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Critiques de Dimitri Kantcheloff (31)
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Boris Vian et son double



Dimitri Kantcheloff retrace la vie d'un auteur américain qui n'a jamais existé. Vernon Sullivan est l'invention de Boris Vian, mais cette création va faire bien des ravages dans la France de l'après-guerre. Il secoue le milieu littéraire et les pères la vertu. Et mange la vie de son créateur.



C'est l'histoire d'un employé de l’Office Professionnel des Industries et des Commerces du Papier et du Carton qui rêve de gloire. C'est l'histoire d'un écrivain sur lequel mise son éditeur, mais qui tarde à rencontrer le succès. C'est aussi le résultat d'un défi lancé un peu trop vite à Jean d'Halluin qui dirige les éditions du Scorpion, celui de lui écrire en dix jours le roman qui va s'arracher dans les librairies. Son idée? «Il suffirait, détaille-t-il d’un air docte, d'inventer de toutes pièces un auteur américain à scandale. Noir et alcoolique de préférence. Et victime de la censure de son pays, bien sûr. Admettons maintenant que ses textes — pleins de sexe et de violence —, à défaut de sortir aux États-Unis, trouvent en France un éditeur assez farfelu pour les publier. (...) Aux fins de parfaire le subterfuge et de ne négliger ni l’absurde ni l'ironie de la manœuvre, Boris, propose aussi d’endosser le rôle de traducteur.»

Voilà comment un jour de 1946 naît Vernon Sullivan. Et comment Boris Vian essaie de se relancer après les échecs commerciaux de se premiers livres parus chez Gallimard, Vercoquin et le Plancton et L’Écume des jours pour lequel il espérait la consécration d'un Prix littéraire qui ira finalement à un illustre inconnu.

Chose promise, chose due. En moins de deux semaines le manuscrit de J'irai cracher sur vos tombes est prêt.

Avec son éditeur, Jean d'Halluin, ils mettent tous les ingrédients nécessaires à faire le buzz, comme on ne disait pas encore à l’époque: «titre provocateur, omniprésence de violence, de beuveries et de pornographie, dénonciation des mœurs et du racisme de l’ Amérique — thème d'autant plus osé que les États-Unis, et ce malgré la ségrégation raciale, l’anticommunisme ou la pratique assumée de la censure, jouissent à cet instant précis de l'Histoire, faut-il le rappeler, de l’honneur d’avoir libéré la vieille Europe du joug nazi. Et pour ne rien gâcher, l’aura mystérieuse d’un auteur inconnu, impalpable, interdit.»

Les ventes sont pourtant assez décevantes. Mais c’est sans compter sur Daniel Parker. Le secrétaire général du Cartel d'Action Sociale et Morale entend faire interdire le livre en dénonçant l’outrage, les excès et la pornographie. Dès lors la presse va s’emparer de l’affaire et faire ses choux gras de ce combat, se ralliant en grande majorité à la thèse de la liberté d’expression de l’auteur et à la liberté des lecteurs de juger sur pièces.

Ce qu’ils vont faire avec voracité. Il faudra réimprimer. Déjà Vernon Sullivan s’attelle à un second roman.

C’est la fête à Saint-Germain-des-Prés. Aux côtés de Sartre et Beauvoir, mais aussi des zazous et des jazzmen, Boris Vian fête son succès, même si ses médecins lui ont conseillé de réfréner ses ardeurs en lui annonçant que son cœur ne tiendrait plus très longtemps le rythme endiablé qu’il lui impose. Face à cette dramatique échéance Boris Vian – et son double – fourmillent de projets. Des romans à écrire, des paroles de chanson, une adaptation au théâtre de J’irai cracher sur vos tombes, peut-être même un film. Et au milieu de cette effervescence, n’oublions pas le tribunal. Car Daniel Parker n’a pas renoncé à faire condamner ce Vernon Sullivan dont de plus en plus de critiques commencent à douter de l’existence.

Bien documenté, Dimitri Kantcheloff réussit fort bien à rendre l’ambiance de l’époque, allant jusqu’à utiliser le vocabulaire en usage durant ces années d’après-guerre, et à montrer combien la société aspirait à davantage de liberté. C’est sur des airs de Duke Ellington que se joue le drame de Boris Vian.

Inspiré par la trilogie biographique de Jean Echenoz avec Courir, consacré à Emil Zátopek, Ravel et Des éclairs, qui retrace le parcours de Nikola Tesla ainsi que par Les trois jours dans la vie de Paul Cézanne de Mika Biermann et aussi par le Limonov d’Emmanuel Carrère, cette biographie romancée confirme le talent de l’auteur après Supernova qui était paru en 2021.


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Vie et mort de Vernon Sullivan

L’histoire est connue (du moins des amateurs de Boris Vian). En 1946, Jean d’Halluin, récent fondateur des éditions du Scorpion, peine à rentabiliser sa maison d’édition. Il s’en ouvre à son ami Boris Vian qui vient d’essuyer un vrai revers littéraire avec « L’écume des jours » pressenti pour le Prix de la Pléiade finalement accordé à un autre romancier. Jean d’Halluin sait qu’un bon roman noir américain avec juste ce qu’il faut de violence et de sexe serait de nature à renflouer ses caisses vides. Boris Vian se fait fort de lui en écrire un en huit jours et si « J’irai Cracher sur vos tombes » lui a finalement demandé quinze jours, le sujet (la vengeance d’un métis sur la bonne société américaine blanche et puritaine de l’après-guerre) porte en lui le parfum de scandale que recherchait l’éditeur. Publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan et officiellement traduit par Boris Vian, le roman connait un relatif succès et suscite l’indignation des ligues de vertu qui réussiront à le faire interdire en 1949. Tout en travaillant à une fausse version originale de « J’irai cracher sur vos tombes » (pour désamorcer les suites judiciaires), Boris Vian écrit le second roman de Vernon Sullivan, « Les morts ont tous la même peau »

L’ouvrage de Dimitri Kantcheloff nous immerge avec bonheur dans l’atmosphère du Paris des années d’après-guerre et nous offre une version romancée d’un épisode important de la (courte) vie de Boris Vian. Du café de Flore à l’appartement de la rue du Faubourg-Poissonnière, on devient intime du couple Boris et Michelle Vian. On est surtout plongé au cœur de l’affaire Vernon Sullivan tant sur l’aspect manipulation des lecteurs et de la presse que sur les retombées judiciaires initiées par le Cartel d’Action Sociale et Morale (tout un programme). L’écrivain est solide mais l’homme est fragile et on suit avec anxiété l’évolution de la santé de facétieux joueur de trompinette qui abuse un peu de l’alcool et des nuits blanches. Boris Vian souffre de l’insuccès de ses écrits sous son nom mais aussi des excès du scandale Vernon Sullivan qui le poursuivront jusqu’à sa mort en juin 1959, le soir de la première diffusion du (mauvais) film inspiré par « J’irai cracher sur vos tombes ».

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Vie et mort de Vernon Sullivan

Pari.

Gageure.



Et Paris découvre « J’irai cracher sur vos tombes » d’un certain Vernon Sullivan, traduit par le facétieux Boris Vian (observez la fin du nom Sullivan).



Saint-Germain des Prés.

L’après-guerre, un souffle nouveau.

Des noms : Sartre, Beauvoir, Gréco, Mouloudji…

Des lieux : les célèbres caves.

De la musique : jazz, trompette.



Des auteurs, des livres, des rêves de gloire littéraire, rêve bafoué pour Boris Vian par le refus du Prix de la Pléiade et un auteur brisé, envahi par la rancune et la maladie qui le condamne.



Il vit intensément.

Il est connu pour son esprit revendicatif, potache, inventif.

Il brûle et sera brûlé.



Un canular sollicité par un jeune éditeur Jean d’Halluin et tout va basculer.

Alors que la presse ignore ses propres romans, Boris Vian va être la victime d’un « jeu » malsain qui le piègera jusqu’à passer en justice.



Le monde littéraire suspectera rapidement la supercherie et le livre violent, choquant pour les bien-pensants se vendra largement.

D’autres suivront, la supercherie se poursuivra…



C’est cette période que Dimitri Kantcheloff nous raconte.



Des jeunes en quête d’une nouvelle existence, des regroupements au Flore autour des philosophes, des amours qui se défont, des sons, un Boris Vian en recherche continuelle, tour à tour désespéré et créatif, en attente de reconnaissance littéraire et une volonté de fuir ce Sullivan qui lui croque ses propres écrits.



Des pseudonymes en quantité, celui qui nous occupe reste prépondérant dans l’histoire d’un Boris Vian dont les textes et chansons continuent à se lire et marquer les esprits.



L’auteur s’immisce en ces moments particuliers et douloureux de l’auteur jusqu’à cette mort qui l’emporta après la diffusion du film où il ne voulait pas voir son nom figurer.

Dimitri Kantcheloff réussit à transmettre, à rendre perceptible l’angoisse d’un homme dévoré par un double : Vernon Sullivan dont il voulait se défaire et la déception et l’intensité presque destructrice que fut la vie de Boris Vian, le multiple.











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Vie et mort de Vernon Sullivan

"Le canular, en vérité, est un jeu sérieux" mais certainement pas ennuyeux comme le démontre avec brio Dimitri Kantcheloff dans ce court roman au rythme virevoltant dans lequel il fait revivre toute une époque. Son héros s'appelle Boris Vian, jeune écrivain amoureux de la vie et pressé d'en profiter au maximum avant que son cœur diagnostiqué fragile ne décide de le lâcher. Des nuits passées dans les boîtes de jazz de Saint-Germain-des-prés, un boulot alimentaire, des romans qui ne rencontrent pas leur public... Et puis ce pari fou lancé à la face de son éditeur : il va écrire un roman américain, les critiques n'y verront que du feu, le public va adorer et en plus il va l'écrire en 10 jours. Voilà comment est né Vernon Sullivan, auteur de J'irai cracher sur vos tombes qui fera scandale à sa sortie et qui phagocytera la vie et le destin de Vian dont les romans signés de son patronyme ne se vendent toujours pas. Il y a là tous les éléments pour inspirer un romancier. Dimitri Kantcheloff en fait quelque chose de joyeusement vivant. La personnalité de Vian, un hyperactif prolifique aide à imprimer un tempo endiablé, le sens de la formule de l'auteur fait le reste. Il parvient à trouver la bonne distance pour englober l'atmosphère de l'époque peu encline à la bagatelle et l'esprit frondeur des mouvements artistiques. La supercherie littéraire est assez savoureuse en elle-même, Dimitri Kantcheloff en profite pour moquer gentiment l'esprit guindé vertueux des années 50 - Vian se vit tout de même intenter un procès -, explorer le petit monde de l'édition et remettre un coup de projecteur admiratif sur son auteur. Sans oublier une légère touche d'humour sans laquelle tout ceci n'aurait jamais existé. Cela donne un roman alerte, élégant, vibrant. Qui se dévore. J'avais un peu oublié Vian et Sullivan lus à l'adolescence. Je me suis immédiatement replongée dans J'irai cracher sur vos tombes qui a pris une saveur nouvelle. Tout comme la figure de Boris Vian dont je n'avais pas forcément saisi toute l'impertinence ni le désespoir. Ce texte est un très bel hommage, sublimé par une écriture qui épouse la fantaisie et la sève de son sujet.
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Supernova

L'air de ne pas y toucher ce premier roman au titre trompeur - il ne s'agit nullement de science-fiction ou de voyage interstellaire - met le doigt sur l'un des questionnements les plus actuels pour l'espèce humaine. Rappelez-vous le premier confinement, le vrai. La vie qui s'arrête. Le calme, le chant des oiseaux dans les rues des villes désertées par les bruits habituels des activités quotidiennes. Des voix pour dire que le monde d'après serait différent... Bref. Nous n'en sommes plus là. Les seules aspirations des uns et des autres sont désormais de vite retrouver le bruit et la fureur, d'en finir avec ce (relatif) calme forcé. Pourtant, certains s'acharnent encore à préférer le calme et l'isolement à l'agitation de rigueur un peu partout. A leurs risques et périls.



C'est le cas de Charles qui a choisi un village reculé du sud de la France, une maison isolée pour passer tranquillement ses dernières années sur Terre après une vie dans ses entrailles à conduire des métros. Désormais, il a les yeux tournés vers le ciel et les étoiles. Il passe ses nuits à assouvir sa passion, rivé à son télescope. Jusqu'au jour où il découvre une supernova. Pour les novices, il s'agit de l'explosion d'une étoile en train de mourir. Celle-ci est spectaculaire, elle continue à briller en plein jour. Il n'en faut pas plus pour affoler les rédactions qui dépêchent leurs fins limiers pour tenter de dénicher la cachette de Charles et obtenir son témoignage. Parmi eux, Chloé, journaliste à l'AFP, d'habitude en charge des faits divers mais qui saisit l'opportunité de revenir sur les lieux de son enfance. Ancienne reporter de guerre, la jeune femme a vite fait de découvrir l'antre du vieil homme. Le face à face espéré vire à la traque dans des paysages grandioses auxquels Charles semble le seul à accorder de l'importance. La rencontre finale sera explosive.



Avec ce texte, l'auteur pointe du doigt l'absurdité de nos comportements. Pour cela il nous invite à nous remettre la tête dans les étoiles, à contempler notre insignifiance à l'échelle de l'univers. A méditer sur la vacuité de l'existence lorsque l'humain n'a plus conscience d'appartenir à un ensemble. Sur le vide sidéral qui préside à la folle course médiatique et toute l'arrogance de l'espèce humaine à consommer et jeter illico, y compris l'information. Dans ce texte s'opposent le bruit et le silence, la soumission invisible et le farouche désir liberté. Personnellement je suis chaque jour de plus en plus désespérée de constater à quel point il est difficile d'avoir la paix, de s'isoler dans un paysage, de fuir le bruit, de simplement contempler. Je me suis sentie en totale empathie avec Charles, vous voilà prévenus.
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Vie et mort de Vernon Sullivan

1946, Boris Vian se morfond dans son métier d'ingénieur. Son livre,"L'écume des jours" a été publié dans l'indifférence. On lui promettait cependant le Prix de la Pléiade..., las, il fut attribué à un autre.

Déçu, avec un éditeur dans la panade il décide de monter un coup : écrire sous pseudonyme un roman à scandale. Ce sera "J'irai cracher sur vos tombes", écrit par un certain Vernon Sullivan, un soi-disant auteur sulfureux américain noir victime de la censure, Vian affirmant en être le traducteur. Le livre est publié. Son caractère érotique et violent offusque les ligues de vertu qui crient au scandale. Résultat : les ventes explosent. Bien joué !

Il y a aura procès et les poursuites seront abandonnées.

Vian tentera de monter une version de son œuvre au théâtre. Elle ne marchera pas. Il s'échinera à rebondir, le plus souvent sans succès. La gloire littéraire sera pour plus tard.

Elle viendra trop tard : Vian était cardiaque. Sous le poids de la fatigue, du travail, de la rupture de son couple, des excès et des déceptions, son cœur finit par lâcher. Il avait 39 ans.

D'une certaine façon Vernon Sullivan a tué Boris Vian.

Le récit se déroule dans le Saint-Germain-des-Près de l'époque, avec ses auteurs et artistes vedettes que Vian fréquentait. C'est écrit avec simplicité et élégance, une pointe d'humour et des clins d’œil au lecteur se glissent de temps en temps, et allègent cette histoire tragique.
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Supernova

Dimitri Kantcheloff signe un premier roman empreint d’un attachement prégnant à la nature.On devine l’importance qu’elle revêt pour lui. Après Charles et Chloé, elle est avec l’étoile supernova, le troisième personnage de ce livre à l’atmosphère envoûtante. J’ai vu briller la supernova, l’ai vu illuminer la voûte céleste. L’auteur m’a fait découvrir un univers que je connaissais peu, que je n’avais qu’effleuré jusqu’alors.

Quant aux descriptions de paysages, elles apparaissent précieuses, les rendant véritables. J’étais au cœur de cette forêt, puis sur le rivage. Le ressac – qui m’est familier – a résonné en moi. J’ai reconnu les éléments colorés de teintes aux déclinaisons variées.

Charles, le vieil homme bourru et solitaire est extrêmement attachant. Au fil de ma lecture j’avais comme lui, très envie d’expulser cette horde de journalistes intrusifs, impudiques et centrés sur leur probable heure de gloire en dépit de tout. La force et la puissance des mots, leur impact peuvent être d’une violence inouïe. Ils peuvent être durs jusqu’au point de non-retour. Jusqu’au moment où l’être peut vriller.

Ce roman questionne sur la nécessité de vouloir à tout prix tout relater, tout relayer en continu. Pour qui ? Pourquoi ? Cette médiatisation de masse n’est-elle pas néfaste ? Pour quel résultat ? Quand un événement se trouve aussitôt balayé par un autre, laissant parfois des plaies béantes…

Voici une fois de plus un livre comme j’aime, où la musique est présente. J’ai beaucoup aimé lire ce roman visuel et sensoriel, sur deux mondes que tout oppose, en écoutant Debussy – comme Charles – et en particulier, “Les fêtes” des Nocturnes pour la fin de cette histoire dont le dénouement est inattendu.

Par ce personnage vivant en reclus ainsi que par l’atmosphère, ce livre m’a quelque peu évoqué l’ambiance de certaines histoires de Serge Joncour (L’écrivain national ou L’amour sans le faire). Autant dire que ce fut donc très agréable à lire !
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Pour qui aime Boris Vian pour ses multiples talents et pour qui a déjà entendu parler de cette supercherie littéraire, parmi les plus célèbres du XXe siècle (si on excepte la double identité Romain Gary/Emile Ajar), ce roman est extrêmement intéressant.

On suit la construction de ce "canular littéraire" de A à Z, avec une vraie plongée dans cette époque de l'immédiate après-guerre, avec tout ce qu'elle contient au niveau artistique (la censure, l'existentialisme de Sartre, Saint-Germain-des-Prés, les comités de bonnes mœurs, la presse à scandale (déjà à l'époque))...

De plus, l'auteur nous restitue bien la psychologie de Boris Vian à travers ce récit de la fin de sa vie (avec une part de fiction bien évidemment).



Donc, si vous aimez Boris Vian et les soubresauts de l'histoire littéraire, foncez !
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Sur la vie de Boris Vian & de Vernon Sullivan



Un fait divers que je ne connaissais pas !

On en apprend beaucoup sur Boris Vian & sur sont roman « j’irai cracher sur vos tombes »



Ce roman a été écrit sur un pari et a suscité de grand débat médiatique, littéraire



Ce roman est cette enquête du point de vue de Boris Vian



Très intéressant
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Dans le nom de Sullivan (Vernon), auteur sulfureux de J'irai cracher sur vos tombes, petit polar suffocant paru en 1946, se cachent les quatre lettres de Vian (Boris), que nous connaissons tous pour avoir écrit l'Écume des jours. Ce n'est pas tout à fait un hasard puisque si Vian existe bel et bien, Sullivan n'existe lui que dans la tête de Boris, qui s'en sert comme de nom de plume pour faire passer au milieu littéraire parisien un message dru, celui de son titre : J'irai cracher sur vos tombes, et tout ça parce qu'il n'a pas obtenu un prix qu'on lui avait promis et puis aussi parce qu'il est comme ça, Boris, du genre à ruer dans les brancards, à cramer la vie par les deux bouts, à faire feu de tout bois.



Sur le fond, et par la bande, exploitant à fond l'épisode Vernon, Dimitri Kantchekoff nous raconte donc quelques années de la vie de Boris Vian, cardiaque aux talents multiples, fantaisistes, ébouriffants : on traîne avec les zazous à St Germain des Prés, on boit des cocktails avec Jean-Sol Partre et Simone de B, on souffle dans la trompette des airs de Duke Ellington, on écrit des livres d'une traite, en une poignée de nuits. Tout le monde couche aussi avec tout le monde, et puis il y a déjà le fisc, déjà la justice, déjà les culs coincés et déjà les emmerdes.



Quant à la forme, le style qui est épatant, tout en décalages et en clins d'oeil, on avait déjà une idée de ce (ou de celui) qui l'avait inspiré mais la page 74 nous donne la clé : Échenoz bien sûr, et son génial Ravel.



Un livre à recommander à tous les fans de Jean et de Boris.



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Vie et mort de Vernon Sullivan

A lire pour redécouvrir Boris Vian, sa vie courte mais trépidante, son caractère et savoir jusqu’où aller pour réussir dans l’édition. La critique est vive contre les éditeurs et les donneurs de prix littéraires.

L’auteur ne cherche pas à écrire un chef d’œuvre, mais un best-seller, faire le buzz avant l’heure pour vendre et devenir riche. Mais à quel prix. Ça pourrait s’appeler : La recherche du succès en 1946.

L’écriture est parfaite, elle ne laisse aucun temps mort, les phrases percutantes, la vie de Boris intéressante, tout est réuni pour passer un très bon (mais court) moment de lecture
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Paris, 1946. Face aux difficultés financières et au manque de reconnaissance des critiques littéraires, Boris Vian décide de tenter un pari avec son éditeur : éditer un best-seller américain, dans le style des oeuvres d'Henry Miller ou de James Hadley Chase, qu'il prétendra avoir traduit. En quinze jours, "J'irai cracher sur vos tombes" est écrit. L'ouvrage, publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, un auteur américain sous le coup de la censure, fait scandale et connait un grand succès, pour le plus grand plaisir de son auteur. Mais l'échec de son roman "L'écume des jours" le rend amer, d'autant plus que le public, lui, redemande du Sullivan...



Au-delà du personnage provocateur et du pari potache – mais réussi –, Dimitri Kantcheloff nous présente une biographie romancée de cet épisode de la vie de Vian, du dernier tiers de sa vie en réalité puisque l'artiste décédera 13 ans plus tard. le récit fourmille d'anecdotes, certaines connues et avérées, d'autres peut-être inventées, mais plausibles, et donne à voir les conflits intérieurs qui pouvaient hanter l'écrivain. Cet artiste protéiforme et hyperactif, bourré de talent, musicien, compositeur, parolier, écrivain, critique pour la revue Jazz Hot, auteur de nombreux collages et dessins, accessoirement ingénieur de formation, ne doit le seul succès obtenu de son vivant qu'à un canular, une blague de potache réalisée en quinze jours à Saint-Jean-de-Monts. Vernon Sullivan réussit là où Boris Vian a échoué…



Pour cela, il a fallu aller dans la provocation, qu'il s'agisse du fil narratif de "J'irai cracher sur vos tombes" qui s'achève dans une apothéose de l'horreur, ou de scènes de pédopornographie - difficile de faire pire, et la lecture du roman reste, pour un lecteur contemporain, parfois dérangeante –, ou encore de la communication faite par Vian et son éditeur quand il s'agit de refaire des tirages de l'exemplaire, quand le procès intenté par un parangon de la vertu offre à l'ouvrage le scandale voulu. Ce qui pose d'ailleurs la question de ce qui fait un bon roman, mais c'est un autre débat.



En tout cas, cette biographie romancée, dans ce qu'elle dit de Vian, de sa vie quotidienne, de ses multiples activités et passions, est riche d'enseignement. On sent dans les lignes de l'auteur sa sympathie pour l'écrivain-musicien, auquel il rend hommage par une langue précise, drôle parfois, et joue parfois "à la manière de…" de façon très convaincante.
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Si ce livre vous interpelle sur les tables des librairies dans la masse de bouquins proposés, c'est que vous connaissez Boris Vian et ses nombreux pseudonymes pour se faire connaître dans le milieu littéraire.

Vernon Sullivan en fait partie comme d'autres, Aimé Damour, Bison Duravi, ou Hugo Hachebuisson...

Si Vernon Sullivan est le plus connu, c'est que notre artiste Boris s'en ai emparé pour écrire : " J'irai craché sur vos tombes", histoire sulfurique parue en 1946 aux éditions Scorpion.

Vian se présente comme le traducteur de ce roman noir qui se déroule dans le sud profond des USA pour dénoncer le racisme ambiant et les victimes, les afro-américains.

Vaste thématique toujours d'actualité.

C'est un récit violent, cru, réel, autant occulté par les américains que par les européens.

On est loin du style de Vian mais comme on le sait, ce "J'irai craché sur vos tombes" est une farce, un coup marketing comme on dit aujourd'hui.

Une complicité entre le pseudo auteur, V.Sullivan et un jeune éditeur, Jean d'Halluin qui veut lancer sa jeune maison d'éditions.

Une supercherie littéraire et rocambolesque qui va beaucoup secouer les aprioris des critiques dans le milieu germanopratin (quartier parisien de Saint-Germain des prés), imbu d'une tradition figée.

Les pourquoi, comment de cette aventure, D.KANTCHELOFF les connaît sur le bout des doigts et avec légèreté, humour et courts chapitres il nous relate les épisodes croustillants et passionnants de cette duperie.

Boris Vian, un écrivain de son temps, celui de l'après-guerre, celui d'une jeunesse qui veut renaître des cendres d'un conflit meurtrier, retrouver la joie, l'euphorie, le renouveau et l'espoir.

Des jeunes qui désirent oublier, s'amuser et créer.

Et notre Boris, conscient et condamné par la maladie est une figure de proue dans cette ambiance tumultueuse et chamboulée.

Artiste protéiforme, parolier engagé, poète, musicien de Jazz, inventeur, illustrateur, écrivain et encore plus.

5 romans parus sous son nom, 4 sous le pseudo de Vernon Sullivan, des nouvelles, du théâtre, des essais, des traductions, du journalisme, du cinéma......

Toute cette énergie, ce jusqu'à plus soif, sera méconnue, toute son oeuvre sera peu appréciée de son vivant, voir ignorée.

Il faudra attendre les années 60-70 pour être saluée par la jeunesse et le monde littéraire.

Et enfin encore aujourd'hui, ses romans occupent les étagères des bonnes librairies.

Alors, lisez-le.





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Vie et mort de Vernon Sullivan

Bonsoir,

Un livre sur Boris Vian ce soir, "Vie et mort de Vernon Sullivan" de Dimitri Kantcheloff aux Editions Finitude, faisant partie de la rentrée littéraire. La vie de Vian racontée à partir du moment où il parie avec son éditeur de faire un coup médiatique, ce sera « J’irais cracher sur vos tombes » qui sortira aux éditions du scorpion sous le pseudo (l’un des nombreux pseudo de Vian) de Vernon Sullivan. Mais ils vont être pris de court par le succès et la controverse de ce roman, entraînant procès, destruction d’œuvres, meurtres…. Bref une vie qui se lit comme un roman, avec passion. J’ai beaucoup aimé découvrir des aspects de Vian, homme multi facettes, que j’ignorais. Un excellent moment de lecture.

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Vie et mort de Vernon Sullivan

Vernon Sullivan ou le double maléfique de Boris Vian.



Nous sommes en 1946, Vian est déçu par ses débuts littéraires et son ami Jean d'Halluin peine avec les éditions du Scorpion : « je vais te le faire, moi, ton best seller ! Et sûr de son coup, parie qu'il peut boucler ça en dix jours ». Ainsi naît Vernon Sullivan, ce sombre alter-ego.



« Du bruit. Du scandale. Du souffre et son odeur, quoi. […] Que ça fasse hurler les réacs, enrager les bourgeois. Que ça fasse trembler les ménages et suer les censeurs. Que plus un gratte-papier n'ait autre chose à penser. Que plus un soûlard dans les bistrots n'ait autre chose à commenter. »



Entre 46 et 50 paraissent alors J'irai cracher sur vos tombes, les morts ont tous la même peau, Et on tuera tout les affreux et Elle se rendent pas comptent, des romans noirs, venus d'Amérique où se mêlent sexe, violence, crime, vengeance et où le sordide concurrence l'érotisme.



Le succès ne vient pas seul. Les frasques de Mister Vernon ont des conséquences sur Dr Vian. « Le canular, en vérité, est un jeu sérieux. » n'a jamais été aussi vrai, et ce qui devait être une blague bien juteuse, devient un véritable scandale.



Cette histoire est vraie et ne manquera pas d'intéresser ceux qui souhaitent approcher Boris & Vernon de plus près.



Je regrette néanmoins que le procès, l'éviction de Vian par le " Gars Limard ", ( entre autres ) n'aient pas été racontés avec une épaisseur plus romanesque, car il y avait matière. Et même si la désinvolture avec laquelle sont consignés ces événements est digne de Boris ( à la manière de notes prises à la volée sur un carnet qu'il promènerait un peu partout, Vernon ? ), cela ne me suffit pas.



Du fait de l'hésitation – essai, roman, biographie ? – la narration, elle, perd de son efficacité, mais le ton est bien choisi. Mi-grave, mi-cabotin, il est celui du livre à lire sur un coin de terrasse comme Boris, quand « comme tous les matins, il arrive en avance et s'installe à la terrasse qui fait l'angle de la rue Rochechouart et de l'avenue Trudaine, là où l'équipe se réunit d'ordinaire », attendant les rires et les martinis des amis qui le rejoignent.
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Vie et mort de Vernon Sullivan

À peine quelques phrases lues et c'est l'enchantement.



La plume de Dimitri Kantcheloff s'envole dans une dynamique digne du Grand Huit, avec panache et pétillement, mais aussi avec pudeur et modestie. Des qualités qui vont si bien à Boris : aux soirées pleines de vie répond un coeur presque mort ; aux petits bonheurs répond une grande lassitude ; aux succès de Sullivan répondent les échecs de Vian.



L'histoire de ce pari littéraire est incroyable et l'auteur mêle si naturellement la vérité à son imagination qu'on est heureux que ce soit lui qui nous la raconte.



Quant aux effets secondaires de cette lecture, ils pourront bien entendu varier d'un curieux à l'autre, mais je pense que tous auront envie de lire Boris Vian.
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Supernova

La Supernova c’est l’explosion d’une planète, un phénomène découvert dans notre livre par Charles qui va en informer les autorités scientifiques. Celles ci vont alors donner son nom à cette supernova faisant de son découvreur une célébrité malgré lui.



Ce livre à plusieurs cordes à son arc : Avec un duel entre Charles qui a découvert une Supernova et Chloé qui tente de l’interviewer sur sa découverte, une réflexion sur l’info en continue, les médias intrusifs (bon d’accord c’est un peu la mode) face à la vie au grand air, et cette nature (sûrement les collines varoises face aux îles d’Or) ces paysages qui se suffisent à eux mêmes. Si les romans naturalistes parlaient de la nature, celui ci serait son champion tant on a l’impression d’être dans nos collines: le mistral, les griffes de sorcières, la Méditerranée y sont décrits comme si on y était.



Dimitri Kantcheloff compare Hergé à Jules Verne ou Barjavel, fait référence au capitaine Haddock, donc pour sûr il part avec un avantage en ce qui me concerne mais ce n’est pas tout, comme c’est bien écrit sur le quatrième de couverture « il questionne notre modernité ou l’incessant bruit des médias se heurte au calme de la nature, l’esprit de compétition à la liberté.. » J’aurais voulu en savoir plus sur la Supernova mais elle n’est qu’un prétexte pour l’intrigue. Comme tout bon bouquin pour moi, il se termine trop vite, signe que ça m’a plu. Qu’il n’hésite pas à faire un « spin off » sur Chloé tant sa vie a également l’air riche.
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Livre lu dans le cadre d'un jury littéraire. J'avoue que, sans cela, il ne me serait pas venu à l'esprit de découvrir ce récit biographique. Après tout, je n'ai jamais lu de romans de Boris Vian et, de plus, l'autre a vécu à une époque plutôt proche, mais encore trop éloignée de moi pour que je connaisse des éléments de sa vie.



Mais, c'est ainsi, sortir de ses sentiers battus amène à découvrir de jolis endroits. Si vous vous promenez en forêt, éloignez vous des sentiers, vous y découvrirez de superbes endroits, de jolis tapis de fleurs, des cascades de soleil perçant les arbres.



Une manière métaphorique, poétique (j'écris à mes heures perdues, mais sans guère posséder le talent de mes prédécesseurs illustres) de dire que j'ai beaucoup aimer ce livre qui fut une belle surprise pour moi.



Une biographie d'un auteur, ou plutôt de cet homme à travers la biographie d'un de ses romans, J'irai cracher sur vos tombes.



Mon seul regret sera l'aspect court de ce récit, tant j'ai aimé l'écriture de l'auteur. Il y a beaucoup d'humour, du cynisme, une critique à peine voilée des critiques littéraires, des chroniques des journaux, du système littéraire. C'est délicieux, plaisant à lire. Dommage que cela ne dure pas un peu plus.



J'ai ainsi découvert l'homme, l'auteur, à travers cet intéressant morceau de biographie. C'était un bonheur de lire les mots écrits à son sujet.
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Ce petit "roman" est une vraie découverte sympa. Celle que l'on obtient en flânant dans une librairie ou une bibliothèque et qu'on veut s'ouvrir à l'inconnu.

Il y est question d'une biographie détournée de Boris Vian par le truchement d'un épisode de "création" littéraire échappant au contrôle de l'auteur.

On y apprend pas mal sur l'époque concernée, le milieu culturel de cette époque.

Les anecdotes sur les prix littéraires sont assez drôles.

C'est un exercice assez sympa que ce genre de petits livres, plutôt agréables qui sont de petites biographies sans prétention mais apportent des petits éclairages sur des aspects bien précis
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Vie et mort de Vernon Sullivan

Dimitri Kantcheloff nous offre une biographie inédite mêlant réalité et fiction autour du fameux auteur américain créé de toute pièce par Boris Vian, Vernon Sullivan. Dans une succession de chapitre cours, il détricote l'idée folle de Boris Vian qui finira quelque peu par se retourner contre lui. Il permet de voir que tout n'est pas glorieux et aisé, que derrière une idée se chance multitudes de conséquences et rebondissements. Fiction et réalité s'entremêlent tellement qu'il est difficile de distinguer le vrai du faux. On se laisse porter par ce destin tragique et fascinant. On referme ce livre avec l'envie de replonger dans les divers romans de Vian/Sullivan.

On en vient presque à regretter que ce roman ne soit pas plus étoffé en parlant un peu plus des autres oeuvres signée par Vian ou sur ses relations avec Queneau, Sartre & cie.

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