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3.88/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1956
Biographie :

Denis Emorine, né en 1956 près de Paris, est un poète, essayiste, nouvelliste et dramaturge français.

Source : Wikipedia
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Fanny Perrier-Rochas chante la "Place Széchenyi", poème de Denis Emorine.


Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je suis resté au seuil du jardin…


Je suis resté au seuil du jardin
J’entendais des voix sans rien voir
Cette nuit n’était pas la mienne
Les hommes étaient plongés depuis si longtemps
Dans des pensées en exode.
Je n’aurais jamais dû revenir pour essayer
De surprendre leurs noms
Comment avais-je pu croire à la magie
d’un lieu disparu ?
Tcheriomouchki et tout près de là
la mort de mon ami le poète russe.
Les larmes répandues dans l’obscurité
Ne me servaient à rien
Pas même à vaincre le temps
Ou à recouvrir sa tombe
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Denis Emorine
Je le sais déjà
je m’arrêterai devant toi
quand le neige fondra sous tes pas
quand ton sourire aura
tari mes pleurs
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À Anna Akhmatova


Anna
J’ignore s’il faut te remercier
Ou te plaindre
D’avoir tant souffert
Pour écrire tes poèmes
Les deux sans doute
Par-delà le temps
Je me retourne vers toi
Pour te prendre la main
Je vois tes lèvres remuer
Mais je n’entends pas distinctement
Tes paroles.
Tes yeux sont tristes Anna
Ta main tremble un peu
Et moi
Je détourne les yeux
Pour ne plus te voir
Je t’ai dérangée je le sais
Tu ne m’attendais pas
Anna
Comme je hais la souffrance et la mort
Tu ne demandes rien
Aucune consolation
Tu continues ton chemin
Loin de moi
Tu vois
Nous n’avons rien à nous dire
C’est terrible
Il neige tellement dehors
La vie s’accroche aux ronces
En chancelant
Il n’y a plus d’espoir parce que
L’avenir n’existe pas
Tu le savais
Je le sais
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Denis Emorine
Dans la neige
un livre agonisait
souillé de sang
je n’ai pas osé le prendre
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Ils sont revenus les visages en exil…


Ils sont revenus les visages en exil
Je les ai vus se refléter sur les chemins
Détrempés de sang
Ils me rappellent sans cesse
Que j’ai raison de voir la mort en filigrane
De ma vie.

Je les ai vus se profiler sur les ombres
Des déportés du monde
Sur la douleur d’une femme que je n’ai pas su abolir.
Ils marchent tous dans la même direction
Avant de se rassembler au cœur du monde
Pour se réchauffer
Autour d’un brasier fantôme.

Personne ne voit les visages en exil du monde
Et je détourne aussi les yeux
Pour vivre encore un peu.
La nuit
Leurs yeux rouges mettent le feu à mon sommeil

Ils sont revenus des carrefours de la douleur
Les visages en exil.
Ils s’appellent Abraham ou Boris…
Et portent d’autres noms que le monde
A oubliés
Ou grattés furieusement sur les stèles de la mémoire
Ils se rassemblent toujours au carrefour du monde
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Toutes les nuits…


Toutes les nuits
à la même heure
ses doigts se posent sur les touches du piano
pour appeler la mort
depuis qu’ils ont exécuté la femme qu’il aimait.
Il espère ainsi la rejoindre
il n’a pourtant rien
d’un jeune musicien romantique
avec
son crâne presque chauve
ses bajoues
et son ventre qui fait des plis
mais il a appris dans les livres
qu’ils ont interdits
que l’amour est éternel
la mort pose sa main décharnée
sur l’ épaule du musicien
pendant que ses notes ricochent
sur le ciel
sans rejoindre la femme qu’il aimait
ses doigts lui font mal
de plus en plus mal

Ce matin
on a retrouvé Vladimir
les yeux ouverts
et les doigts en sang
affalé sur le piano

Enfin
le silence
se sont réjouis les voisins
qui n’en pouvaient plus.
Ils ne savaient sans doute pas
que l’amour est éternel
puisqu’ils n’ont jamais ouvert un livre
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Dehors/même les larmes sont gelées…


Dehors
même les larmes sont gelées
dans le grand pays glacé
les tombes disparaissent sous la neige
mais qui enterrera la douleur
de tout un pays ?
Tu restes immobile sans pouvoir
te recueillir.
Il y a trop de disparus
la poésie est morte elle aussi
un jour de solitude.
Quelques silhouettes s’inclinent ça et là
pour gratter la terre
avant d’enfouir leurs illusions
la page restera blanche.
Tu invectives l’éternité
et les serments oubliés
dans les prisons.

Une femme
la tête enveloppée d’un châle à fleurs rouges
vient dans ta direction
te croise sans te voir.
Tous les jours
elle maudit le ciel
sans que celui-ci prenne la peine de répondre
quelques bouleaux squelettiques
lui servent de paravent
mais n’empêchent pas le désespoir
de passer
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Ils se sont donné rendez-vous…


Ils se sont donné rendez-vous
Pour te mettre à mort
Sans savoir
Que le travail était fait depuis longtemps
Tu t’en souviens bien
C’était en 1942
Il a suffi d’ouvrir le secrétaire en acajou
Pour comprendre
Sous l’abattant reposait
La condamnation en lettres rouges
Der Tod
Le sang coule toujours de tes doigts
Dans une langue étrangère
Der Tod

Ils se sont donné rendez-vous
En hurlant son nom
Qui résonne dans la nuit épaisse
Quel est donc cet homme dont
Tu te réclames
Petit garçon ?
Que faire de sa condamnation à mort
Qui ruisselle le long de tes doigts ?
Der Tod
Tu n’as pas su consoler
la jeune femme brune aux yeux bleus
Qui s’est déchiré le cœur
Aux fils de fer barbelés de sa douleur
Dans la nuit qui s’en va
Der Tod
Der Tod
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Sacha…


Sacha
nous avons parcouru
un même chemin de douleur
à Tcheriomouchki *
parfois
les cailloux de l’Histoire
nous empêchaient de passer
tu les retirais pour moi avec douceur
tu n’avais pas quitté Paris
dans un couloir de ta tête.
Tu m’entraînais avec toi
sur des bateaux usés par les guerres
j’avais parfois peur de monter
à bord de ta poésie
mais tu savais me persuader de te suivre
Sacha
Sacha assassiné
une étoile rouge gravée au milieu du front
nous n’avons pas su comment
faire douter la mort
ni apprivoiser les rossignols
en leur lisant tes poèmes.
Dans ma tête
je peine à te retrouver
un merisier n’en finit
pas de pourrir
dans mon cœur

* « Les petits merisiers »,quartier de Moscou à proximité d’un bois, construit à la fin des années cinquante.
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On ne vous tuera pas…


On ne vous tuera pas
Je le sais
Il restera vos poèmes
Qui s’envoleront
Avec le vent d’automne
Pour se déposer
Sur le front des femmes libres
En pétales de sang

Tous chanteront la liberté
En hurlant les mots
Des poètes crucifiés
Vous n’aurez pas souffert en vain
Vous ne mourrez pas
Je vous prie de le croire
Vos poèmes se disperseront
Aux quatre vents du globe
Nous les apprendrons par cœur
Nos enfants sur les genoux
Les vieillards sortiront des hospices
En clignant des yeux
Avant de mordre la poussière
Nous atteindrons le ciel
En les portant à bout de bras
Nous le repeindrons
Aux couleurs de la terre
Même si les dieux détournent les yeux

Encore une fois
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