Celle-ci aussi m’est tombée dessus sans prévenir.
Nous étions dans sa voiture. Une vieille Subaru des années quatre-vingt, gris clair, un peu rouillée. Sa plus grande qualité était d’avoir quatre roues motrices. Avec elle, Amy pouvait circuler n’importe où sur les routes verglacées du Wisconsin. Elle avait aussi le chauffage (la vieille Subaru, pas Amy, évidemment), un atout considérable, et du reste obligé : il était impossible à couper. Il crachait donc un air brûlant, tout droit sorti des bouches de l’enfer.
Je n’y prêtais pas vraiment attention, même si la chaleur compliquait nos étreintes et les rendait plus spongieuses que d’habitude.
On avait gardé nos manteaux. Elle, sa doudoune vert foncé – qui me faisait toujours penser à un champ de mousse islandais –, et moi mon vieux trench-coat de laine noire – style artiste torturé – dont les longs pans s’emmêlaient dans nos jambes.