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Critiques de Denis Infante (49)
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Le corbeau et la renarde



Denis Infante a beaucoup travaillé la langue pour nous offrir un conte écologique, un roman d'initiation et un voyage poétique. Sur les pas d'une renarde, décidée à échapper à un désastre climatique, il raconte une terre où l’homme a disparu. Une belle surprise de cette rentrée.



Une fois n'est pas coutume, commençons par parler de l'écriture, du style de ce court roman, car c'est la première – belle – surprise, même si elle peut peut-être dérouter le lecteur. Denis Infante a choisi de créer une langue propre à ce monde qu'il imagine. Un monde dans lequel les hommes ont péri, incapables de sauver une planète qu’ils ont voulu dominer. Un acharnement coupable qui a entraîné leur éradication.

Cette langue, sans articles définis ou indéfinis, donne au roman un aspect à la fois haché, mais aussi réduit à l'essentiel, aux émotions et aux sensations, aux descriptions avec de nombreuses énumérations et adjectifs. Les mots, voilà l'essentiel sur cette terre qui «était comme engluée dans été sans fin. Brûlant, sec, éblouissant et mortel.»

C'est ce douloureux constat qui va réveiller l'instinct de survie de Rousse, la renarde qui est au cœur du livre et qui va choisir, à l'instar d'autres animaux se sentant piégés, de partir: «Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève. (...) Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s’étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là.»

Durant son odyssée, elle va croiser le chemin de Noirciel, un corbeau riche d’un grand savoir et qui va l’aider dans sa quête. Car «Rousse voulait apprendre. Rousse voulait connaître et découvrir. Elle avait beaucoup réfléchi sur rive de Grand Fleuve. Atteindre neiges éternelles, trouver territoire opulent lui importait moins que de parcourir terres et espaces. Que rencontrer vivants inconnus, contrées nouvelles, feuilles d’autre vert et autre forme que jamais ses yeux n’avaient vues.»

En avançant et en apprenant, ils vont faire la connaissance de Cœurfier. Avec sa horde, ce sanglier cheminera aussi quelques temps à leurs côtés. Mais arrivé au bout de son territoire, à la frontière de Terre Sanglerrière, il la laissera poursuivre seule sa route. Quand elle tombe sur un renard, elle se dit que sa route peut s’arrêter là, qu’elle peut désormais fonder une famille. Mais l’appel du large et la soif de découvrir ce qui est au bout de sa route sont plus forts.

Dans ce conte écologique, Denis Infante laisse une grande place aux odeurs et aux couleurs, à la poésie et à la sensualité. Mais il ne cache pas non plus que cette terre n’est pas un paradis. À l’image de cette carlingue d’avion qui étonne la renarde, on comprend que la technologie a fini par avoir la peau de l’humanité.

Je ne sais si l’auteur a inventé ici le roman postapocalyptique ultime – car ici l’homme a disparu, contrairement à La Route de Cormac McCarthy où un père et son fils cheminaient de conserve ou dans Et toujours les forêts de Sandrine Collette ou Corentin se retrouve seul à représenter l’espoir – toujours est-il que ce roman va marquer tous ceux qui le liront. Une belle réussite !

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024».Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.




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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Il sera une fois …

Dans une langue singulière, dénuée d’articles, Denis Infante nous offre une descente en apnée dans un environnement aride. L’eau ne coule plus, le soleil frappe, cuit les corps, éblouit les prunelles.

Rousse, une jeune renarde, peine à survivre dans cet environnement hostile. Rousse décide de fuir pour trouver pitance et découvrir de nouveaux horizons, fuir sa terre jadis nourricière en train de lui devenir étrangère.

D’autres personnages vont venir enrichir la galerie de portraits brossés par Denis Infante, l’Ourse Brune, Noirciel le Corbeau porteur de connaissance, Cœurfier le sanglier, Ombre l’écureuil facétieux, …

Cette fable écologique désenchantée nous conte la fin de notre monde actuel pour nous faire entrevoir un futur proche dans lequel l’eau vaut de l’or.

L’homme a disparu de la surface de la Terre, ne restent de notre espèce que quelques squelettes épars, une longue langue d’asphalte, des poteaux électriques échevelés…

Poésie des mots, quête de Rousse partie inlassablement à la découverte de l’Univers, prunelles au ciel, museau dans le vent telle une horde de contre à elle toute seule, prête à franchir tous les obstacles qu’ils soient meute de loups ou terrifiants krakens. Rousse à l’assaut de nouvelles forêts, d’autres paysages et rencontres.

Langue étrange, abrupte et chantante à la fois, par moments répétitive et lancinante.

Oubliez la fable du Renard et du Corbeau, c’est ici dans son propre Univers que Bernard Infante nous convie et notre cœur de jeune et joyeu.x.se renard.e part en bondissant à l’aventure.

Une échappée belle dans les sous-bois qui sentent l’humus, les terres brulées, les ruisseaux à sec et les bouillonnements des grands fleuves.

Cheminez avec Rousse à la découverte des apprentissages et des connaissances, des douces amitiés nouées au fil du chemin.

Il sera une fois, dans un futur proche, les animaux seuls survivants dans notre Univers Terre. Alors saisissez-vous de ce livre pour une évasion immobile, découvrir le vaste monde et ses habitants si attachants tant que c’est encore possible.



« Mais un jour, alors que vieux hêtre était encore jeune arbre, peuple des Faces Plates, malgré son immense puissance, malgré solides tanières, malgré faraille, malgré savoir et pouvoir, disparut comme poussière au vent, comme rides sur étang. Comme rosée sous brillant soleil.

Disparut sous violent feu tombé du ciel, feu foudre, foudre soleil, qui brûle roches et vivants.

Disparut dévoré par maladies étranges, invisibles poisons.

Disparut entre-dévoré, massacres et famines.

Personne ne sait. Aucun Maître, aucun sage.

Et os blancs couvrent plaine. Et arbres biscornus et créatures difformes. Terres Brûlées, Terre Mortes, Rongemork, Flamme Froide. Blessures et souillures seules restent de ce peuple qui voulut être maître du monde et de toutes créatures de sève et de sang qui naissent et croissent sur terre.

Voici très anciennes légendes, fragments d'histoire qui sont mémoire des vivants, depuis multitude d'années, depuis très longues lignées d'éléphants, très longues lignées de corbeaux et de toutes créatures qui savent. Très longues vies d'arbres. »

(p.127-128)

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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Roman d'apprentissage, conte philosophique, odyssée métaphysique ou simple récit d'aventures mettant en scène des animaux, voici un livre étonnant, poétique et plein de charme : un petit bijou.



L'héroïne principale se nomme Rousse, c'est une jeune et belle renarde, intrépide et avide de liberté, heureuse jusqu'ici de vivre harmonieusement dans l'agréable Bois de Chet, sis sur une terre inconnue que les humains, apparemment, ont déserté. Où sont-ils ? Survient alors un brutal changement climatique amenant une sécheresse inédite.

« Aucune pluie n'était plus tombée depuis de trop nombreuses lunes. Et dans Bois de Chet, comme partout alentour, vivants souffraient de grande soif. Mobiles autant qu'immobiles, ailes, pattes, nageoires, racine, radicelles, tous enduraient manque d'eau, manque de cet insaisissable et pour tant vital élément… »

Un phénomène inconnu se répandant à une vitesse vertigineuse ne laissant présager que catastrophes fatales.

"Sans eau, sans pluie, brume, rosée, neige, sources, rivières, étangs, marais, inaccessibles glaciers et très lointain, très fabuleux océan, très ancienne légende, vie de toutes créatures était impossible.

Et mort assurée."



Rousse est une battante, pour fuir la sécheresse et trouver l'eau salvatrice, elle décide de quitter son bois et de partir à l'aventure, loin très loin, bravant l'inconnu et tous les dangers qui la guettent. Mais elle va aussi faire de belles rencontres et connaître solidarité et amitié. Poursuivie par une meute de loups féroces, elle est sauvée in extremis par Brune, une grande ourse vengeresse. Devenues amies les deux femelles vont cheminer ensemble et profiter des précieux conseils du vieux corbeau Noirciel, le maître, celui qui sait et qu'on écoute. Puis chacun va suivre sa propre direction et l'exode de Rousse va se poursuivre encore et encore multipliant les embûches, les rencontres dangereuses avec les cruels krakadiles et krakens redoutables, traversant des contrées inhospitalières telles Forêt biscornue, Terres brûlées, Terres mortes, mais profitant de l'aide amicale de nouveaux amis croisés sur sa route Ambre, Coeurfier, Duredent, Ecorce de Hêtre ... Les jours et les nuits passent, les années se succèdent et Rousse continue son périple le long de Grand Fleuve, découvre, apprend et devient elle-même Maîtresse, celle qui sait et qui va transmettre aux générations futures...



Depuis la nuit des temps l'univers est là dans la nature avec ses "êtres vivants mobiles et immobiles", il subsistera à l'infini, témoin des phénomènes et folies destructrices, qui ont provoqué l'extinction des hommes (ceux que l'auteur surnomme les Faces Plates).



"Le peuple des Faces Plates vivait partout sur terre. Peuple puissant, chasseur prédateur. Peuple destructeur, Faces Plates occupaient monde entier et dévoraient toutes autres créatures. Tuaient peuples de terre, air et eaux. Brisaient roches, creusaient montagnes, asséchaient rivières, détournaient fleuves, rasaient forêts, brûlaient plaines.

Certains disent qu'ils voulurent même posséder ciel et étoiles."



Tel est le triste constat et le funeste présage que nous propose Denis Infante. Ne nous presse-t-il pas ici d'arrêter le temps et de nous interroger sur notre avenir et celui de la planète ? Un défi écologique à relever à tout prix.



Cet ouvrage surprenant et poétique est totalement atypique dans sa forme. L'auteur a créé une écriture singulière qui s'affranchit des articles définis et indéfinis. Un peu déroutant au début, on s'y habitue progressivement entraînant une plus grande concentration dans la lecture et intensifiant le plaisir des mots. Ce style ajoute un peu de candeur et d'innocence rappelant le Roman de Renart, les Histoires comme ça de Ruyard Kippling et bien entendu l'ineffable Petit Prince. C'est un livre touchant qu'il faut lire tout doucement pour mieux le savourer. J'ajoute que l'illustration de première de couverture est ravissante.



#Challenge Riquiqui 2024

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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

🦊Chronique🦊





Nul ne savait.

Nul ne savait rien du Monde. Rien de sa langue de ses déterminants de sa force. Nul ne savait mais Rousse voulait savoir. Et savoir est source de vie.

Rousse c’est renarde joyeuse qui s’en va découvrir Monde. Rousse c’est renarde curieuse qui découvre nature et secrets. Poussée par la force de vie Rousse expérimente amitié, amour, entraide. Rousse expérimente odeurs forêts Grand Fleuve. Rousse expérimente vaillance détermination solitude. Rousse frôle mort vie et entre-deux.

Elle ne savait pas, mais elle apprend. Elle a soif d’apprendre. Mais la soif est le problème majeur dans cet environnement. Le post-apocalyptique s’est invité dans son Bois. L’eau vient à manquer, le feu fait rage, le Vivant souffre. La douleur est si forte. Ceux qui savent, savent, jusqu’où remonter la source du problème. Mais le problème a disparu. Ne reste que les os et quelques objets de leurs activités. Les polluants ont contaminés sols cours d’eau biodiversité.

Elle ne savait pas, mais elle comprend en avançant. Toujours droit devant, toujours confiante. A travers son voyage, elle grandit de ses expériences, de ses rencontres, de ces histoires qui peuplent le monde. Tour à tour, gagnante meurtrie désireuse apeurée vive puissante, Rousse devient Sage. Elle nous dit tout, avec courage.

Nul ne savait, mais maintenant, nous le savons. L’émotion traverse la matière. Les vibrations traversent l’esprit. La force de vie traverse nos corps. Elle est renarde et elle comprend Monde Vie Savoir. Rousse est source de vie de transmission d’histoires.

Rousse est jolie rencontre. Je n’y mets pas de déterminant car j’adopte matière à vivre et à penser fluide, sauvage, authentique comme elle. Il m’a plu de gambader en poésie en sensoriel en pleine nature sans cadre régissant…

Nul ne savait mais maintenant vous savez qu’il vous faut connaître Rousse ou Les beaux habitants de l’univers…
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

J'ai lu Rousse pour les Notes bibliographiques, et rédigé la note de lecture affichée en “coup de coeur“ sur le site les-notes.fr.

Je la retranscris ci-dessous car c'est le roman exceptionnel d'un primo-romancier (en littérature adultes) de... 70 ans !



Rousse, jeune renarde intrépide et libre, quitte à regret les bois où elle a grandi. La sécheresse s'est installée, eau et nourriture viennent à manquer. Diverses embûches l'attendent sur sa longue route solitaire à destination des montagnes enneigées qu'elle aperçoit au loin. Des dangers et des amitiés. Une ourse maternelle la sauve d'une harde de loups. Elles cheminent ensemble, puis un vieux corbeau plein de sagesse prend le relais. Rousse veut traverser le grand fleuve qui barre sa route, voir le monde, faire des rencontres, toujours plus loin.



Sous des allures trompeuses de conte philosophique et de roman d'apprentissage, Denis Infante délivre un surprenant réquisitoire écologiste et féministe, pour tous.

Le lecteur perçoit vite que Rousse parcourt un monde sans humains où ne subsistent que les traces d'un cataclysme dévastateur ancien. La nature et ses habitants rescapés, « vivants mobiles ou immobiles », ont souffert, gardent des cicatrices, mais se relèvent. Là où les humains ont échoué, leur instinct animal développé les a sauvés. Ils font face avec des compétences adaptées aux effets du désastre écologique dont ils ont hérité. Ils apprennent la transmission. L'auteur dépouille son écriture de tout article, défini, indéfini ou possessif. Il invente ainsi une langue intemporelle, sensible et poétique, qui épouse la beauté des descriptions des paysages et des comportements des animaux. Splendide. (T.R. et S. H.)



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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Sur une terre où ne vivent plus que nature et animaux, Rousse la renarde vit dans le bois de Chet, où sévissent la sécheresse et la chaleur. Poussée par l’envie de découvrir un monde meilleur, où l’eau existe en abondance, et la nourriture foisonne, ainsi que par la curiosité de découvrir de nouveaux horizons, Rousse décide un jour de partir du bois où elle est née et part à l’aventure. Sur son chemin, elle croisera des endroits arides et desséchés, des endroits toxiques, des zones dangereuses, mais aussi des lieux agréables à vivre. Et surtout, elle va rencontrer d’autres animaux, comme l’ourse Brune, avec qui elle va découvrir l’amitié, Noirciel, le sage maître corbeau qui va l’initier à la sagesse, ou encore Ombre l’écureuil. Sa route est celle de son destin et de sa découverte de la vie.



Je remercie les éditions Tristram, ainsi que Babelio et l’opération Masse critique littérature, qui m’ont permis de lire un texte original, profondément touchant, poétique, onirique et en même temps tellement réaliste.



L’écriture est vraiment inédite, avec un texte poétique et philosophique où les articles et dérterminants ont disparu, tout comme l’homme de la planète, semblant donner un aspect majestueux et empli de respect à la nature, qui peut parfois se montrer cruelle.



Il s’agit à la fois d’un poème, d’une quête initiatique, de transmission de sagesse, d’une fable écologique, et d’une réflexion philosophique sur les connaissances et le sens de la vie.



J’ai apprécié de prendre le temps lire ce roman, empli de réflexions, et il fera sûrement l’objet de relectures ultérieures de ma part, pour mieux m’imprégner des mots.



Une très belle découverte et un véritable coup de cœur pour moi !


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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Merveille ❤

Je n’oublierai jamais Rousse, je n’oublierai jamais l’écriture de Denis Infante.

L’odyssée de Rousse, intrépide renarde, est une fable inoubliable qui porte en elle les ingrédients d’un classique: intemporalité et universalité.



Sur une terre où les hommes ont disparu et où la sécheresse met en danger les animaux, Rousse décide un jour de quitter seule son territoire à la recherche d’eau claire et d’air frais. Hardie, vaillante, déterminée, la jeune renarde part découvrir le monde, ses paysages et les beaux habitants de la terre: Brune l’ourse, Noireciel, le vieux corbeau sage, Coeurfier le valeureux sanglier.



L’histoire que nous raconte Denis Infante ne serait rien sans la langue qu’il invente. Envolés les articles ! C’est un pur miracle (ou pour le moins une idée de génie). Une écriture sensitive, primitive, archaïque, poétique, organique. Cette singularité n’est pas une difficulté de lecture, c’est au contraire une façon de revenir à l’essentiel, à l’essence des choses, un moyen d’être au plus près de Rousse, de ressentir pleinement, de respirer à pleins poumons, d’être plus attentif aux odeurs, aux bruits.

Mais que c’est beau !
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Rousse, une jeune renarde part à la découverte du monde sans homme mais qui a laissé des traces. Elle fera des rencontres dont Ourse qui l'aidera mais aussi des confrontations douloureuses. Il est question d'écologie, d'amitié, d'entraide, de paysage, du temps, de la diversité.

La structure du livre peut dérouter car il n'y a aucun article, le début de la lecture est un peu ardue puis cela donne une dimension poétique, sensible, d'une grande beauté. Un roman qui se relira car il y a de beaux messages et passages.

Un roman incroyable.
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Coup de coeur !



Il fait trop chaud et surtout trop sec au pays du Bois de Chet "vivants souffraient de grande soif".

Alors, Rousse, la jeune renarde, s'en va ; elle est solitaire Rousse, joyeuse, espiègle et ouverte aux rencontres et à l'amitié ; elle se fera des compagnes et compagnons de voyage comme l'ourse Brune, le vieux corbeau Noirciel, celui qui est Maître, celui qui sait, le sanglier Coeurfier qui voudrait la garder et Ombre le jeune écureuil, mais elle recontrera aussi le Grand Loup qui voudrait bien la manger. La description des lieux traversés est formidable ; sans qu'on sache de quelle région ou pays il s'agit, les descriptions assez rapides de l'auteur sont très évocatrices. Il parle particulièrement bien des tempêtes, des vents, des pluies ainsi que des sécheresses, des terrains et des bêtes assoiffés ; la nature nous entoure complètement, on chemine avec Rousse, on regarde et on observe avec les yeux de la renarde.

Les lecteurs:lectrices sentent que l'auteur a répondu à un fort élan d'écriture, à une envie de raconter une histoire qui lui tenait à coeur ; mais quelle est la quête de cette jeune renarde ? Cherche-t-elle l'amitié à travers les rencontres, veut-elle toujours découvrir plus de paysages, de territoires, au fond souhaite-t-elle en savoir, en connaître toujours plus, même plus que Noirciel ? Le propos de l'auteur est peut-être plutôt de nous prévenir que s'en vient un monde difficile, sans êtres humains - ce dont la planète se passe parfaitement - un monde chaud et sec...mais un monde sans les "mesquins", peuplé des "beaux habitants de l'univers".



Une écriture originale (où sont passés les articles ?) et poétique qui fait penser à du français du Moyen-Àge, au rythme même de l'animal à quatre pattes que l'on suit ; une superbe et enthousiasmante découverte !

Chacun/e se fera son idée et son interprétation de cette fable ; ce qui est sûr, c'est que c'est une ode à l'amitié, à l'apprentissage et à la connaissance libératrice, à la curiosité et à l'indépendance !



Un livre fait de mots dont chacun a son importance " mots disent, mots racontent, mots expliquent. Mots inventent univers" , un livre à lire à voix haute pour encore plus de plaisir !

À noter, en exergue, des mots très beaux et émouvants de Jean Giono.



Extrait p 22 : " Rousse ne connaissait pas étendue de Sombre Forêt, et à mesure que soif et faim en elle grandissaient, Rousse désespérait d'atteindre inconcevable orée. À un moment, elle pénétra dans rares rayons de soleil qui parvenait à percer épaisse canopée. Elle s'assit au centre de ce puit de lumière, lovant sa queue sur ses pattes arrière, offrant museau à vivifiante lumière. Pupilles réduites à deux traits noirs dans ambre jaune des iris."




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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

"Sur une terre que les hommes ont désertée et où l'eau est devenue rarissime, Rousse entame un périple à la recherche de cette ressource vitale. La jeune renarde, accompagnée d'un vieux et sage corbeau nommé Noirciel, vit une véritable odyssée au cours de laquelle elle découvre les vestiges de la vie humaine et rencontre d'autres voyageurs."

Un livre fait de sensations subtiles, avide de rencontres (mais pas d'êtres humains, il n'y en a aucun, ils ont tous disparus...) et d'aventures.

La question qui nous happe est celle d'un lieu à trouver pour qu'il nous soit habitable. Une Odyssée sensitive. Conte itinérant qui mêle plusieurs genres littéraires. Jolie surprise de début d'année.



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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

J'ai dévoré ce roman en quelques heures, emportée par l'écriture à vif de l'auteur et immergée complètement dans le personnage de Rousse, au gré de son voyage initiatique dans un monde déserté par l'humanité qui s'est autodétruite. Rousse, renarde pleine de vie et d'espoir, traverse des contrées inconnues, au gré de ses rencontres avec les autres "beaux habitants de l'univers". Elle suit l'esprit de vie qui l'anime, elle s'engage tout entière dans sa quête, qui est une quête de connaissance mais aussi de foi en la vie justement, et y est aidée par Noirciel le corbeau puis Ecorce de Hêtre l'éléphante. Il s'agit d'un conte, bien sûr, mais aussi d'une leçon magnifique sur ce que nous sommes, ce que nous aimons, ce que nous voulons et ce qui compte vraiment. Le pari de supprimer la plupart des déterminants (articles pour les vieux de la vieille) était risqué sans doute, mais il en résulte un texte puissant, sensuel, au plus près de cette renarde à qui, étrangement, je me suis identifiée d'un bout à l'autre. Un coup de coeur +++ pour ce roman magique.
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

C’est l’histoire d’une jeune renarde qui s’exile pour trouver une meilleure terre pour une nouvelle vie, à cause du manque d’eau.

Rousse, en cours de route – semée d’embuches -, fait de belles rencontres : Brune, ourse valeureuse, Noirciel, sage corbeau, Coeurfier, jeune et fringant sanglier, Ombre, écureuil nourricier, Feu, renard amoureux, et enfin Ecorce de Hêtre, Maitresse éléphante. Sans parler des méchants, Grand Loup, krakens et krakodiles.

Ode à tolérance et à différence. Conte écologique.

Contre toute attente et comme une évidence, la lecture de ce texte sans article – ce qui surprend de prime abord – est tellement fluide qu’on en atteint l’essentiel, comme dit l’auteur, à la matière et à l’esprit.

Cela devient si naturel, que l’on se prend à faire de même.

En lisant, je me voyais, enfant – et paradoxalement yeux fermés - accroupie par terre, avec d’autres enfants, autour d’un feu de camp, en train d’écouter un homme - sage griot - contant la vie de Rousse, tour à tour Renarde Intrépide, Renarde Joyeuse, Renarde Fière et Renarde Sage.

Pleine connexion avec Mère nature, Mère terre (p. 43). Couleurs, senteurs, odeurs bonnes ou mauvaises. Paysages accueillants ou hostiles. Climat affolé. Chaleur qui assèche tout, froid glacial qui fige tout. Mais qu’est-ce qui a tué, il y a très longtemps, ces drôles d’animaux aux longues jambes, Faces Plates, dont les squelettes tombent en poussière ?

On aimerait continuer à cheminer avec Rousse. Même si le chemin semble ne jamais finir, tout à une fin. Et l’on est obligé de laisser Rousse vivre sa vie.

Et comme il n’y a pas de hasard, le jour où j’ai terminé Rousse (20 janvier), j’ai regardé un documentaire sur France 5 : Une vie de renarde.

Après avoir vu le joli film « Kina et Yuk : les renards de la banquise », je verrais bien Rousse courir sur la toile.

Grand merci à Babelio et aux Editions Tristram de m’avoir permis cette belle découverte et cet auteur.

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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Voilà un livre que je me suis forcée à lire lentement car j'étais triste à l'avance de le finir! En plus il n'est pas très long...

Très beau roman, ce voyage de Rousse la jeune renarde qui quitte sa forêt natale, curieuse de découvrir de nouveaux lieux. Un chemin jalonné de rencontres amicales, amoureuses. Un chemin dans un monde sauvage et plein de risques mais aussi d'alliances possibles. Un chemin au cours duquel elle ne croisera aucun être humain: on devine les hommes disparus suite à une catastrophe nucléaire; seuls subsistent certaines de leur constructions et leurs squelettes. Le regard de l'animal est rendu, ainsi que ses sensations et le style d'écriture, sans déterminants, mais on s'y habitue vite, donne une certaine étrangeté à ce récit. C'est un personnage attachant que cette renarde courageuse et avide d'aventures. les autres "beaux habitants de l'univers" le sont aussi: Brune l'ours qui a perdu sa progéniture, Noirciel le corbeau plein de connaissances et de sagesse, Ombre le jeune écureuil en manque de maman. Les liens que Rousse tisse avec eux font écho à nos meilleurs liens: maternité, solide amitié, enseignement, respect, amour... une très belle lecture
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Un roman court avec une écriture particulière mais qui nous raconte l'histoire de Rousse la renarde telle une fable.



Un beau voyage, de belles rencontres dans un monde où l'humain a disparu et où la nature reprend difficilement ses droits suite aux dommages qu'elle a subit.
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Ligne de Vie



Il y a cette ligne de vie qui relie Adrien à Annabelle et Rita, ses deux mères.

Il y a aussi Julie, Garance et Anis et les autres.

Il y a les tempêtes, les accidents, les engueulades, les doutes et les moments de grâce.

La lumière qui déferle, la neige qui bruisse sur le toit de la caravane, ces secondes suspendues avant les applaudissements. Le public debout.

Il y a les blessures si longues à guérir.

Il y a les 20 000 km qui séparent.

Il y a aussi cette ode aux femmes, le désir qu'elles inspirent et le respect qu'on leur doit.

Il y a ce passage si troublant vers l'adulte. Les choix qu'il faudrait faire.



Il y a cette écriture fluide, cette ligne claire.



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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Je ne sais pas pour vous, mais ces derniers temps, j'ai l'impression de me faire un peu tromper par les résumés des quatrièmes de couverture... Mais bon, c'est le jeu de l'édition j'imagine !

Alors oui, pour ce court ouvrage, certes l'intrigue annoncée n'est pas aussi éloignée que celle du contenu, mais il y a quand même un petit côté trompeur. Si vous pensez faire d'innombrables rencontres, les unes plus belles que les autres, avec de belles conversations, de beaux échanges, des sagesses et perles partagées, je crois que "Rousse" n'est pas fait pour vous. Parce qu'ici, il est selon moi plus question de notre jeune renarde, son périple, son ressenti et son évolution que sur les autres "beaux habitants de l'univers".



Alors oui, le sujet est bien là : c'est une très jolie fable sur la vie, l'écologie et le beau dans la simplicité. Mais à part si je suis vraiment passée à côté de quelque chose, il n'y a pas cette émotion promis dans le résumé. C'est visuel, c'est poétique, c'est optimiste, mais il manque ce petit quelque chose qui en aurait fait une magnifique œuvre, tout particulièrement s'il y avait eu un approfondissement sur les autres animaux rencontrés. Parce que tout est assez bref, parfois même survolé. Et c'est vraiment dommage, parce que du coup on a l'impression de manquer quelque chose d'important et on reste un peu frustré sur sa lecture. Enfin, toujours dans une appréciation subjective, bien entendu.



La forme quand à elle pourra peut-être en refroidir certains. L'écriture est un peu singulière : l'histoire est racontée comme une fable mais surtout avec une écriture presque sommaire, sauvage, pour pousser le lecteur à une lecture plus immersive. Ainsi, vous experimenterez un texte sans articles définis et indéfinis. Avec parfois une syntaxe inversée qui accompagne le tout. C'est assez déroutant au début, mais on y sent une certaine poésie derrière et si l'on s'accroche les premiers chapitres, cela n'est plus dérangeant du tout par la suite. Cependant, il faut aimer les styles de plumes qui sortent du lot.



Le texte est aussi très agréable à lire pour les décors qu'il nous fait découvrir. Les descriptions sont très charmantes lorsqu'elles évoquent la nature où notre renarde s'aventure, mais également l'expérience du temps qui l'accompagne : le passé ressassé ou même l'instant présent du récit sont des passages parfois saisissants. C'est tantôt beau, tantôt inquiétant, ce qui nous amène à un contraste qui nous fait réfléchir tout en nous laissant voyager dans un univers à la fois apocalyptique et en reconstruction.

C'est une véritable ode à la beauté. Alors même qu'il y a de la destruction, de la ruine, de la mort et de la noirceur, c'est le côté vivant et lumineux qui est mis en avant. Ça en était presque rafraichissant.

Mais c'est également une jolie ode au savoir, au désir de la connaissance. Au chemin à entreprendre pour en gagner des parcelles, comme un chemin initiatique par lequel on doit passer.

Et surtout, selon moi, une ode à la vie. Sous toutes ses formes, qu'elles soient "mobiles" ou "immobiles". Presente, passée ou à venir. C'est un livre sur l'espoir et sur la force de la vivacité qui refuse de s'avouer vaincue.



En soi, c'était une très belle lecture bien qu'il manque un peu plus de profondeur selon moi. Ou peut-être devrais-je retenter l'expérience une autre fois... ce n'était sans doute pas le bon moment.
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Le résumé m’a tenté, l’histoire avait l’air belle. J’abandonne pour autant à la page 35, lassée par les tournures de style que fait l’auteur : "c’était meute de loups" ou encore "premiers pas furent faciles". On dirait qu’il manque des mots alors le cerveau comble. Puis j’ai fini par complètement me détourner de l’histoire tant j’étais dérangée par cette forme inattendue, qui nous fait reculer et n’apporte rien au texte. Cette manière d’écrire pour rendre les choses plus sauvages peut-être ? C’est un échec pour moi. Dommage.
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers



"Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers." (Jean Giono, Le chant du monde)



Dans cette épopée au cœur d'un monde post-apocalyptique où l'été est éternel et où l'eau manque cruellement, les hommes ont disparu et nous suivons les aventures de Rousse, une jeune renarde indépendante et téméraire, qui quitte le Bois de Chet, son territoire d'origine. Cette fable écologique qui met en exergue les conséquences du réchauffement climatique m'a interpellé car nous nous dirigeons à grands pas vers ce monde que nous décrit l'auteur. "Partout sévissait sécheresse, partout terre se craquelait, partout vivants souffraient dure soif, mobiles comme immobiles, peuple de sang ou peuple de sève."



Dans cette odyssée, où l'on découvre ce monde ravagé par la sécheresse à travers les yeux et les émotions de Rousse, Denis Infante utilise une écriture dépouillée d'articles pour transmettre ce regard animal, car c'est l'homme qui identifie et possède les choses qui l'entourent, et non "les beaux habitants de l'univers". Le style d'écriture est un véritable tour de force, poétique jusque dans l'anthropomorphisme des éléments naturels tels que les Biscornus, créatures contrefaites d'une "forêt difforme rendue folle par on ne savait quel poison ,comme vrillée par une tourmente sans fin".



"Rousse se demanda si c'était vraiment sécheresse et disette qui l'avaient poussée à entreprendre ce voyage qui devait la conduire jusqu'aux invisibles montagnes, jusqu'à improbable pays d'abondance qui n'existaient peut-être que dans son imagination." Rousse est curieuse, elle veut comprendre le monde et les vivants, apprendre. Lors de sa quête, elle rencontre des compagnons de route charismatiques : Brune l'ours, Noirciel le corbeau ou encore Ombre un jeune écureuil...



Ce conte est un véritable coup de cœur ! J'ai adoré la façon dont il est écrit, même si j'ai été très déstabilisée au début par l'absence des articles. J'ai l'intention de le relire plus lentement, pour savourer ce magnifique récit et cette écriture magnétique. Je ne saurais trop le recommander.

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Ligne de Vie

Belle écriture ! Je me suis laissée emporter le temps d'une lecture dans le monde du cirque. Personnages attachants et sacrés caractères ! Une famille « différente », une famille comme les autres ! Je conseille.
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Rousse ou Les Beaux Habitants de l'univers

Ce conte postapocalyptique mettant en scène des animaux assume son anthropomorphisme moral chargé de préoccupations contemporaines.

La renarde pensante a remplacé le roseau et pour marquer la différence, la syntaxe est comme mise « à hauteur » de bête au moyen d’un curieux parti pris consistant en la suppression de certains articles – mais pas d’autres. Contrairement à d’autres lecteurs ravis de cette licence poétique, le procédé ne m’a pas séduite en raison du déséquilibre qu’il introduit dans le style.

Quoiqu’il en soit, l’idée n’est pas sans intérêt de donner en héritage aux seuls animaux, la terre suppliciée par les hommes, au prix de leur propre disparition.

L’aventure est pleine de poésie et d’éloge à ce qui reste de la belle planète, sorte d’arche de Noé- sans Noé- à l’échelle planétaire régit par les lois « immuables » de la nature.

Qu’en tirer d’autre, si ce n’est un énième rappel de la folie et de l’aveuglement des hommes et un espoir que la planète bleue peuplée de vivants « mobiles » et « immobiles » puisse lui survivre.

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