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Critiques de Dieter Buchhart (6)
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Egon Schiele

Egon Schiele, comme Basquiat-  deux artistes  dont la fondation Vuitton présentait, il y a peu, une double rétrospective- , s'éteint, en plein essor,  à 28 ans.



Bizarrement, les points communs entre ces deux peintres si différents ne manquent pas.



Comme Basquiat,  il pratique avec âpreté,  exigence, l'autoportrait.   Comme lui, il aime choquer, transgresser. Comme lui, il flirte sans cesse avec la mort : une profonde angoisse existentielle l'habite , comme s'il savait qu'il allait avoir tellement  peu de temps sur terre pour faire ses preuves.



Mais si Egon Schiele manque de confiance en lui comme homme, il met toute sa foi dans l'artiste qu'il sait être.



Parfois influencé -surtout dans ses paysages-par la décomposition cubiste, il est  un moment tenté  par les fastes décoratifs  d'un Klimt. Le maitre d'ailleurs l'accueille à  l'Académie des Arts de Vienne en répondant à sa question :"Ai-je du talent? " par la réponse: "Trop, beaucoup trop! "



Durablement marqués par le Jugenstil viennois,  ses dessins et peintures restent longtemps bidimensionnels,  refusant volume et profondeur,  isolés sur un fond neutre, avec un arrière-plan souvent réduit au papier-et même au papier d'emballage qu'il prise particulièrement- .



Seule éclate l'incroyable fermeté, la suggestivité du trait, que  relèvent des pigments d'aquarelle flamboyants, fondus subtilement entre eux  par la technique de "l'humide sur humide" ou surlignés par des traces de gouache blanche ou de couleur, posées à sec.



Le tracé magique des dessins de Schiele  donne à ses oeuvres la  fiévrosité expressionniste, la torsion  maladive, la tension  érotique qui deviennent sa marque de fabrique.



Trait juste,  tracé parfait, recherche de l'angle le moins convenu,  de la pose la plus contorsionnée,  la plus trouble. Ses dessins provoquent. 



Sa vie aussi.



Dans les petites villes de province  qu'il sillonne apres avoir claqué la porte de l'Académie, il s'affiche avec sa compagne et modèle Wally,  la belle rousse -l'union libre est un péché capital à cette époque, surtout pour un artiste sans le sou- , pire, il n'hésite pas à faire  poser enfants et jeunes filles dans son atelier.. .sans se soucier des dessins érotiques qui y traînent..



La réaction ne se fait pas attendre: Egon Schiele passe 24 jours au cachot, où il va faire treize autoportraits torturés, angoissés mais vindicatifs: il y  revendique hautement sa liberté d'artiste.



La guerre arrive:  par chance, Schiele,  malingre, se fait par deux fois réformer, et continue à peindre avec acharnement, toujours étonné d'être en vie et sain d'esprit -son père syphillitique est mort fou-  mais en 1916 la conscription cette fois le rattrape  et l'incorpore dans l'armée, dans un poste peu exposé, il est vrai.



Schiele vient de se ranger- quelque peu difficilement:  il a fallu quitter nettement sa belle Wally- :   il a épousé une jeune Edith , issue de la petite bourgeoisie,  elle attend un enfant de lui , Gerti, sa soeur tant aimée,    mariée à  Peschka, un ami peintre, est déjà mère...



Mais il ne nous sera pas donné de voir à leur tour ses tableaux s'assagir.



Dans les derniers jours de la guerre, alors qu'il vient de dessiner un tendre portrait du visage mélancolique d'Edith sur son lit d'agonie, comme pour la protéger de cette terrible grippe espagnole qui fit plus de morts que la Grande Guerre elle-même,  trois jours après la mort de sa jeune femme, le jeune peintre au crayon magique est emporté à son tour par la mortelle influenza. Il a 28 ans.



Le catalogue retrace cette vie brève,  souvent tragique, cet acharnement obstiné du talent contre préjugés et coups du destin, et fait la part belle aux dessins, prodigieux, du grand Egon qui , de page en page, cache ou tend ses grandes mains décharnées et expressives, darde sur nous son regard fiévreux et inquiet, le corps tordu et souffrant , comme un Christ quelque peu blasphématoire, un martyre consentant de son chemin de croix artistique.



Magnifique exposition et peintre décidément bouleversant.



 
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Jean-Michel Basquiat

Le catalogue de l'exposition Basquiat est un bel objet: grand format, reproductions de toutes les oeuvres de l'exposition, qualité des couleurs, abondance de  documents supplémentaires, extérieurs à l'immense rétrospective,  organisée par la Fondation Vuitton , en l'honneur du jeune artiste fauché à vingt-sept ans par la camarde qu'il peignait si souvent.  J'ajoute aussi superbes photos de l'artiste lui-même qui est une oeuvre d'art à lui tout seul..



Le catalogue comme le parcours de l'exposition s'achèvent sur l'étonnant Riding with Death de 1988. Oeuvre ultime, superbe : sur un fond gris métallique, le dessin d'un homme nu chevauchant sa monture, chronique d'une mort précoce et annoncée.



L'accent est mis sur tout ce qui fait la spécificité de cet artiste météore qui sort de l'anonymat en 1980 et meurt d'overdose en 1988 : d'abord  son engouement pour l'anatomie, consécutif à un accident qui l'immobilise à 7 ans, à l'hôpital : il dévore la Gray's Anatomy que lui a donnée sa mère. Puis sa passion et sa fine connaissance du jazz - ses "heads" ou thèmes majeurs autour desquels on improvise,  marquent à la fois les rythmes de son écriture,   répétitive, lancinante, sur les tableaux, et ses thèmes picturaux, puisque les " heads" sont aussi des masques inspirés de l'art africain..Et enfin, sa culture , hautement revendiquée, face aux snobinards de New York ou Los Angeles, par ce fils d'un père haïtien et d'une mère portoricaine,  élevé à l'école des pauvres, mais qui a très tôt fréquenté les musées avec sa mère, a été reconnu et adoubé par les plus grands,   et s'est forgé,   à la force du poignet, une solide culture artistique, antique et contemporaine .



D'où l'importance des mots, litanies, listes, photocopies de textes qui pullulent dans ses oeuvres comme pour surligner le message intellectuel d'un peintre qui refusait qu'on l'enferme dans la catégorie de street artist, de graffeur muraliste, étiquettes  qu'on ne manqua pas de lui coller, et clamait sa filiation avec Vinci ou Picasso



Tout ceci, le catalogue le rend sensible...si l'on passe sur la tendance jargonnière - jargonnante?jargonneuse?- de certains spécialistes ad hoc...mais si l'on s'accroche, si l'on se replonge avec ferveur dans l'oeuvre, le message passe, et s'imprime en lettres noires sur fond de planches colorées,  entre des masques grimaçants et des graffitis  protestataires.
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À plein volume : Basquiat et la musique

Une exposition présentée à Montréal avant Paris, une chance à ne pas manquer :-) d'autant plus qu'il s'agit d'une icône de la culture underground et de la peinture contemporaine : Jean-Michel Basquiat et la Musique.

Son œuvre ne se résume pas à la musique mais elle lui est consubstantielle. Musicien, membre de l'underground new-yorkais de la fin des années 70, il se donne pour objectif de mettre celle-ci "en peinture". Mais c'est moins un geste formel qu'un témoignage de la vie et l'histoire de la communauté afro-américaine, de son moyen d'expression privilégié depuis l'émergence du jazz jusqu'au rap.

La peinture de Basquiat est une écriture depuis ses premiers graffitis signés SAMO jusqu'à ces toiles remplies de prospectus et de graphes répétés où le peintre poète écrit l'autre histoire de l'Amérique, celle de l'esclavage et de la misère vécue par sa communauté dans cette ville lumière.

Sur ses couleurs éclatantes, c'est le rythme des mots, le tempo de la musique, la représentation de ces icônes du jazz ou du hip-hop que Basquiat dépeint.

Une exposition toute en musique et un catalogue qui s'attache au contexte social et culturel autant qu'à l'esthétique de l'œuvre elle-même.
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Edvard Munch ou L'anti-cri

Munch mettait ses toiles dehors, à l'extérieur pour leur donner la patine du temps, peut-être était-ce aussi l'assurance que ses toiles étaient l'émanation pure de sa vie intérieure qu'il fallait libérer.
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Egon Schiele

Voilà un livre qu'il faut avoir si on aime Egon Schiele. Publié à l'occasion de la récente exposition à la Fondation Louis Vuitton, outre les présentations de B. Arnault, président de la fondation, du commissaire de l'expo et des différents intervenants, propose les reproductions, d'une grande qualité, de toutes les œuvres exposées. Bien sûr l'émotion y est moindre que sur place où le cœur saute à l'entrée d'une salle devant cette richesse propre à Schiele, sa peinture qui vient des tripes, de sa hargne, sa rage de vivre, ses portraits longilignes et tordus et, indéniablement son amour des femmes qui transpire au fur et à mesure de son avancée en âge. Imaginons donc un Schiele ayant vécu ne serait-ce que 50 ans au lieu de 28 ? Non je n'y arrive pas mais je sais l'explosion que cela aurait-donné.

Ce peintre m'émeut!
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Jean-Michel Basquiat

Magnifique livre des 120 oeuvres présentées par la fondation Vuitton
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