Citations de Edouard Zarifian (165)
En supprimant les symptômes on découvre qu'il persiste une souffrance et une désorganisation de l'existence. De plus, les symptômes reviennent régulièrement quand ils ne sont traités que par des médicaments. Il reste autre chose à faire. misère ! L'homme aurait-il donc une âme ?
La pensée et la recherche n‘ont rien à gagner à cultiver des dogmes.
Résumer le suicide à la dépression et à la psychiatrie, c'est caricaturer la réalité.
On ne saurait [...] considérer la distribution de méthadone en sirop autrement que comme un contrôle social du toxicomane par un stupéfiant officiel et gratuit. Son seul et immense mérite consiste à limiter le risque de la diffusion du sida par l'élimination des seringues.
La "psychiatrisation" des perturbateurs de l'ordre social n'est qu'une solution de facilité que la psychiatrie devrait refuser.
C'est lorsque la société st gênée qu'elle délègue, le plus souvent à la psychiatrie, le soin de la protéger en déclarant pathologique ce qui est dérangeant.
Ce qui devrait logiquement demeurer dans le domaine des différences individuelles est trop souvent aligné sur une norme standardisée et obligatoire qui génère, à tort, culpabilité et prescriptions médicales.
Le poids et la silhouette de chacun d'entre nous sont fixés depuis longtemps par notre patrimoine génétique. Lutter contre la nature n'est jamais une bonne chose. Mais la médecine, trop souvent, relayée par le discours de la société, fixe la "norme" idéale et bouleverse les physiologies individuelles.
La déréalisation est l'expression d'idées ou de projets, de pensées ou e jugements qui ne sont pas en prise sur le réel. On ne peut donc pas suivre quelqu'un qui vous exprime des idées saugrenues et qui veut vous entraîner dans sa logique particulière.
Dans l'imaginaire de chacun, dans notre représentation du monde délirant et de sa logique incompréhensible, il devient impossible de se mettre "à la place de l'autre" : c'est cela qui caractérise notre vision de la folie. Un malade est appelé schizophrène non seulement parce qu'il lui arrive de délirer mais parce que la communication avec lui est perdue, faute de valeurs communes, d'un partage du sens des mots, d'échanges affectifs et de sa capacité à mobiliser une énergie au service du quotidien.
Le délire est l'exemple d'un comportement exceptionnel chez un être humain en dehors d'une étiquette psychiatrique. Cependant, chacun d'entre nous, dans des circonstances extrêmes, peut fabriquer un délire. [...] Dans tous les cas, ces délires le plus souvent hallucinatoires surviennent chez des gens dits "normaux" et s'avèrent en règle général sans lendemains péjoratifs.
L'hystérie "à la Charcot" n'ose plus se révéler dans sa flamboyance" à l'ère du scanner et prend la forme larvée de somatisations tenaces, rebelles et acceptables par l'entourage.
Il serait de la dernière absurdité de considérer une phobie ou un comportement obsessionnel comme pathologique et devant être soigné si le sujet le supporte facilement, ne s'en plaint pas et n'en subit aucune conséquence grave pour son mode de vie.
Où est la frontière entre le normal et le pathologique ? Quand commencer à administrer des médicaments psychotropes ? Que gagne-t-on à gommer systématiquement, artificiellement et parfois durablement les conséquences légitimes sur notre affectivité des rencontres avec la vie ? Bien outrecuidant serait le médecin qui prétendrait détenir des réponses claires et définitives à ces questions cruciales.
Certains sont même allés jusqu'à se demander si les troubles mentaux existent bien ou s'ils ne sont pas seulement une construction rationnelle émanant d'une société en quête de certitudes.
Le DSM insiste beaucoup sur le fait que le manuel ne classe pas les individus mais des catégories nosologiques. On ne dit pas un alcoolique mais "un individu avec une dépendance à l'alcool". On ne dit pas un schizophrène mais "un individu avec une schizophrénie".
... un chercheur français, Sonia Dollfus, a dénombré dix-sept systèmes de classification diagnostique de la schizophrénie dans le monde. [...] On peut donc être schizophrène ou pas selon le système diagnostique choisi.
Un diagnostic clinique en psychiatrie est toujours approximatif ; il exprime une probabilité et jamais une vérité enfermant le patient dans un cadre définitif.
... le diagnostic psychiatrique n'est pas universel.
On a oublié ou feint d'oublier, que la classification des médicaments psychotropes était totalement artificielle et qu'elle n'authentifiait pas les symptômes traités en tant que maladie à part entière.