AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jpguery


L'histoire est connue (du moins des amateurs de Boris Vian). En 1946, Jean d'Halluin, récent fondateur des éditions du Scorpion, peine à rentabiliser sa maison d'édition. Il s'en ouvre à son ami Boris Vian qui vient d'essuyer un vrai revers littéraire avec « L'écume des jours » pressenti pour le Prix de la Pléiade finalement accordé à un autre romancier. Jean d'Halluin sait qu'un bon roman noir américain avec juste ce qu'il faut de violence et de sexe serait de nature à renflouer ses caisses vides. Boris Vian se fait fort de lui en écrire un en huit jours et si « J'irai Cracher sur vos tombes » lui a finalement demandé quinze jours, le sujet (la vengeance d'un métis sur la bonne société américaine blanche et puritaine de l'après-guerre) porte en lui le parfum de scandale que recherchait l'éditeur. Publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan et officiellement traduit par Boris Vian, le roman connait un relatif succès et suscite l'indignation des ligues de vertu qui réussiront à le faire interdire en 1949. Tout en travaillant à une fausse version originale de « J'irai cracher sur vos tombes » (pour désamorcer les suites judiciaires), Boris Vian écrit le second roman de Vernon Sullivan, « Les morts ont tous la même peau »
L'ouvrage de Dimitri Kantcheloff nous immerge avec bonheur dans l'atmosphère du Paris des années d'après-guerre et nous offre une version romancée d'un épisode important de la (courte) vie de Boris Vian. du café de Flore à l'appartement de la rue du Faubourg-Poissonnière, on devient intime du couple Boris et Michelle Vian. On est surtout plongé au coeur de l'affaire Vernon Sullivan tant sur l'aspect manipulation des lecteurs et de la presse que sur les retombées judiciaires initiées par le Cartel d'Action Sociale et Morale (tout un programme). L'écrivain est solide mais l'homme est fragile et on suit avec anxiété l'évolution de la santé de facétieux joueur de trompinette qui abuse un peu de l'alcool et des nuits blanches. Boris Vian souffre de l'insuccès de ses écrits sous son nom mais aussi des excès du scandale Vernon Sullivan qui le poursuivront jusqu'à sa mort en juin 1959, le soir de la première diffusion du (mauvais) film inspiré par « J'irai cracher sur vos tombes ».
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}