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Citation de VALENTYNE


Bee a triché. Le 4 janvier, emportant la caisse de son musée de Bowery Street, elle a pris un aller simple pour Rio de Janeiro à bord du vol régulier de la Varig. A Atlanta (Georgie), le docteur Almendrick perd ainsi des centaines de dollars, un foie, un cœur et deux reins : il ne peut engager aucune poursuite contre Bee, car il risquerait de tomber lui-même sous le coup de la loi constitutionnelle qui ne prévoit pas encore la vente viagère d’organes humains.
Bee a laissé une lettre pour Ashton. C’est le nain Falcon, en larmes comme pour un deuil, qui remet le pli au Polonais. Bee explique qu’elle avait intelligemment placé l’argent que lui verser Almendrick, que la somme est peu à peu devenue considérable, et qu’elle estime imbécile de mourir riche. D’ailleurs, elle n’est pas sûre d’avoir jamais eu l’intention de se donner la mort. Elle y a pensé, comme tout le monde, dans des moments de découragement. Mais lorsque son compte en banque s’est mis à grossir, sur l’influence des mensualités que lui virait Almendrick, elle a vu les choses sous un jour différent. Elle n’a d’ailleurs pas le sentiment d’avoir trahi qui que ce soit : d’une certaine façon, en achetant sa mort, Almendrick lui a rendu le goût de vivre. Il l’a sauvée – ou, si l’on préfère, il l’a prolongée. N’est-ce pas le rôle d’un médecin ? Elle considère Almendrick comme un sorte de génie : sans le savoir, il a inventé la transfusion financière. Les grandes découvertes médicales se font souvent ainsi, un peu par la grâce du hasard, un peu par l’entêtement à vivre ou les caprices des malades. Il serait sans doute fructueux, ajoute Bee, de se pencher sur l’aspect monétaire du mal des hommes. La pauvreté est peut-être parfois le signe avant-coureur de la mort.
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