Très différente en cela de la céramique, dont on peut suivre presque pas à pas les progrès, la verrerie, dès ses débuts, nous apparaît comme étant déjà en pleine possession de moyens qui dénotent une industrie très avancée et disposant de procédés de fabrication assez parfaits pour que le temps, qui modifie tout, n'y ait changé que fort peu de chose; nous verrons même plus loin que l'industrie moderne, si fière des progrès immenses qu'elle réalise chaque jour, n'a pu encore arriver à reproduire certains verres dont la fabrication remonte à près de deux mille ans.
Dès que le tour apparaît, l'industrie se développe, la terre est choisie et lavée avec soin ; la texture devient plus fine et plus homogène ; les anses, d'abord formées par des bourrelets saillants ou des protubérances percées de trous destinés à laisser passer des cordes de suspension, se dégagent d'une façon élégante ; les formes s'affinent et se multiplient ; la décoration se transforme et prend plus d'importance.
Avant d'étudier l'histoire des poteries qui font l'objet spécial de ce petit dictionnaire, c'est-à-dire de celles qui forment, d'après la classification de Brongniart, les quatre grandes classes des poteries vernissées, des grès des faïences émaillées et des faïences fines, il nous paraît indispensable de définir bien nettement les caractères qui les distinguent, d'en indiquer rapidement les éléments constitutifs, le mode de fabrication et les différents procédés employés dans leur décoration.
Assurément, la céramique ne saurait avoir la prétention de se rattacher à l'histoire d'une manière aussi directe, aussi manifeste que la numismatique, qui consacre le souvenir des grands événements et perpétue l'image des personnages illustres. Elle y tient toutefois, par des côtés plus modestes sans cloute, mais plus intimes et non moins essentiels. M. Edouard Garnier s'est chargé de le démontrer clans ce livre.
En écrivant cet ouvrage, nous avons cherché à faire une oeuvre claire, simple, montrant d'une façon logique la succession non interrompue des progrès réalisés clans ce bel art de la terre, qui commence au berceau même de la civilisation avec des poteries informes et grossières, pour arriver à produire, dans toute leur splendeur et leur pureté, les merveilles enfantées par l'industrie humaine.
Les porcelaines chinoises apportées en Europe dès le XIVe siècle par les vénitiens avaient excité partout l'étonnement et l'admiration; comme à tout ce qui venait d'orient, le pays des merveilles, on leur attribua pendant longtemps des vertus magiques, et la matière dont elles étaient formées était regardée comme un produit en quelque sorte surnaturel.