Binh naît à Saigon en 1968, d'un père distant mais débrouillard, engagé dans la révolution communiste, et d'une mère aimante et dévouée à sa famille. Tout petit, Binh connaît la guerre, puis l'avènement de la révolution communiste. Ses parents, pourtant partisans de la première heure, finissent par déchanter devant les injustices du régime et décident de quitter leur pays. Confrontés à de nombreuses difficultés, c'est seul avec son jeune cousin que Binh va embarquer sur un "boat people". Son exil va le conduire en France où, de foyer en foyer, il tentera de faire venir le reste de sa famille.
Loin des yeux de ma mère, c'est évidemment et avant tout le récit d'un exil, d'une vie d'enfant réfugié qui quitte tout en espérant trouver une terre d'asile accueillante. Mais c'est aussi une immersion en plein coeur d'une famille vietnamienne : père, mère, grand-parents, cousins..., mais aussi maîtresse, voisins, demi-frères, avec tout ce que cela comporte comme secrets et soucis de cohabitation. A travers les yeux du jeune Binh, on découvre le quotidien d'une famille plutôt heureuse, mais qui n'échappe pas aux difficultés. Père absent, manque d'argent, guerre, Binh nous livre avec innocence (et presque avec des mots d'enfant) son ressenti sur cette enfance un peu particulière.
Puis arrive l'exil proprement dit. Raconté avec pudeur et sensibilité, on vit ce périple éprouvant pratiquement aux côtés de l'auteur. Et enfin, c'est l'arrivée en France, le soulagement, mais aussi le début de nouvelles épreuves. L'enfant doit affronter les foyers, la solitude, mais aussi l'administration, car le jeune garçon veut absolument faire venir sa famille restée au pays. Et là encore, on se prend au jeu de ce récit touchant mais qui ne tombe jamais dans le piège de l'apitoiement ou du pathos.
En bref, un beau témoignage, émouvant, et écrit avec beaucoup de simplicité et d'optimisme.
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