AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Les uns rient quand les autres pleurent ; mais la véritable notion de la propriété entraînant le droit d’us et d’abus, jamais un homme ne peut être la propriété d’un souverain, un enfant la propriété d’un père, une femme la propriété d’un mari, un domestique la propriété d’un maître, un nègre la propriété d’un colon. Il ne peut donc y avoir d’esclave, pas même par le droit de conquête, encore moins par celui de vente et d’achat. Les Grecs ont donc été des bêtes féroces contre lesquelles leurs esclaves ont pu en toute justice se révolter. Les Romains ont donc été des bêtes féroces dont leurs esclaves ont pu s’affranchir par toutes sortes de voies, sans qu’il y en ait eu aucune d’illégitime. Les seigneurs féodaux ont donc été des bêtes féroces dignes d’être assommées par leurs vassaux. Voilà donc le vrai principe qui brise les portes de tout asile civil ou religieux où l’homme est réduit à la condition de la servitude ; il n’y a ni pacte ni serment qui tiennent. Jamais un homme n’a pu permettre par un pacte ou par un serment à un autre homme, quel qu’il soit, d’user et d’abuser de lui. S’il a consenti ce pacte ou fait ce serment, c’est dans un accès d’ignorance ou de folie, et il en est relevé au moment où il se connaît, au revenir à sa raison. Comme toutes les vérités s’enchaînent ! La nature de l’homme et la notion de la propriété concourent à l’affranchir, et la liberté conduit l’individu et la société au plus grand bonheur qu’ils puissent désirer. Je dis la liberté, qu’il, ne faut non plus confondre avec la licence que la police d’un État avec son administration. La police obvie à la licence ; l’administration assure la liberté [5]

1/ Ces pensées ne sont point dans les œuvres de Diderot. (Note des éditeurs du Supplément à la Correspondance de Grimm ; morceaux retranchés par la censure impériale.) — Elles auraient dû être placées dans les Miscellanea philosophiques : nous réparons un oubli en les reproduisant ici.
2/ Il paraît que l’auteur serait tenté de prononcer contre l’homme civilisé ; mais en appliquant le principe établi dans ce fragment aux faits, il sera obligé de changer d’avis. À tout prendre, l’homme en société, l’homme policé vit plus nombreux et plus longtemps que l’homme sauvage. (Note de Grimm.)
3/ Fait conséquent au raisonnement, mais contraire à l’expérience. C’est le bon ou le mauvais gouvernement qui décide de la force ou de la faiblesse de l’esprit patriotique. (Note de Grimm.)
4/ Lorsque l’auteur aura appris aux peuples comment on empêche un mauvais roi de faire le mal, ils ne lui demanderont pas, peut-être, comment on empêche les bons rois de faire le bien, quoique ce secret soit trouvé dans quelques pays. (Note de Grimm.)
5/ La plupart des raisonnements politiques seraient d’une prodigieuse utilité s’il était reçu que le fort s’y conformera sans difficulté, du moment qu’il en aura compris l’enchaînement. Malheureusement cela ne se passe pas tout à fait ainsi. Le despote, s’il a de l’esprit, laisse bavarder le philosophe ; et s’il aime l’éloquence, il trouve son bavardage beau ; mais s’il est sot, il vexe et châtie de mille manières le philosophe, qui s’est fait avocat des peuples sans son aveu. Mais quelque tournure que prenne le despote à l’égard de l’avocat, la loi éternelle s’exécute toujours, et elle veut que le faible soit la proie du fort. Or, la faiblesse est l’apanage des peuples par le défaut de concert dans les volontés et dans les mesures. L’homme résolu, entreprenant, ferme, actif, adroit, subjugue la multitude aussi sûrement, aussi nécessairement qu’un poids de cinquante livres entraîne un poids de cinquante onces. S’il ne réussit pas, c’est qu’il a rencontré dans le parti de l’opposition un homme de sa trempe, qui entraîne la multitude de son coté ; alors les résultats sont conformes à la complication des contre-poids qui agissent et réagissent les uns sur les autres ; mais le calcul de ces résultats serait toujours rigoureux, si l’on en pouvait connaître les éléments. Les déclamations des philosophes contre l’esclavage, en portant notre vue sur l’étendue de notre globe ou dans la durée des siècles, confirment seulement les bons esprits dans la triste opinion que les trois quarts du genre humain sont nés avec le génie de la servitude. Il y a des oiseaux qui ne supportent pas la cage vingt-quatre heures ; ils meurent. Ceux-là restent libres, parce qu’on n’en peut tirer aucun parti, ni d’agrément, ni d’utilité. Il n’existe pas d’autre frein contre l’esclavage. Quand vous dites aux esclaves qu’ils peuvent se révolter en toute justice, vous ne leur apprenez rien, ni à leurs oppresseurs non plus. Les premiers, prêchés ou non par les philosophes, n’y manquent jamais quand ils le peuvent, et ils le peuvent toutes les fois que l’oppresseur manque de force, quelle qu’en soit la cause, pour les contenir, ou que l’oppression devient assez intolérable pour rendre les risques de la révolte égaux à l’état habituel de l’esclave. La cause du genre humain est donc désespérée et sans ressource ? Hélas ! je le crains. Le seul baume qui calme et adoucisse les maux de tant de plaies profondes, c’est que le sort accorde de temps en temps, par-ci par-là, à quelque peuple, un prince vertueux et éclairé, une de ces âmes privilégiées qui, enivrée de la plus belle et de la plus douce des passions, celle de faire le bien, se livre à ses transports sans réserve. Alors tout respire, tout prospère, le siècle d’or naît, et les malheureux oublient pour un moment leurs calamités et leurs misères passées. (Note de Grimm.)
Commenter  J’apprécie          00









{* *}