire courte est aussi l’occasion de se familiariser au dessin de Fiona Staples, pas encore autant affirmé que dans Saga, mais déjà intéressant à suivre. De même, dans « Sven l’Immortel », avec un dessin de Davide Gianfelice déjà bien plus abrupt, nous découvrons un récit qui renvoie à une longue aventure contenue dans le Livre anglo-saxon et qui était passionnante concernant le fameux Sven, jeune exilé, puis guerrier sur le retour et enfin vétéran aux velléités familiales.

Ce volume concernant les sociétés islandaises fondées au haut Moyen Âge par des explorateurs scandinaves (suédois, norvégiens et danois notamment) prend son véritable envol avec le récit « La jeune fille dans la glace » (Islande, 1240 apr. J.-C.), où Brian Wood décrit un nouveau vieillard en proie à la solitude, à l’incompréhension générale et aux ambitions des guerriers alentour. Le dessin de Becky Cloonan n’est pas désagréable du tout, mais c’est surtout le fond, le contenu scénaristique qu’il convient de retenir ici, puisque Brian Wood livre une analyse du tissu social en Islande au XIIIe siècle sous la domination d’un clan nommé les Sturlungar. La justice expéditive fait alors parfois étrangement plus de bien que des enquêtes à rallonge dans des contrées difficiles d’accès.

Le plus gros morceau de cette volumineuse intégrale reste la dernière partie, « La trilogie islandaise » (871 à 1260 apr. J.-C.). Les différents chapitres qui la composent sont illustrés d’abord par Paul Azaceta, puis par Declan Shalvey, et enfin par Danijel Zezelj, ce qui montre déjà la qualité graphique générale de cette histoire. Même si l’ambiance est relativement proche quand nous passons de l’un à l’autre, le deuxième m’enthousiasme légèrement davantage que le premier avec plus de détails dans les mouvements et une attention particulière apportée à la construction des planches en alternant pages entières (splash pages) et cases plus ou moins imbriquées entre elles. Quant à Danijel Zezelj qui conclut l’illustration de cette trilogie islandaise, en collant exactement au ton donné par les deux précédents illustrateurs, il réussit à ne pas faire tâche et c’est l’essentiel. Tous trois misent sur des couleurs très glacées, très bleutées, dans la plupart des cases pour, plus tard, mettre en valeur la violence des combats (cases largement rougies) et la noirceur des sentiments (assombrissement des traits des personnages). Il faut dire que l’aspect graphique se devait d’être à la hauteur d’une histoire au long cours retraçant la lutte sur plusieurs générations du clan des Hauksson face à celui des Belgarsson pour établir une colonie stable en Islande. L’honneur et les représailles familiales deviennent alors monnaie courante entre deux raids de l’autre côté de la mer du Nord, ainsi qu’entre les revirements politiques et religieux.





Pour caractériser l’ensemble de ces histoires très disparates et de taille variable, nous pouvons souligner le fait que le scénariste de cette série opte largement pour des récits très individuels désormais (à la première personne, d’une manière où il faut « forger son propre destin ») ; en même temps, nous parcourons des paysages plutôt désertiques et c’est une ambiance de continuel front pionnier que nous fouillons ; la fuite, l’exil, l’appât du gain, il y a toujours une motivation pour aller de l’avant : c’est ce que dépeint Brian Wood pour ces Normands, mais d’une telle façon que c’est finalement largement adaptable pour n’importe quel peuple cherchant à vivre, tout simplement.

Et tandis que le corbeau ou la corneille, je ne saurais trop dire, veillent toujours au grain à chaque étape des destinées magnifiques mises en lumière dans cette nouvelle intégrale, nous avons encore le plaisir de tomber, entre les habituels héros vikings que nous connaissons plus ou moins, sur des femmes fortes, affirmées et véritables que nous rencontrons trop peu dans les œuvres de fiction. Brida Hauksson en est un exemple particulièrement charmant que je recommande au plus grand nombre...





Brian Wood réussit donc toujours à mener plusieurs récits de front, non seulement en faisant que chacun apporte une pierre cohérente à l’édifice, mais également en travaillant avec un nombre conséquent de dessinateurs talentueux (sans oublier les coloristes tels Dave McCaig et Massimo Carnevale).



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28 jours plus tard, tome 1 : Selena

Le monde d'aujourd'hui n'est plus. Le chaos qui le régit désormais est indescriptible. Un virus y a pris ses quartiers d'hiver/printemps/été/automne, transformant tout ce qui bouge en infect infecté méchamment agressif.

Il semblerait que Londres, désormais placé en quarantaine, soit à l'origine de cette saloperie essaimant à la vitesse d'un poney au galop.

Selena s'en est sortie. Traumatisée mais vivante. Aussi, lorsque proposition lui est faite de retourner au charbon afin d'expliquer au monde le pourquoi du comment, sa réponse laconique ne se fait pas attendre : allez tous vous faire foutre ! Hum, ça hume le non négatif ça...

Un rien sanguine mais finalement bonne poire, elle accompagnera, de mauvaise grâce et parce que le script le prévoit ainsi , cette bande de joyeux trublions inconscients, candidats au suicide tout désignés qui s'ignorent encore…



Du comics pur et dur !

Couleurs flashy, mise en page ultra efficace, coup de crayon qui ne dénote pas vraiment du genre, il n'en reste pas moins que ce premier opus claque sec !

Les bases sont rapidement posées. Tergiversation, connaît pas.

Un tome affirmant la personnalité de chacun des protagonistes, notamment celle de Selena qui affiche un mimétisme troublant avec Michonne de Walking Dead.

Noire, combattante émérite décapitant à coups de sabre bien sentis tout ennemi l'approchant d'un peu trop près, comme une lointaine gémellité entre les deux héroïnes.

L'action est omniprésente. Des dissensions au sein de la troupe se font déjà jour. Un récit sans temps mort qui ravira tout amateur d'apocalypse selon St Jean, chapitre 1, psaume 23, bat. B, esc. C...
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Injection, tome 1

L'histoire de 5 génies, chacun dans son domaine redirection, qu'on force à travailler ensemble avec des fins illimités, le créer le futur.



Ils infusent donc une IA d'un esprit celte, mais celle-ci s'échappe dans la réalité et commence à la reprogrammer.



C'est original, intéressant et un peu pompeux par moment — j'imagine qu'il faut avoir une bonne estime de soi pour prétendre écrire les 5 personnes les plus brillantes de la planète, dans 5 domaines différents.



Les personnages sont bien faits mais si l'attention qu'on leur accorde ralentit le rythme, au point où en ayant lu un volume sur trois, j'ai l'impression de n'avoir pas encore progressé dans l'intrigue.
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

A partir du IXeme siècle, les Vikings débarquent en Islande, la "terre de glace".

Ils la colonisent et y développent leurs coutumes guerrières et ancestrales.



La première partie de cette intégrale dédiée à l'Islande ne m'a pas plus enchantée que cela. J'ai surtout apprécié la deuxième partie consacrée à une saga familiale se déroulant sur plusieurs générations.

C'est à travers cette saga appelée La trilogie islandaise, narrant l'histoire des Hauksson que les auteurs emportent le lecteur au cœur d'une Islande bouleversée par des luttes internes. Après une longue période d'indépendance où chaque famille tente de prendre le dessus sur l'autre, une vague de christianisation déferlera sur une Islande déjà bien affaiblie par toutes ces querelles intestines. Malgré leur fierté et leur volonté à rester indépendants, les Islandais finiront par ployer sous le joug du roi de Norvège.



J'avais déjà beaucoup aimé le premier volume "le livre anglo-saxon" de cette série Northlanders. Ce deuxième volume est tout aussi intéressant et captivant. On y retrouve tout à fait l'esprit "viking" , à savoir le côté gros bras et sans pitié, l'appât du gain mais également l’opiniâtreté dans l'effort et leur volonté farouche de ne dépendre de personne d'autre que d'eux mêmes. Si les hommes ont la part belle, ce volume consacre également quelques magnifiques pages aux femmes qui assumaient avec talent leur rôle de maîtresse de maison mais également celui de fervente gardienne de l'honneur familial.
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Injection, tome 1

Sous l’intimation d’une ONG, cinq génies vont créer un type d’intelligence artificielle semi-consciente, capable de tordre « les termes du futur, juste assez pour empêcher la stagnation du progrès » afin de rendre le monde plus intéressant. Mais l’IA, injectée dans le Net, va échapper au contrôle et ouvrira les portes de l’Outre-monde, obligeant ainsi les « apprentis sorciers » à tenter de limiter les dégâts par la suite...



« Injection » est un techno-thriller science-fictif, flirtant avec l’horreur, le polar et surtout le fantastique, issu des légendes celtiques.

C’est un récit complexe qui demande (au moins pour le 1e tome) une lecture attentive parce que W. Ellis sème autant de cailloux factuels que de pistes nébuleuses... au lecteur ensuite d’éclaircir les zones opaques et de savoir accepter des concepts parfois juste esquissés, afin de se faire une idée sur cette technologie visionnaire, qui, mal maîtrisée, peut avoir des conséquences désastreuses. (une mise en garde de l’auteur ?).



Un scénario qui m’a fascinée, déployant une trame qui aurait pu paraître loufoque mais qui s’avère parfaitement cohérente, des personnages qui intriguent (Maria la brillante scientifique frôlant la folie, dans le tome 1 ; Vivek, espèce de « Sherlock Holmes » possédant un esprit analytique exceptionnel, dans le tome 2 ; Brigid, une hackeuse irlandaise noire ayant su venir à bout du test de Turing et maîtrisant la réalité augmentée, dans le tome 3)...

... et un graphisme qui, sans être réellement remarquable, reste très plaisant, sachant parfaitement insuffler vie et ambiance dans cette histoire de high-tech, pour le moins... folklorique.





et maintenant je vais devoir attendre, attendre (!) le tome 4 qui mettra en scène, soit Siméon le musculeux stratège, soit Robin le rebouteux maugréant...
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Le tome 2 de ce peuple du nord entraîne le lecteur aux fondements de la civilisation islandaise.

La saga de la famille Hauksson est certainement proche de la vie des premiers islandais. L'intrigue est bien menée et les dessins sont encore une fois à la hauteur du récit.

Brian Wood réussit encore un excellent tome dont on attend la suite avec impatience.
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Excellent ! plus court que le premier (d'une centaine de page) mais il reste correcte pour son prix et la qualité de ces récits. Brian Wood est un véritable amoureux de l'ère des Vikings, du moins c'est ce que l'on récent en lisant ses histoires, profonde et inspirer. La Trilogie Islandaise donne le ton à l'ouvrage en mettant en scène plusieurs génération différente d'une même famille installer en Islande au début de sa colonisation.

Trois récits, en trois chapitre chacun pour une même famille, ça donne un côté mafia pas déplaisant.

Les dessins sont assurées par plusieurs artiste différent, il y a du bon, du moins bon et du très bon comme le dessinateur de Sven le Revenant (histoire marquante du premier tome) qui revient pour un nouveau numéro sur le même personnage : Sven l'Immortel.

Le tout encore une fois dans une édition soigner de chez Urban.



Un bon moment de lecture et d'apprentissage sur l'univers des Vikings. Vivement la suite.
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Injection, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2015, écrits par Warren Ellis, dessinés et encrés par Declan Shalvey, avec une mise en couleurs réalisée par Jordie Bellaire. Les couvertures ont été réalisées par Shalvey.



Dans l'hôpital de Sawlung, Maria Kilbride se dirige difficilement vers la fenêtre en s'appuyant lourdement sur sa canne, alors qu'un commentaire remarque qu'il ne reste plus grand chose en elle. Elle se rend à un entretien avec une vieille femme avec un chignon, désignée sous le nom de Control. En réponse à la question de Control, elle lui demande un sandwich puis se lance dans une explication sur son identité et sur l'évolution de la signification du sigle FPI, voulant aujourd'hui dire Force Projection International. Control lui explique qu'elle a besoin d'elle pour retrouver un artefact exploitable et un individu. Kilbride redemande un sandwich. Control fait une référence à un événement passé, la dissolution de la CCCU (Cultural Cross-Contamination Unit) et sa concomitance avec le début d'apparition de phénomènes surnaturels. Maria Kilbride retourne dans sa chambre et se souvient de l'arrivée de Robin Morel (cunning man, esotériste, chaman, philosophe) au sein de la CCCU où il fut accueilli par Maria Kilbride (professeur de sciences appliquées), Brigid Roth (informaticienne, spécialisée dans les intelligences artificielles), Simeon Winters (logicien, éthicien, détective), Vivek Headland (stratégiste + agent de terrain). Puis Maria Kilbride appelle Brigid Roth pour qu'elle la mette en contact avec Robin Morel.



Robin Morel est en train de se promener en pleine campagne, ce que le commentaire qualifie comme étant les veines et les artères de la Grande Bretagne. Il est interrompu dans sa marche par la Secrétaire permanente du Parlement du Ministère du Temps et des Mesures. Après avoir échangé quelques phrases sur leurs origines respectives (anglaise et galloise), elle lui propose de rejoindre une organisation appelée Breaker's Point, offre qu'il décline. Elle insiste en lui rappelant qu'il fait partie de la lignée des Cunning Men. Après un moment d'énervement, il préfère s'éloigner en réfutant sa condition de Cunning Man. Maria Kilbride est sortie de l'hôpital et est assise à l'arrière d'une voiture qui l'emmène dans l'installation du FPI abritant les locaux de l'Annexe de l'Archéologie Exploitable. Elle reçoit des informations du laborantin qui l'accueille : tout a commencé quand un archéologue a projeté du son sur une pierre ouvragée trouvée à Pennwith. En fait 3 personnes ont été portées disparues : l'archéologue et 2 gardes de la sécurité. Maria Kilbride pénètre dans la pièce où les événements ont survenu, découvrant un paysage baignant dans la pénombre avec un sol parsemé d'excroissances phosphorescentes, peut-être végétales.



Warren Ellis, Declan Shalvey et Jordie Bellaire avaient déjà collaboré pour les 6 épisodes de Moon Knight All new Marvel now 1 en 2014, imaginant une version de Moon Knight plus actuelle, à la fois plus terre à terre et plus mystérieux. Dans la foulée, le scénariste avait recommencé à écrire des comics indépendant en lançant la série Trees illustrée et mise en couleurs par Jason Howard. En entamant ce tome, le lecteur découvre une histoire qui n'a rien à voir avec Trees, mais dont certaines caractéristiques évoquent 2 séries antérieures. Sous un certain angle, les capacités des membres de la CCCU peuvent évoquer pour partie celles de quelques-uns des membres de The Authority, dessiné par Bryan Hitch. Sous un autre angle, le lecteur peut avoir la sensation que les missions effectuées par les membres de la CCCU s'apparentent à celle de l'équipe Planetary. Ces impressions sont bien réelles, mais elles n'impliquent pas qu'il s'agit d'une redite et il n'y a pas de superhéros en costume. En découvrant que certaines scènes bénéficient d'une voix off, le lecteur pense aussi à un dispositif similaire utilisé par Ellis dans l'extraordinaire Supreme: Blue Rose illustré par Tula Lotay. Là encore le lien reste cosmétique car le sens de ces commentaires est totalement différent.



Qu'il soit un lecteur avide des œuvres de Warren Ellis ou non, le lecteur se rend vite compte qu'il n'a d'autre choix que de se livrer à la narration du scénariste qui utilise une savante alternance de scènes au présent et passé comme structure. Au temps présent, il découvre ce que font les 5 ex-membres de la CCCU ; au temps passé, il découvre comment le groupe s'est constitué et quel était son objectif. Il faut un peu de patience pour disposer d'assez de pièces du puzzle et comprendre ce qui se trame. Ce montage permet à Ellis de faire apparaître l'étrangeté des situations que le lecteur ne peut pas encore comprendre. Comme d'habitude il se repose sur fortement sur le dessinateur pour porter la narration et rendre ses concepts convaincants. Jordie Bellaire a fortement progressé depuis ses précédentes productions, sa mise en couleurs donnant une impression d'évidence naturelle. Elle applique les couleurs de manière assez simple en respectant les traits de contour sans dépasser, en faisant attention à ce que des couleurs pour des formes contiguës permettent de les faire ressortir l'une par rapport à l'autre, sans qu'elles ne jurent. Elle effectue également un travail très léger pour rehausser discrètement le relief de certaines surfaces ou la texture d'autres. Elle utilise les effets spéciaux infographiques avec parcimonie, essentiellement pour la luminescence. Elle peut aussi bien utiliser des aplats unis pour le vert de la campagne dans une vue aérienne, qu'une mise en couleurs très minutieuse pour les différentes teintes d'une façade. Il faut vraiment que le lecteur concentre son attention dessus pour se rendre compte des quelques moments où Bellaire s'écarte d'une approche naturaliste pour créer une forme de glissement vers un monde un peu moins réel, un peu plus spirituel ou artificiel.



Si Warren Ellis a décidé de retravailler avec Declan Shalvey, c'est qu'il avait dû être satisfait de sa prestation pour Moon Knight. En effet, c'est un scénariste très exigeant, à la fois parce qu'il conçoit des séquences visuelles ne souffrant pas les dessins stéréotypés, mais aussi parce qu'il se fait un point d'honneur à écrire une séquence muette par épisode ou presque. Dans l'épisode 2, Shalvey doit mettre en scène un combat muet sur 4 pages, dans une grande cuisine. L'affrontement physique est un grand classique des comics d'action, ce qui augmente le risque de clichés visuels. Or là, le lecteur assiste à un échange de coups aussi violents que rapides, avec des mouvements prenant en compte les obstacles dans la pièce, et des personnages ayant la présence d'esprit d'utiliser les accessoires s'y trouvant. Il ne s'agit pas tant d'une chorégraphie que d'une séquence de prise de vue rigoureuse et intelligente, efficace et bien rythmée. Le dessinateur doit également relever le défi de représenter les paysages surnaturels dans lesquels se retrouve Maria Kilbride, ce qu'il fait avec une force de conviction peu commune, sans en rajouter pour épater la galerie, tout en conservant une originalité suffisante. Sur le plan spectaculaire, le lecteur a le souffle coupé quand il découvre Robin Morel dissipant une illusion par la force de sa conviction, pourtant un concept pas simple à donner à voir dans ce cas précis.



Declan Shalvey s'avère tout aussi à l'aise pour des séquences plus banales comme une promenade dans les champs, ou un déplacement en voiture. Bien évidemment chaque personnage dispose d'une apparence spécifique qui le rend facilement identifiable, sans qu'il n'en devienne caricatural, ce qui n'exclut pas une forme de théâtralité quand il s'y prête, par exemple pour la première apparition de Simeon Winters. Tout comme la colorisation de Jordie Bellaire, la narration visuelle de Declan Shalvey va tellement de soi, que le lecteur ne résiste pas au plaisir de revenir en arrière d'une ou deux pages de temps à autre pour revoir comment l'artiste a ainsi réussi à l'emmener ailleurs sans qu'il s'en aperçoive. Cela peut se produire lors d'un glissement du réel vers une réalité différente, comme quand Robin Morel s'allonge sur son lit d'hôtel et que la pénombre s'installe progressivement. Cela peut se produire de manière beaucoup plus insidieuse comme dans le chapitre 5 quand les membres de la CCCU discutent entre eux et que les environnements en arrière-plan se modifient de manière subtile et élégante. Même s'il se sent perdu au départ, le lecteur éprouve déjà un plaisir ineffable grâce à la narration visuelle.



Au départ, Warren Ellis donne une vague impression de se reposer sur ses lauriers, en ressortant le concept d'explorateurs de l'étrange ou du surnaturel, avec une louche de folklore britannique pour faire bonne mesure, et des individus étant des génies chacun dans leur domaine. Il lie tranquillement magie et science dans le concept dénommé Injection qui ne semble pas si innovant que ça une fois expliqué par l'un des membres de la CCCU. Là où Warren Ellis fait la différence par rapport à d'autres auteurs, c'est dans la cohérence et l'intelligence de ce qu'il imagine. L'Injection en elle-même n'est peut-être pas révolutionnaire comme concept, mais la manière dont elle est élaborée par les 5 membres de la CCCU la rende à la fois plus plausible et à la fois plus imaginative. Un scénariste moins cultivé aurait eu les pires difficultés à différencier les applications des capacités de chacun des 5 membres, alors que les dialogues d'Ellis mettent en lumière ses différences entre leurs compétences. Il sait aussi leur donner de l'épaisseur dans leur propos qui ne sont pas interchangeables, et glisser quelques pointes d'humour assez noir (par exemple, Brigid Roth suggérant de débrancher et rallumer un individu électrocuté). Dans le même ordre d'idée, le scénariste sait tisser des liens entre magie et science, en utilisant des notions scientifiques précises et identifiables telles que le test de Turing ou les quatre forces fondamentales (l'interaction nucléaire forte, l'interaction électromagnétique, l'interaction nucléaire faible, la gravitation). Il ne s'agit pas de propos volontairement incompréhensibles dans lesquels surnagent quelques mots à la mode, mais d'une direction prospective scientifique agrémentée d'une couche d'anticipation pertinente.



Ce premier tome est une petite merveille de narration sophistiquée, aux visuels séduisants et envoutants. Ainsi plongé aux côtés d'individus remarquables et faillibles, le lecteur se laisse mener dans une intrigue intelligente qui se dévoile progressivement, dans un mystère mêlant anticipation et folklore pour un questionnement sur la stagnation de l'innovation et la nécessité d'agir malgré le coût pour les individus.
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28 jours plus tard, Tome 2 : Clint

Nous retrouvons dans ce deuxième tome les quelques survivants du groupe de départ dans le premier tome. Et déjà qu'ils étaient mal partis dans le premier tome, les voici encore plus mal embarqué dans celui-ci.



Ils se retrouvent en Ecosse qui, comme vous pouvez vous en douter est contaminée. Notre groupe va donc devoir changer ses plans de départ pour tenter de rejoindre Londres.



Le tome est un peu plus calme que le précèdent, notamment avec une bonne partie de flashback en début de livre, et l'arrivée d'un nouveau groupe vers la moitié du livre.



Un tome qui, sans être haletant se laisse très bien lire et donne envie de voir comment tout va se mettre en place dans le troisième volume et comment les deux groupes vont s'en sortir.
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28 jours plus tard, tome 1 : Selena

Là encore, je ne peux que constater le massacre d’une adaptation d’un film qui avait eu un certain succès d’estime. La leçon à retenir est qu’on ne peut pas tout bien adapter sur le support de la bande dessinée à moins de considérer que ce sont les auteurs qui se sont plantés royalement. Mais parfois, c’est la bd qui inspire le cinéma ou la TV comme par exemple la série Walking Dead pour rester dans le monde des zombies.



L’intérêt de ce comics était de faire le lien entre 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard et de suivre le parcours de Selena qui va retourner dans cet enfer après l’avoir fui. Il y a des séquences assez poignantes.



Le premier tome était intéressant mais la suite est malheureusement bien plus lourde à digérer. Par ailleurs, il n’y a pas d’uniformité au niveau de la qualité du dessin. C’est assez inégal.



Au final, je suis plus que mitigé car je suis déçu.

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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Ayant beaucoup apprécié la lecture du premier tome de cette série, je continue sur ma lancée avec le second volume consacré cette fois à l’Islande. Le but de cette série Northlanders est de donner un aspect plus rigoureux à l’histoire des vikings. Pour cela, Brian Wood a décidé de raconter des histoires se déroulant sur plusieurs siècles et plusieurs zones géographiques afin d’avoir une vision globale des épopées nordiques. Le premier tome était centré sur les conflits anglo-saxon, et c’est avec plaisir que l’on découvre la vie dans le grand froid avec ce tome constitué de plusieurs récits. Il y a tout d’abord 3 récits plutôt courts et un dernier beaucoup plus long en 3 parties. Ces récits balayent l’histoire de l’Islande sur de nombreuses années (entre 760 et 1260) et de divers points de vue.



La première histoire, « Sur aucune carte » raconte le destin de Dag et son équipage perdus en mer et finissant par arriver sur les terres arctiques. Dag est mené par son envie d’ailleurs, de découvertes, de voyages qui était central chez les peuples nordiques. Au travers de son histoire, c’est l’histoire de peuple de conquérant, de nomades qui nous est contée. C’est un récit assez dur montrant les difficiles conditions des voyages en mer. Les illustrations le mettent bien en valeur.



Le second récit, « Sven l’Immortel », nous permet de retrouver un personnage du premier tome, le fameux Sven qui a pris de l’âge. Sven n’est plus aux Iles Orcades mais habite maintenant aux îles Féroé (entre l’Islande et la Norvège) avec femme et enfants. Malgré lui, son histoire attire ceux qui sont désireux de se faire un nom et pour cela le provoquent en duel. On retrouve le même dessinateur que dans le premier tome pour cette histoire où les combats sont très bien mis en scène.



Le troisième récit, « La jeune fille dans la glace » est le plus émouvant du recueil. Le personnage principal, Jon est un vieil homme, vivant en ermite, en Islande. Un jour, il découvre par hasard le cadavre d’une jeune fille sous la glace. Intrigué autant qu’ému par elle, il décide de la ramener chez lui. Ce récit permet à Brian Wood d’aborder la vie sociale en Islande dominée par un clan et une justice plus que douteuse et rapide.



Le dernier récit, « La trilogie islandaise » raconte une guerre entre 2 familles dominantes en Islande de 871 à 1260: le clan Hauksson contre celui des Belgarsson. Cette guerre des clans dure des années, marquée par de violents combats, et de nombreux morts et la religion a son rôle à jouer. On peut voir les évolutions du pays au travers de l’histoire de ces deux familles. Les dessinateurs ne sont pas les mêmes dans toute l’histoire et la qualité de l’image varie assez. Certains passages sont un peu confus et les traits des personnages peu nets. Les couleurs mettent plus en valeur les paysages avec des tons glacés.



Ce tome est assez différent du premier qui était centré sur des conflits et des conquêtes. Celui-ci s’attache à montrer la vie en Islande et à parler de l’esprit de ses habitants et de leur honneur. La rudesse de la nature et de la vie à cette époque marque chacun des récits ainsi qu’un mode de vie sans concession. Les combats passent au second plan au profit de récit de vie des personnages. Pour autant, on ne s’ennuie pas du tout à la lecture de ce tome qui raconte des histoires dures mais émouvantes. De nombreux thèmes sont abordés comme l’importance de la famille, le conflit entre les religions et cela contribue à la richesse de ce tome. On retrouve également une préface de Patrick Weber, comme dans le premier tome, très instructive.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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28 jours plus tard, tome 1 : Selena

28 jours plus tard se compose de cinq volumes qui font le lien entre le film "28 jours plus tard" et sa suite "28 semaines plus tard"



Ici nous retrouvons pour le premier tome, Selena, l'une des rescapés que l'on avait suivi pendant le film. On ne sait pas vraiment ce que sont devenus Jim et la petite fille ce qui est dommage car Jim était tout de même le perso principal dans le film.



Mais bref, ce n'est pas bien cela l'important, car ici, on a une histoire bien à part. En effet, Selena dois retourner à Londres pour aider un groupe de reporter de guerre américains qui veulent couvrir l'évènement et montrer au monde ce qu'il s'est réellement passé.



Un prétexte comme un autre, l'idée étant de retourner à Londres avec un personnage que l'on connait déjà. En quelques pages, l'affaire est dans le sac et notre petite bande se retrouve déjà dans les galères.



L'histoire est sympathique car le décor est déjà planté, donc le premier tome commence rapidement, sans temps mort. Selena connait son sujet et parviens a vite se faire respecter de son entourage. Les dessins sont assez sombre mais de très bonne qualité.



Un seul petit bémol sur le personnage de Selena. J'ai trouvé que par rapport au film, elle était devenue un peu trop guerrière. Pour avoir vu le film récemment je trouve que son personnage dans le Comic est un peu plus fort, plus trash que ce qu'elle était dans le film. On à l'impression de voir Michonne de "Walking Dead". Mais bon, on comprends aisément qu'il fallait bien faire évoluer le personnage car c'est elle qui mène la barque dans le Comic.



Pour résumé, "28 jours plus tard" en version Comic démarre très bien avec ce premier volume et on ne s'ennuie pas une minute. Je pense lire les autres volumes dans la foulée et terminer le tout par le film "28 semaines plus tard"
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Le tome 2 de Northlanders est plus abouti que le premier. On y retrouve quelques histoires mais la grande partie du livre est constitué par la trilogie islandaise. le choix de l'auteur de prendre une famille sur plusieurs générations rend un fil rouge très intéressant au récit.

On part de la découverte de l’Islande et la colonisation des premiers vikings la guerre des familles, l'installation d'un gouvernement.

Un très beau livre bien illustré, qui donne du relief à ce peuple.
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28 jours plus tard, Tome 4 : Capitaine stiles

Ce quatrième et avant dernier tome est assez classique. Pas déplaisant, mais peut-être un peu trop classique. On assiste ici a une sort de guerre dans gangs, dans lesquels deux groupes essaient de s'approprié les ressources et territoires.



Du très classique, déjà vu maintes et maintes fois, mais pas forcément mauvais. Nos héros se retrouvent donc pris dans cette tourmente et réussissent malgré tout a s'en tirer sans trop de mal.



On aurait été en droit d'attendre un peu plus de ce tome, et en cela il m'as un peu déçu, car le tome 3 était excellent et lançait de bonnes choses.



Le dernier tiers du tome parviens tout de même a rehausser le niveau, avec l'apparition du fameux Capitaine Stiles. Le final est explosif et laisse présager de bonnes choses pour le tome suivant qui sera le dernier.



Un tome de transition en quelques sorte. Intéressant mais classique.
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Du côté du dessin, la qualité est assez inégale et on peut regretter certains choix graphiques. On retrouve tout de même avec plaisir le trait intense et puissant de Davide Gianfelice sur le récit « Sven l’immortel ».
Lien : http://www.bdencre.com/2014/..
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

C'est à la fois très finement écrit et passionnant d'un bout à l'autre. On entame cette lecture sans en lâcher une goutte, impressionné par la concision du style de Wood, cette façon d'aérer ses intrigues, de synthétiser son propos tout en se donnant la liberté de s'arrêter, parfois, sans donner de suite ! C'est remarquable !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Northlanders, Intégrale 2 : Le livre islandais

Urban Comics a choisi de réarranger les épisodes de la série Ce tome contient les numéros 29, 20, 35 & 36, et 42 à 50.



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- Épisode 29 (illustrations de Fiona Staples) - En 760, Dag est capitaine sur un drakkar qui effectue du transport de marchandises. Il a la quarantaine, la sensation de vieillir l'accable. Il constate que son métier ne lui permettra jamais de s'enrichir, que chaque année qui passe la concurrence augmente et il veut désespérément accomplir un acte de bravoure qui marquera les esprits. D'un coup de barre, il dirige son navire vers l'ouest à la découverte de nouveaux territoires.



À nouveau, Brian Wood mélange le récit historique au temps des vikings, avec une approche psychologique moderne. Dag souffre de la crise de la quarantaine : son travail est vain, sa place dans l'ordre des choses est insignifiante et le moment arrive où sa jeunesse ne sera plus qu'un lointain souvenir. Cette approche moderne du personnage permet de donner de l'intensité et de la profondeur à la décision de Dag.



Comme dans d'autres épisodes, Brian Wood exagère le comportement de son personnage principal jusqu'à rompre la crédibilité de son récit. Par exemple, Dag finit par plonger dans les eaux glacées au large de l'Islande. Il en ressort trempé sans sembler souffrir du froid, sans se sécher, sans se changer. Wood dépasse largement les limites de la licence artistique pour tomber dans l'invraisemblable. Fiona Staples effectue un travail crédible, voire impressionnant pour la vision d'un volcan en éruption sur le sol islandais. Mais elle n'arrive pas à récupérer les invraisemblances du récit. 2 étoiles.



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- Épisode 20 (Illustrations de Davide Gianfelice) - Brian Wood propose au lecteur de retrouver Sven (personnage principal de Northlanders 1). Il vit sur son île avec sa femme et ses enfants. Mais il sait qu'un jour une équipe de jeunes guerriers viendra pour le tuer afin de prouver leur valeur contre la légende bâtie sur les actes qu'il accomplit lors de son retour.



Brian Wood met en scène le thème classique des jeunes loups aux dents longues qui souhaitent prouver leur valeur en se confrontant à un ancien. Est-ce que l'expérience et la ruse l'emporteront sur la jeunesse et la fougue ? Une fois encore, je veux bien croire à la capacité de l'être humain de survivre sur un vieux caillou tout pelé, mais les illustrations ne me donnent pas assez de détails pour rendre cette hypothèse crédible.



Ces illustrations apparaissent un peu fades, même si les coups d'épée continuent de charcuter et de faire gicler le sang. 3 étoiles pour cette histoire agréable, mais un peu convenue.



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- Épisodes 35 & 36 (illustrations de Becky Cloonan) - En Islande, en 1240, en hiver, Jon Jonsson est un vieil homme (la cinquantaine) qui vit en ermite, à l'écart du village. Il pêche en faisant des trous dans la glace et il vit frugalement dans sa maison. La région est le théâtre d'échauffourées entre 2 familles nobles. Un jour de pêche, Jon découvre le cadavre d'une jeune fille recouvert de glace. Il le ramène chez lui. Mais la milice souhaite installer 2 hommes dans sa demeure.



Fini les invraisemblances et le surnaturel, Brian Wood propose une histoire au tiers dépourvue de phylactères dans laquelle un homme solitaire essaye de percer le mystère d'une mort singulière. Becky Cloonan met cette histoire en images crédibles et sobres. Les paysages enneigés donnent froid rien qu'à les regarder, les séquences muettes coulent d'elles-mêmes. La personnalité du vieil homme est faite d'un soupçon de lassitude, d'un certain détachement, mais aussi d'une vraie envie de vivre paisiblement. C'est un récit remarquable de sobriété et de d'humanité. 5 étoiles.



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Épisodes 42 à 44 (dessins et encrage de Paul Azaceta) - En 871, Val Hauker débarque sur la côte de ce qui s'appellera un jour l'Islande. Il est venu avec sa femme et son fils Ulf. Les conditions de vie sont dures, la terre ne donne pas beaucoup et il faut y mettre beaucoup de force et d'énergie pour en retirer le peu qu'elle donne. D'autres familles ont immigré sur cette île, et la cohabitation n'est pas toujours pacifique. En particulier la famille des Belgarsson convoite les terres de Val Hauker. Ce dernier doit endurcir son fils pour assurer la pérennité de la présence des Hauksson (la lignée issue de Val Hauker). Qui obtiendra la position dominante et à quel prix ? Le premier épisode se déroule en 871, le second en 880, et le troisième en 886.



Paul Azaceta (par exemple dessinateur de Potter's Field) utilise un style reproduisant les lieux naturels, les vêtements et bâtisses avec fidélité, sans être asservi à une reproduction détaillée. Il choisit un niveau de représentation qui permet au lecteur de s'immerger dans ce qui est représenté, sans s'encombrer de détails. D'un côté la lecture s'en trouve facilitée ; de l'autre l'immersion est limitée par ce manque de détails. La mise en page est efficace, sans être flamboyante, les actions sont énergiques, sans être épiques, sans qu'Azaceta n'exagère la force ou la virilité des individus. D'un côté, Azaceta se met au service du récit et décrit des individus de manière réaliste ; de l'autre son application empêche le récit de décoller visuellement, elle prive le lecteur de surprise visuelle.



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- Épisodes 45 à 47 (dessins et encrage de Declan Shalvey) - Cette partie se déroule durant les années 999 et 1000, au début de l'évangélisation de l'Islande, par les chrétiens. La cinquième génération des Hauksson est représentée par Mark et Brida, frère et sœur. Le frère représente l'autorité aux yeux des islandais et la famille Hauksson jouit d'une position politique dominante dans la société islandaise. La sœur constitue le cerveau derrière les actions du frère avec une vision claire des intrigues à mener pour assurer la pérennité de cette position dominante et pour assurer la continuité de la lignée des Hauksson. Leur clan se heurte toujours à celui des Belgarsson, mais aussi à une nouvelle force dont l'influence se fait sentir dans des changements d'allégeance : la religion chrétienne et ses prêtres.



Declan Shalvey (plus connu pour son travail sur les superhéros de l'équipe des Thunderbolts, par exemple Like lightning) adapte sans difficulté son style à celui de la série, et la transition avec Paul Azaceta se fait sans douleur. Lui aussi se plie au récit pour décrire de son mieux les actions, sans réussir non plus à apporter un petit plus à la narration. Malgré cela, il réussit quelques images plus marquantes qu'Azaceta (peut-être du fait d'un scénario plus propice), comme par exemple une chute d'eau, une grève déchirée par les rochers, une aurore boréale, et une magnifique conversation enténébrée du fait de la faible lueur des bougies.



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Épisodes 48 à 50 (dessins et encrage de Danijel Zezelj) - En 1260, Godar Hauksson représente la dixième génération des Hauksson. Il s'est attelé à la tâche de rédiger l'histoire du clan, tout en continuant à le faire prospérer sur le plan économique par le jeu des alliances. La famille Hauksson est l'une des plus puissantes de l'île, sur les plans politique et économique (mais pas la plus puissante). Osker Hauksson (onzième génération, époux de Freya) rejette la stratégie de Godar et souhaite revenir aux vraies valeurs vikings : rétablir la prééminence du clan par les armes et par le feu. Godar refuse de déclarer la guerre aux autres clans dans ce climat politique ; Osker passe outre son interdiction.



Ces 3 épisodes terminent la série en beauté sur le plan visuel grâce à la forte personnalité de Danijel Zezelj. Comme à son habitude, il semble arracher les formes aux ténèbres. Son approche des contours et de l'encrage confère une sensation de destin et de force de volonté aux personnages, mais aussi elle renforce le caractère inhospitalier du milieu naturel. On passe de dessins serviles, à des illustrations qui montrent des individus habités, un environnement vraiment sauvage, et des conflits violents et barbares.



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Tout au long de sa série, Brian Wood a refusé de se cantonner à reproduire une formule toute faite d'histoire en histoire. Il en est de même avec ce tome. Dans un premier temps, le lecteur peut repérer des thèmes récurrents au travers de cette trilogie, et propre à cet auteur. Pour commencer, Wood introduit dans chaque partie un ou plusieurs personnages féminins principaux. Dans ces récits, les femmes ne sont pas cantonnées au rôle d'épouse aimante et de mère de famille modèle. Elles participent aux projets de leurs époux ou concubins, elles les soutiennent, les aiguillonnent, établissent leur stratégie. L'une d'entre elle manie même l'épée, et monte à cheval, tout en assurant toute la gestion administrative du clan.



Le deuxième trait spécifique à la série réside dans la manière dont certains personnages s'expriment. L'exemple le plus manifeste dans ce tome est celui de Brida Hauksson (cinquième génération) qui décrit ses fonctions dans les termes qu'emploierait un individu à notre époque. D'un côté, cette approche anachronique peut rompre le charme de la lecture ; de l'autre elle permet de transcrire la situation sociale de l'individu avec plus d'acuité. Au final, ce mode d'expression sert plus les histoires qu'il ne les dessert.



La troisième particularité des récits de Wood est de savoir créer des personnages dotés d'un solide caractère, différent des précédents, et de raconter une bonne histoire. Ici l'objectif de Wood est de confronter ce qui lui semble être le propre du peuple viking (ambition, soif de découvertes, propension à guerroyer, courage) à l'évolution des caractéristiques d'une société. Ainsi l'âme viking semble parfaitement adaptée à cette terre lors de la phase du peuplement (première partie). Elle semble moins capable de résister au christianisme. Et elle semble incapable de s'adapter à la complexification de la société, à l'évolution de la civilisation.



D'un côté, les actions des protagonistes aux différentes époques sont agréables à suivre, dépourvues de manichéisme et se répondant d'une époque à l'autre, ce qui constitue une lecture agréable et divertissante. De l'autre côté, Brian Wood incorpore la réalité historique d'une bien étrange manière. À la fin de chaque tome de la série Northlanders, je consulte une encyclopédie en ligne pour découvrir les événements historiques évoqués par Wood qui connaît bien son sujet.



Donc, direction la page web dédiée à l'histoire de l'Islande. Il est enfin possible de comprendre pourquoi Wood a choisi ces dates là pour ses 3 parties. En fait, sans connaissance particulière de l'histoire de l'Islande, le lecteur a du mal à saisir les enjeux de chaque période, et pourquoi c'est cette génération qui affronte une crise déterminante. En lisant jusqu'au bout, il apparaît que Wood en réduisant la partie historique à la portion congrue atténue les conséquences pour ces 3 générations, privant ces histoires de leur intérêt principal (la motivation des personnages). Au fur et à mesure de la découverte des spécificités de l'histoire de l'Islande, le lecteur peut même se demander si ces scénarios n'ont pas été conçus un peu trop rapidement.



La fonction de l'Althing (plus vieux parlement du monde fondé en 930) est totalement occultée. Les raisons de l'évangélisation sont passées sous silence, réduisant la présence des prêtres à une fatalité incompréhensible. La scène relative à l'apprentissage de la manipulation de l'arc anglais arrive comme un cheveu sur la soupe. En fait le lecteur finit par se dire que Brian Wood a manqué de place pour pouvoir dire tout ce qu'il voulait dire (même l'évocation de la chasse à la baleine est réduite à un artifice superficiel ne servant qu'à insuffler un peu d'action).



Cette dernière histoire de la série VO laisse le lecteur sur sa fin. Brian Wood semble avoir voulu condenser ses histoires pour tenir dans le nombre d'épisodes alloués par les responsables éditoriaux, avant la fin de la série, aux dépends de la substance des récits, et de leur sens. Paul Azaceta et Declan Shalvey effectuent une mise en images servile et trop sage. Seul Danilej Zezelj propose des visuels évoquant l'ardeur farouche des vikings. 4 étoiles.
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28 jours plus tard, Tome 3 : Derrick

Ce troisième volume est le plus épais et le plus travaillé. Beaucoup plus long à lire, beaucoup plus intéressant également.



Il est difficile de parler de ce troisième volume sans spoiler donc je serais bref.



Ici on laisse un peu les infectés en second plan, pour se concentrer surtout sur les survivants. Que ce soit une autre groupe, des gars de l'armée ou bien des chercheurs, on va croiser des personnes qui sont bien plus terrifiantes que les infectés. Ce tome va nous plonger dans ce que la nature humaine peu faire de pire, et par conséquent, ce tome est bien plus poignant et cruel que les deux premiers.



Notons qu'il y a ici un petit changement de style au niveau du dessin, mais rien de bien méchant et on s'y habitue sans aucun soucis.



L'idée de "28 semaines plus tard" à savoir les porteurs sains est brièvement évoqué et on apprends aussi ce qui est sans doute la cause de cette infection.



Pour l'instant, sur les 3 tomes que j'ai lu, celui-ci est clairement le meilleur.
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28 jours plus tard, tome 1 : Selena

Pourquoi cette lecture :



28 jours plus tard ainsi que 28 semaines plus tard sont des films qui m'ont particulièrement marqués. A vous dire franchement, je dois même au deuxième volet une nuit d'insomnie car après l'avoir visionné je ressentais une sensation de danger pour moi et mes enfants qui ne m'a pas lâchée de la nuit... Bref, avant de me résoudre à m'allonger sur le divan d'un psychiatre, j'ai décidé de "soigner le mal par le mal" et me replonger dans cette histoire mais avec un nouveau support, la BD.







* La couverture :





La couleur rouge prédominante, le sigle, les ombres des zombies en arrière plan... Tout est là pour nous rappeler le film et nous mettre directement dans l'ambiance sanglante de ce que l'on va trouver à l'intérieur. Je trouve cette couverture pas mal mais sans plus pour ma part mais je ne sais pas vraiment expliquer e que je lui reproche...







* Scénario et graphismes des l'auteurs :



J'adore ! Les dialogues sont brefs, facile à lire et ils suivent le fil conducteur de l'histoire avec précision. Les graphismes sont tout simplement géniaux. Je ne suis que rarement sensible aux dessins des BD mais là, je trouve qu'ils sont particulièrement réussis.





* Les personnages :



- Selena : Survivante de l'épidémie qui a ravagé l'Angleterre, elle décide de suivre un groupe de reporters dans la zone mise en quarantaine afin de faire connaitre la vérité au monde entier. Elle est courageuse, méfiante, d'une approche plutôt froide mais on sent chez elle de grandes souffrances.





- Clint : Reporter international, c'est un homme qui n'a pas peur de se mettre en danger pour couvrir des sujets sensibles comme l'Irak, l’Afghanistan ... Il ne recherche pas la gloire mais simplement révéler à la population se que le gouvernement leur cache.



-Derrick : Militaire expérimenté, il est engagé pour assurer la sécurité des journalistes. Il présente le même profil de personnalité que Selena par son courage , sa méfiance ainsi que sa froideur ce qui va provoquer certains accrochages entre ces deux personnages.





* L'intrigue :



L' Angleterre a été ravagé par une épidémie, sa population a été entièrement éliminée. Seuls quelques survivants, dont fait parti Selena, on pu échappé à la mort. Voulant utilisant son expérience et sa connaissance du terrain, un groupe de journalistes voulant se rendre sur place pour couvrir le sujet, demande l'aide de Selena.





Malgré un plan bien préparé, rien ne va se passer comme prévu et nous allons être entraînés dans un monde apocalyptique et angoissant. L'intrigue est haletante. J'ai été complètement happée par l'histoire et je dois dire que ce fait est exceptionnel pour moi lorsque je lis une BD.





J'ai apprécié à cohésion de ce tome avec l'histoire du film qui m'avait tant plus. Même si on se retrouve ailleurs avec d'autres personnages.





J'ai trouvé la lecture de ce tome très addictive. On veut en savoir plus, on veut savoir comment Selena va t' elle se sortir de ce guêpier même si on doute fort que cela soit réalisable.



* En bref :



A peine la BD reçue, j'ai voulu la feuilletée vite fait pour voir ce que çà donnait et je n'ai plus pu la lâcher tant que je ne l'avais pas lu entièrement.





J'ai le tome 2 dans ma PAL et je ne vais certainement par tarder à commander les 3 tomes suivants déjà en vente !!





Je conseille cette BD à tous les amateurs du genre sans aucune hésitation
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28 jours plus tard, tome 1 : Selena

A la base de ces nombreux récits de zombies marqués par le chiffre 28, il y a évidemment le film de Danny Boyle et sa suite réalisé par Juan Carlos Fresnadillo. Mais, entre-temps, le virus à également contaminé le neuvième art. Il y a tout d’abord Panini, qui a publié un ouvrage de Steve Niles consacré à la genèse de cette infection qui sévit au Royaume-Uni, et maintenant Delcourt, qui propose une saga qui fait le lien entre les deux premiers longs métrages, "28 jours plus tard" et "28 semaines plus tard". Une série scénarisée par Michael Alan Nelson et dessinée par Declan Shalvey qui permettra aux amateurs du genre de patienter en attendant la sortie d’un troisième volet cinématographique que commence tout doucement à se faire attendre.



Au centre de cette suite éponyme, il y a donc la rescapée du massacre précédent, qui doit à nouveau se frayer un chemin à travers l’horreur et dont les coups de machette ne manqueront pas de faire penser à ceux de Michonne, l’une des vedettes de "Walking Dead". Si le sang froid et le charisme de Selena ont tout pour séduire, le groupe de reporters qui l’accompagne se révèle déjà beaucoup moins intéressant. Le lecteur ne manquera pas non plus de s’étonner de ce retour à peine justifié de l’héroïne au sein de l’enfer britannique et de se demander ce qu’il est advenu des autres survivants de Worsley House, Jim et Hannah. Mais, malgré ces quelques interrogations, l’univers imaginé par Boyle est parfaitement exploité, tout comme le personnage principal. L’intrigue, axée sur l’action, manque certes parfois de profondeur, mais répond parfaitement au cahier de charges du film d’horreur de série B.



Au niveau du graphisme, derrière la couverture séduisante de Tim Bradstreet, les dessins sombres et efficaces de Shalvey, rehaussés par la mise en couleur de Nick Filardi, parviennent à installer une ambiance assez réussie.



Si au royaume des zombies "Walking Dead" demeure indéniablement roi, ce début de série s’annonce assez prometteur et saura combler les amateurs de ce genre initié par "La nuit des morts-vivants" de George Romero en 1969 et récemment ravivé par l’incontournable saga de Robert Kirkman.
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