Le courage de Losurdo est de s’attaquer à la légende de Staline, de déconstruire l’image du diable et, ce faisant, de montrer les intérêts qui se cachent derrière les représentations qui sont véhiculées depuis, non pas que Staline fut premier secrétaire (c’est bien là qu’est le problème), mais depuis la seconde moitié des années 1950. Car si Losurdo n’est pas toujours d’accord avec certains faits ou certaines statistiques, son entreprise n’est pas de faire une contre biographie de Staline qui réhabiliterait le petit père des peuples mais bien de souligner les défauts, pour ne pas dire les mensonges de l’histoire dominante.
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Fantastique.
Ce livre montre la manière dont le libéralisme en demandant de "laisser faire" doit permettre aux puissants de maintenir un état à l'instant t, profondément injuste et en totale contradiction avec ce qu'il prétend défendre.
Ce qui est donc sidérant c'est le décalage de l'époque, très bien documenté dans ce livre, entre ce discours des défenseur acharné de la liberté et l'esclavagisme ainsi que la soumission des pauvres qu'ils considéraient comme indispensable. On voit ici tous les prémices du "workfare" et de la moralisation sous-jacente du peuple à qui il faut absolument laisser les tâches les plus ingrates. Il faut de l'inégalité, c'est bon pour le business, et il faut bien conserver des hommes libres. Les riches pour bien faire. Les colons esclavagistes voulaient "s'auto-gouverner" au nom de la liberté, pour continuer leurs pratiques inhumaines, .
Les Etats-Unis libéral par nature ? Illusoire, mensonger. Tous les premiers présidents ont été des négriers d'envergure. Et la révolution française ? Stigmatisée par les libéraux les plus durs de l'époque, qui ne voyaient là qu'une altération de la hiérarchie entre les hommes, à terme néfaste. Car ce qui fascinait les défenseurs de la liberté, c'était l'économie, notamment celle de l'Angleterre, que même nos Lumières, aveuglés par sa richesse la considéraient comme la plus libérale de toutes les Nations. Et pourtant, quelle société injuste, liberticide, dans laquelle voler menait très souvent à la pendaison.
La liberté, si fièrement défendue, sert la plupart du temps les plus puissants. Mieux vaut s'en souvenir lorsque l'on ne réclame que ça.
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Domenico Losurdo "décortique" les grands penseurs du libéralisme à travers l 'histoire.
Lecture à la fois salutaire et terrifiante pour meiux comprendre le dogme libéral...
"Si les « travers » de l’économie de marché peuvent à l’occasion lui être imputés, les bienfaits de sa philosophie politique semblent évidents. Il est généralement admis que celle-ci relève d’un idéal universel réclamant l’émancipation de tous. Or c’est une tout autre histoire que nous raconte ici Domenico Losurdo, une histoire de sang et de larmes, de meurtres et d’exploitation. Selon lui, le libéralisme est, depuis ses origines, une idéologie de classe au service d’un petit groupe d’hommes blancs, intimement liée aux politiques les plus illibérales qui soient : l’esclavage, le colonialisme, le génocide, le racisme et le mépris du peuple. "
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Hegel était considéré en Allemagne comme corrompu aux idées étrangères avant d'être intégré au corpus des auteurs promoteurs du pangermanisme à la fin du XIXème et avant la guerre de 14. Un ouvrage indispensable pour qui cherche une compilation de citations exécrables de toutes sortes d'auteurs liées aux conflits transfrontaliers européens depuis 1870.
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Ces vérités qu'il fallait dire sur l'hypocrisie de nos "grands" penseurs libéraux,, c'est Losurdo qui les a dites.
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Excellent ouvrage qui montre bien le paradoxe entre la liberté d'entreprendre et les respects de droits individuels (notamment en ce qui concerne la protection de la propriété et l'incitation à investir) tels que prônés par la théorie du libéralisme, et l'absence totale de reconnaissance de ces mêmes droits à toutes les populations non-européennes.
Intéressante lecture, mais qui doit être complétée, notamment par "Why Nations Fail" qui a une grille d'analyse mondiale et non pas uniquement occidentale.
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A lire, relire et à distribuer.
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Losurdo n'est pas seulement informé, il a du courage, celui de penser contre.
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Losurdo, qui vient de nous quitter, est un auteur essentiel pour apprendre à déconstruire le discours dominant. Ce tout petit ouvrage est une très bonne entrée en matière.
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